Des détails font la lumière sur une coordination de haut niveau entre les fascistes, la police et des politiciens républicains dans la tentative de coup d’État du 6 janvier

De plus amples détails viennent confirmer que la tentative de coup d’État de mercredi dernier a été planifiée en coordination avec des responsables républicains, la police du Capitole et des sympathisants fascistes dans l’armée et le renseignement. En même temps, d’autres signes indiquent que des éléments d’extrême droite préparent un deuxième coup d’État avant le 20 janvier, soulignant la nécessité urgente pour les travailleurs et les étudiants de commencer à préparer une grève générale politique.

Mercredi, le site The Daily Beast fait état d’un bulletin d’alerte publié par les services secrets, indiquant un rassemblement du groupe Boogaloo prévu pour le 17 janvier à Washington, DC. Le mouvement d’extrême droite est peuplé d’anciens membres actifs de la police et de l’armée, qui cherchent à déclencher une seconde guerre civile afin d’instaurer un État fasciste.

Les sénateurs républicains Josh Hawley, à gauche, et Ted Cruz, à droite, s'expriment après que les républicains se soient opposés à la certification des votes du Collège électoral de l'Arizona, lors d'une session conjointe de la Chambre et du Sénat pour confirmer les votes électoraux exprimés lors de l'élection de novembre, au Capitole, le mercredi 6 janvier 2021. (AP Photo/Andrew Harnik) [AP Photo/Andrew Harnik]

Le bulletin des services secrets a également averti que les fascistes prévoient de se rassembler le 20 janvier pour ce qu’ils appellent la «Marche du million de miliciens» à Washington. Pour ces deux événements, les participants potentiels sont encouragés à venir armés.

Il a déjà été rapporté qu’au moins trois policiers de la capitale américaine ont été suspendus, tandis qu’une douzaine d’autres font l’objet d’une enquête pour leur rôle dans la tentative de putsch de mercredi dernier. Un décompte de la participation des forces de l’ordre au coup d’État, compilé par Jonathan Ben-Menachem, rédacteur au site «The Appeal», a identifié 28 policiers de 12 États différents qui ont pris part au rassemblement.

Alors que de nombreuses preuves vidéo ont déjà fait surface, montrant que la police a levé les barrières et encouragé les partisans du président Donald Trump à entrer au Capitole, le Boston Globe a rapporté mercredi que les boutons de panique installés dans le bureau de la représentante démocrate Ayanna Pressley avaient été «arrachés», avant la tentative de coup d’État de mercredi.

«Chaque bouton de panique – toute l’unité – dans mon bureau avait été arraché», a déclaré Sarah Groh, chef de cabinet de Pressley, au Globe. Groh affirme qu’elle les avait déjà utilisés auparavant, et qu’elle n’avait pas changé de bureau depuis la dernière fois qu’ils avaient été utilisés. Groh ainsi que Pressley et son mari ont finalement été déplacés dans plusieurs «lieux sûrs» différents. Groh a rappelé au Globe que le groupe a essayé de rester calme pendant toute l’épreuve, mais que cela était difficile car ils ne savaient pas qui les escortaient ni s’ils pouvaient leur faire confiance.

La Garde nationale va faire passer le nombre de soldats à Washington de 15.000 à 20.000 dans les jours à venir. Plus de 6.600 soldats sont déjà arrivés, et des photos montrent des soldats armés à l’extérieur du complexe du Capitole. Une autre photo montre un garde portant un écusson «thin blue line», très populaire parmi les fascistes et les partisans de Trump, par-dessus son uniforme.

Mardi soir, sur Facebook, Mikie Sherrill, démocrate du New Jersey, a déclaré avoir vu des membres du Congrès républicain faire des visites de reconnaissance à des groupes pro-Trump dans le bâtiment du Capitole la veille de la tentative de coup d’État.

Mercredi, Sherrill ainsi que 30 autres démocrates de la Chambre ont signé une lettre qui demandait une «enquête» sur les visiteurs «suspects» que l’on a autorisés à entrer dans le bâtiment le 5 janvier. La lettre a été adressée au sergent d’armes de la Chambre des représentants par intérim ainsi qu’au sergent d’armes du Sénat par intérim et à la police du Capitole américain. Toutes ces agences ont des éléments qui sont impliqués dans le complot du coup d’État, ce qui assure que toute enquête protégera les dirigeants de toute répercussion significative s’ils sont démasqués.

Dans la lettre qui demandait une enquête, les représentants ont noté que «les visiteurs rencontrés par certains des membres du Congrès dans cette lettre semblaient être des participants au rassemblement à la Maison-Blanche le lendemain». Le groupe semblait «avoir une connaissance inhabituellement détaillée de l’aménagement du complexe du Capitole. La présence de ces groupes au sein du Complexe du Capitole était en effet suspecte».

Dans une vidéo virale sur les médias sociaux, on voit et on entend une femme avec un porte-voix qui donne des instructions détaillées aux émeutiers qui ont pénétré par effraction dans le Capitole. «Il y a aussi deux portes dans l’autre pièce, une à l’arrière et une à droite, quand vous entrez, donc vous devriez probablement vous coordonner ensemble si vous allez prendre ce bâtiment», dit-elle aux émeutiers.

Dans le cadre des efforts du Parti démocrate pour dissimuler les plans de leurs «collègues républicains», Sherril a refusé de fournir à Politico l’identité des législateurs impliqués ou de décrire l’activité «suspecte» dont elle a été témoin.

Dans le même ordre d’idées, le représentant démocrate de l’Ohio, Tim Ryan, a également refusé de nommer publiquement des co-conspirateurs de Trump, déclarant à un journaliste qu’il connaissait «quelques» de membres du Congrès complices, mais qu’il attendrait de les divulguer «pour s’assurer que nous obtenons des vérifications». Ryan a déclaré qu’il avait transmis les noms «aux autorités» mercredi dernier, la nuit du coup d’État.

Le représentant démocrate du Colorado, Jason Crow a également déclaré au New York Times mercredi qu’il avait demandé une enquête du Bureau de responsabilité gouvernementale (Government Accountability Office) afin de savoir si des membres du Congrès avaient joué un rôle pour inciter des insurgés à attaquer le Capitole.

«Dans la mesure où certains membres de la Chambre ont été complices, et je crois qu’il y en a eu, nous allons chercher les remèdes appropriés, y compris l’expulsion et l’interdiction d’exercer une fonction élective pour le reste de leur vie», a déclaré Crow au Times.

Parmi les républicains du Congrès qui seront probablement nommés figurent les organisateurs du rassemblement «Stop the Steal» qui s’est tenu le 6 janvier à Washington: les représentants de l’Arizona, Andy Biggs et Paul Gosar, ainsi que le représentant de l’Alabama Mo Brooks. Ces trois membres du Congrès avaient été mentionnés dans une vidéo de décembre de Periscope par Ali Alexander, un militant d’extrême droite et organisateur de «Stop the Steal».

«Nous avons tous les quatre comploté pour mettre un maximum de pression sur le Congrès pendant qu’ils votaient», a déclaré Alexander. Le but de la foule était de «changer les cœurs et les esprits des républicains qui étaient dans cette organisation, en entendant notre rugissement fort de l’extérieur». Dans une déclaration au Washington Post, un porte-parole de Biggs a déclaré que le membre du Congrès n’avait jamais été en contact avec Alexander ou tout autre manifestant et a nié avoir aidé à organiser le rassemblement.

Cette déclaration n’est pas crédible. Arizona Republic avait précédemment rapporté que Biggs avait pris la parole lors du rassemblement «Stop the Steal» du 19 décembre qui avait été organisé et promu par Alexander. Ce dernier avait même fait faire une affiche pour l’événement, qui s’est tenu au capitole de l’État d’Arizona. En plus d’Alexander, le membre du Congrès Andy Biggs figure sur l’affiche. Le compte Twitter officiel des républicains de l’Arizona a également approuvé un tweet d’Ali dans lequel il affirmait qu’il se sacrifierait pour renverser la constitution.

Ces détails doivent être examinés par le Congrès, qui doit exercer son pouvoir d’assignation pour obliger les personnes impliquées à témoigner sous peine de parjure, et à rendre leurs communications publiques afin de dévoiler le complot en cours.

(Article paru en anglais le 14 janvier 2021)

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