Les cas de COVID-19 au Royaume-Uni triplent en quinze jours

Plus de 14.000 nouveaux cas de COVID-19 ont été signalés en Grande-Bretagne mardi et mercredi, triplant en quinze jours le nombre de personnes testées positives.

Les 14.162 cas de mercredi, les 14.542 cas de mardi, ainsi que les 12.594 nouveaux tests positifs de lundi, représentent plus de 40.000 cas au cours des trois premiers jours de la semaine.

Les hospitalisations dues au coronavirus augmentent également. Les 478 personnes admises à l'hôpital dimanche – contre 386 la veille – représentaient le chiffre quotidien le plus élevé depuis début juin et un bond en une journée de 25 pour cent. Cette semaine, 165 décès ont été annoncés, portant le total officiel largement truqué à 42.515.

Ces chiffres font voler en éclats les affirmations faites par le gouvernement et ses défenseurs des médias ces derniers jours selon lesquelles l’explosion du nombre de cas était une anomalie statistique due à un «bogue» temporaire dans le système de dépistage et suivi de contacts du gouvernement.

Les infections de masse sont le résultat inévitable de la politique d'immunité collective du gouvernement Johnson qui a conduit au déconfinement et à la réouverture de l'économie en juin, suivie de la réouverture en septembre des écoles, collèges et universités.

La trajectoire pointe vers des taux d'infection et d'hospitalisations bien supérieurs aux niveaux atteints au plus fort de la pandémie, ce qui a entraîné la perte de plus de 65.000 vies selon des études fiables sur la surmortalité.

Le Royaume-Uni n'a pas de politique d’endiguement adéquate ni de système de suivi de contacts et de dépistage en place. Les soi-disant confinements locaux, axés sur le comportement individuel, alors que les écoles et les lieux de travail restent ouverts, font que le virus se propage comme une traînée de poudre. Les prévisions des scientifiques prévoyant jusqu'à 50.000 cas et 200 décès par jour d'ici novembre pourraient encore être une sous-estimation.

Chaque jour apporte des preuves encore plus horribles que les écoles et les universités en particulier sont des terrains fertiles pour le virus. Le compte Twitter de ToryFibs (mensonges des conservateurs) a rapporté mercredi que 2.805 écoles avaient signalé des infections, dont beaucoup avec des cas multiples.

Le campus de Birley du Manchester Metropolitan University (à gauche) où des centaines d’étudiants sont en quarantaine après avoir été testés positifs au Covid-19 (Source: WSWS)

Au moins 91 des 139 universités du Royaume-Uni ont des infections et 5000 cas ont été confirmés parmi les étudiants et le personnel. À l'Université de Manchester, plus de 1000 étudiants et 20 membres du personnel ont été infectés, tout comme près de 600 étudiants et membres du personnel de l'Université de Sheffield. Les deux universités de Manchester, l'Université de Sheffield, l'Université de Newcastle, l'Université de Northumbria et l'Université de Cardiff ont été contraintes de suspendre l'enseignement présentiel cette semaine et de passer à l'apprentissage en ligne.

Des milliers d'étudiants à qui l’on avait dit de s'inscrire, faute de quoi ils devaient renoncer à leur place dans l'enseignement supérieur, ont été infectés quelques jours après le début de la rentrée et sont enfermés dans des résidences universitaires exiguës dans toutes les principales agglomérations urbaines du pays.

Ces événements confirment que l'élite dirigeante poursuit activement une politique d'immunité collective, qui a été entérinée au mois de mars, malgré les dénégations.

Une majeure partie du Royaume-Uni a des niveaux d'infection supérieurs au seuil fixé pour les pays étrangers et qui déclenchent des restrictions de voyage par le gouvernement britannique. Seulement sept régions de Grande-Bretagne ont un taux de moins de 20 cas pour 100.000 habitants sur une moyenne de sept jours. Les niveaux d'infection dans certaines des principales populations urbaines sont stupéfiants. Manchester a le taux le plus élevé d'Angleterre cette semaine avec 2763 cas actifs signalés dans la semaine précédant le 1er octobre. Son taux d'infection est de 504,5 pour 100.000 personnes, soit plus du double du chiffre de 223,2 la semaine précédente et 10 fois le taux enregistré en août.

Les affirmations mensongères du gouvernement selon lesquelles les enfants et les jeunes n'étaient pas vulnérables au coronavirus et que les écoles et les universités pourraient rouvrir en toute sécurité sont totalement discréditées. Les cas de coronavirus augmentent dans presque tous les groupes d'âge. Dans une nouvelle étude publiée par le Lancet, «L'évolution démographique du COVID-19», l'une des revues médicales les plus respectées au monde a noté que: «Selon une analyse de 6 millions de cas [au niveau international] entre février et juillet 2020, le nombre des personnes infectées âgées de 15 à 24 ans sont passées de 4,5% à 15% ...» En Angleterre, «la plupart des nouvelles infections identifiées entre le 17 et le 30 août 2020 concernaient des personnes âgées de 20 à 29 ans.»

Une abondance de preuves montre à quel point le coronavirus frappe le plus durement la classe ouvrière, en particulier dans les usines et les bureaux. La propagation du COVID-19 dans le nord de l'Angleterre est présentée dans les médias comme une disparité régionale. Mais les zones les plus infectées se trouvent dans des régions désindustrialisées et socialement défavorisées où moins de personnes travaillent à domicile.

[image]L’usine Karro de transformation de viande porcine à Scunthorpe (Source: Google Maps) - https://www.wsws.org/asset/e0c73a5c-23ce-46f4-a8c5-b928eda61195?rendition=image1280[/image]

De nombreux foyers d’infection se sont déclarés dans des usines de transformation des aliments, la dernière à l'usine de transformation de porc Karro Food à Scunthorpe, dans le Lincolnshire. Le site emploie 360 personnes et embaucherait 100 autres personnes en raison de la demande accrue des supermarchés pendant le confinement. Selon des sources médiatiques locales, les travailleurs de l'usine ont signalé une «vague de cas», l'un d'eux disant: «Le personnel tombe comme des mouches et est renvoyé chez lui».

Le Dr Gabriel Scally, professeur de santé publique à l'Université de Bristol et membre du groupe de scientifiques indépendant SAGE, a déclaré à propos de la propagation du virus: «Il y a trois facteurs clés: le niveau de précarité, deuxièmement le niveau de promiscuité des foyers et, troisièmement, la proportion de personnes issues de BAME [noirs, asiatiques ou membres d’une minorité].»

Partout en Europe, la réouverture meurtrière des écoles et des lieux de travail a créé la même situation désastreuse. Mardi, pour la première fois depuis des mois, le nombre de décès a dépassé les 1000 à travers le continent, soit presque le double de celui signalé lundi. Les 83.011 nouveaux cas de mardi en Europe représentaient une augmentation notable par rapport aux 62.259 de lundi. Mercredi, il y a eu 88.861 cas et 891 vies perdues en Europe à cause du coronavirus.

Il y a une colère croissante parmi les travailleurs dont la sécurité et la vie sont en jeu. Un travailleur de l'usine de Karro Food a déclaré aux médias: «L'usine a fonctionné tout au long du confinement et maintenant les gens s'en vont avec le virus, et ils refusent toujours de fermer. Cela met non seulement leur personnel en danger, mais aussi leurs familles.»

Mardi, le personnel de l'Université de Northumbria, avec près de 800 cas confirmés parmi ses étudiants, a voté à l'unanimité lors d'une réunion d'urgence pour organiser un vote de grève «après que la direction n'a pas répondu aux graves problèmes de santé et de sécurité». Ils ont exigé la démission immédiate du vice-président de l'université, Andrew Wathey.

La menace pesant sur la vie de millions de travailleurs, d'étudiants et d'écoliers est le résultat du sale boulot des travaillistes et des syndicats qui travaillent en partenariat avec les conservateurs et les grandes entreprises pour faciliter le retour au travail. Le Congrès des syndicats a rédigé des politiques à discuter avec le gouvernement Johnson «sur la manière de gérer le retour massif au travail». Le dirigeant travailliste Sir Keir Starmer a affirmé en août: «Je ne veux pas seulement que tous les enfants retournent à l'école le mois prochain, je les attends à l'école. Pas de si, pas de mais, pas d'équivoque». La secrétaire générale conjointe du syndicat de l'Union nationale de l'éducation, Mary Bousted, a déclaré: «La réouverture des écoles est une question de logistique, pas de risques.»

Comme dans chaque pays, un mouvement de masse d'en bas est nécessaire pour appliquer le programme nécessaire pour lutter contre la propagation du COVID-19. Dans chaque lieu de travail et quartier, de nouvelles organisations de lutte, des comités de la base, doivent être formés, indépendants des syndicats et du Parti travailliste, afin de préparer une grève générale politique.

Le Socialist Equality Party, SEP (Parti de l’égalité socialiste) a créé le Comité de sécurité des éducateurs de la base pour s'opposer au retour dangereux dans les écoles, universités et lycées. Partagez vos expériences depuis votre retour dans les écoles et sur les campus en assistant à notre prochaine réunion en ligne le samedi 10 octobre à 14 h.

(Article paru en anglais le 8 octobre 2020)

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