Macron annonce une politique laissant le variant delta se propager en France

Lors de son allocution télévisée lundi soir, Macron a présenté une série de mesures sanitaires visant prétendument à freiner la propagation du variant Delta, responsable d’un début de quatrième vague à travers l’Europe après plusieurs semaines de baisse continue. Tout en incitant à la vaccination, Macron maintient en fait la politique d’«apprendre à vivre avec le virus», laissant la population se contaminer.

La levée des restrictions sanitaires en Europe alors que le variant Delta devrait devenir majoritaire d’ici le mois d’août sur le continent entraînent une augmentation catastrophique des cas malgré les campagnes de vaccination en cours. Les cas hebdomadaires de COVID-19 ont sextuplé au Pays-Bas et doublé en Belgique, en Grèce et en Suisse. Ils augmentent d’environ 50 pour cent en Italie, en Espagne et en France et de 30 pour cent au Royaume Uni, l’actuel épicentre européen de la pandémie.

En France la situation est inquiétante. Interrogé dimanche 11 juillet sur Radio J, le ministre de la santé Olivier Veran a affirmé que «la France se trouvait au départ de quelque chose qui ressemble à une vague épidémique.» Il fait l’aveu que «les près de 4.700 cas enregistrés samedi 'pourraient devenir 6.000 dans une semaine, 10.000 dans 15 jours et monter au-dessus de 20.000 début août si nous n'agissons pas».

Il a pris en exemple la Grande-Bretagne, avec laquelle la France a «quatre semaines de décalage». Le pays est remonté à 30.000 cas quotidiens, et la pression hospitalière «commence à augmenter de 30-40% par semaine, avec déjà des hôpitaux qui déprogramment les soins».

C’est dans ce contexte que Macron a annoncé qu’à compté du 21 juillet, le Pass sanitaire devenait obligatoire dans tous les lieux de loisirs et de culture (théatres, cinémas, salles de concerts, festival, parc d'attraction) de plus de 50 personnes. Début août, le Pass sanitaire est obligatoire pour les clients mais aussi les salariés dans les lieux de vie publics: cafés, bars et restaurants (terrasses incluses), train, avion et car pour les longues distances, centres commerciaux, maisons de retraite, établissements socio-médicaux.

Emmanuel Macron a annoncé le lancement d'une «campagne de rappel dès la rentrée» pour les personnes vaccinées en janvier et février. «Les rendez-vous pourront être pris dès les premiers jours de septembre», a précisé le chef de l'État. À la rentrée scolaire, des campagnes de vaccination «spécifiques» seront également déployées auprès de tous les collégiens, les lycéens et les étudiants du pays.

Macron a également l’intention de faire payer les utilisateurs pour les tests COVID-19 à partir d’octobre «sauf prescription médicale». Si les responsables ont déclaré que cette mesure visait à éliminer les tests de «confort» et à encourager tout le monde à se faire vacciner, le gouvernement craignait sans doute que le coût total des tests n’atteigne plusieurs milliards d’euros au courant de cette année.

A partir du 13 juillet, Macron instaure l'état d'urgence sanitaire, qui avait été abrogé le 1er juin dernier, en Martinique et en Guadeloupe où le «niveau de vaccination insuffisant» et par la «forte pression» hospitalière sur les deux îles. Vendredi, la Guadeloupe avait déjà annoncé le rétablissement des «motifs impérieux» pour voyager en Martinique, en raison de la dégradation de la situation sanitaire dans cette dernière.

La politique de Macron vise à encourager la population et en particulier les jeunes dont le taux d’incidence est les plus élevé, passé en en une semaine de 29 à 53 chez les 10-19 ans, et chez les 20-29 ans avec une incidence qui frôle les 100, contre 52 la semaine précédente, à se faire vacciner.

Après l’allocution de Macron, le site Doctolib a enregistré plus de 920 000 rendez vous pour se faire vacciner bien insuffisant.

En effet dans un pays où seul 38 pour cent de la population a été vaccinée avec deux doses et 52 pour cent ayant reçu qu’une dose, les 920 000 inscriptions n’éviteront pas la quatrième vague puisque des dizaines de millions de personnes ne sont pas vaccinées et n’ont pas de rendez vous de pris. Pour que la vaccination soit efficace contre le variant Delta il faudrait selon les spécialistes qu’environ 80 pour cent de la population soit vaccinée pour atteindre une immunité collective.

Le vaccin n’étant pas efficace à 100 pour cent et même si le taux de mortalité resterait faible, la forte augmentation de la circulation du virus signifierait que des millions de personnes restent exposé à un danger mortel. L’épidémiologiste Professeur Neil Ferguson a averti que le Royaume-Uni pourrait se retrouver avec 200 à 250 décès par jour en Grande-Bretagne d’ici la fin de l’été. Ceci peut être transposé à la France, alors que le nombre de vaccinés au Royaume-Uni est plus important qu’en France.

Macron a annoncé l'obligation de se faire vacciner contre le Covid-19 pour toutes les personnes travaillant auprès des plus fragiles, soignants ou non-soignants (hôpitaux, cliniques, Ehpad, professionnels et bénévoles auprès des personnes âgées, sapeurs-pompiers, ambulanciers). «Pour tous ceux concernés, ils auront jusqu'au 15 septembre pour se faire vacciner». A cette date, des contrôles pourront être effectués et les non-vaccinés «ne pourront plus travailler et ne seront plus payés», a précisé le ministre de la Santé Olivier Véran.

Or, cette annonce que le personnel soignant devra se faire vacciner ne fait que souligner le fait que le gouvernement Macron n’a ni fourni un vaccin universellement au reste de la population, ni tenté de convaincre les Français de la nécessité de le faire. Les enfants de moins de 12 ans, ne disposant d’aucun vaccin, sont entièrement exposés au coronavirus. Déjà, en Espagne 600 personnes de moins de 30 ans étaient en réanimation la semaine dernière et 80 étaient morts de Covid-19.

Les dirigeants bourgeois savent qu’une colère sourde se développe parmi les travailleurs. Un allié du gouvernement, le chef du MoDem François Bayrou, a avoué sa «hantise» d’une perte importante de vies d’enfants liée à la généralisation des variants. Bayrou a ajouté, «Si ça touchait les enfants, et les enfants en bas âge, alors je crois qu’on se trouverait devant des vagues qui mettraient en cause la stabilité même de la société.»

Pourtant Macron poursuit sa fuite en avant, tout en attaquant les travailleurs. Il a annoncé la mise en œuvre d’une réforme attaquant l’assurance-chômage, ainsi que la préparation d’une réforme des retraites sur un calendrier qui dépendrait de la situation sanitaire. En même temps, le plan de relance européen de 100 milliards d’euros pour la France et les 1.250 milliards d’euros du plan de relance européen pour les banques augmentent massivement la richesse de l’élite financière.

Ces réformes, étroitement coordonnées avec les appareils syndicaux, ne font que souligner que pour Macron, les profits de l’aristocratie financière valent bien plus que les vies des Français.

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