Le variant Delta a été identifié dans 104 pays lors d’une nouvelle vague de la pandémie

«Le monde est à un point périlleux de cette pandémie. Nous venons de franchir le cap tragique des quatre millions de décès enregistrés par le COVID-19, probablement une sous-estimation du bilan global. Certains pays qui ont une couverture vaccinale élevée prévoient maintenant de procéder à des rappels dans les mois à venir, abandonnent les mesures sociales de santé publique et se détendent comme si la pandémie était déjà terminée» — Directeur général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a indiqué que le variant Delta du coronavirus s’était propagé à au moins 104 pays la semaine dernière, parallèlement à la tendance inquiétante des courbes épidémiologiques des nouvelles infections. Lors de la conférence de presse de l’OMS sur le coronavirus, la Dre Maria van Kerkhove, responsable technique du COVID-19, a mis en garde contre cette évolution désastreuse. «J’ai recompté ce matin. Plus de deux douzaines de pays dont les courbes épidémiologiques sont presque verticales en ce moment», ce qui signifie que la pandémie se développe à un rythme exponentiel.

Le 21 juin, la moyenne mobile sur sept jours avait atteint un minimum de 360.000 infections au COVID-19 par jour. Elle est actuellement de 425.000 cas par jour, soit une augmentation de 18 pour cent en un peu plus de deux semaines. La courbe épidémiologique des décès signalés a également augmenté. Au 10 juillet 2021, on avait signalé 187,2 millions d’infections de COVID-19 et 4,04 millions de décès dans le monde.

Une fresque murale en swahili met en garde contre le coronavirus à Nairobi, au Kenya, le samedi 12 juin 2021. (AP Photo/Brian Inganga)

Dans toutes les régions du monde, les statistiques hebdomadaires indiquent que les infections sont en hausse ou restent élevées:

La tendance en Europe est alarmante, car l’évolution d’une semaine sur l’autre s’est accélérée au cours des trois dernières semaines. La semaine commençant le 28 juin 2021, on a recensé 543.584 cas confirmés, soit une augmentation de 40,1 pour cent.

Bien que les Amériques aient connu une baisse de 13 pour cent par rapport à la dernière semaine de juin, le nombre de nouvelles infections hebdomadaires reste proche du million.

Les cas en Asie du Sud-Est ont à nouveau augmenté avec près de 613.000 infections par semaine, soit une hausse de près de 7 pour cent.

De même, la Méditerranée orientale a vu les cas augmenter une fois de plus, avec près de 246.000 infections pour la semaine débutant le 28 juin 2021, soit une hausse de 11,1 pour cent.

L’Afrique a enregistré le plus grand nombre de cas confirmés jamais signalés pendant la pandémie, avec 204.000 nouvelles infections, soit une augmentation de 14,8 pour cent par rapport à la semaine dernière. Il semblerait que le nombre de nouveaux cas signalés diminue, mais cette évolution devra être suivie de près.

Dans le Pacifique occidental, la transmission communautaire reste élevée, bien que les cas signalés soient restés stables. Il y a eu 128.000 nouveaux cas pour la semaine commençant le 28 juin 2021.

Les courbes épidémiologiques des décès signalés suivent la tendance des infections dans leurs régions respectives.

Aux États-Unis, où le variant Delta domine désormais, la moyenne des nouveaux cas quotidiens sur sept jours est en hausse depuis le 21 juin 2021 – date à laquelle elle avait atteint son point le plus bas avec seulement 12.000 nouvelles infections par jour. La dernière fois que les États-Unis ont connu de tels chiffres remonte au 26 mars 2020, lorsque la pandémie émergente s’est abattue pour la première fois sur la population de la ville de New York.

Les cas grimpent à nouveau, ayant atteint 18.000 cas par jour. À la fin de la semaine dernière, les États-Unis ont enregistré un bond soudain des nouvelles infections, avec plus de 27.000 cas par jour. La moyenne des décès sur sept jours a cessé de baisser, avec environ 220 personnes décédées chaque jour. Au 10 juillet 2021, le nombre cumulé de décès s’élève à 622.819, et on a signalé 34,7 millions d’infections.

La Floride semble être devenue le nouvel épicentre, puisque les cas sont passés d’environ 1.000 par jour entre la mi-juin et la fin juin à près de 5.800 cas le 10 juillet 2021. Cependant, les régions du Sud-Est et certaines parties du Midwest, où les taux de vaccination sont comparativement faibles, continuent d’enregistrer une hausse des infections. Les taux d’hospitalisation liés au COVID-19 au cours des deux dernières semaines ont augmenté de 40 pour cent en Arkansas, au Nevada et en Iowa.

Ashish Jha, doyen de l’école de santé publique de l’université Brown, qui a adopté une attitude de laisser-faire concernant la réouverture des écoles, a déclaré à Politico: «Je suis un peu surpris de la rapidité avec laquelle Delta s’est répandu. Nous ne sommes qu’à une semaine du mois de juillet, et il est partout. Cela suggère qu’il est beaucoup, beaucoup plus contagieux que le variant Alpha. Cela me rend nerveux… à quel point il est contagieux et à quelle vitesse il se propage».

Dans toute l’Europe, les tendances hebdomadaires des cas ont alarmé les agences internationales de santé publique. Dans de nombreux pays, on observe des taux de transmission verticale, ce qui signifie que les cas explosent. Aux Pays-Bas, le nombre de cas a augmenté de près de 400 pour cent par semaine, avec 22.071 nouveaux cas en sept jours. Autres augmentations: la Grèce, 163 pour cent; l’Espagne, 101 pour cent; la Belgique, 66 pour cent; la France, 61 pour cent; le Portugal, 39 pour cent; le Royaume-Uni, 31 pour cent avec 203.159 nouveaux cas en une semaine seulement; l’Allemagne, 19 pour cent; et la Russie, 13 pour cent avec 171.858 nouveaux cas.

Malgré ces évolutions, la finale de l’Euro 2020 a accueilli plus de 60.000 partisans en liesse qui ont encouragé leurs équipes au stade de Wembley lors du match entre l’Angleterre et l’Italie. Les deux pays ont vu environ 128.000 de leurs citoyens mourir pendant la pandémie. Ce match, dont la propagation est garantie et qui fera encore plus de victimes, illustre le jeu dangereux que les élites dirigeantes jouent avec la vie de la population.

En Afrique, dix pays, dont la Libye, le Sénégal, le Nigeria, le Tchad et le Mozambique, voient les cas doubler chaque semaine. La Tunisie, avec une augmentation hebdomadaire de 44 pour cent, a signalé 49.000 nouvelles infections pour la semaine. Les épidémies les plus graves se développent en Afrique australe et orientale. Le Zimbabwe, avec 12.403 cas pour la semaine, a connu une augmentation hebdomadaire de 67 pour cent des nouveaux cas. Avec 137.861 nouveaux cas pour la semaine, l’Afrique du Sud a connu une augmentation de 11 pour cent des cas, mais une augmentation de 46 pour cent des décès.

Pendant sept semaines consécutives, les cas ont augmenté sur tout le continent. Au cours des sept jours qui ont précédé la première semaine de juillet, les infections ont augmenté de 20 pour cent par rapport à la semaine précédente. Le nombre de décès a également augmenté dans les mêmes proportions. Le directeur régional de l’OMS pour l’Afrique, Matshidiso Moeti, a déclaré: «L’Afrique vient de connaître la semaine de pandémie la plus grave jamais enregistrée sur le continent. Mais le pire est encore à venir, car la troisième vague, qui se déplace rapidement, continue de prendre de la vitesse et de gagner du terrain… Il faudra encore des semaines pour voir la fin de cette progression précipitée».

L’Indonésie a pris le statut misérable d’épicentre de la pandémie en Asie. Avec une population diversifiée de 270 millions de personnes, 700 langues régionales y sont parlées, représentant 300 groupes ethniques. Cependant, la pandémie a plongé le pays dans la récession, ajoutant aux conflits sociaux causés par le tsunami d’infections.

La moyenne des nouvelles infections sur sept jours continue d’augmenter fortement, ayant dépassé plus de 33.000 par jour. Le nombre de décès augmente brusquement et dépassera très bientôt les 1.000 décès par jour en moyenne sur sept jours. Pour la seule journée du 7 juillet 2021, le pays a enregistré 1.040 décès. On annonce les noms des morts sur des haut-parleurs dans les mosquées voisines de Java, l’île la plus peuplée, ce qui constitue un sinistre rappel du bilan mortel du virus.

Toutefois, selon le Dr Dicky Budiman de l’université Griffith d’Australie, les chiffres officiels sont largement sous-estimés au vu des données sur les décès enregistrées au niveau local. «Nous savons que nous avons déjà atteint plus de 100.000 par jour», a-t-il déclaré au Guardian. Les cimetières publics de Jakarta débordent de cadavres. Selon les responsables de la ville, le nombre d’enterrements a été multiplié par dix depuis le mois de mai.

Alors que les hôpitaux sont confrontés à un déluge de patients, les médecins et les infirmières sont également victimes de l’infection, ce qui affaiblit davantage la fragile infrastructure du système de soins de santé. L’oxygène et les ressources médicales s’épuisent rapidement alors que les tensions sociales et la confusion abondent. Adib Khumaidi, chef de l’équipe d’atténuation des risques de l’Association médicale indonésienne, a observé: «Ce qui se passe actuellement dans les hôpitaux est un effondrement fonctionnel».

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Part des personnes vaccinées par continent et par pays sélectionnés (en pâle: partie de la population partiellement vaccinée; en foncé: partie entièrement vaccinée)

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Avec près de 3,4 milliards de doses de vaccins COVID-19 (44 doses pour 100 personnes) administrées, on constate une tendance alarmante selon laquelle le taux de vaccination commence à baisser dans le monde. Ce phénomène est aggravé par la disparité persistante des programmes de vaccination dans les différents pays.

Actuellement, 25,2 pour cent de la population mondiale a reçu au moins une dose de vaccin COVID-19. Cependant, seul un pour cent des habitants des pays à faible revenu a reçu au moins une dose. Comme le montre le graphique, l’Asie, l’Amérique du Sud et l’Afrique, où réside la majorité de la population mondiale, n’ont reçu qu’une fraction minuscule de ces traitements qui sauvent des vies.

Les gouvernements des pays à revenu élevé continuent d’ignorer les avertissements répétés de l’OMS qui les encourage à prendre toutes les mesures de santé publique nécessaires pour endiguer la hausse des infections. Au lieu de cela, les vaccins sont utilisés comme des leviers pour promulguer des mesures qui visent à assurer un retour rapide à la normalité économique, ignorant la menace que posent les itérations de nouveaux variants plus virulents.

(Article paru en anglais le 12 juillet 2021)

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