Les morts de Covid-19 augmentent, Castex refuse un confinement en France

Jeudi, le Premier ministre Jean Castex et le ministre de la Santé Olivier Véran ont dévoilé les mesures sanitaires décidées par le Macron lors d'une réunion sur la sécurité nationale la veille.

L'opinion est favorable à un confinement pour mettre fin à l'ouragan de décès de COVID-19 qui balaie l'Europe. Selon un sondage Elabe, 83 pour cent des Français s'attendent à un confinement et 75 pour cent préfèrent un confinement plutôt qu'un couvre-feu. Malgré le torrent de propagande médiatique qui s'oppose aux confinements comme une menace pour les profits des entreprises, 52 pour cent préfèrent un confinement national à des confinements régionaux.

Néanmoins, foulant aux pieds l'opinion, le gouvernement a décidé de n'imposer qu'un couvre-feu national à 18h, maintenant ouvertes les écoles et les industries non essentielles. Or les statistiques du ministère de la Santé montrent que deux-tiers de la transmission du COVID-19 se produit dans les écoles et sur les lieux de travail. Ainsi cette politique garantit que les infections s'intensifieront, alors que la variante britannique du coronavirus, plus contagieuse, se répand en Europe.

La stratégie de l'Union européenne (UE) et de Macron, approuvée par les appareils syndicaux qui ont paraphé le plan de sauvetage de banques par l’UE à la hauteur de 2.000 milliards euros, est politiquement criminelle. Il est de plus en plus évident pour les travailleurs que leur vie ne compte pour rien dans les calculs de Macron. Seule une mobilisation indépendante de la classe ouvrière peut imposer une politique scientifiquement fondée pour arrêter la pandémie.

A la conférence de presse, Castex a déclaré: «Nous sommes aujourd'hui un peu au-dessus des 15.000 cas quotidiens, soit trois fois plus que l'objectif de 5 000 cas par jour que nous nous étions fixé.» Il a évoqué «2.500 nouvelles hospitalisations» par jour liées au virus. Il a salué ces chiffres comparés à ceux des États voisins – le Royaume-Uni, dévasté par la nouvelle variante, et l’Allemagne qui compte à présent 1.000 décès journaliers comparé à 400 en France.

En fait, c’est une catastrophe internationale. L'Europe a franchi cette semaine le cap des 600.000 morts de Covid-19, après avoir vu le cap des 300.000 atteint le 12 novembre, des 400.000 le 28 novembre et des 500.000 le 22 décembre. Environ 100.000 personnes qui meurent en Europe toutes les trois semaines, et le nombre de décès en Europe pourrait facilement atteindre le million cet hiver. Même si la pandémie ne s'accélérait pas en France, elle verrait près d'un demi-million de cas, 75.000 hospitalisations et 12.000 décès pour le seul mois de janvier.

Néanmoins, le professeur Jean-François Delfraissy, qui dirige le Conseil scientifique, a insisté: «Nous ne sommes pas dans l’extrême urgence.» Tout en notant qu'il y aurait «trois mois difficiles» et que la crise ne s'améliorerait qu'«après l'été», Delfraissy s'est opposé à un confinement: «Nous recommandons de poursuivre la rentrée. Nous pensons que les données sur la propagation du virus anglais ne sont pas assez claires pour nous pousser à fermer les écoles.»

Castex et Véran ont donc voulu que – tout en gardant fermés les restaurants, bars, salles de sport et lieux artistiques – l’on garde ouvertes les écoles et la production non-essentielle. Castex a prétendu que stopper le virus est moins important que vacciner: «Nous pouvons maintenant compter sur une arme plus puissante, le vaccin, qui est notre principale source d'espoir pour sortir de cette crise.»

La vaccination est cependant d'une lenteur désastreuse. Le gouvernement Macron est devenu la risée du monde lorsqu’on a su que seulement 5.000 personnes avaient été vaccinées en France au 6 janvier. Castex a salué ce retard - lié au fait que les vaccinations ont été concentrées dans les Ehpad, avec l'imposition d'une longue procédure pour obtenir le consentement – comme un «choix de respecter les principes et les priorités fixés par l'Autorité nationale de santé».

Véran a promis: «Nous visons un million de personnes vaccinées d'ici à la fin du mois de janvier.» Il a ajouté que les vaccins seraient mis à la disposition de tous ceux qui ont plus de 75 ans. Même si le gouvernement Macron atteignait ce rythme, cela signifierait qu'environ 66 millions de personnes en France ne seraient pas vaccinées et seraient toujours en danger.

A partir de ce mépris du bien public, M. Castex a rejeté un confinement: «Sur l’ensemble du territoire métropolitain, le couvre-feu s’appliquera à compter de 18H à partir de ce samedi et pour au moins 15 jours ... (Cela) vise à réduire encore davantage les contacts sociaux sur les heures de fin de journée, tout en permettant le maintien des activités économiques, éducatives et des déplacements pendant la journée.»

Il a indiqué que l’État ne fermerait pas les écoles, pour éviter de perturber l'économie en empêchant les parents de travailler. Il a ajouté que les universités accueilleront les étudiants de 1e année pour des travaux dirigés, puis à tous les étudiants. Il a dit: «La fermeture des écoles doit être envisagée en dernier recours. Je sais que certains pays y ont recouru. Ma position est que, effectivement, il faut vraiment que la situation sanitaire soit gravissime pour fermer des écoles, car nous savons que les conséquences, y compris sanitaires, de la fermeture des écoles sont absolument dramatiques.»

L'indifférence stupéfiante du régime Macron témoigne de son caractère de plus en plus fascisant. Castex affirme que la situation n'est pas «gravissime» et Delfraissy nie qu'il y ait «extrême urgence», plus de 100.000 personnes meurent chaque mois en Europe de COVID-19.

L'idée que la variante britannique du coronavirus ne représente pas une menace suffisante pour prendre des mesures sérieuses est un mensonge contredit par les scientifiques. Déjà, 2 pour cent des infections en France sont dues à la nouvelle variante, qui est 50 à 70 pour cent plus contagieuse et fait exploser le nombre de décès en Grande-Bretagne. Cette proportion passe à six pour cent en Île-de-France, cinq pour cent autour de Marseille et trois pour cent dans la région Rhône-Alpes.

L’épidémiologiste Vittoria Colizza a réagi: «Nous aurons besoin de mesures plus strictes.» Elle a ajouté: «La situation va rapidement devenir assez critique. Etant donné que ce variant est plus contagieux, il pourrait devenir dominant dès le mois de mars. … C’est dès maintenant qu’il faut s’en inquiéter, car à ce moment-là l’incidence sera très élevée et la circulation du virus bien plus difficile à contrôler.»

L’épidémiologiste Pascal Crépey a dit: «On a l’impression que l’épidémie est sous contrôle, mais le variant anglais va changer la donne.» Il a appelé à vacciner 100.000 personnes par jour, 3 fois le nombre évoqué par Véran, avant de continuer: «Il faut vraiment que la campagne s’accélère. … S’il y a un problème d’approvisionnement, il ne faut pas hésiter à aller jusqu’à la rupture de stock. Les vaccins sont toujours plus efficaces dans le bras des patients que dans les congélateurs.»

Pour éviter une catastrophe encore plus grande, il faut une mobilisation politique de la classe ouvrière. Au printemps 2020, des grèves sauvages en Italie allant jusqu’en l'Espagne, en France, en Grande-Bretagne et au-delà ont imposé des confinements qui ont presque stoppé le virus. Mais la sortie prématurée des confinements en mai – après quoi l'UE n'ont mis en place aucun système pour identifier, tester et tracer les contacts pour les cas de COVID-19 – a permis sa résurgence.

L’UE a prétendu que le coût économique du confinement était trop élevé, invoquant l'impact sur les petites entreprises. C’était une fraude, visant à donner un faux vernis de popularité à une politique d'enrichissement de l'aristocratie financière. Pour éviter que COVID-19 ne submerge totalement les hôpitaux, l'État a fermé les petites entreprises tandis que la production industrielle non essentielle restait ouverte pour pomper les bénéfices vers les banques et les grandes entreprises, qui ont reçu 2.000 milliards d'euros de l'UE.

Pour enrayer la résurgence du virus, il faut former des comités de sécurité indépendants sur les lieux de travail et dans les écoles, indépendants des syndicats, et construire un mouvement politique international dans la classe ouvrière pour le socialisme. Le pouvoir, y compris celui de déterminer la politique sanitaire, doit passer d'une élite dirigeante faillie à la classe ouvrière, afin que les ressources de la société servent à des besoins sociaux critiques comme l'arrêt de la pandémie.

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