Kshama Sawant, de l’Alternative socialiste, rejoint les DSA: la politique de la pseudo-gauche avec le Parti démocrate

La semaine dernière, Kshama Sawant, membre de premier plan de l’Alternative socialiste au Conseil municipal de Seattle, a déclaré qu’elle rejoignait les Socialistes démocrates d’Amérique (DSA). L’annonce de Sawant faisait suite à une déclaration de l’Alternative socialiste du 15 décembre, selon laquelle elle enverrait une partie importante de ses membres au DSA.

Kshama Sawant, membre du conseil municipal de Seattle, en 2016. (Crédit image: Flickr/Conseil municipal de Seattle)

Sawant a déclaré que sa décision était motivée par la nécessité d’avoir «un parti ouvrier de masse, un mouvement ouvrier plus fort, et des luttes victorieuses dans notre lutte continue contre la classe milliardaire». Elle a ajouté: «À mon avis, pour aller de l’avant, nous devons faire avancer les idées marxistes qui seront nécessaires pour obtenir à la fois des gains immédiats dans la crise actuelle et une victoire finale sur l’exploitation et l’oppression du capitalisme».

«A cause de l’urgence de construire un mouvement socialiste plus large,» a écrit Sawant, «je rejoins maintenant les DSA, tout en restant membre de l’Alternative socialiste.»

La précédente déclaration du Comité national de l’Alternative socialiste, «Pourquoi les membres de l’Alternative socialiste rejoignent les DSA» affirme que l’organisation vise à construire «une alternative viable au Parti démocrate et à sa direction de la classe dirigeante». Il est nécessaire, déclare l’Alternative socialiste, de «reconstruire un mouvement ouvrier démocratique et combattant, des luttes contre l’oppression, et de jeter les bases d’un nouveau parti de masse de la classe ouvrière aux États-Unis».

En fait, les efforts de l’Alternative socialiste pour forger une alliance plus étroite avec les DSA visent à créer un nouveau piège politique. Cela se déroule dans un contexte de crise politique extrême qui se développe au sein de l’appareil d’État, de radicalisation croissante des travailleurs et des jeunes et de discrédit du Parti démocrate. Des organisations de la pseudo-gauche au sein et autour du Parti démocrate – comme l’Alternative socialiste et les DSA – élaborent des formes d’organisation pour bloquer le développement d’un véritable mouvement socialiste.

L'Alternative socialiste, le DSA et le Parti démocrate

Une contradiction flagrante existe dans les déclarations de Sawant et de l’Alternative socialiste. Ils affirment que leur but est de construire un «parti ouvrier de masse» et une «alternative au Parti démocrate» et que pour le faire, ses membres doivent adhérer à une organisation qui est une fraction au sein du Parti démocrate.

Les DSA comptent actuellement cinq membres à la Chambre des représentants des États-Unis, tous démocrates – Alexandria Ocasio-Cortez, Rashida Tlaib, Danny Davis, Cori Bush et Jamaal Bowman. Les représentants des DSA sont des membres fidèles du caucus du Parti démocrate, et son membre le plus important, Ocasio-Cortez, a voté des projets de loi finançant l’appareil militaire et de renseignement américain.

En novembre, Ocasio-Cortez a expliqué qu’elle considérait que son rôle principal était d’aider le Parti démocrate de toutes les manières possibles. Elle a déclaré au New York Times qu’elle avait «supplié le parti de me laisser les aider pendant deux ans», citant spécifiquement ses efforts pour aider les démocrates de droite qui ont lancé une attaque contre le socialisme suite à l’élection présidentielle de 2020.

L’activité politique des DSA au cours de la période récente a été axée sur la promotion de la campagne présidentielle du sénateur démocrate du Vermont, Bernie Sanders. Après sa défaite aux primaires, Sanders est devenu l’un des principaux artisans de la campagne présidentielle de Joe Biden.

À un moment donné, Sawant déclarait que «par le passé, le mouvement socialiste avait malheureusement été déraillé à de nombreuses reprises par son échec à s’opposer aux idées et aux forces pro-establishment, un désir de s’entendre avec des individus “progressistes” puissants, par un manque de clarté sur les idées marxistes et l’influence des carriéristes dans nos rangs».

Mais la promotion de cette fiction que le socialisme serait réalisé par des individus «progressistes», opérant au sein du Parti démocrate, est un rôle politique fondamental joué par les DSA et l’Alternative socialiste elle-même.

Du point de vue de son attitude envers le Parti Démocrate, l’Alternative Socialiste n’a aucune différence de principe avec les DSA. Son orientation a toujours été de soutenir le Parti Démocrate tout en restant formellement en dehors de celui-ci. Quant à l’action que les DSA mènent plus ouvertement au sein du Parti démocrate, rien n’indique qu’ils aient fait à ce sujet des concessions politiques à l’Alternative socialiste dans le cadre de l’accord d’entrée dans leur parti.

L’Alternative socialiste a soutenu Bernie Sanders de la même manière ou presque que les DSA et a fait campagne pour lui aux élection présidentielles de 2016 et 2020. En 2016, elle a lancé l’initiative #Movement4Bernie, saluant la campagne de Sanders comme «une percée historique pour la gauche américaine». Après sa défaite aux primaires, Sanders avait soutenu Hilary Clinton et rempli sa mission de diriger l’opposition sociale sur le Parti démocrate. Pour l’élection de 2020, l’Alternative socialiste a de nouveau mobilisé son organisation en soutien à Sanders, affirmant qu’il menait une «révolution politique», avant que celui-ci n’arrête sa campagne et soutienne Biden.

Comme l’a écrit Sawant le 9 avril, quand Sanders arrêta sa campagne et qu’il s’apprêtait à faire campagne pour Biden, «nous ne regrettons pas notre position, basée sur les éléments extrêmement positifs du mouvement qu’il a contribué à créer. Comme en 2016, Sanders a électrisé des millions de personnes grâce à son programme radical en faveur de la classe ouvrière».

Plus récemment, dans un article du 1er février intitulé «Les grandes promesses de Biden», Rebecca Green, membre de l’Alternative socialiste, suggère que le nouveau gouvernement pourrait poursuivre son héritage militariste favorable au patronat mais qu’il pouvait aussi réagir aux pressions de la base pour mener à bien de sérieuses réformes concernant le chômage, l’assurance maladie pour tous, un New Deal vert et d’autres initiatives des DSA.

«Nous avons besoin d’un véritable leadership», écrit Green, «et des personnalités comme Bernie Sanders, Alexandria Ocasio-Cortez, Cori Bush, Jamaal Bowman et tous les autres membres de l’escouade devront être inébranlables dans leur engagement à se battre pour ce qui est nécessaire, refusant de se contenter de ce que Biden et l’establishment démocrate disent être acceptable et refusant de les laisser rogner leurs promesses au nom du bipartisme».

Tant la récente déclaration de Sawant que la précédente déclaration du Comité national de l’Alternative socialiste mettent l’accent sur le bilan de l’organisation à Seattle. Ils la présentent comme exemple de, selon la formule de Sawant, «notre fonction d’élu comme levier pour la classe ouvrière et les communautés marginalisées afin de construire des mouvements pour remporter des victoires historiques».

En fait, Sawant a travaillé en étroite collaboration avec le Parti démocrate de Seattle tout au long de son mandat au conseil municipal de Seattle et a salué le soutien aux démocrates locaux en 2019. Même si ses propositions réformistes modérées ont suscité de dures attaques et une campagne des politiciens démocrates pour les annuler, l’Alternative socialiste s’oriente continuellement vers l’«aile gauche» des démocrates.

L’Alternative socialiste et l’appel à un «nouveau» parti de la classe ouvrière

Dans sa manœuvre pour établir des relations plus étroites avec les DSA, l'Alternative socialiste fait valoir qu'elle peut aider à maintenir la domination politique du Parti démocrate, soit de manière formelle au sein du Parti démocrate ou hors de celui-ci.

Sawant indique la véritable préoccupation de l’Alternative socialiste – et celle du Parti démocrate – lorsqu’elle écrit: «Si les socialistes ne mettent pas en avant des stratégies et tactiques claires et qu’au lieu de cela, l’escouade et les autres dirigeants continuent d’hésiter à s’opposer au Parti démocrate pour éviter un affrontement, nous serons perdants. Si les socialistes ne construisent pas des mouvements puissants et intrépides pour un salaire minimum fédéral de 15 dollars, un système d’assurance maladie pour tous et un New Deal vert, la classe ouvrière ira chercher le leadership ailleurs».

Autrement dit, si les DSA, l’Alternative socialiste et d’autres organisations de la pseudo-gauche à la périphérie du Parti démocrate ne parviennent pas à monter un piège politique, la classe ouvrière se tournera vers la politique révolutionnaire, et en particulier vers le Parti de l’égalité socialiste.

La «nouvelle» organisation envisagée par l’Alternative socialiste est une organisation entièrement redevable au Parti démocrate et en fait même lancée par lui.

En juin dernier, l’Alternative socialiste a publié une déclaration («Ouvrir la voie à un nouveau parti de gauche», de Bryan Koulouris et Ginger Jetzen) qui expose le caractère de l’organisation qu’elle propose de créer en alliance avec les DSA.

La déclaration appelle à une alliance entre des sections de l’appareil syndical de l’AFL-CIO et divers groupes de «gauche», dont les DSA et le MPP (Mouvement pour un Parti du Peuple). «Contrairement à certains petits groupes [une référence au Parti de l’égalité socialiste], nous ne pensons pas que la gauche socialiste, avec moins de 100.000 militants dans un pays de plus de 330 millions d’habitants, puisse lancer par elle-même un nouveau parti de gauche de masse», écrivent-ils. Ils proposent au contraire une coalition avec divers groupes «pour rassembler une masse critique, qui comprenne le mouvement ouvrier, afin de soutenir l’appel à un parti de masse de gauche». Les personnes impliquées dans ce projet comprendraient «des militants aux vues similaires des DSA, des Verts, du Parti progressiste du Vermont, de l’Alliance progressiste de Californie et du MPP».

Tel qu’ils l’envisagent, le rôle de l’Alternative socialiste serait de fonctionner comme une fraction de gauche au sein de ce «parti de masse» plus large. Ils écrivent: «Bien que l’Alternative socialiste préconiserait qu’un nouveau parti de masse de la classe ouvrière adopte une approche clairement anticapitaliste et de la lutte des classes, il y aurait dans une formation large des idées et stratégies contradictoires. Certains préconiseraient probablement de se concentrer uniquement sur les élections et la réforme du système sans soulever la nécessité du socialisme. Afin de tester ces idées dans une lutte vivante, un nouveau parti de gauche aurait besoin de structures démocratiques, tous les différents courants de pensée ayant le droit de s’organiser en faveur de leurs idées».

Le modèle que l’Alternative socialiste a en tête est SYRIZA, la «Coalition de la gauche radicale» arrivée au pouvoir en Grèce en 2015. L’article de Koulouris et Jetzen reconnaît le résultat réel de l’élection de SYRIZA, notant qu’il avait « fini par trahir la classe ouvrière grecque, cédant aux diktats des grandes banques, mettant en œuvre un programme d’austérité brutal».

Au moment de l’élection de SYRIZA, la filiale grecque d’Alternative socialiste, Xekinima, a promu la fiction que l’arrivée au pouvoir de SYRIZA marquait un tournant historique et que SYRIZA pouvait en tant qu’organisation être «poussée à gauche» sous la pression du mouvement de masse.

Anticipant la critique que ce que propose l’Alternative socialiste jouera le même rôle que SYRIZA, Koulouris et Jetzen écrivent: «Pour éviter le sort de SYRIZA et les défaites et la misère que sa direction a contribué à infliger à la classe ouvrière, un nouveau parti de gauche aurait besoin d’un programme socialiste clair et d’une direction marxiste éprouvée».

Mais ce n’est pas du tout ce que propose l’Alternative Socialiste. En effet, Koulouris et Jetzen viennent tout juste d’expliquer que ce qu’ils préconisent n’est pas un parti avec un programme socialiste et une direction marxiste, mais une «formation large» avec diverses tendances pro-capitalistes et où ils fonctionneraient en composante loyale. Dans sa propre déclaration, Sawant souligne que ce qu’elle propose est «une organisation beaucoup plus large de la classe ouvrière au-delà de la gauche socialiste».

Tout en proposant la création d’un parti en dehors du Parti démocrate, l’Alternative socialiste s’oriente en fait entièrement vers des forces au sein du Parti démocrate qui, espère-t-elle, prendront l’initiative de créer ce nouveau parti.

«Une question qui est souvent posée est de savoir d’où viendront les forces de ce nouveau parti», a écrit Tom Crean, membre de l’Alternative socialiste, le 9 novembre. «Notre réponse est qu’un potentiel de soutien massif existe chez ceux qui ont soutenu les campagnes de Sanders, chez les syndicalistes progressistes et les jeunes actifs dans la lutte contre le racisme, le sexisme et les catastrophes climatiques».

Cependant, pour qu’un tel parti se forme, Crean souligne qu’«il faudra des personnalités et des organisations importantes pour le lancer». C’est-à-dire qu’il sera lancé par le Parti démocrate avec une partie de l’appareil syndical.

« La gauche américaine compte des personnalités de premier plan comme Sanders, Alexandria Ocasio-Cortez et la nouvelle élue Cori Bush, membre du Congrès du Missouri. Nous avons besoin qu’ils entendent leurs partisans qui ont tiré la conclusion que le Parti démocrate ne peut pas être réformé. Nous applaudissons des personnalités telles que Cornel West, Nina Turner – présidente d’Our Revolution (notre révolution), et RoseAnn DeMoro – ancienne présidente de «National Nurses United», qui vont déjà dans cette direction. Nous avons besoin que les démocrates-socialistes d’Amérique, qui ont atteint 70.000 membres ces dernières années et se sont formellement engagés à soutenir la formation d’un parti ouvrier, fassent réellement de cet effort une priorité ».

En d’autres termes, l’Alternative socialiste appelle les politiciens du Parti démocrate à construire un parti qui est ostensiblement opposé au Parti démocrate. Toutes les figures citées par l’Alternative socialiste – Sanders, Ocasio-Cortez, Bush, West, Turner, DeMoro – sont opérateurs de longue date au sein du Parti démocrate et tous ont appelé à voter pour Biden aux élections de 2020.

Turner, membre du Comité de la Convention nationale du Parti démocrate en 2020, et West ont été de ceux qui ont promu l’appel à un «Mouvement pour un parti du peuple» mené par Nick Brana, membre fondateur de l’organisation de Sanders, «Notre révolution».

Lors de la «Convention du peuple» qui a lancé le MPP en août dernier, le WSWS a noté que Turner avait «exprimé l’orientation politique de base du MPP. Elle a déclaré avant l’événement que ‘certains progressistes veulent #DemExit’, mais que d’autres pensent ‘c’est mon parti, je peux pleurer si je veux et je vais rester à l’intérieur et faire pression’. Ces deux perspectives ‘sont parallèles et la fin est la même’, a-t-elle déclaré. En d’autres termes, tant ceux qui participent au MPP que ceux qui s’engagent à rester officiellement au Parti démocrate partagent la même stratégie et la même perspective».

On pourrait dire la même chose de la proposition de l’Alternative Socialiste pour une alliance avec les DSA.

La politique capitaliste de l'Alternative socialiste internationale

L’entrée de l’Alternative socialiste dans les DSA s’inscrit dans une stratégie plus large poursuivie par l’Alternative socialiste internationale (ASI, anciennement Comité pour une Internationale des travailleurs [CWI]). C’est une «internationale» qui facilite la collaboration des organisations nationales en soutien à tout mouvement « de gauche» existant dans leur pays.

La déclaration du Comité national fait référence aux manœuvres de ses sections nationales dans d’autres pays. «Partout dans le monde, nous avons contribué à construire de nouvelles formations de gauche plus larges tout en mettant ouvertement et honnêtement en avant notre propre politique marxiste», écrivent-ils. Parmi les exemples qu’ils citent figurent la Liberdade, Socialismo e Revolução (Liberté, Socialisme et Révolution, LSR) au Brésil et l’Alternative Socialiste (SAV) en Allemagne.

Les prédécesseurs du LSR ont aidé à fonder le Partido Socialismo e Liberdade (Parti du socialisme et de la liberté, PSOL), une coalition de la pseudo-gauche formée après l’expulsion de membres du Parti des travailleurs brésiliens (PT) en 2003. Le PSOL est une organisation large qui regroupe en son sein de nombreuses tendances pseudo-de gauche, comme par la «Fraction trotskyste» moréniste et la Tendance marxiste internationale, qui ont toutes pour fonction commune de faire retourner la déception à l’égard du PT dans le cadre de la politique capitaliste.

Chacune de ces tendances a promu le PT brésilien comme la voix de la classe ouvrière avant les élections présidentielles de 2002. Mais, la mise en œuvre de politiques d’austérité de droite par Lula Da Silva a généré une profonde hostilité dans la classe ouvrière, obligeant le PSOL et ses compagnons de route à créer une nouvelle organisation dont le rôle serait essentiellement d’être une «gauche» du PT hors de ses rangs.

Le caractère réel du PSOL est mis en évidence par sa récente campagne aux élections municipales. Il y a présenté au moins 26 candidats militaires ou policiers dans tout le pays, sur une plate-forme politique de nationalisme, de militarisme et de coopération avec les politiciens capitalistes. Guilherme Boulos, le candidat du PSOL à la mairie de Sao Paulo, a même déclaré son intention d’engager 2.000 policiers supplémentaires lors d’une réunion avec le syndicat de la police de cette ville. Malgré ce programme, toute la pseudo-gauche a fait l’éloge de sa campagne, y compris le LSR et la publication Jacobin, affiliée aux DSA.

Le SAV allemand considère lui aussi que son rôle est d’aider Die Linke (Parti de gauche), formé en 2007 par une fusion d’ex-staliniens et de sociaux-démocrates. En 2010, Die Linke a admis des dirigeants du SAV, qui cherchaient à y adhérer depuis deux ans, dans ses rangs en tant que membres à part entière. Au moment de leur entrée, les membres déclaraient: «Nous sommes entrés dans le parti parce que nous sommes convaincus que le Parti de gauche jouera un rôle important pour montrer la voie socialiste à suivre et renforcer politiquement la résistance au gouvernement et aux employeurs allemands dans la crise capitaliste la plus profonde depuis des décennies».

Pendant que le SAV affirmait qu’il poussait le Parti de gauche à construire un véritable parti révolutionnaire, le Parti de gauche lui, s’imposait comme défenseur fiable de l’impérialisme et du capitalisme allemands. Il a soutenu les renflouements patronaux de 2008 et de 2020, soutenu l’Union européenne, imposé des mesures d’austérité à Berlin où il est au pouvoir et approuvé l’attaque israélienne sur la bande de Gaza. Récemment, Die Linke a apporté son total soutien à l’OTAN et aux plans de guerre allemands alors qu’il prépare un éventuel gouvernement de coalition avec les Verts et le SPD.

Alors que la pandémie de coronavirus faisait rage et que la classe dirigeante européenne y apportait sa réponse meurtrière, Die Linke a soutenu la politique de retour au travail en mai. Cela a permis au patronat de forcer les travailleurs à travailler dans des conditions dangereuses pour recommencer à produire du profit.

La perspective de l’Alternative socialiste internationale est résumée dans son document sur les perspectives mondiales de février 2020, le premier depuis la scission au Comité pour une Internationale des travailleurs, en 2019. La direction internationale écrit: «Plus les nouvelles formations et figures de gauche se rapprocheront du pouvoir gouvernemental, plus elles seront soumises à une pression énorme pour se plier à la volonté de la classe dominante. Elles peuvent aussi faire face à une pression énorme de la base pour qu’ils aillent plus loin qu’elles ne veulent».

«Une direction révolutionnaire claire ayant une autorité dans la classe ouvrière sera nécessaire pour surmonter cette contradiction» poursuivent-ils en parlant d’eux. «Cela clarifie la tâche centrale qui est la nôtre à notre époque: construire nos forces. En même temps, nous participons à la reconstruction du mouvement ouvrier, des syndicats, de la gauche syndicale et de nouveaux partis de gauche».

Comme le montre le rôle des groupes de l’ISA dans le monde entier, «surmonter cette contradiction» signifie en fait se liquider dans n’importe quelle formation bourgeoise de «gauche» établie pour contenir la colère et l’opposition populaires.

Conclusion

Le rôle réactionnaire des sections actuelles de l’ISA découle directement de ses origines historiques et de son développement. Ted Grant, qui a contribué à la fondation du CWI en 1974, a développé ses positions contre les principes fondamentaux de la Quatrième Internationale et aligné sur une tendance opportuniste connue sous le nom de pablisme. Alors que le cadre de la politique bourgeoise se déplaçait de plus en plus vers la droite, des groupes pseudo-de gauche comme la tendance CWI-Alternative socialiste se sont déplacés avec lui. Ils prennent la position du flanc «gauche» dans une configuration politique de droite.

Par sa présente manœuvre pour se rapprocher des DSA, l’Alternative socialiste réagit à la crise politique sans précédent aux États-Unis.

La pandémie de coronavirus a entièrement démasqué la réalité du capitalisme. La réponse de la classe dirigeante a fait plus de 500.000 décès rien qu’aux États-Unis. Alors qu’on utilise la pandémie pour orchestrer un renflouement sans précédent des riches, des dizaines de millions de gens sont au chômage, condamnés à la pauvreté, à la faim et à l’expulsion de leur domicile.

Avant la pandémie déjà, se produisait une large radicalisation politique des travailleurs et des jeunes. Les sondages montraient constamment un soutien croissant au socialisme et une opposition au capitalisme et à ses deux partis.

La classe dirigeante réagit par un nouveau virage à droite et prépare des formes dictatoriales de gouvernement. L’ex-président Donald Trump a incité et dirigé une tentative de coup d’État fasciste le 6 janvier pour renverser le résultat de l’élection présidentielle et instaurer effectivement une dictature présidentielle. Bien que les bandes fascistes n’aient pas réussi cette fois-ci, elles ont bénéficié du soutien de hauts échelons de la police, de personnel militaire et d’une partie importante du Parti républicain.

Biden, qui minimise les événements du 6 janvier et défend le Parti républicain, est maintenant à la tête d’un gouvernement droitier qui prône l’austérité, la guerre et la poursuite de la politique meurtrière de Trump face au COVID-19. Les tentatives de Sanders, d’Ocasio-Cortez et des DSA pour promouvoir l’illusion que les démocrates sont un instrument de réforme sociale et que le gouvernement Biden peut aussi être poussé à gauche ont été démasqués dès les premières semaines du nouveau gouvernement.

Le système bipartite qui a servi pendant près de 200 ans, à différentes étapes, à contenir la lutte des classes, est dans une crise extrême.

Dans ces conditions, la classe dirigeante doit préparer de nouvelles attrapes politiques. C’est là le sens des appels à un «nouveau parti». L’entrée de l’Alternative socialiste aux DSA est une tentative de faciliter le rassemblement de toutes les forces qui, espèrent-ils, constitueront un nouveau piège. Ils représentent des sections aisées de la classe moyenne qui se précipitent pour combler les brèches dans la digue de la politique bourgeoise et espèrent être rémunérés sous forme de sièges au Congrès et dans les gouvernements locaux, d’accès aux ressources et de postes dans l’appareil syndical de l’AFL-CIO.

Leur argument est le suivant: l’opposition sociale de la classe ouvrière est inévitable. Elle s’abattra sur les deux partis comme un raz-de-marée. Avant que cela n’arrive, nous devons construire un nouveau parti « de gauche» aussi grand que possible, de sorte que quand le raz-de-marée arrivera, nous serons là pour le récupérer. Sinon, les travailleurs se tourneront, que Dieu nous en préserve, vers le Parti de l’égalité socialiste et le Comité international de la Quatrième Internationale!

(Article paru d’abord en anglais le 2 mars 2021)

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