L’UE donne des milliards aux banques, Macron relance des réformes «difficiles»

Jeudi dernier, Emmanuel Macron a annoncé qu’il allait devoir prendre des décisions «difficiles», relançant l’impopulaire réforme des retraites suspendue au début de la pandémie en mars 2020. Il prépare de vastes attaques contre les acquis sociaux exigées alors que l’UE déverse des milliards d’euros en plans de relance aux grandes sociétés.

En déplacement dans le Lot, point de départ de son tour de France comme il l’avait fait face à la mobilisation des «gilets jaunes», Macron a relancé la réforme des retraites: «Notre système n’est plus à l’équilibre. Je veux regarder aussi comment le pays avance et ce qu’on est prêt à faire, à un moment donné la question du financement des retraites sera posée à la nation.»

Macron annonce «des décisions difficiles» suite à la ratification par les 27 pays de l’UE de l'instrument juridique qui sous-tend le fonds de relance de 750 milliards d'euros de fonds publics, nommé «Next Generation EU». Ceci permettra à l'argent pour parvenir aux Etats nationaux d'ici juillet. Le Portugal, qui assure actuellement la présidence tournante du Conseil de l'UE, a exhorté ses collègues à accélérer les choses et à mettre un terme aux dégâts économiques.

Alors que des milliers de milliards ont été déboursé sur les marchés financiers par la BCE, les banques exigent des attaques sans précédent contre les acquis sociaux maintenant que les plans de relance vont être versés. Afin de recevoir les fonds de l’UE, les gouvernements accélèrent les attaques sociales préalablement discutées et approuvées par la Commission puis par le Conseil à Bruxelles.

Les gouvernements de l’UE durant l’été vont présenter leurs réformes comme l’Espagne dirigée par l’alliance PSOE-Podemos (parti frère de La France Insoumise), qui prévoit un paquet d’un peu moins de 170 réformes comprenant une réforme des retraites et de la fiscalité en augmentant la TVA. La ministre du Travail Yolanda Díaz de Podemos négocie avec les syndicats et le patronat la réforme de la législation du travail.

Face à la pandémie mondiale qui a fait plus d’un million de morts en Europe, les élites dirigeantes européenne accélèrent la restructuration économique pour être plus compétitives face aux puissances rivales telles la Chine ou les Etats-Unis qui a adopté un plan de 2.000 milliards d’euros.

A présent, à travers le monde, la classe dirigeante compte reprendre aux travailleurs les milliards d’euros qu’elle donne aux riches. Les attaques contre les acquis sociaux ne peuvent se faire de manière isolée dans un cadre national, alors que les travailleurs font face à une aristocratie financière qui coordonne sa politique à l’échelle internationale.

Ceci souligne la nécessité pour les travailleurs de rejoindre l’appel lancé par le CIQI et le WSWS d’une Alliance ouvrière internationale des comités d’action. Les travailleurs doivent unifier leurs luttes internationalement contre leurs gouvernements mais aussi contre l’UE pour mettre fin aux politiques d’austérités illégitimes et imposer une lutte scientifiquement guidée contre la pandémie.

Pour l’instant Macron a annoncé la relance de la réforme des retraites qui lui avait valu un conflit qui a duré deux mois en 2019-2020. Selon BFM Business le gouvernement Macron pourrait prévoir le relèvement de l’âge légal de départ à la retraite à 64 ans, «soit trois mois par génération à partir de la génération de 1962. La mise en place d’un âge minimal à partir duquel un salarié pourrait partir sans décôte, mêlée à une baisse de l’âge à taux plein. Concrètement, il faudrait travailler jusqu’à 64 ans minimum pour percevoir sa retraite à taux plein (contre 62 aujourd’hui).»

Le Conseil d’orientation des retraites estime à 20 milliards d’euros pour 2020 le déficit des retraites. Selon certaines estimations, les mesures dans cette nouvelle réforme des retraites permettraient d’économiser 5,8 milliards d’euros à l’horizon 2027. Le gouvernement pourrait aussi accélérer la réforme Tourraine qui augmenterait la durée de cotisation d’un trimestre supplémentaire par génération pour arriver plus vite aux 43 et 44 ans de cotisations.

Macron a justifié l’abandon de sa réforme de retraites universel par points en déclarant qu’elle était «très ambitieuse, extrêmement complexe et, du coup, était porteuse d'inquiétude». Il recule sur la réforme de retraites universelles par point craignant un conflit. Il revient donc à un allongement de la durée légale du travail tout en maintenant un régime paritaire, craignant qu’un conflit social explosif ne freine les autres réformes qu’il compte encore mener avant la fin de son mandat en 2022.

Macron s’engage dans ce chemin sachant qu’une écrasante majorité des Français est hostile envers cette mesure régressive, et que cela pourrait anéantir totalement ses chances aux prochaines élections présidentielles de 2022. Ainsi, interrogé sur une éventuelle candidature, il a répondu: «C’est trop tôt pour le dire », affirmant sa détermination à «faire les choses jusqu’à la fin. … On doit prendre le pouls du pays même quand on n’est pas en campagne».

Macron compte donc s’appuyer encore une fois sur les organisations syndicales pour faire adopter sa politique rejetée par les travailleurs en France et à travers l’Europe. Les réformes de Macron et de l’UE se font avec la collaboration des organisations syndicales qui ont salué à l’instar de la CGT et la CFDT le plan de relance de l’UE l’année dernière dans un communiqué l’année dernière.

La déclaration de Macron sur la réforme des retraites universelles abandonnée s’aligne en fait sur les propos de Frédéric Sève, le secrétaire national de la CFDT chargé des retraites, contacté par le JDD: «Il est trop compliqué de reprendre le projet en l'état. Il faudrait d'abord qu'il repasse au Sénat. Et techniquement, le texte est obsolète puisqu'il avait instauré une conférence de financement qui devait se terminer le 30 avril 2020 et qui n'a jamais eu lieu pour cause de Covid. ».

Les travailleurs ne peuvent rien attendre des organisations syndicales, mais doivent impérativement s’organiser indépendamment des syndicats et à l’échelle internationale. Il n’y a rien à négocier avec Macron ou avec l’UE, et cela signifie de même que les coquilles vides des vieilles bureaucraties syndicales n’ont rien à offrir aux travailleurs.

Depuis l’année derrière et sur fond de politique d’immunité collective qui est responsable de la mort de millions de travailleurs en Europe et dans le monde, les organisations syndicales négocient avec leur gouvernement l’allongement de la durée de travail et les autres mesures dictées par l’UE. Pendant la pandémie, les syndicats ont imposé la reprise du travail et la réouverture des écoles tout commençant à s’en prendre aux acquis sociaux des travailleurs et négociant les licenciements, notamment, en France, dans l’industrie automobile.

Les réformes et la politique d’immunité collective de Macron et des autres gouvernements européens sont parfaitement illégitimes et antidémocratique. L’organisation indépendante et la mobilisation indépendante des travailleurs, sur une perspective politique de renverser l’UE et le capitalisme européen et de prendre le pouvoir, est à présent essentielle pour défendre les acquis sociaux fondamentaux des travailleurs et d’imposer une politique scientifique face à la pandémie.

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