Les grévistes de Volvo en Virginie appellent au rejet d’un nouvel accord de principe

Cette déclaration a été rédigée par le Comité des travailleurs de base de Volvo après que le syndicat, les Travailleurs unis de l’automobile, a annoncé un nouvel accord avec Volvo Trucks (les camions Volvo) pour mettre fin à la grève de 2.900 travailleurs à Dublin, en Virginie.

Le Comité des travailleurs de base de Volvo appelle les travailleurs à voter «non» au nouvel accord de principe ramené par les Travailleurs unis de l’automobile (UAW – United Auto Workers). Cet accord de principe est une autre capitulation qui prouve que les travailleurs avaient raison de ne pas faire confiance à ce qui a été convenu dans les coulisses et à notre insu.

Jeudi, l’UAW a publié une déclaration sur son site Internet: «Les travailleurs en grève de Volvo Trucks à Dublin, en Virginie, parviennent à un accord de principe avec des gains importants». Selon Ray Curry, qui est devenu président de l’UAW le jour même de l’annonce de l’accord de principe, ce contrat «contient des gains importants par rapport aux deux accords de principe précédents».

Premièrement, les «travailleurs en grève de Volvo Trucks» n’ont conclu aucun accord sur quoi que ce soit. Rappelons à Curry que c’est une chose pour les responsables de l’UAW de conclure un accord avec la direction de Volvo, et que c’en est une autre pour les travailleurs de l’accepter. On aurait pu penser qu’ils avaient déjà appris cette leçon après que nous ayons rejeté leurs deux accords précédents à 90 pour cent.

Travailleurs de Stellantis à l'usine d'assemblage de camions de Warren (WSWS Media)

Deuxièmement, nous tenons à souligner que c’est la première déclaration que l’UAW publie sur son site Internet ou sur sa page Facebook depuis le début de notre grève. Au cours du dernier mois, l’UAW n’a absolument rien dit sur le fait que nous étions en grève, laissant nos frères et sœurs de l’industrie automobile dans l’ignorance de notre lutte.

Troisièmement, Curry salue maintenant les «gains importants» de l’accord de principe. Rappelons que Curry a déclaré en mai que le deuxième accord de principe contenait «des gains encore plus solides» que le premier. Nous lui avons dit ce que nous pensions de ces «gains encore plus solides» à l’époque.

Quatrièmement, une contradiction fondamentale existe dans ce que les responsables de l’UAW prétendent. Lorsqu’ils ont essayé de nous vendre le dernier accord de principe, ils ont déclaré que c’était le meilleur que nous pouvions obtenir. Maintenant, ils disent que, suite à notre grève, nous avons obtenu des gains importants. Si les affirmations concernant les «gains majeurs» sont vraies – ce qui n’est pas le cas – cela ne fait que prouver que les affirmations précédentes de l’UAW étaient fausses. De plus, si des améliorations existent réellement dans ce troisième contrat, elles ont été obtenues parce que la base s’est opposée aux accords précédents.

Parlons maintenant de ces «gains importants». Actuellement, nous n’avons accès qu’aux «points saillants» de l’UAW, mais c’est déjà clair que le contrat ne répond pas à nos demandes fondamentales. L’indice d’inflation CPI augmente actuellement de 5 pour cent par an, en raison du prix de l’essence et d’autres produits de première nécessité. Nous devons exiger un contrat qui non seulement nous protège contre la hausse des coûts, mais qui compense également des décennies de concessions acceptées par l’UAW.

L'accord de principe:

1. Est un contrat de six ans, ce qui est inacceptable en soi. Cela représente presque un cinquième de notre vie professionnelle, et beaucoup de choses vont changer d’ici 2027. Nous exigeons un contrat de deux ans.

2. Augmente le salaire le plus élevé de seulement 12 pour cent sur six ans, soit une moyenne d’environ 2 pour cent par an, sans clause d’indexation sur l’inflation. Compte tenu de l’inflation croissante, cela signifie que les travailleurs avec le plus d’ancienneté subiront une réduction substantielle de leur salaire réel. Nous exigeons une augmentation salariale immédiate de 25 pour cent pour compenser les concessions passées, des augmentations annuelles de 6 pour cent à l’avenir, ainsi qu’une clause d’indexation sur l’inflation.

3. Exige six ans pour que les nouvelles recrues atteignent le salaire maximum, contre trois ans dans la convention de 2008. Nous exigeons le transfert de tous les travailleurs vers les salaires et les avantages les plus élevés.

4. Contient des augmentations massives de 50 à 75 pour cent des coûts des soins de santé. Cela comprend le paiement, pour la première fois, de primes pour les travailleurs avec le plus d’ancienneté et des augmentations des franchises pour tous les travailleurs. Nous exigeons le paiement intégral des soins de santé pour tous les travailleurs et les retraités, sans co-paiement ni prime.

5. Réduit le paiement forfaitaire en espèces de 3.500 dollars à 2.000 dollars pour les employés non probatoires et à 1.000 dollars pour les nouveaux employés. Cela ne couvrira même pas ce que nous avons perdu pendant notre grève, n’ayant reçu que 275 dollars par semaine du fonds de grève de l’UAW. Nous demandons une prime de 4.000 dollars pour la ratification du contrat.

Et ceci est seulement basé sur ce que nous savons maintenant. Ce n’est pas une victoire, mais un autre contrat de concession, qui modifie quelques éléments par rapport à ce que nous avons rejeté massivement – deux fois!

À l’UAW, nous disons que nous n’accepterons pas l’arrêt de notre grève ou l’adoption d’un accord par des mensonges et des intimidations. Nous exigeons:

1. L’accès à l’intégralité du contrat, y compris toutes les lettres d’entente et les accords parallèles, pour l’étudier et en discuter pendant dix jours avant tout vote sur l’accord de principe.

2. Trois réunions de l’ensemble des membres avec un micro ouvert pour que les travailleurs puissent obtenir des réponses à leurs questions. Ces réunions ne doivent pas avoir lieu dans les usines, où les travailleurs peuvent à peine s’entendre parler, et encore moins obtenir les réponses dont ils ont besoin.

3. La supervision par la base du dépouillement des bulletins de vote, pour s’assurer que tous les votes sont comptés équitablement, et le contrôle de toutes les négociations futures par des représentants de confiance de la base.

4. Une augmentation de l’indemnité de grève égale au salaire hebdomadaire moyen, les ressources financières massives de l’UAW et de l’AFL-CIO devant être mobilisées derrière la grève pour montrer à l’entreprise qu’elle ne pourra pas nous affamer pour nous ramener au travail.

5. L’arrêt de toutes les opérations de Volvo et l’organisation d’actions de solidarité par les membres de l’UAW dans tout le pays.

En outre, nous exigeons que l’UAW cesse de dire aux travailleurs que si le contrat est rejeté, un arbitrage obligatoire aurait lieu par une «partie tierce». Cette menace n’a aucun fondement légal. L’UAW doit faire savoir clairement qu’elle ne sera acceptée sous aucun prétexte. Nous ne nous laisserons pas intimider pour accepter un accord qui ne répond pas à nos besoins!

À nos frères et sœurs, nous disons: ce n’est pas le moment de reculer. C’est le moment d’étendre notre lutte! Volvo veut que cette grève soit arrêtée parce que les stocks commencent à s’épuiser. L’entreprise a déjà procédé à des licenciements temporaires dans les usines Mack Truck du Maryland et de Pennsylvanie.

En même temps, nous savons que notre lutte bénéficie d’un immense soutien parmi les travailleurs de Mack et les travailleurs de l’automobile dans tout le pays et au niveau international. Les travailleurs de Mack nous ont dit qu’ils voulaient arrêter la production qui utilise des pièces faites par des jaunes (scabs). Les travailleurs de l’automobile de Detroit et Chicago à l’Europe et l’Inde nous ont envoyé des déclarations de soutien. Ils savent que nous ne nous battons pas seulement pour nous-mêmes, mais pour l’ensemble de la classe ouvrière.

La victoire passe par l’unité: l’unité des travailleurs de NRV, l’unité de tous les travailleurs de Volvo, et l’unité des travailleurs de tout le pays et du monde entier. C’est la voie à suivre!

(Article paru en anglais le 5 juillet 2021)

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