«Nous avons besoin d’unité»: les travailleurs de Volvo Trucks en Virginie se préparent à rejeter l’accord au rabais de l’UAW

Les travailleurs de la base chez Volvo Trucks à l’usine de New River Valley (NRV) à Dublin, en Virginie, se mobilisent pour faire échouer une deuxième tentative du syndicat UAW de faire passer en force un accord salarial propatronal. Près de 3000 travailleurs, qui ont rejeté le premier accord à 91 pour cent, voteront sur l’accord soutenu par l’UAW lors d’une réunion de ratification ce dimanche.

Les responsables du siège national de l’UAW à Detroit, de la région 8 au Tennessee et de l’union locale 2069 à Dublin ont été confrontés à une opposition généralisée des travailleurs qui ont dénoncé le nouvel accord comme une simple copie du premier. L’accord valable pour une durée de six ans maintiendrait le système détesté de salaires et d’avantages sociaux à plusieurs niveaux, poursuivrait l’érosion des salaires réels, imposerait des frais de couverture de maladie plus élevés, imposerait une nouvelle journée de travail de 10 heures et ouvrirait la voie à de nouvelles réductions des avantages sociaux des retraités.

Travailleurs de l’usine de New River Valley (Photo: Groupe Volvo)

Déjà résolus à rejeter l’accord et convaincus qu’ils n’entendraient que des mensonges de la part des responsables de l’UAW, les travailleurs de Volvo ont largement boycotté les soi-disant réunions publiques d’informations où les responsables syndicaux ont tenté de vendre l’accord mercredi et jeudi. «Les travailleurs ont le sentiment que quoi que nous disions, ils vont faire comme bon leur semble et les travailleurs vont faire ce que nous avons à faire», a déclaré un travailleur de Volvo au WSWS.

Les travailleurs qui y étaient présents ont furieusement confronté le président de l’union locale 2069 de l’UAW, Matt Blondino, et d’autres responsables syndicaux à propos de la capitulation et de leur refus de publier la proposition intégrale. Les responsables de l’UAW ont défendu l’accord et ont fait écho aux affirmations de la direction selon lesquelles il n’y avait pas d’argent pour amener les travailleurs des grilles de salaires inférieurs à l’échelon maximal dans un délai plus rapide que six ans. Les responsables syndicaux ont également déclaré que si l’accord était rejeté, l’entreprise pourrait revenir avec une offre pire.

Le groupe suédois Volvo a réalisé 1 milliard de dollars de bénéfices au cours des trois premiers mois de 2021, contre 560 millions de dollars un an plus tôt sur la base d’une augmentation des livraisons de camions et d’équipements de construction. Les marges bénéficiaires du premier trimestre sont passées de 8,1 pour cent en 2020 à 12,8 pour cent. Tout en clamant être fauchée, Volvo a versé 5,2 millions de dollars au PDG Martin Lundstedt l’année dernière, 153 fois plus qu’un ouvrier d’assemblage Volvo nouvellement embauché.

Le comité de la base des travailleurs de Volvo fait circuler une déclaration (article en anglais) appelant les travailleurs à voter «non» sur ce qu’il dit «n’est pas un accord salarial mais un contrat de vente pour six ans d’esclavage industriel». La déclaration décrit les conditions qui devraient être remplies pour soutenir un accord, notamment l’abolition du système de grille de salaires, une augmentation de 25 pour cent plus des augmentations indexées sur le coût de la vie, la défense de la journée de huit heures et aucune réduction des soins de santé et des prestations de retraite.

Le comité s’oppose également aux tentatives de l’UAW d’intimider les travailleurs avec la perspective d’une longue grève futile s’ils rejettent l’accord.

Les travailleurs sont prêts pour un combat sérieux, mais un tel combat ne peut pas rester isolé par l’UAW et l’AFL-CIO (Confédération syndicale) et entraîné à la défaite. Pour mener une lutte et gagner, les travailleurs doivent percevoir l’intégralité de leur salaire en ayant accès à la caisse de grève de 790 millions de dollars de l’UAW, la capacité de superviser les négociations et de lutter pour étendre la grève aux usines Mack-Volvo en Pennsylvanie et au Maryland et à d’autres sections de travailleurs.

L’arrêt brutal par l’UAW de la grève de deux semaines des travailleurs le 30 avril a permis à l’entreprise de stocker jusqu’à 2000 camions. «L’entreprise se prépare à une tempête», a déclaré un employé de Volvo au WSWS.

«Nous sommes prêts à débrayer aussi longtemps qu’il le faudra», a déclaré un autre employé de Volvo. «Deux semaines ne suffiront pas pour leur faire du mal. Mais pour rester en grève, nous devons puiser dans la caisse de grève. L’indemnité de grève doit être triplée à 750 $ par semaine pour permettre aux gens de rester en grève plus longtemps sans craindre de perdre leur maison.

«Ce n’est pas l’entreprise qui nous contrôle, c’est le syndicat national à cause de son emprise sur la caisse de grève. Certains d’entre nous ont économisé pour une longue grève, mais beaucoup, en particulier les plus jeunes, vivent à la petite semaine. Nous avons besoin d’unité et cela signifie obtenir suffisamment d’indemnités de grève pour rester en grève.»

Les déclarations du comité de base des travailleurs de Volvo (VWRFC) et les articles du WSWS ont été largement diffusés dans l’usine, obtenant le soutien des travailleurs et l’hostilité de l’UAW. «J’ai lu la lettre ouverte à l’UAW (article en anglais) et vos bulletins d’information parce que les travailleurs les laissent sur les tables de la pause déjeuner», a déclaré une travailleuse avec 15 ans d’ancienneté à l’usine.

«Le syndicat dit: “C’est une bande de briseurs de syndicats.” Mais je dis que l’UAW a brisé le syndicat lorsqu’il a accepté le système de salaires à deux niveaux. Le syndicat s’est brisé lui-même. Votre bulletin d’information fait un travail formidable avec toutes les recherches qu’il fait pour nous aider.»

Avertissant ses collègues de la possibilité que l’UAW fasse un bourrage des urnes afin de faire adopter l’accord dimanche, elle a déclaré: «Je dis aux travailleurs de prendre une photo de leur vote «non» dimanche, pour éviter que l’UAW utilise la fraude pour le faire passer. Il n’y a pas une seule personne à qui j’ai parlé qui a dit qu’elle allait voter pour ça. Ce qui me met en colère, c’est le système de niveaux de rémunération. L’UAW dit que cela a été supprimé, mais lorsqu’on tourne la page, on voit tous les échelons.»

«Quand j’ai été embauchée, il m’a fallu deux ans pour atteindre le salaire le plus élevé. Ensuite, cela a pris trois ans, et maintenant ce sera la durée de l’accord de six ans. Certaines personnes ne le verront jamais. Comment peut-on s’attendre à ce que quelqu’un se soucie de son travail alors qu’il gagne 10 $ de moins que la personne qui travaille juste à côté de lui?

«Il y a vingt ans, travailler ici était le top. Dans les années 1980, les gens dormaient à l’entrée pour avoir une chance de postuler pour un emploi chez Volvo. Maintenant, tout ce qu’ils veulent [la direction], c’est obtenir plus de travail de notre part et ne pas nous payer. Je ne voudrais écraser personne pour avancer. Tout le monde doit être égal et toucher le même salaire. C’est ce qu’un syndicat est censé faire.»

Elle a également souligné l’abandon par l’UAW de la journée de huit heures, qui a été obtenue après la grève amère de 1941 chez Ford. «Ils ont déjà des gars qui travaillent 10 heures dans l’atelier de peinture. Ils introduisent la journée de 10 heures sur quatre jours, de sorte qu’ils n’ont plus à payer d’heures supplémentaires après huit heures, seulement après 40 heures par semaine. Mais j’ai une vie après le travail.

«Une grève aiderait. J’étais prête à rester des mois en grève ou même un an pour obtenir ce dont nous avons besoin. Nous avons plus de poids maintenant. J’ai entendu dire que si nous fermons l’usine, l’entreprise devra se mettre en fin de queue pour les puces électroniques et elle est déjà en pénurie.»

(Article paru en anglais le 4 mai 2021)

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