Le taux élevé de contagion souligne la faillite du déconfinement voulu par l’État

Après bientôt trois semaines de confinement partiel, le bilan que l’on peut tirer de celui-ci est désastreux. La moyenne de nouveaux cas de covid sur les 7 derniers jours est de 32.274 cas au 21 avril, en très légère baisse (-2 pour cent) par rapport à la semaine précédente et le taux d’incidence est de 337 cas pour 100.000 habitants. Environ 31.000 personnes sont hospitalisées, le nombre de patients en réanimation approche dangereusement de la barre des 6.000 malades, et plusieurs centaines de personnes meurent tous les jours.

La barre des 100.000 morts a été franchie le 15 avril et atteint maintenant 101.554. En fait, depuis octobre 2020, la France n’est jamais descendue en-dessous des 250 morts par jour. Cela démontre que la mort de masse est la politique officielle de gestion de la pandémie par le gouvernement Macron.

Le taux de reproduction du virus (Ro) qui était tombé rapidement en dessous de 0,7 lors du deuxième confinement est à peine descendu en dessous de 1 ces derniers jours. Des signes inquiétants de reprise épidémique se dessinent même, avec un rebond à 44.063 nouveaux cas le 20 avril 2021 et des taux de positivité aux tests qui sont élevés. Malgré les mises en garde répétées des scientifiques, les modalités du troisième confinement n’ont pas tenu compte de la forte contagiosité et de la létalité supérieure du variant anglais, qui a quasiment fait disparaître le virus initial.

Dans les départements soi-disant relativement épargnés par la Covid, où l’incidence est plus faible qu’ailleurs, le Ro est en réalité très souvent au-dessus de 1, ce qui montre une poursuite des contaminations à un niveau élevé. Alors que le gouvernement dit réfléchir à des mesures de déconfinement territorialisées anticipées visant ces départements à faible incidence de Covid, on voit que cela prépare une explosion des cas.

Alors que la France a un des taux d’incidence les plus élevés d’Europe, elle va pourtant rouvrir son système scolaire le 26 avril pour le primaire et la semaine suivante pour les collèges et lycées.

Le 6 avril Macron avait réaffirmé sa perspective de réouverture des établissements scolaires: «C'est essentiel qu'on reprenne les cours en présence pour les maternelles et les primaires le 26 avril, et pour les collèges et les lycées la semaine d'après. Je n'ai pas conditionné la réouverture des maternelles et des écoles, puis des collèges et des lycées, à des indicateurs sanitaires.»

Cette décision de rouvrir les établissements scolaires quelle que soit la situation épidémique a été confirmée par le gouvernement le 15 avril. Macron a aussi déclaré dimanche 18 avril sur la chaîne américaine CBS que les mesures de freinage de l’épidémie allaient être assouplies: «Nous allons progressivement lever les restrictions début mai».

Macron a décidé d’une fuite en avant. Dès le 2 mai, le gouvernement va lever l’interdiction de s’éloigner de plus de 10km de son domicile. En déconnectant complètement les décisions des indicateurs épidémiologiques, le gouvernement programme délibérément une diffusion catastrophique de l’épidémie. Même la presse bourgeoise, qui soutient Macron, s’inquiète de ce qu’elle voit comme un déconfinement à haut risque politique.

Jean-Michel Blanquer, le ministre de l’éducation national qui a toujours été hostile aux mesures de confinement dans le système scolaire soutient à fond la réouverture des écoles.

Les épidémiologistes disent qu’il faudrait encore confiner les écoles plusieurs semaines et demandent des protocoles de sécurité contraignants dans les établissements scolaires. Ces protocoles prévoient des détecteurs de CO2, des aérations régulières et suffisantes, un nombre d’élèves restreints par classe, des mesures de distanciation dans les cantines et une politique de tests très stricte. Cependant, les dates de reprises sont maintenues et aucun plan d’ensemble n’a été présenté ou discuté avec les enseignants et les parents d’élèves en vue d’assurer leur sécurité.

Cette façon de gérer l'épidémie de façon irrationnelle, antiscientifique et avec une malveillance caractérisée imprègne toute la politique de gestion de la pandémie. Cette politique d’immunité collective poursuivie délibérément dans le système scolaire et dans le reste de l’économie ne rencontre aucune opposition sérieuse de la part des syndicats, qui soutiennent la poursuite de l’activité économique à tout prix, dont l’enseignement en présence est une composante essentielle pour obliger les parents à se rendre sur les lieux de travail.

Les syndicats soutiennent la politique de reprise en présence des cours et se contentent de revendications limitées sur des mesures de précaution dans les classes et les écoles. Cependant, ces revendications ne sont accompagnées d’aucune mobilisation sérieuse lorsqu’elles ne sont pas prises. Blanquer en a pleinement conscience et c’est ce qui lui permet de saboter délibérément les mesures de sécurité, comme lorsqu’il a fixé la règle de ne pas fermer les classes avant trois cas confirmés après le deuxième confinement, laissant des établissements entiers s’infecter.

Les appareils syndicaux ont fait ouvertement mouvement vers la droite depuis le début de la pandémie, s’alignant sur la classe dirigeante pour promouvoir la politique d’immunité collective. Dès mai 2020 les confédérations syndicales françaises et allemandes s’étaient félicitées du soi-disant plan de relance franco-allemand. C’était un appui sans détour à la politique de la banque centrale qui inondait les banques et les multinationales de liquidité, faisait monter la bourse à des niveaux inédits et confiant la gestion de la crise aux dictats des milliardaires.

Depuis le début de l’année, des scientifiques de plus en plus nombreux plaident pour une politique 'Zéro COVID'. Toutefois, la mise en œuvre d’une telle stratégie sanitaire dépend d’abord et surtout d’une mobilisation de la classe ouvrière, indépendamment des appareils syndicaux, dans une lutte contre la politique d’immunité collective et contre le gouvernement Macron et l’Union européenne.

Comme l’a expliqué le WSWS, pour celle-ci, 'l’appât du gain règne en maître et l’indifférence à l’égard des vies humaines est le résultat logique d’une politique de classe au service des intérêts de l’élite mondiale.' C’est pourquoi avec l’aggravation de la crise économique et la persistance de l’épidémie, des formes de plus en plus irrationnelles de 'vivre avec le virus' ou plutôt d’'être malade et mourir avec le virus' sont imposées à la population, comme c’est le cas en France.

Comme nous le préconisions dans cet article, 'la classe ouvrière internationale (…) doit s’organiser et construire sa direction afin de mener une lutte pour le socialisme et contre les politiques homicides menées par les élites dirigeantes dans le monde entier.' En France et en Europe, comme ailleurs dans le monde, c’est la mobilisation de la classe ouvrière, indépendamment des appareils syndicaux qui a permis d’imposer les confinements. Il s’agit de donner un caractère plus systématiquement organisé, international et politiquement conscient à ces mobilisations de la classe ouvrière.

Les travailleurs peuvent se tourner vers les sections nationales des Partis de l’égalité socialiste qui défendent cette orientation en Europe et dans le monde ou participer à la création de sections dans les pays qui n’en disposent pas encore afin de lutter pour cette perspective.

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