Dans une allocution télévisée jeudi dernier, le premier ministre français Jean Castex et le ministre de la Santé Olivier Véran ont admis que des variants plus récents et plus contagieux constituaient désormais la majorité des cas en France. Castex a néanmoins rejeté les appels des scientifiques à un confinement national. Son gouvernement devait 'tout faire pour repousser le confinement '.
Citant les chiffres de plus de 32.000 nouveaux cas mercredi, Castex a avoué que c'était 'un chiffre que nous n'avions pas atteint depuis novembre dernier', ajoutant que le virus 'gagn[ait] du terrain depuis une semaine'.
Le récent pic d'infections est principalement dû à la propagation des variants plus infectieux et plus mortels. Le ministre de la Santé Olivier Véran a révélé que la semaine dernière le variant britannique représentait près de la moitié des cas dans le pays. Il a ajouté que 'cinq à six' pour cent supplémentaires des nouvelles infections étaient des cas causés par les variants brésilien et sud-africain.
La diffusion de ces variants aggravera une situation déjà catastrophique. Une semaine auparavant, la France avait dépassé les 85 000 décès depuis le début de la pandémie, dont plus de 20 000 depuis le 1er janvier. La moyenne des décès quotidiens sur sept jours est de 313 et celle des nouveaux cas supérieure à 20 000. Le pourcentage de tests positifs en France est de près de sept pour cent, ce qui suggère un nombre réel de cas bien plus élevé.
Contredisant directement les scientifiques et la majorité de la population française, qui soutiennent de nouvelles mesures de confinement, Castex a affirmé: 'Certains appellent à un confinement strict, pour nous débarrasser une fois pour toute du Covid. Ce n'est pas possible, compte tenu de la nature des variants'.
De telles déclarations ne tiennent pas compte de la réalité scientifique mais des intérêts des super-riches. Le virus peut être contrôlé et finalement éliminé à l’international avec une gestion scientifique prudente. Un confinement réduirait considérablement le nombre de cas et éviterait des dizaines de milliers de décès tandis qu’on vaccinerait toute la population. Un système de test et de traçabilité efficace permettrait d'éviter des flambées massives de cas.
En réalité, le gouvernement Macron néglige ces mesures car elles réduisent le flux des profits vers les poches des super-riches. C'est pourquoi il maintient toutes les écoles et tous les lieux de travail non essentiels ouverts, bien qu'ils soient des vecteurs massifs de propagation de la maladie. Du point de vue de Castex, Véran et Macron, si des milliers d'individus meurent prématurément à cause de cette politique, eh bien tant pis.
En réponse à la propagation accrue des nouveaux variants, Castex n'a annoncé une 'surveillance renforcée' que de vingt départements, dont la région Ile-de-France. Chaque jour de cette approche attentiste entraînera des centaines, voire des milliers de décès évitables. Il a laissé entendre qu'un nouveau confinement limité pourrait être imposé, tout en maintenant ouverts, comme en novembre, écoles et lieux de travail non essentiels.
Ce ne sont là que les dernières d'une série de mesures inefficaces mises en œuvre par le gouvernement depuis la nouvelle année. Cela comprend un couvre-feu à 18h00 au plan national et l'interdiction de voyager hors de l'UE, introduite après que les nouveaux variants se soient déjà largement répandus. Dunkerque et Nice ont été placés en confinement à dater du 6 mars.
Mais, et c’est crucial, il laisse ouverts écoles et lieux de travail non essentiels tout au long de la semaine.
Depuis la fin du pseudo-confinement de novembre, le gouvernement Macron a renoncé à toute prétention de lutter contre le virus. En octobre, il avait insisté pour dire que la population devait apprendre à 'vivre avec le virus'. Suite aux commentaires de Jean-François Delfraissy, le chef du Conseil scientifique du gouvernement, qui appelait à un nouveau confinement en janvier, Macron avait dénoncé les 'interventions des scientifiques' et une ' traque incessante de l'erreur' dans la gestion gouvernementale du COVID-19.
Tout en refusant de prendre les mesures nécessaires pour lutter contre le virus, Castex a profité de son discours public pour promouvoir de nouvelles illusions dans la campagne de vaccination défaillante du gouvernement. Il a déclaré: 'Nous en verrons le bout. La progression de la campagne vaccinale nous permet de fixer un cap: la fin du printemps.'
En fait, la campagne de vaccination de la France est une débâcle. Jusqu'à présent, seuls cinq pour cent des adultes ont reçu une première dose. Plus tôt jeudi, le producteur de vaccins basé au Royaume-Uni, AstraZeneca, a confirmé qu'il ne serait en mesure de fournir à l'UE que 50 pour cent de son quota de doses du deuxième trimestre, menaçant de raviver les tensions nationalistes avec le gouvernement Johnson sur l'accès aux vaccins.
Les travailleurs doivent rejeter cette politique meurtrière et exiger un confinement complet et immédiat! Les écoles et lieux de travail non essentiels doivent être fermés. Un revenu de subsistance confortable doit être garanti à tous les membres de la population tout au long du confinement, avec accès au logement, à la nourriture et aux autres services essentiels. Une compensation complète doit être fournie aux petites entreprises.
Le confinement strict de mars dernier n'a été mis en œuvre par les gouvernements de toute l'Europe qu'à la suite d'une vague de grèves sauvages qui a commencé en Italie et en Espagne. Cette expérience montre que la seule façon de sauver des centaines de milliers de vies est de mobiliser la classe ouvrière dans une grève générale contre la politique d'immunité collective des gouvernements capitalistes. La réponse à la politique de la mort en masse de l'élite capitaliste est l'expropriation de l’élite financière et la réorganisation des richesses de la société pour la satisfaction des besoins sociaux.
(Article paru en anglais le 27 février)