Le nouveau gouvernement israélien envoie des avions bombarder Gaza

Mardi, conformément à sa position hostile envers les Palestiniens, le premier ministre Naftali Bennett a autorisé une nouvelle série d’attaques contre les Palestiniens, notamment des frappes aériennes sur Gaza et une répression contre les manifestants à Jérusalem-Est.

Frappe aérienne israélienne sur Gaza le 14 mai 2021 (AP Photo/Hatem Moussa)

Alors que les Forces de défense israéliennes (FDI) ont déclaré avoir frappé des complexes militaires dans la ville de Gaza et dans la ville méridionale de Khan Younis appartenant au Hamas, le groupe affilié aux Frères musulmans qui contrôle Gaza, les médias palestiniens ont rapporté que l’une des frappes avait causé dommages à la propriété. Il n’y a eu aucun constat immédiat de victimes. L’armée israélienne a déclaré qu’elle était «prête à tous les scénarios, y compris la reprise des combats face à la poursuite des actes terroristes émanant de Gaza». Selon Al Arabiya, l’Égypte a demandé au Hamas et au Jihad islamique de ne pas aggraver la crise et les deux groupes ont dit au Caire qu’ils ne cherchaient pas à le faire.

Ces dernières frappes aériennes font suite au lancement de ballons incendiaires depuis Gaza qui a provoqué des incendies en plein champ dans le sud d’Israël.

Bennett, l’homme d’affaires multimillionnaire, nationaliste religieux et défenseur des colons qui a prêté serment comme premier ministre dimanche, est tristement célèbre pour sa ligne dure face aux Palestiniens, après s’être vanté d’avoir tué «beaucoup d’Arabes» et a critiqué les gouvernements précédents pour ne pas avoir riposté aux ballons incendiaires. Avant de devenir ministre de la Défense en 2019, il eut tweeté que ceux qui lançaient les ballons étaient des «terroristes» qui devraient être tués. Selon le site d’information Ynet, il a dénoncé ces engins artisanaux comme mettant la vie en danger et a déclaré: «Un ballon explosif est comme un missile antichar [...] Celui qui en lance un est un terroriste qui essaie d’assassiner des Israéliens et doit être éliminé», a-t-il ajouté.

Les frappes aériennes interviennent seulement quatre semaines après qu’un fragile cessez-le-feu le 21 mai a mis fin à l’assaut criminel de 11 jours d’Israël contre l’enclave assiégée qui a tué plus de 250 Palestiniens, dont 66 enfants et 39 femmes, en a blessé 1900 autres et détruit de nombreux bâtiments, déplaçant au moins 60.000 personnes. Ces chiffres horribles contredisent les affirmations d’Israël d’avoir ciblé uniquement les arsenaux, les installations de fabrication d’armes et le réseau d’infrastructures souterraines du Hamas. Ils démontrent, en plus des guerres israéliennes de 2008-09, 2012 et 2014 et de sa répression meurtrière de la Grande Marche du Retour de 2018-19, que le bombardement vise à terroriser les Palestiniens pour qu’ils se soumettent.

En revanche, les roquettes palestiniennes en grande partie amateurs ont tué 12 personnes, dont deux enfants et trois ressortissants étrangers, et en ont blessé 357 en Israël, ce qui souligne la nature extrêmement inégale de l’assaut. Depuis lors, Israël et l’Égypte, qui contrôlent ensemble l’accès à Gaza, ont bloqué une aide financière et matérielle essentielle, nécessaire à toute reconstruction. Israël a conditionné tout assouplissement de son blocus à l’accord du Hamas de restituer les corps de quatre des soldats de Tsahal portés disparus à Gaza.

Ce dernier bombardement tôt mercredi matin intervient quelques jours seulement après que la nouvelle coalition a obtenu un vote de confiance avec une majorité de seulement 60 contre 59 alors qu’un législateur de la Liste arabe unie qui devait soutenir le nouveau gouvernement s’est abstenu, indiquant l’instabilité extrêmement précaire du régime.

Le nouveau gouvernement, dirigé par Bennett, a été concocté par Yair Lapid, ancien présentateur de télévision et chef du deuxième plus grand parti, Yesh Atid, dans le but de relancer les relations d’Israël avec le Parti démocrate aux États-Unis, le principal soutien d’Israël. Ce lien s’était dégradé sous le premier ministre Benjamin Netanyahou, qui avait rendu le président Barack Obama furieux, avait des relations étroites avec son successeur républicain, le président Donald Trump et a utilisé son dernier discours en tant que chef d’État ce week-end pour attaquer le président Joe Biden comme un danger pour Israël.

Les personnalités bien en vue du gouvernement, qui étaient toutes autrefois des assistants de Netanyahou et occupaient des postes gouvernementaux de haut rang sous sa direction, n’ont pas de divergences politiques importantes avec lui. Il s’agit d’une coalition de partis totalement sans principes et réactionnaire, allant de l’extrême droite à l’ancien camp de la paix, ayant comme mission de sauver la bourgeoisie israélienne de la tempête économique, sociale et politique qui se prépare aux dépens des travailleurs juifs et palestiniens en Israël/Palestine et dans la classe ouvrière à travers le Moyen-Orient riche en ressources.

L’une des premières décisions du gouvernement Bennett-Lapid a été de confirmer la décision de Netanyahou d’autoriser mardi une marche d’extrémistes juifs à travers les quartiers palestiniens de Jérusalem-Est, ce qui, selon les critiques, pourrait conduire à des affrontements violents entre résidents palestiniens et manifestants juifs et à une violente escalade avec le Hamas.

La marche était une version reprogrammée de celle prévue le 10 mai pour marquer l’anniversaire de la prise de Jérusalem-Est par Israël lors de la guerre de 1967 entre Israël et ses voisins arabes et son annexion, illégale au regard du droit international, qui a été annulée au milieu de la violente répression d’Israël contre des Palestiniens qui priaient à la mosquée al-Aqsa et protestaient contre le projet d’expulsion de familles palestiniennes dans le quartier de Sheikh Jarrah à Jérusalem-Est. Ce fut l’escalade de la violence dans la ville qui a précipité les tirs de roquettes du Hamas en direction de Jérusalem le 10 mai.

Lundi, le Hamas a averti qu’il réagirait si la marche reportée était autorisée à se poursuivre. Finalement, la marche s’est poursuivie et le Hamas n’a pris aucune mesure.

La marche reportée, initialement conçue comme un moyen de faire dérailler les efforts de Lapid pour former une coalition anti-Netanyahou, eut le feu vert de Netanyahou dans ses derniers jours au pouvoir dans le double objectif d’apaiser ses partisans d’extrême droite et de déstabiliser le nouveau gouvernement. Cela fait partie de ses attaques hystériques agressives depuis la droite contre le nouveau gouvernement, qui incluent une lutte contre la menace d’expulsion d’Evyatar, un avant-poste illégal de colons en Cisjordanie.

Sur fond de l’insistance de ses collègues du cabinet sur le fait que tout blocage de la marche serait une concession au Hamas, le nouveau ministre de la Sécurité publique Omer Bar-Lev, législateur du Labour et ancien commandant de Tsahal, qui supervise également les forces de police israéliennes, a donné le feu vert à l’événement, connu sous le nom de «marche des drapeaux». Il a dit: «La marche des drapeaux aura lieu. Jérusalem est la capitale éternelle d’Israël. Dans une démocratie, il est permis et il est important d’organiser des manifestations et des marches comme celles-ci, à condition qu’elles soient conformes à la loi.»

Les propos de Bar-Lev étaient une provocation à l’égard des Palestiniens. Premièrement, parce qu’en tant que territoire occupé, Jérusalem-Est n’appartient pas à Israël. Jérusalem-Est, cœur de la vie sociale et culturelle palestinienne, avait été envisagée comme la capitale d’un futur État palestinien dans le cadre d’une «solution à deux États» depuis longtemps rendue moribonde par la propagation incessante des colonies sionistes en Cisjordanie occupée. Deuxièmement, les manifestations palestiniennes sont régulièrement dispersées avec une force brutale, la place de la porte de Damas, devant une entrée de la vieille ville, déclarée interdite aux Palestiniens qui l’utilisent pour des rassemblements sociaux quotidiens pour marquer la fin du jeûne du ramadan. Tels sont les abus et la violence des manifestants que ceux qui vivent sur le parcours de la marche barricadent souvent leurs maisons et leurs magasins.

En prévision de contre-manifestations, les autorités israéliennes ont relevé le niveau d’alerte et déployé des forces policières et militaires supplémentaires près de la bande de Gaza et dans les villes à population mixte de citoyens juifs et palestiniens. Tor Wennesland, l’envoyé de l’ONU dans la région, a mis en garde contre la montée des tensions et a demandé à toutes les parties «d’éviter toute provocation qui pourrait conduire à une autre série de confrontations», tandis que le département d’État américain a interdit à son personnel d’entrer dans la vieille ville le jour de la marche.

La marche a eu lieu mardi avec une protection policière totale. La police a arrêté au moins 17 Palestiniens, tandis que le Croissant-Rouge palestinien a déclaré que 33 Palestiniens ont été blessés alors que les forces de sécurité ont forcé les résidents palestiniens à s’éloigner du parcours de la marche pendant une grande partie de l’après-midi, à l’exception de ceux qui travaillaient dans les magasins, fermant les routes et la porte de Damas à l’entrée de la vieille ville. Des vidéos publiées en ligne ont montré un Palestinien battu par des agents de sécurité sur les marches de la porte alors qu’ils dégageaient la zone pour faire place aux manifestants.

Des milliers d’extrémistes de droite se sont rassemblés à la porte de Damas, agitant des drapeaux, chantant des hymnes du mouvement des colons et scandant «Mort aux Arabes» et «Que votre village brûle». Les législateurs et les alliés fascisants de Netanyahou, Itamar Ben- Gvir, chef du Pouvoir juif, et Bezalel Smotrich, chef de la faction Sionisme religieux, ont été portés sur les épaules des marcheurs.

Des contre-manifestations ont eu lieu à Jérusalem ainsi que dans les villes et villages à population mixte d’Israël, certains groupes palestiniens appelant à une «journée de rage» pour dénoncer la marche d’extrême droite.

Dans une interview à la radio mardi, Mansour Abbas, le chef de la Liste arabe unie ou Ra’am, un parti islamiste au sein de la coalition à huit partis, a condamné le défilé et a déclaré qu’il n’aurait jamais dû être autorisé à se dérouler, tout en admettant qu’il n’avait pas discuté de la question avec Bennett. «Si nous nous disputons sur tout, il ne fait aucun doute que cette coalition va s’effondrer», a-t-il expliqué.

(Article paru en anglais le 17 juin 2021)

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