Libérez les ouvriers sri-lankais emprisonnés! Défendez tous les travailleurs contre les complots des patrons et de la police!

Huit travailleurs du domaine d'Alton, qui appartient à la Horana Plantations Company du Sri Lanka, sont incarcérés à la maison d'arrêt de Kandy jusqu'au 3 mars, sur ordre d'un magistrat de Hatton. Ils ont été arrêtés par la police le 18 février.

Le domaine d’Alton est situé à Upcot-Maskeliya dans la région centrale des plantations. Tous les 500 ouvriers du domaine sont en grève depuis le 2 février pour revendiquer des salaires plus élevés et pour dénoncer les actions répressives de la direction.

Les travailleurs emprisonnés, dont sept femmes, sont S. Puwanesary, Kanapathy Devi, G. Shatheeswary, Francis Thiresammal, Marimuthu Thamilselvi, Yohasakthi, M. K.Shanthini et Aandimuthu Visvakethu .

Des logements-dortoirs au domaine d'Alton (WSWS Media)

Bien qu'aucune accusation n'ait été portée contre eux, la police accuse les travailleurs de 'rassemblement illégal' et de 'blessure grave' du gérant du domaine, Subash Narayanan. Les travailleurs, qui ont tous nié les allégations de la police, sont les victimes d'un complot de la société de plantation et de la police pour briser leur grève.

Le Socialist Equality Party, SEP (Parti de l'égalité socialiste) et l'International Youth and Students for Social Equality (IYSSE) condamnent ces arrestations et exigent la libération immédiate des travailleurs d'Alton. Le SEP et l'IYSSE demandent expressément aux travailleurs des plantations d’en appeler à toute la classe ouvrière pour vaincre cette virulente attaque anti-démocratique.

Les travailleurs du domaine d'Alton ont intensifié leur campagne pour la libération de leurs collègues et mis en place un comité d'action avec l'aide du SEP. La sympathie est générale pour les travailleurs d'Alton arrêtés chez les travailleurs des plantations de la région qui sont tous confrontés à des conditions similaires. Le comité d'action doit mobiliser le soutien de tous les secteurs de la classe ouvrière et se préparer à une grève générale.

Le 24 février, les avocats des huit travailleurs ont déposé une demande de mise en liberté sous caution devant le tribunal d'instance de Hatton. Cela a été refusé par le juge, suite à l’opposition véhémente de la police qui a déclaré qu'elle recherchait 18 autres travailleurs pour les arrêter.

La police a également présenté une vidéo douteuse censée montrer une attaque des travailleurs contre le surintendant. Cette vidéo juridiquement contestable a été diffusée sur les réseaux sociaux dans le cadre d'une furieuse tentative d'intimider tous les salariés du domaine. S'ils sont reconnus coupables, les huit travailleurs pourraient être emprisonnés jusqu'à sept ans en vertu de la loi sri-lankaise, pour 'blessure grave' et six mois pour 'rassemblement illégal'.

Une série d'incidents depuis le début de février indiquent comment la direction du domaine d'Alton, avec l'aide de la police, a préparé sa chasse aux sorcières. Le Congrès des travailleurs de Ceylan (CWC), le principal syndicat des plantations, qui fait partie du gouvernement du président Gotabhaya Rajapakse, a aidé et encouragé cette attaque.

Le CWC a appelé à une journée de grève le 5 février pour 'faire pression' sur les sociétés pour qu'elles accordent aux travailleurs des plantations le salaire de base quotidien longtemps revendiqué de 1000 roupies (4,30 euros). Depuis 2015, le CWC et d'autres syndicats des plantations ont constamment trahi les nombreuses grèves menées par les travailleurs des plantations pour cette revendication.

Si l’action de protestation d'un jour a été organisée par le CWC pour dissiper la profonde colère des travailleurs des plantations, des centaines de milliers de travailleurs ont participé à la grève nationale.

Avec d'autres travailleurs des plantations, les employés d'Alton avaient décidé de se mettre en grève plus tôt, le 2 février, et s'opposèrent au transport hors du domaine du thé transformé. Le gérant appela la police pour interrompre l’action. Devant la colère des travailleurs face à cette attaque, un secrétaire local du CWC est intervenu et a fait faire marche arrière au camion transportant le thé.

Ce jour-là, le gérant agressa physiquement des travailleurs, blessant une des travailleuses au bras, qui dut être hospitalisée. Tout d’abord, la police avait refusé d'enquêter sur l'agression mais suite aux demandes de travailleurs en colère, elle a décidé d'arrêter le gérant. Il fut présenté au juge local mais immédiatement libéré sous caution.

Les travailleurs du domaine d'Alton décidèrent de rester en grève après la journée du 5 février pour protester contre les menaces persistantes de la direction et pour que soit satisfaite immédiatement la revendication des 1000 roupies de salaire journalier.

Le 7 février, une cinquantaine de travailleurs ont fait pression sur le dirigeant du CWC, Jeevan Thondaman, à son bureau syndical de Kotagala, lui demandant de soutenir leur grève illimitée. Thondaman, qui est ministre des Infrastructures des plantations du gouvernement Rajapakse, a catégoriquement refusé.

Enhardie par l'isolement perfide des travailleurs d'Alton par le CWC, la direction du domaine organisa le 15 février une opération pour briser la grève. Elle a tenté d'expédier des feuilles de thé cueillies d'une division du domaine dans une camionnette vers une usine d’un autre domaine. Des grévistes en colère sont intervenus et ont déjoué la tentative.

Le 17 février, un groupe de grévistes manifesta devant le bungalow du gérant du domaine pour s'opposer à ses actes de provocation. La direction utilise maintenant cet incident contre les travailleurs.

Le lendemain, le secrétaire de l'Association des planteurs, Lalith Obesekera, a écrit au Premier ministre Mahinda Rajapakse. En référence à la grève d'Alton, il a déclaré: 'Nous sommes préoccupés par le fait qu'une campagne organisée de violence et d'intimidation soit déclenchée par des voyous qui incitent les travailleurs et les non-travailleurs à saboter la production de thé des RPC [Regional Plantation Companies].'

La police est arrivée au domaine ce jour-là à la recherche des huit ouvriers qu'ils voulaient arrêter. Face à l'opposition ouvrière, la police n'a pu procéder à aucune arrestation.

Les dirigeants régionaux du CWC, Kanagarai, Rajaram et Senpahavally, ont cependant dit aux huit travailleurs de se rendre au poste de police de Hatton et de faire des dépositions. Alors que les responsables syndicaux ont prétendu à tort que les travailleurs seraient en sécurité, ceux-ci ont immédiatement été arrêtés par la police et placés en détention provisoire par un juge.

Les travailleurs doivent considérer cette conspiration policière et patronale, aidée et encouragée par le CWC, comme une grave attaque dirigée contre l'ensemble de la classe ouvrière. Pas un seul syndicat des plantations n'a condamné les arrestations ni exigé la libération immédiate des travailleurs. Cet assaut anti-démocratique brutal est une tentative des sociétés des plantations de briser le mouvement croissant des travailleurs des plantations pour des salaires décents, des emplois et d'autres droits sociaux.

Ces derniers mois ont eu lieu des grèves dans les domaines de Gartmore et Mocha et d'autres plantations ainsi qu’une opposition croissante à l'escalade des attaques du gouvernement Rajapakse et des grandes entreprises contre les conditions de vie, les emplois et les salaires.

Ces luttes font partie d'un mouvement croissant de la classe ouvrière, au Sri Lanka et dans le monde, sur fond de crise grandissante provoquée par la pandémie de COVID-19. L'économie sri-lankaise est en ruine, les dettes sont massives, les exportations baissent et la monnaie du pays est dévaluée.

Craignant la résistance croissante des travailleurs des plantations, le gouvernement Rajapakse a annoncé le 12 février qu'il augmenterait leur salaire journalier à 1000 roupies. Les entreprises de plantation refusent cependant de payer cette maigre augmentation, qui ne compense pas la hausse du coût de la vie.

Les sociétés de plantation ont déclaré que si elles étaient obligées de payer cette augmentation, elles réduiraient la semaine de travail pour réduire les coûts, augmenteraient la productivité, réduiraient les retraites et aboliraient d'autres dépenses sociales, d’ailleurs dérisoires, dans leurs domaines. Le gouvernement est toujours en 'discussions' avec ces sociétés.

Les travailleurs sont également confrontés à des attaques multiples de la part du gouvernement Rajapakse, qui prépare une dictature présidentielle pour réprimer les grèves et les manifestations contre son brutal programme d'austérité. Colombo a imposé une ordonnance de ‘services essentiels’ aux travailleurs du port et a déployé l'armée la semaine dernière pour briser les grèves de protestation des travailleurs de la santé. Ses actions répressives dans les plantations font partie de cet assaut grandissant.

Afin de défendre leurs droits démocratiques et sociaux, les travailleurs doivent adopter un programme d’alternative. Ils ne peuvent pas compter sur les syndicats qui se sont transformés en instruments de l'État et de la classe capitaliste. Les travailleurs doivent rompre avec les syndicats et créer leurs propres comités d'action indépendants pour unir toutes les sections de la classe ouvrière en défense de leurs droits.

Cette lutte doit faire partie d'une lutte plus large de l'ensemble de la classe ouvrière contre le capitalisme et pour un gouvernement ouvrier et paysan, basé sur un programme socialiste qui comprenne la nationalisation des grands domaines de plantation, des grandes entreprises et des banques, qui seront placés sous le contrôle démocratique des travailleurs.

Le SEP est le seul parti à promouvoir ce programme socialiste et internationaliste. Nous encourageons vivement les travailleurs et les jeunes à rejoindre le SEP et à lutter pour cette perspective.

(Article paru en anglais le 1er mars 2021)

Loading