La CGT tente de canaliser l’opposition ouvrière à la politique européenne sur la pandémie

C’est dans le contexte d’une colère considérable contre les politiques de restructuration économique en France et en Europe liées à la pandémie et à la reprise du travail que la CGT, FSU et Solidaires ont appelé à journée de mobilisation jeudi.

Pour autant les travailleurs ne peuvent rien attendre des organisations syndicales, qui ont déjà donné par écrit leur approbation au plan de relance de Macron et de Merkel. Dans une déclaration le 20 mai la DGB allemande ainsi que les confédérations françaises CFDT, CGT, FO, CFTC et UNSA se sont félicitées du plan de relance de €750 milliards d’euros accordés par l’UE aux grandes entreprises. Or ce plan de relance entérine une politique d’immunité collective qui met en danger des millions de vies en Europe.

Pour cette journée de mobilisation du 17 septembre organisée par la CGT, FSU et Solidaires, la bureaucratie syndicale n’a pas cherché à mobiliser les travailleurs. Selon les organisateurs, ils étaient 10.000 manifestants sur Paris, et la grève n’a eu que «très peu d’impact» à la SNCF et à la RATP. A Toulouse, à la CGT recensait 3.000 manifestants, à Marseille et Montpellier plusieurs centaines et 850 à Bordeaux.

Philippe Martinez en tête du cortège a expliqué cyniquement: «Il y a beaucoup de colère, et en même temps le climat est anxiogène. Vous avez vu le nombre de groupes qui annoncent des suppressions d’emploi ? La crise sanitaire, elle a bon dos. Auchan, ils ont pas arrêté de travailler pendant le confinement, et là ils virent 1 500 personnes.»

Les syndicats sont déjà en pointe des efforts pour pousser les travailleurs à retourner dans les usines, où ils risquent leur santé et leur vie due au danger permanent d'infection. Ils négocient des licenciements massifs dans les secteurs stratégiques du capitalisme européen pour accroître les profits des banques. Le tout se fait sur la base d’une surexploitation des travailleurs que la CGT a saluée ainsi que la confédération allemande DGB.

Des milliers de licenciements dans l’aéronautique et l’automobile ont été annoncés courant mai, alors que ces sociétés avaient reçu des dizaines de milliards de subventions publiques. Ces licenciements se sont accompagnés de négociations pour réduire les congés payés ainsi que mettre fin aux accords de 35 heures, comme chez Renault, et là avec l’aide de la CGT.

Depuis des décennies, les appareils syndicaux organisent des manifestations de ce type. En général, deux orientations de classe coexistaient à l’intérieur d’une même manifestation. Des ouvriers en colère opposés à la politique gouvernementale venaient grossir les cortèges, mais les bureaucrates syndicaux les subordonnaient aux accords qu’ils pensaient être en mesure de négocier avec le patronat et l’État.

Le but, inavoué des appareils syndicaux était d’éviter de se faire déborder par un mouvement incontrôlé des travailleurs. Ils voulaient surtout conserver l’accès au financement de leurs syndicats par le patronat et l’État, à travers les comités d’entreprise, organisations paritaires et autres mécanismes, légaux ou non, par lesquels la classe dirigeante s’achète les dirigeants syndicaux.

A présent, la corruption de la strate petite-bourgeoise qui dirige les appareils syndicaux est ouvertement analysée et proclamée dans la presse bourgeoise. Dans un article intitulé «Une manifestation pour quoi faire? Les arrière-pensées de la CGT», L’Obs écrit: «La CGT prend date pour plus tard, le syndicat contestataire veut surtout éviter de se faire déborder une nouvelle fois par un mouvement du type des ‘gilets jaunes’.»

Les syndicats savent que des attaques contre la classe ouvrière sont en préparation, car Macron les a annoncées et ils les négocient avec lui. Selon L’Obs, «D’ici quelques mois, le climat social sera beaucoup plus tendu. Les annonces de restructurations d’entreprises se multiplient, mais les gens ne sont pas encore au chômage, ils le seront à la fin de l’année».

C’est pour cela que la CGT organise une manifestation purement symbolique, visant à établir la fausse impression que les syndicats aideront les travailleurs dans leurs luttes.

Le mouvement des «gilets jaunes» fin 2018 a participé à une vague des grèves à travers le monde en dehors des vieilles organisations qui traditionnellement contrôlent les mobilisations des travailleurs. Le mouvement des «gilets jaunes» est né après la trahison par la CGT de la lutte des travailleurs de la SNCF contre la privatisation du réseau ferroviaire et la casse du statut des cheminots en les isolant des autres sections de travailleurs qui soutenaient les cheminots.

La CGT et les autres syndicats se servent de cette mobilisation du 17 septembre comme d’une soupape à la colère sociale des travailleurs. Cependant le rôle cynique des syndicats déjà discrédités par des décennies de trahison voient leur position de plus en plus difficile à tenir du fait de l’aggravation de la crise du capitalisme.

La pandémie démasque ces organisations qui ont préparé avec les classes dirigeantes la reprise du travail et la restructuration de l’économie européenne en exposant les travailleurs à un danger mortel. La CGT craint le développement d’une lutte politique de la classe ouvrière en France qui s’orienterait vers leurs frères et sœurs de classe à l’internationale, et qui entrerait frontalement en conflit avec l’aristocratie financière mais aussi leurs agents que sont la bureaucratie syndicale.

La réponse de la classe ouvrière à la restructuration de l’économie par la classe capitaliste en France et en Europe ne peut être que d’une lutte politique internationale, tout comme la lutte contre la reprise du travail pour l’accumulation des profits sur les cadavres des travailleurs. Comme l’a montré le mouvement des «gilets jaunes» qui s’est développé en dehors de la bureaucratie syndicales qui leurs était hostile, les travailleurs doivent créer leurs propres comités d’action indépendants à l’international, dans une lutte contre l’aristocratie financière sa politique sur la Covid-19.

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