Le régime PSOE-Podemos rejette les confinements alors que la propagation du COVID-19 s’accélère en Espagne

Alors que le COVID-19 fait rage partout en Espagne, le gouvernement Podemos-PSOE (Parti socialiste espagnol) continue de rejeter les mesures visant à protéger la vie des travailleurs et de leurs familles. Ayant déjà rejeté les demandes des administrations régionales d'autoriser une politique de confinement, il insiste sur le fait que cette politique n'est ni possible ni nécessaire.

Mardi dernier, lors d'une conférence de presse du ministère de la Santé, Fernando Simón, directeur du Centre de coordination des alertes et des urgences sanitaires, a précisé cette politique criminelle: «Ce que nous avons en ce moment en Espagne n'est pas un confinement [à domicile], et ce ne sera probablement pas nécessaire.»

Il a poursuivi: «Si nous procédons à un confinement réel et complet et que personne ne quitte sa maison pour quelque raison que ce soit, dans environ 15 jours, nous aurions cela sous contrôle, ou peut-être dans un mois. Mais c'est impossible. Il y a des gens qui ont besoin de travailler, d'acheter des choses, qui ont besoin de partir […] Le confinement total est impossible».

«Si l'objectif est d'éliminer complètement la transmission», a-t-il ajouté, «oubliez cela, c'est impossible.»

Les priorités de la classe dirigeante sont claires: même si un confinement pouvait en grande partie éliminer le virus, elle préfère voir la contagion de masse et la mort afin de garantir que la classe ouvrière continue de produire des profits. Les commentaires de Simón interviennent alors que l'Espagne a enregistré son total de décès le plus élevé en une seule journée depuis la fin du mois de mai, avec 368 décès par coronavirus jeudi dernier.

Environ 20.000 nouveaux cas sont enregistrés quotidiennement en Espagne, bien plus qu'au printemps. Comme une moyenne de 200 à 250 personnes meurent chaque jour de la maladie, les estimations suggèrent qu'au moins 7000 décès de coronavirus se produiront en novembre seulement en Espagne. Lundi, le bilan officiel du nombre de morts s'élevait à 39.345, avec plus de 1,4 million de personnes à ce jour infectées par le COVID-19 à travers le pays.

Il est communément admis, y compris parmi les grands médias que ces chiffres officiels sous-estiment massivement l'impact du virus. La semaine dernière, l'Institut national des statistiques (INE) a publié un document montrant qu'il y a eu une surmortalité de 65.892 décès depuis mars, alors que les hôpitaux débordés luttaient pour traiter l'afflux de patients atteints du COVID-19.

De nouvelles estimations du secrétaire d'État espagnol aux droits sociaux jettent également une lumière plus claire sur l'ampleur réelle des ravages provoqués par la pandémie. Selon ces chiffres, publiés vendredi, environ 43.697 personnes sont mortes du coronavirus dans la seule première vague de la pandémie (jusqu'au 23 juin), bien supérieur au bilan officiel de 28.148 morts enregistrés au cours de cette période.

Les maisons de retraite ont été particulièrement touchées, où environ 20.268 personnes vulnérables ou âgées sont mortes de la maladie au cours de la première vague. Cela signifie qu'entre 47 et 50 pour cent du total des décès par COVID-19 enregistrés au cours de cette période se sont produits dans ces établissements résidentiels.

Pendant le pic de la pandémie de mars à avril, le virus a sévi dans les foyers d’accueil en Espagne et à travers l'Europe, dépassant la capacité des préposés de la santé à subvenir aux besoins et à protéger les résidents. En mars, certains résidents âgés de Madrid ont été privés de soins et de nourriture pendant des jours en raison des absences du personnel et des conditions de travail impossibles. Les militaires, qui sont intervenus tardivement pour soulager les foyers d’accueil ont retrouvé 23 morts dans un foyer d’accueil de la capitale espagnole, dont deux religieuses qui dispensaient des soins.

Les taux de mortalité des personnes infectées par le COVID-19 dans les foyers d’accueil étaient d'environ 13 pour cent en mars, le virus ayant dévasté ces établissements, passant à 22 pour cent pour les personnes âgées de plus de 80 ans. Même si les taux de mortalité par coronavirus dans les foyers d’accueil ont chuté depuis mars, ils sont encore estimés à un niveau très élevé de 7 pour cent.

Les maisons de retraite deviennent à nouveau les épicentres d'infection en Espagne, où 137 des 1526 éruptions de cas enregistrés en Espagne dans la semaine du 29 octobre ont été signalés, touchant 2336 personnes. José Augusto García, président de la Société espagnole de gériatrie et de gérontologie, a déclaré à Canal 24 horas: «Les épidémies dans les résidences pour personnes âgées sont 12 fois plus fréquentes et trois fois plus fortes que dans l'ensemble de la population.»

Les professionnels de santé sont également les plus touchés par la pandémie, avec 76.431 infections parmi cette partie de la population active depuis le début de la pandémie, soit 5,75 pour cent du total. Il y a eu 63 décès d'agents de santé jusqu'au 5 juin.

Pendant ce temps, selon le syndicat du secteur public Central Sindical Independiente y de Funcionarios (CSIF), le système de santé espagnol a supprimé 17.548 emplois en septembre et octobre, alors que la deuxième vague d'infections commençait à s'accélérer. La majorité de ces employés étaient des travailleurs intérimaires embauchés pour pourvoir les postes vacants pendant la période des vacances d'été. Environ 28 pour cent de tous les travailleurs de la santé en Espagne ont des contrats de travail à durée déterminée.

L'agitation contre les mesures pour combattre la pandémie est menée par la bourgeoisie espagnole, qui demande au gouvernement de garder les travailleurs à leurs postes de travail et les écoles ouvertes. Dans un commentaire à El País, Antonio Garamendi, président de la Confederación Española de Organizaciones Empresariales (Confédération espagnole des organisations des employeurs) a déclaré qu'un nouveau confinement «serait une catastrophe pour l'économie, les entreprises et l'emploi».

Faisant écho à ce point de vue, un banquier a déclaré sans détour au même journal: «Moins il y a de confinements, mieux c'est. Nous ne pouvons pas fermer l'industrie ou les écoles, car cela signifie que les parents devraient rester à la maison avec leurs enfants et que l'économie ne fonctionnerait pas. Ce serait une véritable catastrophe.»

Affirmant frauduleusement que les mesures de confinement mises en œuvre en mars n'avaient eu aucun effet, un représentant d'un groupe énergétique espagnol a déclaré à El País: «Nous ne pensons pas que le confinement soit une bonne idée. Nous avons vu les résultats de mars et son effet presque inexistant. Nous pensons qu'avant d'appliquer [des mesures de confinements], nous devons épuiser toutes les solutions possibles afin d'éviter de paralyser complètement l'économie. »

Alors même que le gouvernement PSOE-Podemos continue de mettre en danger la vie des travailleurs à la demande de la bourgeoisie espagnole et internationale – justifiant son refus criminel de mettre en œuvre des mesures de fond pour lutter contre la pandémie par des allégations mensongères selon lesquelles l'économie ne peut pas se le permettre – ils ont pu dévaliser la trésorerie publique pour distribuer des renflouements massifs aux sociétés géantes.

La semaine dernière, le cabinet ministériel espagnol a convenu de lancer son premier plan de sauvetage massif de l'État depuis le début de la pandémie, s'engageant à renflouer Air Europa à hauteur de 475 millions d'euros. Cette aide d'État verra la troisième compagnie aérienne espagnole (après Iberia et Vueling) recevoir 240 millions d'euros de prêts participatifs et 235 millions d’euros supplémentaires de prêts ordinaires, remboursables sur six ans.

Le sauvetage sera supervisé par la société d’Étatindustrielle publique, SEPI, qui aura le droit de nommer deux représentants au conseil consultatif de la société et devra autoriser toute restructuration des effectifs prévue par la compagnie aérienne.

Les moyens de subsistance des quelque 3000 travailleurs de la compagnie aérienne sont désormais en jeu, Air Europa refusant de révéler les détails de son supposé «plan de viabilité» à ses employés, selon le syndicat des pilotes SEPLA. Le plan de sauvetage de l'État reposera sur des attaques massives contre les emplois et les conditions de travail chez Air Europa.

(Article paru en anglais le 10 novembre 2020)

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