Le premier ministre Castex présente le plan de confinement limité

Le premier ministre Jean Castex ainsi que ses ministres ont présenté dans le détail la mise en œuvre du confinement, annoncé la vieille par Macron lors de son allocution qui maintient les jeunes à l’école et les travailleurs au travail pour faire des profits pour l’aristocratie financière.

La politique de retour au travail et la réouverture des écoles pour permettre aux banques et aux grandes entreprises de réaliser des profits sont la conséquence de la situation sanitaire désastreuse en Europe et en France qui depuis plusieurs jours bat des records de nouvelles contaminations. Les avertissements lancés par les médecins qui appellent à un reconfinement face à la saturation des hopitaux et la montée de la colère sociale poussent le gouvernement Macron à effectuer une politique de confinement limité.

La situation va être « extrêmement difficile » pour le système hospitalier durant deux à trois semaines en raison de la deuxième vague de l’épidémie de Covid-19, a prévenu jeudi le président du conseil scientifique, Delfraissy. Ce dernier ajoute que « le scénario est plutôt d’avoir un confinement de ce type pendant un mois, de regarder les indicateurs et de sortir du confinement avec un couvre-feu, qui resterait en place jusqu’à début janvier. Une troisième vague n’est pas exclue. Mais je ne veux pas annoncer toujours les mauvaises nouvelles, je reste fondamentalement un optimiste, nous allons nous en sortir. L’innovation arrivera mais pas avant le printemps 2021. ».

Avant son intervention jeudi soir, le premier ministre Jean Castex a rencontré les chefs des partis à Matignon pour obtenir leur soutien qui a tourné court. Christian Jacob des LR explique que ce fut «Une réunion hallucinante» et le patron du PS Olilvier Faure parle de réunion «surréaliste». D’après un participant de la réunion, seuls François Baroin, président de l'Association des maires de France (AMF) et Fabien Roussel, représentant du Parti communiste, «se sont montrés à la hauteur pour accompagner» l'exécutif, selon un participant.

D’après Le Figaro, Marine Le Pen du parti d’extrême droite Le Rassemblement National a précipitamment quitté la réunion. «Il va y avoir un problème d'acceptabilité par les Français (...) On ne sait rien (...) Il y a une forme d'agacement qui se fait entendre». L’invitation de Marine Le Pen à Matignon fait partie d’une normalisation par la bourgeoisie française depuis plusieurs années d’un parti néofasciste dont une grande partie du programme politique est repris par les différents gouvernements et qui cherche un soutien à sa politique parmi l’appareil répressif de l’État.

La normalisation de l’extrême droite fait partie plus largement de la politique de la bourgeoisie internationale qui face à l’accélération de la crise économique et de la montée de la radicalisation de la classe ouvrière provoquée par la pandémie de Covid-19, mène une politique fascisante. Aux Etats-Unis Trump lance des appels aux forces néonazis pour intimider les électeurs ainsi que comme soutien pour un coup d’état pour les présidentielles américaines.

Alors que la France compte plus de 50 000 nouveaux cas par jours officiellement, Jean Castex a expliqué que le reconfinement nationale d’une durée de quatre semaines était inévitable : « Je le dis clairement, il n'y a pas d'autres solutions ». Alors que le gouvernement s’attend à une seconde vague plus meurtrière que la première, Olivier Véran estime à « un million » le nombre de français actuellement contaminés par la Covid-19.

Face à la dégradation sanitaire et la situation de plus en plus tendue dans les hôpitaux, le ministre de la santé a demandé à tous les établissements de santé français de déclencher leur plan blanc et donc de déprogrammer des activités médicales "afin de libérer de la disponibilité en lits" pour les malades du Covid. Le gouvernement a précisé que l'objectif était d'"atteindre le plus rapidement possible les capacités maximales" en lits de réanimation, soit environ 10.000.

Jean Castex a indiqué que le confinement limité serait appliqué dans toute la France. En Outre mer, seule la Martinique serait concernée. Les déplacements d'une région à l'autre seront interdits et il faudra à nouveau l’attestation obligatoire pour sortir. Les restaurants, bars, cinémas et théâtres seront fermés. Contrairement au printemps dernier, les parcs, forêts et plages seront ouverts. Jean Castex ajoute que ''Vous ne pourrez quitter votre domicile qu’à certaines conditions'': travail, motifs médicaux, motifs familiaux, assistance aux précaires, convocation judiciaire ou administratives...pour prendre l'air ».

Le ministre de l’éducation, Jean Michel Blanquer est aussi intervenu pour justifier le maintien des écoles ouvertes en minimisant la réouverture des écoles comme accélérateur de l’épidémie : « Nous avons le devoir fondamental de laisser ouvertes nos écoles tant que nous le pouvons », rappelant qu'il y a « peu de contaminations en milieu scolaire ».

Le masque sera obligatoire à partir de 6 ans au lieu de 11 ans. Au niveau du lycée, le ministre précise qu'une souplesse sera laissée aux chefs d'établissements pour la mise en place du protocole. Pour le reste, la circulation des élèves dans les bâtiments devra être limitée, et les récréations seront organisées par groupes. La restauration scolaire sera maintenue dans le respect des gestes barrières. En revanche les cours en faculté se feront par l’internet.

L'Etat va consacrer 6 milliards d'euros par mois de confinement dans le cadre du fonds de solidarité pour venir en aide aux entreprises, annonce Bruno Le Maire. Une aide apportée bien plus importante que lors du premier confinement selon le ministre de l'Économie. « Ce confinement est un coup dur pour toutes les entreprises qui vont être fermées à compter de demain (vendredi). Je pense en particulier aux 200.000 commerces qui vont être obligés de fermer. Nous voulons leur dire que le soutien économique de l'Etat sera encore plus fort que lors du premier confinement. ».

Les confinements limités adoptés par le gouvernement Macron et les autres pays européens ne stopperont pas la circulation du virus mais l’objectif est de maintenir l’activité dans les secteurs non essentiels et les écoles ouvertes qui sont contrairement à ce qu’affirme le gouvernement les principaux foyers de contamination. Selon l’agence de santé plus de 60 pour cent des clusters se trouvent dans les entreprises privées et les écoles.

A cela s’ajoute l’objectif du gouvernement qui entend passer le nombre de nouveaux contaminés par jour de 50 000 à 5 000. C’est à partir du 26 août que la France a atteint 5 000 cas en une journée et le nombre de nouvelle contamination n’a ensuite fait qu’augmenter ce qui veut dire qu’une fois ce chiffre de 5 000 atteint et un déconfinement, rien n’empêchera la reprise de l’épidémie tel que nous l’avons connu depuis le 26 août.

La situation sanitaire catastrophique a montré que le gouvernement Macron et derrière lui l’establishment politique étaient incapables de protéger la population de la maladie. Ce confinement d’un mois n’empêchera pas la circulation du virus et des dizaines ou des centaines de milliers de morts. La lutte contre ce virus nécessite une mobilisation consciente des travailleurs contre le capitalisme, sur un programme socialiste. Ceci signifie la lutte pour renverser l’aristocratie financière, saisir l’argent public donné illégitimement aux super-riches et fournir les ressources nécessaires pour améliorer massivement les soins médicaux et protéger les travailleurs et petits entrepreneurs face à la pandémie dans le cadre d’un vrai confinement.

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