Biden poursuit sa campagne anti-Chine et les États-Unis intensifient les tensions entourant Taïwan

Cette semaine, le gouvernement Biden porte l’offensive de l’impérialisme américain contre la Chine à de nouveaux sommets sur trois fronts interdépendants: en Europe, au Congrès américain et à Taïwan, l’un des points les plus explosifs des mesures de plus en plus agressives de Washington contre la Chine.

Le sénateur démocrate américain Christopher Coons du Delaware, à gauche, s’entretient avec le sénateur républicain Dan Sullivan de l’Alaska et la sénatrice démocrate Tammy Duckworth de l’Illinois lors d’une réunion avec la présidente de Taïwan Tsai Ing-wen, deuxième à droite, à Taipei, Taïwan, le dimanche 6 juin 2021.

L’escalade de cette semaine a pour toile de fond la multiplication des calomnies anti-chinoises par le New York Times, le Washington Post et tous les réseaux de diffusion américains, ainsi que le président Biden, qui a ordonné une enquête des agences de renseignement sur les allégations fabriquées de toutes pièces du «laboratoire de Wuhan» selon lesquelles la Chine serait responsable de la catastrophe mondiale du COVID-19.

En confiant cette tâche à la CIA et à ses agences connexes, il est évident que le gouvernement Biden attend des services de renseignement qu’ils empoisonnent l’opinion publique contre la Chine et qu’ils fassent de la propagande en faveur de sanctions punitives et d’une intervention militaire contre Pékin.

Biden avance sur un des fronts anti-Chine cette semaine lors de son premier voyage à l’étranger en tant que président. Il se rend en Europe pour les sommets du G7, de l’OTAN et de l’UE, dont l’objectif principal est de tenter de forcer les puissances capitalistes européennes à s’aligner pleinement sur les sanctions et autres mesures économiques de plus en plus agressives de Washington contre la Chine.

Le Financial Times a noté mardi que Biden a formulé cette demande en février lorsqu’il a déclaré à la Conférence sur la sécurité de Munich que les États-Unis, l’Europe et l’Asie devaient «repousser les abus et la coercition économiques du gouvernement chinois».

C’est un nom de code pour bloquer systématiquement et par tous les moyens le capitalisme chinois qui croisse, y compris les sanctions économiques et l’action militaire, afin qu’il ne remette jamais en question la suprématie mondiale obtenue par la classe dirigeante américaine grâce à la victoire dans la Seconde Guerre mondiale.

Selon le Financial Times, Biden s’était déjà assuré la collaboration des gouvernements du Japon, de la Corée du Sud et de l’Australie, mais il devait maintenant faire face à sa «tâche la plus délicate jusqu’à présent: essayer d’amadouer une Europe méfiante pour qu’elle travaille plus étroitement avec Washington sur la Chine».

La Maison-Blanche a déjà convaincu les puissances européennes d’empêcher la ratification par le Parlement européen du traité d’investissement de l’UE avec Pékin, signé juste avant l’entrée en fonction de Biden, et d’imposer des mesures punitives à la Chine, prétendument en raison du traitement des Ouïghours dans la province chinoise du Xinjiang, au nord-ouest du pays.

Biden souhaite que les sommets européens aillent plus loin, notamment en intervenant pour annuler ou contrecarrer les projets d’infrastructure de l’initiative «Belt and Road» de la Chine à travers l’Eurasie, en bloquant les entreprises technologiques chinoises et en rejoignant la confrontation des États-Unis avec la Chine en mer de Chine méridionale, où le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne envoient déjà des navires de guerre pour des exercices militaires.

Le deuxième front de cette semaine se situe au Sénat américain, où un projet de loi anti-chinois massif est sur le point d’être adopté. Le projet de loi de 1445 pages sur l’innovation et la concurrence aux États-Unis, coécrit par le chef de la majorité au Sénat, Chuck Schumer, et le sénateur républicain Todd Young, prévoit plus de 200 milliards de dollars pour financer une guerre économique dirigée principalement contre la Chine, mais aussi contre d’autres rivaux des États-Unis au Japon et en Europe occidentale.

Entre autres choses, le projet de loi s’oppose aux prêts bancaires internationaux accordés à la Chine pour les projets «Belt and Road», retient les subventions accordées aux collèges et universités américains qui s’associent aux «Instituts Confucius» financés par le gouvernement chinois pour enseigner la langue et la culture chinoises, alloue 600 millions de dollars pour renforcer la présence militaire américaine en mer de Chine méridionale et donne la priorité à la défense de Taïwan.

Taïwan est le troisième front. Dimanche matin, un contingent bipartite de trois sénateurs américains s’y est rendu, apparemment pour annoncer le don de vaccins COVID-19 à l’île, qui a connu une importante épidémie du virus le mois dernier. En réalité, la visite a pour but de saper davantage la politique d’«une seule Chine» et de poursuivre les préparatifs de guerre visant le continent chinois.

Les trois sénateurs – Tammy Duckworth et Christopher Coons, tous deux démocrates, et Dan Sullivan, républicain – sont arrivés à Taïwan à bord d’un C-17 Globemaster III de l’US Air Force, et non d’un avion civil. Ils ont déclaré que Washington faisait don de 750.000 doses de vaccins COVID-19 mais n’ont pas annoncé quand.

Le voyage n’était pas une mission humanitaire. Les trois sénateurs se sont d’abord rendus en Corée du Sud pour des réunions vendredi et samedi avec des responsables du ministère des Affaires étrangères et de la Défense afin de discuter de l’alliance militaire américano-sud-coréenne. La visite à Taïwan était une partie soigneusement orchestrée de ce même voyage, destinée à approfondir la coopération militaire de Washington avec ses alliés dans la région, qui prévoit notamment de placer des missiles américains à distance de frappe des principales villes chinoises.

Les trois sénateurs ont rencontré la présidente Tsai Ing-wen et le ministre des Affaires étrangères Joseph Wu, qui ont profité de cette visite pour attaquer une nouvelle fois Pékin et le rendre responsable de l’incapacité de Taïwan à fournir suffisamment de vaccins à sa population. Taipei a accusé Pékin d’interférer dans un accord entre l’île et la société allemande BioNTech pour des vaccins, une accusation que le gouvernement chinois dément.

La décision d’utiliser un avion militaire pour le voyage n’est pas passée inaperçue à Pékin. Washington et Taipei n’ayant pas de relations diplomatiques officielles, la coopération entre les armées et les gouvernements américains et taïwanais constitue un défi à la politique d’«une seule Chine» selon laquelle Taïwan est un territoire chinois.

Les tentatives de saper cette norme diplomatique ont commencé sous Donald Trump et sont accélérées par l’administration Biden, qui a même invité un diplomate taïwanais à l’investiture de Biden en janvier.

Après la Seconde Guerre mondiale, Taïwan, colonie japonaise de 1895 à 1945, a été restituée à la Chine, qui était alors dirigée par le Kuomintang (KMT) de Chiang Kai-shek. Après avoir été vaincu lors de la révolution chinoise de 1949, le KMT s’est réfugié à Taïwan, où il a été protégé par les États-Unis et autorisé à se présenter comme le gouvernement légitime de toute la Chine, occupant même l’un des cinq sièges permanents du Conseil de sécurité des Nations unies.

À partir de 1971, sous la présidence de Richard Nixon, les États-Unis ont entamé des négociations avec Pékin dans le cadre d’une manœuvre tactique visant à ébranler l’Union soviétique. Cela a conduit à la reconnaissance par Washington de Pékin comme gouvernement légitime de toute la Chine et à la rupture des relations officielles avec Taïwan en 1979. Le passage à Pékin a également permis à Washington d’exploiter la Chine continentale comme source de main-d’œuvre bon marché, alors que Pékin accélérait le processus de restauration du capitalisme dans les années 1980.

Toutefois, avec le développement de la Chine, qui est devenue la deuxième économie mondiale et un concurrent économique des États-Unis, Washington tente d’utiliser sa propre puissance économique et militaire pour faire pression sur Pékin et le forcer à accepter l’hégémonie américaine dans la région.

Alors que des pays comme les États-Unis ont accaparé des vaccins cette année, la Chine a offert des doses aux pays de la région, ce qui a donné lieu à des accusations de «diplomatie du vaccin» de la part de Washington et de Tokyo. Pékin a proposé son propre vaccin à Taipei, qui l’a rejeté.

Les actions de l’impérialisme américain risquent clairement de déclencher une guerre majeure avec la Chine qui finirait par engloutir le monde entier. Biden intensifie les efforts américains, commencés sous Obama et intensifiés sous Trump, pour miner Pékin afin de compenser son propre déclin économique relatif.

La Maison-Blanche de Biden cherche également à détourner les tensions internes de classe vers l’extérieur, notamment en ce qui concerne la gestion catastrophique de la pandémie de COVID-19 par l’élite dirigeante, chaque réponse étant motivée par le souci du profit des grandes entreprises au détriment de près de 600.000 vies, même selon les statistiques officielles.

(Article paru en anglais le 8 juin 2021)

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