Le gouvernement Macron rencontre la néofasciste Marion Maréchal

Le Monde a révélé le 27 décembre une rencontre du conseiller du président de la République, Bruno Roger-Petit avec Marion Maréchal, la nièce de Marine Le Pen le 14 octobre dernier pour un déjeuner. La rencontre avait été gardée secrète jusque là, mais a été confirmée par les intéressés.

Marion Maréchal a quitté le Rassemblement national (RN) en 2017, après la fin de son mandat de député. Certains militants RN la considèrent comme la véritable héritière de Jean-Marie Le Pen et elle est connue pour ses idées extrémistes, comme son adhésion à la théorie raciste du "grand remplacement". Elle milite aussi pour l'unité de la droite autour de thématiques d'extrême droite.

Des membres de la majorité présidentielle ou de l'opposition ont hypocritement fait semblant de s'indigner de la rencontre, alors que ce type de contact s'inscrit dans le tournant vers l'extrême droite du gouvernement de Macron, surtout suite à la pandémie de Covid-19.

Bruno Roger-Petit est un journaliste, d'abord proche du PS, qui avait apporté un soutien appuyé à Macron pendant sa campagne électorale. Il a été porte-parole de la présidence de la République française jusqu'en septembre 2018, date où les services de communication de l’Élysée ont été réorganisés suite au scandale de l'affaire Benalla. La défense de Macron par Roger-Petit a été jugée particulièrement maladroite. Le poste de porte parole a été supprimé et Roger-Petit a été recasé comme «conseiller mémoire».

On ne connaît pas la teneur des échanges entre le conseiller de Macron et Maréchal. Celle-ci a indiqué au Monde n'avoir pas bien compris pourquoi le conseiller voulait la rencontrer. Roger-Petit a déclaré: «Je voulais savoir ce qu’elle avait à dire et si elle était en résonance avec l’état de l’opinion – ce qui n’est pas le cas. J’ai dû constater que nous étions en désaccord. C’est un peu ce que Xavier Bertrand a fait quand il a rencontré Eric Zemmour».

Roger-Petit banalise sa rencontre en évoquant le cas de Xavier Bertrand. Celui-ci cherche actuellement à s'imposer comme candidat de la droite à la prochaine présidentielle et il a rencontré le journaliste et essayiste d'extrême droite, Eric Zemmour, connu pour ses diatribes antimusulmanes et sa tentative de réhabilitation de Pétain. Cette rencontre est liée au tournant vers l'extrême droite du parti Les Républicains, que courtise Bertrand et dont le programme devient de plus en plus indiscernable de celui du RN.

Cela ne change rien à la nature de la trajectoire politique propre de la présidence de Macron. Le déjeuner avec Maréchal n'est qu'un des aspects des multiples relations que Macron tisse avec l'extrême droite depuis des années.

Macron et son gouvernement mènent une violente politique de classe et de destruction des acquis sociaux de la classe ouvrière. Dans cette confrontation sans merci, sur fond de colère sociale explosive contre le chômage, l'austérité, avec la montée des inégalités économiques qui s'accélère avec la pandémie, les représentants politiques de la bourgeoisie jettent par dessus bord tous les droits démocratiques qu'ils prétendaient chérir.

En 2018, Macron a rendu hommage à Pétain comme étant un grand soldat et a tenté de faire célébrer les 150 ans de la naissance de Charles Mauras, le fondateur du parti antisémite, anti dreyfusard et anti-démocratie Action française. En avril 2018, Macron avait aussi déclaré devant toute la hiérarchie catholique rassemblée aux Bernardins, parmi un flot d'éloges: « Je suis convaincu que la sève catholique doit contribuer encore et toujours à faire vivre notre nation ».

Maintenant il déroule un ensemble de mesures liberticides, en agitant contre la minorité musulmane, mais en visant les droits politiques de la classe ouvrière dans son ensemble. Il justifie les attaques qu'il prépare contre la loi de 1901 sur la liberté d'association et de 1905 sur la séparation des églises et de l'Etat en adoptant des théories auparavant cantonnées à l'extrême droite. Selon celles-ci, on assisterait au repli communautaire de la minorité musulmane sur les positions de l'islamisme radical qui viserait à rien de moins que de renverser les institutions de la République.

Cette théorie du "séparatisme islamiste" est désormais adoptée presque unanimement par la classe politique française pour justifier la nécessité d'adopter des lois liberticides.

Selon Le Canard Enchaîné, la rencontre avec Maréchal a pu avoir lieu grâce à l'entremise de Geoffroy Lejeune, directeur de la rédaction du magazine d'extrême droite Valeurs actuelles. Les contacts étroits et suivis de Roger-Petit avec Lejeune sont bien connus. Macron lui-même a été proche d'Yves de Kerdrel, lorsque celui-ci était directeur général du groupe Valmonde et directeur de la rédaction de Valeurs actuelles et Macron secrétaire général adjoint de l'Elysée puis ministre de l'économie.

Ces contacts de longue date ont aboutis à une longue interview dans Valeurs actuelles, fin octobre 2019, où Macron avait sans complexe enfourché les thèmes anti-immigrés et anti-musulmans. C’était la première fois qu’un président français en exercice accordait une interview à un média d’extrême droite depuis la chute du régime de Vichy. Faisant référence aux musulmans, il déclarait alors: «Je lutte de toutes mes forces contre le communautarisme», et condamné la «sécession» communautariste.

Certains des contacts de Macron ont pour but d'évaluer de possibles concurrents à la candidature de Marine Le Pen et affaiblir celle-ci à la prochaine présidentielle. La candidature possible du général Pierre de Villiers, ancien chef d'état-major des armés, a ainsi été mise en avant par les médias.

Ceci ne fait que souligner que dans ses luttes contre la politique d’immunité collective et d’austérité menées par l’Union européenne, la classe ouvrière ne trouvera aucune section progressiste ou démocratique de la bourgeoisie sur laquelle faire pression. Il n’y a rien à négocier avec Macron et ses alliés, pas plus qu’avec les diverses fractions de l’extrême-droite. La lutte contre la pandémie et l’accroissement démesuré des inégalités dépend de la formation d’un mouvement socialiste dans la classe ouvrière internationale luttant pour le pouvoir.

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