L’Ukraine et le Royaume-Uni vont effectuer les exercices militaires «Cossack Mace»

Les forces armées ukrainiennes et britanniques vont entamer cette semaine une série d’exercices militaires baptisés «Opération Cossack Mace». Les dates exactes des exercices n’ont pas été annoncées, mais le journal russe Nezavisimaya Gazeta a rapporté mardi qu’ils étaient déjà en cours.

Combattants SSO des Forces armées ukrainiennes pendant un entraînement (Photo: Wikipedia/ArmyInform)

Les exercices militaires conjoints ont été nommés en l’honneur du général cosaque ukrainien Bohdan Khmelnytsky, qui a dirigé en 1648 un soulèvement cosaque contre le Commonwealth polono-lituanien, qui a entraîné le massacre de milliers de Juifs.

Si l’objectif déclaré des exercices est d’«améliorer la compatibilité entre les formations militaires britanniques et ukrainiennes, de renforcer les relations mutuelles, la planification conjointe et d’effectuer des opérations bataillonnaires et tactiques», ils visent clairement à préparer un conflit terrestre avec la Russie.

Outre l’Ukraine et le Royaume-Uni, des militaires des États-Unis, du Danemark, de la Suède et du Canada participeront également aux exercices prévus.

Ces exercices ont lieu deux semaines à peine après un dangereux incident naval survenu en mer Noire au cours duquel des patrouilleurs russes ont tiré des coups de semonce sur le destroyer britannique HMS Defender après que ce dernier eut pénétré de manière provocante dans les eaux revendiquées par la Russie au large de la péninsule de Crimée.

Alors que l’Ukraine et l’OTAN déclarent souvent que leurs exercices militaires sont de nature «défensive», «Cossack Mace» diffère en ce qu’elle déclare ouvertement que ses forces s’entraînent à une offensive. Selon la déclaration des forces armées ukrainiennes (AFU): «des actions défensives seront élaborées, suivies d’une offensive qui vise à restaurer les frontières et l’intégrité territoriale du pays qui s’est fait attaquer par un État voisin hostile», faisant clairement allusion à la Russie.

En février de cette année, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a approuvé une stratégie qui vise à récupérer la Crimée, une péninsule de la mer Noire qui a été annexée par la Russie en mars 2014, à la suite d’un coup d’État d’extrême droite soutenu par l’impérialisme dans la capitale ukrainienne, Kiev. Cette décision a déclenché une crise militaire majeure dans la région de la mer Noire en avril. Zelensky a récemment menacé de manière provocante d’imposer un blocus complet aux territoires de l’est de l’Ukraine contrôlés par les séparatistes qui ont l’appui de la Russie.

Outre les exercices de cette semaine, plus tard en juillet, l’Ukraine, les États-Unis, la Pologne et la Lituanie prendront part à un autre exercice militaire terrestre connu sous le nom de «Trois épées 2021», qui comprendrait plus de 1.200 militaires et plus de 200 véhicules de combat.

Cette semaine, Zelensky a également annoncé que le pays recevrait des États-Unis des bateaux de combat rapides Mark VI au cours de l’année à venir.

Dans ses provocations continues contre la Russie, le gouvernement Zelensky est motivé dans une large mesure par une crise intérieure qui s’aggrave.

Zelensky, qui a été élu à l’origine avant tout pour répudier les politiques militaristes de l’ancien président Petro Porochenko, a non seulement poursuivi, mais aussi intensifié les politiques impopulaires de son prédécesseur. Le pays le plus pauvre d’Europe reste embourbé dans une guerre civile en cours dans l’est de l’Ukraine, qui a fait 14.000 morts, 1,4 million de déplacés et 3,5 millions de personnes qui nécessitent une aide humanitaire.

La crise sociale et politique est exacerbée par la pandémie de coronavirus et ses retombées économiques. Selon un récent sondage d’opinion réalisé par l’Institut international de sociologie de Kiev, 52,7 pour cent des Ukrainiens désapprouvent désormais le gouvernement de Zelensky.

Les exercices militaires et les achats d’équipements en cours indiquent que l’Ukraine poursuit l’intégration de ses forces militaires à l’impérialisme occidental. Cependant, la classe dirigeante ukrainienne n’a toujours pas reçu l’assurance qu’elle sera un jour officiellement incluse dans l’OTAN. Le fait que l’Ukraine ne reçoive toujours pas d’invitation officielle a laissé la classe dirigeante ukrainienne apoplectique.

Au début du mois de juin, le président des États-Unis, Joe Biden, et le secrétaire d’État, Antony Blinken, ont démenti sur Twitter la déclaration de Zelensky selon laquelle l’Ukraine s’était vu garantir une place au sein de l’OTAN lors du sommet annuel de l’alliance en Belgique. Zelensky a écrit: «Je félicite les partenaires de l’OTAN pour leur compréhension des risques et des défis auxquels nous sommes confrontés. Les dirigeants de l’OTAN ont confirmé que l’Ukraine deviendra membre de l’Alliance et le #MAP fait partie intégrante du processus d’adhésion. Elle [l’Ukraine] mérite d’être appréciée à sa juste valeur pour le rôle qu’elle joue dans la sécurité euroatlantique».

Quelques minutes plus tard, les commentaires de Zelensky ont été contredits par le président américain Biden qui a déclaré: «Cela dépend s’ils remplissent les critères. Le fait est qu’ils doivent encore se débarrasser de la corruption. Le fait est qu’ils doivent remplir d’autres critères pour être admis dans le plan d’action. Et donc, vous savez, c’est en suspens. Cela reste à voir».

En ce qui concerne le statut de l’Ukraine, le secrétaire d’État Antony Blinkin a déclaré que «rien n’a changé – cela remonte à 2008», en référence à une conférence de l’OTAN de 2008 qui a proposé pour la première fois que l’ancienne république soviétique puisse potentiellement adhérer un jour. Pour ce faire, l’Ukraine devrait recevoir un plan d’action officiel pour l’adhésion, ce qui, malgré les supplications de Zelensky, ne s’est pas encore produit.

Alors que le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, avait précédemment exprimé son optimisme quant aux chances de l’Ukraine d’entrer dans l’OTAN, sa position a changé après les commentaires de Biden et a déclaré que l’Ukraine devait «en faire plus» et que l’entrée de l’Ukraine «n’était pas l’objet de ce sommet».

Avant le coup d’État de 2014 soutenu par les États-Unis, l’Ukraine avait conservé un statut non aligné vis-à-vis de l’OTAN. En 2014, elle s’est engagée dans une démarche d’intégration à l’OTAN. En février 2019, le gouvernement ukrainien a adopté un amendement constitutionnel affirmant sa volonté de rejoindre à la fois l’OTAN et l’UE et, en juin de l’année dernière, il est devenu membre du programme de Partenariat pour des opportunités accrues de l’OTAN.

Les relations américano-ukrainiennes se sont encore tendues en mai lorsque le gouvernement Biden a annoncé qu’elle n’imposerait pas, pour l’instant, de sanctions supplémentaires au gazoduc russo-allemand Nord Stream 2. Zelensky s’est plaint d’avoir appris cette décision par la presse et non par un contact direct avec le gouvernement Biden. S’adressant à Axios, Zelensky s’est dit «très désagréablement surpris» par la décision de Washington.

L’achèvement du gazoduc pourrait coûter au gouvernement ukrainien des milliards de dollars en frais de transit annuels perçus sur le gaz russe destiné aux consommateurs européens.

Les relations croissantes de l’Ukraine avec la Chine constituent un autre point de discorde majeur. En mars, après des années de pression de la part des États-Unis, le gouvernement ukrainien a saisi les actifs de la principale entreprise aérospatiale du pays, Motor Sich, afin d’empêcher les investisseurs chinois d’acquérir la société. Les États-Unis avaient dénoncé la décision de la société aéronautique chinoise, Skyrizon, d’acquérir une participation majoritaire dans la société ukrainienne. Washington a déclaré que ces «investissements prédateurs et acquisitions de technologies en Ukraine représentent un risque inacceptable de détournement à des fins militaires».

Malgré l’ingérence évidente des États-Unis, Zelensky a nié toute pression de la part de ses principaux soutiens militaires de l’OTAN.

Après plusieurs réfutations publiques des aspirations de l’Ukraine à l’OTAN au cours des derniers mois, le gouvernement ukrainien a notamment cherché à faire amende honorable auprès de la Chine. Elle a signé un accord d’infrastructure qui verra des entreprises chinoises travailler sur des projets de routes, de ponts et de transit ferroviaire en Ukraine. Dimanche, Song Kui, président de l’Institut contemporain de recherches sur l’économie régionale Chine-Russie, a déclaré au Global Times: «Si Kiev peut reconnaître la situation et se débarrasser de la dépendance du pays à l’égard de l’Occident, les perspectives de coopération Chine-Ukraine sont bonnes».

L’accord n’a été conclu qu’après que l’Ukraine a accepté de retirer sa signature d’une déclaration internationale conjointe demandant que des observateurs indépendants soient autorisés à enquêter sur les violations présumées des droits de l’homme contre les Ouïghours dans la région chinoise du Xinjiang. Ces allégations ont été régulièrement présentées par les États-Unis comme une arme de politique étrangère contre Pékin. L’accord a été signé fin juin, mais le gouvernement de Kiev ne l’a rendu public que cette semaine.

(Article paru en anglais le 9 juillet 2021)

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