Selon le classement Forbes des riches en Chine en 2020, la richesse totale des 400 personnes les plus riches de Chine est passée de 1,290 milliards de dollars à 2,110 milliards de dollars l'année dernière, soit une augmentation globale de plus de 60 pour cent. Pour ceux qui ont figuré sur la liste, près des deux tiers ont vu leur richesse augmenter. Le critère d'entrée dans le classement de riches l'année dernière était de 1,55 milliard de dollars, contre 1 milliard de dollars en 2019. En grande partie cela était due à la hausse incessante des cours de la bourse.
Nongfu Spring, qui a été cotée en bourse en septembre dernier à Hong Kong, a enregistré une augmentation de 120 pour cent du cours de ses actions au 17 décembre. Zhong Shanshan, le fondateur de la société, dont la fortune est passée de 2 à 69 milliards de dollars, a remplacé Jack Ma comme personne la plus fortunée de Chine. Jack Ma n'a vu sa richesse augmenter que de 72 pour cent pour atteindre 65,6 milliards de dollars! Sur le marché chinois de l'eau en bouteille, Nongfu Spring occupe désormais tous les rayons de marché et tous les distributeurs automatiques. Avec son contrôle de certaines des meilleures sources naturelles en eau de Chine et une stratégie de marketing agressive, ses concurrents sont restés en rade. Sa marge de bénéfice sur chaque bouteille vendue est énorme, 60 pour cent.
Le Midea Group, principal fabricant d'appareils électriques en Chine, a également connu une augmentation continue de ses actions – de 56 RMB [8,65 $ US] au début de l'année à 95 RMB, soit une augmentation de près de 70 pour cent. En 2016, la société a acheté le secteur de l'électroménager de Toshiba et un fabricant de robots industriels appelé KUKA et a fusionné avec eux, diversifiant ses produits. Midea Group est la première entreprise chinoise d'appareils électroménagers à figurer dans le classement Fortune Global 500. Son fondateur, He Hengjian, continue à occuper la cinquième place du classement des riches en Chine.
Les restrictions sur les activités en présentiel en raison de la pandémie COVID-19 ont stimulé l'essor des plate-formes de commerce électronique en ligne. Le prix de l'action de Pinduoduo, par exemple, est passé de 38 $ à 160 $. L'entreprise, qui fournit aux acheteurs les moyens de former ou de rejoindre des «équipes» d'acheteurs pour faire baisser les prix, est rapidement devenue la deuxième plus grande plate-forme de commerce électronique en Chine, derrière Taobao.
Le commerce électronique est étroitement lié à l'industrie de la livraison de colis. En conséquence, la société de livraison numéro un en Chine, SF Express, a également vu le cours de ses actions augmenter, passant de 37 RMB à 90 RMB. Huang Zheng, fondateur de Pinduoduo, et Wang Wei, fondateur de SF Express, restent tous deux dans le peloton des dix premières fortunes personnelles en Chine.
Alibaba et Tencent sont depuis longtemps devenus les oligarques de l'industrie informatique chinoise et leurs actions ont continué d'augmenter cette année. Cependant, très récemment, Alibaba, Tencent et SF Express ont été condamnés à une amende de 500 000 RMB chacun par les agences anti-monopole, soit environ 77 000 dollars, une tape sur les doigts pour ces méga-sociétés. Quelles que soient les justifications exactes des amendes, ces entreprises et leurs propriétaires ont conservé leur énorme richesse, ainsi que leur influence politique.
Certains des entrepreneurs capitalistes les plus riches de Chine sont membres du Parti communiste chinois (PCC), ont été délégués à l'Assemblée populaire nationale ou sont membres de la Conférence politique consultative du peuple.
Pour ne citer que quelques-uns des exemples les plus flagrants: Jack Ma est membre du PCC; Wang Jianlin (fondateur du groupe Wanda) est membre du parti, délégué de l'Assemblée populaire nationale et membre de la Conférence politique consultative du peuple; Xu Jiayin (président du groupe Evergrande) est membre du PCC et de la Conférence politique consultative du peuple; Lei Jun (fondateur de Xiaomi) est un délégué de l'Assemblée populaire nationale; Pony Ma est délégué de l'Assemblée populaire nationale; Tomson Dongsheng Li (président de TCL) est membre du PCC et délégué du Congrès national du peuple.
Le 6 décembre, lors d'une réunion du PCC sur le travail économique, l'État a apporté des changements symboliques à sa campagne anti-monopole censée empêcher la domination économique de quelques super-riches. En réalité, cela s'est déjà produit avec la plupart des industries dominées par un ou quelques oligarques.
Dans une interview, Zhou Hongyi, fondateur de Qihoo 360 (une société de sécurité Internet), a expliqué que chaque fois qu'une start-up sortait un nouveau produit, les monopoles existants se précipitaient pour en développer un similaire et écraser l'émergence de tout concurrent. Tout nouveau développement informatique sera associé au même nom de famille: Ma. En d'autres termes, il appartiendra soit à Alibaba de Jack Ma, soit à Tencent de Pony Ma.
Alors que les oligarques milliardaires ont accumulé une richesse stupéfiante l'année dernière, les travailleurs ont subi le plus gros du ralentissement économique du pays – des millions de personnes ayant perdu leur emploi au cours du premier semestre de l'année dernière. Une autre indication de la détérioration du niveau de vie est une forte baisse des ventes au détail. Selon le Bureau national des statistiques chinois, de janvier à novembre de cette année, les ventes totales du secteur de la vente au détail ont chuté de 4,8 pour cent nominalement et de 7,3 pour cent en réalité, en raison de l'augmentation du chômage et des attaques sur les salaires.
La richesse des super-riches est directement liée à la surexploitation de la classe ouvrière. Le développement rapide du commerce électronique dépend de l'industrie de la livraison express en Chine qui, à son tour, repose sur une main-d'œuvre bon marché. Les travailleurs touchent un bas salaire en fonction des heures travaillées et ne sont souvent pas payés du tout (article en anglais).
La propagande du PCC continue de se vanter que la pauvreté absolue a pratiquement été éradiquée en Chine, mais ses chiffres sont basés sur un seuil très bas pour la pauvreté absolue – un revenu annuel inférieur à 2 300 RMB, ou 352 $ US. La pauvreté est en fait très répandue, comme l'a en effet reconnu le Premier ministre chinois Li Keqiang, qui a souligné en mai dernier que 600 millions de personnes en Chine avaient un revenu mensuel inférieur à 1 000 RMB [155 $ US].
Pour éradiquer la pauvreté, il n'y a pas d'autre issue que de socialiser les moyens de production. Tant que la production est subordonnée au profit des capitalistes, tant que la consommation est soumise aux salaires distribués par les capitalistes, ce système social ne pourra jamais garantir à tous une vie libérée de la misère. A bas la propriété privée des moyens de production! A bas le régime qui défend cette propriété privée!
(Article paru en anglais le 13 janvier 2021)