Perspectives

Début de la convention républicaine : quatre nuits d’ordure fasciste commencent

La classe ouvrière doit considérer comme un avertissement sérieux la Convention nationale républicaine qui s’est ouverte lundi soir. Il s’agit là d’un événement de caractère ouvertement fasciste. Il met en scène les forces les plus réactionnaires de la vie américaine: des racistes, des antisémites, des anticommunistes enragés et des militaristes.

La pourriture du système politique officiel est telle que cette lie de l’humanité se voit accorder des heures de télévision aux périodes de grande écoute et traitée sérieusement comme un élément légitime de la vie publique. Ces forces ont une possibilité très réelle de consolider leur position à la tête de l’État impérialiste le plus puissant de la planète.

Des diatribes contre le socialisme et des appels ouverts au racisme et à la xénophobie sont vomies sur les ondes sans aucune opposition ou presque de la part de l’establishment médiatique. Au contraire, une des chaînes de télévision, Fox, se consacre entièrement à répandre de telles vues tandis que les autres n’offrent guère plus que des corrections timides, comme si un étalage de propagande fasciste de quatre jours ne demandait qu’un petit contrôle des faits.

La soirée d’ouverture de la convention confirme le danger contre lequel le WSWS et le Parti de l’égalité socialiste n’ont cessé de mettre en garde. Donald Trump et le Parti républicain cherchent à établir un mouvement autoritaire et personnaliste, une forme américaine de fascisme qui écraserait les opposants par l’usage de la force brute.

Trump n’a pas une perspective purement électorale. Sa convention en est elle-même une démonstration, puisqu’elle vise principalement à attiser l’hystérie anti-socialiste de sa base droitière. Elle s’efforce de justifier l’action préventive de la police et de l’armée ainsi que des forces paramilitaires d’extrême droite.

Pour ce qui est de la campagne électorale, Trump ne s’attend pas à convaincre une majorité du peuple américain de le soutenir. Il n’a pas remporté le vote populaire en 2016 et il est le premier président américain à avoir effectué un mandat complet sans jamais avoir le soutien, même dans un seul sondage d’opinion, d’une majorité du peuple américain.

Il vise à créer un environnement où l’incertitude quant à l’issue du vote est suffisante – par ses allégations de fraude massive, de sabotage pur et simple du vote par correspondance et ses efforts pour perturber le vote physique par la mobilisation de la police, des shérifs et des agents d’immigration lors des scrutins – pour qu’il puisse revendiquer de garder le pouvoir.

Aucun Démocrate n’a répondu à la déclaration de Trump, faite la semaine dernière, selon laquelle le résultat de l’élection pourrait rester inconnu pendant des semaines, voire des mois, après la fermeture des bureaux de vote le 3 novembre. Cela ne fait que démontrer toute l’inconscience et le manque de sérieux du Parti démocrate.

Ce n’est pas que Trump ait pour sa perspective fasciste un large soutien dans la population américaine. Bien au contraire, la tendance est à gauche, en particulier parmi les travailleurs et les jeunes. Mais un sentiment largement répandu existe, tout à fait justifié, que le Parti démocrate ne représente pas une alternative, qu’il n’offre rien aux travailleurs.

Des millions de travailleurs rejettent le grand mensonge de la convention républicaine, l’affirmation que Trump a organisé une réponse efficace à une pandémie de coronavirus qui a infecté près de six millions de personnes et en a tué plus de 180.000. Les États-Unis représentent quatre pour cent de la population mondiale mais 25 pour cent des cas de COVID-19 et 23 pour cent des morts. Dans sa réponse inepte, corrompue et cruelle à la pandémie, le gouvernement Trump et la classe dirigeante américaine ont montré l’échec total du capitalisme américain.

Le danger auquel font face les travailleurs ne vient pas d’une force inhérente du camp de Trump mais du poids mort d’un Parti démocrate qui cherche à supprimer la véritable opposition, celle venue d’en bas, au Mussolini en herbe de la Maison-Blanche: les grèves et débrayages des enseignants, des travailleurs de l’automobile, des entrepôts et de la logistique, déclenchées en réaction à la pandémie ; les actions massives et sans précédent de protestation populaire contre la violence policière et le racisme.

Plutôt que de dire ce qui est – que Trump s’apprête à établir un régime dictatorial – et d’en appeler au peuple américain pour qu’il s’y oppose, les Démocrates cherchent à courtiser des sections du Parti républicain et fait parader d’anciens gouverneurs, des sénateurs et des représentants de l’armée et des services secrets devant la convention démocrate qui a nommé Joe Biden et Kamala Harris.

En même temps, les Démocrates cherchent à diviser la classe ouvrière sur un plan racial, en opposant continuellement la race à la classe et en blâmant les Blancs dans leur ensemble pour la discrimination raciale et la violence, qui sont le produit du capitalisme et de l’État capitaliste. Cette insistance sur l’identité raciale (et de genre) est ce qui donne en fait la possibilité à Trump et à l’extrême droite de lancer un appel aux travailleurs blancs confrontés à la destruction de leur emploi et de leur niveau de vie sous l’impact de la pandémie et de l’effondrement économique qu’elle a déclenché.

Le gouvernement Trump a remporté l’élection présidentielle de 2016 parce que le Parti démocrate avait fait montre de son hostilité à la classe ouvrière, en particulier dans le Midwest industriel, le centre de la destruction des emplois et des salaires pendant les huit années de gouvernement Obama et Biden.

Le vote démocrate s’est effondré, non seulement dans les zones rurales et les petites villes ouvrières mais encore dans les quartiers des grandes villes comme Milwaukee, Detroit et Philadelphie. Ceux-ci ont fait basculer les États du Wisconsin, du Michigan et de la Pennsylvanie vers Trump et lui ont ouvert la Maison-Blanche.

Avec la nomination de l’équipe droitière Biden-Harris, le Parti démocrate mène l’élection de 2020 avec la même stratégie qu’en 2016. Il ne fait aucun appel à la classe ouvrière et cherche à consolider davantage son statut de parti favori de Wall Street et de l’appareil militaire et de renseignement.

Dans leur première interview commune depuis la convention démocrate, Joe Biden et Kamala Harris sont apparus sur ABC News vendredi soir et pendant près d’une heure ils n’ont mentionné ni la pauvreté, ni la faim, ni les sans-abris, ni même la suppression de l’allocation chômage fédérale complémentaire de 600 dollars dont dépendaient pour survivre quelque 28 millions de travailleurs licenciés à cause de la pandémie.

Ignorant la détresse économique qui unit des millions de travailleurs de toute race et de tout genre, les Démocrates agissent comme s’il n’y avait pas de crise grave, dans un pays où près de 200.000 personnes sont mortes de la pandémie et 28 millions sont au chômage. Trump a un programme: la suppression par la force des contradictions sociales grâce à des méthodes fascistes. Les Démocrates n’ont pas de programme, si ce n’est de prétendre que les horreurs du capitalisme seraient rendues plus tolérables si elles étaient infligées par un assortiment plus «divers» de gouvernants.

Le Parti de l’égalité socialiste prend la lutte contre Trump et le fascisme au sérieux. Précisément pour cette raison nous nous opposons à, et rejetons totalement, la politique du Parti démocrate et de tous ses apologistes politiques: depuis les défenseurs libéraux de la politique d’identité jusqu’aux syndicats corrompus, en passant par les ex-radicaux de la pseudo-gauche. Trump ne peut être combattu sans un programme socialiste qui mobilise la classe ouvrière, potentiellement la force la plus puissante de la société, sur une base de classe.

Trump met constamment en avant la hausse du Dow Jones Industrial Average, du S&P 500 et du NASDAQ. En ce sens, il est honnête: il a dirigé le pays dans l’intérêt de Wall Street. Les Démocrates représentent la même clientèle, mais ils cherchent à cacher ce fait à la classe ouvrière, alors même que l’argent des grandes banques et de la bourse inonde les caisses de la campagne de Biden.

Le rôle essentiel du Parti démocrate est d’étrangler l’opposition sociale au capitalisme. Ils sont tout pour s’opposer à Trump tant que cela ne touche pas aux intérêts de Wall Street. Mais c’est le mouvement croissant de la classe ouvrière en opposition au capitalisme qui constitue la seule base possible pour une véritable lutte contre Trump et l’oligarchie financière dont il est le représentant le plus corrompu et le plus réactionnaire.

(Article paru d’abord en anglais le 25 août 2020)

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