Perspectives

Une action urgente est nécessaire pour arrêter la montée du variant Delta aux États-Unis!

Les États-Unis sont au milieu d’une forte nouvelle montée de la pandémie de COVID-19 qui a déjà coûté la vie à 624.000 personnes. Durant le dernier mois, le nombre de cas quotidiens a augmenté de 250 pour cent, entraînant une hausse des hospitalisations et une augmentation significative du taux de mortalité quotidien.

«La (4e) vague Delta aux États-Unis montre déjà qu’elle est en passe de devenir la plus grave jamais vue» dans les principaux points chauds, a noté Eric Topol, professeur de médecine moléculaire à l’Institut de recherche Scripps.

Cette montée se concentre dans les régions les plus pauvres du pays comme l’Arkansas, le Mississippi, le Missouri, la Floride et le Nevada, où les taux de vaccination sont aussi les plus faibles. Dans le Missouri, le dixième État le plus pauvre du pays, qui affiche l’un des taux de vaccination les plus bas, le taux d’occupation des hôpitaux est le plus élevé de toute la pandémie. «Nous n’avons des lits disponibles que lorsque quelqu’un meurt, ce qui arrive plusieurs fois par jour», a déclaré à l’Atlantic Terrence Coulter, directeur médical des soins intensifs à CoxHealth.

La Dr Rochelle Walensky, directrice des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), conduit le président Joe Biden dans la salle d’information sur le COVID-19 au siège des CDC, vendredi 19 mars 2021, à Atlanta. (AP Photo/Patrick Semansky)

L’augmentation des cas est due au variant Delta du COVID-19 qui non seulement se propage plus rapidement mais se reproduit de façon bien plus agressive chez les personnes infectées. Une étude publiée au début du mois révèle que la charge virale des personnes infectées par le variant Delta était 1.000 fois supérieure à celles infectées par le variant initial de la maladie.

La recrudescence de la maladie dans les régions du pays aux taux de vaccination les plus bas s’est accompagnée d’une augmentation troublante des infections « post-vaccinales », de personnes vaccinées. Selon les chiffres officiels des CDC (Centres de contrôle des maladies) 791 personnes entièrement vaccinées sont mortes du COVID-19 à ce jour aux États-Unis et 5.000 ont été hospitalisées.

Trois athlètes entièrement vaccinés à l’intérieur du village olympique de Tokyo et un membre du personnel ont testés positifs au cours du week-end, ce qui augmente la menace de nouvelles éclosions du virus lors du plus grand événement sportif dans le monde. Ces derniers jours, trois membres de la délégation de la Chambre des représentants du Texas à Washington, D.C., entièrement vaccinés, ont été testés positifs après avoir voyagé sans masque dans un avion affrété.

De plus, moins de la moitié de la population des États-Unis est entièrement vaccinée. Si les médias imputent ce fait aux personnes refusant de se faire vacciner, c’est bien la classe dirigeante qui n’a pas voulu organiser le type de programme d’éducation publique et de distribution de masse qui est nécessaire.

Ces derniers jours, il est devenu clair que le gouvernement américain escompte que la recrudescence ayant déjà eu lieu dans les États du sud n’est que le prélude à une nouvelle vague de la pandémie.

«Cela va tout simplement se propager dans la population», a déclaré l’ancien directeur de la FDA de Trump, Scott Gottlieb, à CNBC vendredi. Il a pointé un modèle interne des CDC qui montrait «une épidémie croissante, une vague d’infection de ce variant Delta se déplaçant dans la population au cours des deux prochains mois.»

«Les hypothèses intégrées à ces modèles sont : aucune atténuation, pas d’obligation de port de masques, pas de fermeture d’entreprises», a ajouté Gottlieb. «Je pense que ce sera probablement la norme».

Ce que Gottlieb décrit c’est une contamination massive et délibérée de la population américaine, qui favorisera la mort de dizaines ou de centaines de milliers de gens. Le directeur de la FDA nommé par Trump ne décrivait pas là un monde idéal qui existerait si Trump, le négationniste déclaré du COVID-19, était encore au pouvoir, mais bien la politique réelle du gouvernement Biden.

Le 13 mai, le CDC, sous la pression du gouvernement Biden, a annoncé qu’il ne recommandait plus aux personnes vaccinées de porter des masques, ce qui a déclenché l’abandon effectif de toutes les mesures de distanciation sociale par les entreprises, les États et les municipalités de tout le pays.

Le «World Socialist Web Site», dans une position conforme à celle de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et des principaux experts en santé publique, s’était opposé à la décision du CDC. Nous avions prévenu qu’elle conduirait à une nouvelle résurgence de la pandémie. Moins de deux mois plus tard, cet avertissement se confirme.

Face au résultat désastreux de la politique de la Maison-Blanche, la directrice du CDC de Biden, la Dr Rochelle Walensky, s’est vu demander la semaine dernière: «Y a-t-il une quelconque considération, un quelconque scénario dans lesquel vous pourriez vouloir revenir sur la réouverture des écoles?»

Walensky a répondu: «Je continue de souligner que nos écoles doivent ouvrir à l’automne. Elles doivent ouvrir pour un enseignement complet, en présentiel.» Lorsqu’on lui a demandé à nouveau «Le CDC ne recommande pas aux personnes entièrement vaccinées de porter des masques?» Walensky a répondu: «Nous ne le faisons pas.»

L’opposition ouverte du gouvernement Biden au port du masque et l’arrêt de toutes les mesures de distanciation sociale sont pratiquement indiscernables des politiques de l’ancien président américain Donald Trump. La gestion désastreuse de la pandémie de COVID-19 avait été un facteur majeur de la victoire de Biden.

«220.000 Américains morts», avait déclaré Biden lorsqu’il avait ouvert le deuxième débat présidentiel. «Quiconque est responsable d’autant de morts ne devrait pas rester président des États-Unis d’Amérique». Il a ajouté: «Je vais régler cela. Je vais y mettre fin.»

Mais depuis le jour de son l’investiture, 196.000 personnes supplémentaires sont mortes du COVID-19. Autrement dit, presque autant d’Américains sont morts avec Biden que lorsque celui-ci avait clamé que «quiconque était responsable» d’une telle mort de masse avait perdu le droit d’être président.

Le président qui avait promis de «suivre la science» rejette les demandes des scientifiques, décourage le port de masques et colporte une pseudoscience qui dit que les enfants ne peuvent pas s’infecter et que les écoles ne sont pas des centres de transmission de la maladie.

Des dizaines de millions de personnes ont voté pour Biden croyant qu’il prendrait les mesures nécessaires pour arrêter la pandémie. Mais ses promesses étaient vides, car Biden, comme Trump, représente les intérêts d’une oligarchie financière qui s’est massivement enrichie alors que des centaines de milliers de personnes mourraient.

Il est urgent de tirer les leçons de l’année et demie écoulée depuis le début de la pandémie. Sous la bannière de «l’immunité collective», les gouvernements capitalistes du monde entier ont pris la décision calculée de sacrifier des millions de vies parce que les sauver aurait empiété sur les intérêts de l’oligarchie financière.

Avec plus de quatre millions de morts, la masse de l’humanité n’est pas plus près d’éradiquer la pandémie qu’elle ne l’était en mars. Au contraire, la propagation incontrôlée du virus a entraîné le développement de variants de plus en plus dangereux.

Pour stopper la pandémie, il faut adopter une approche radicalement différente. Cela veut dire la fermeture des écoles et des entreprises non essentielles, avec une compensation complète pour tous ceux qui perdent un salaire ou le revenu d’une petite entreprise. Cela doit être combiné à l’allocation de vastes ressources sociales afin de garantir que chaque cas de COVID-19 soit méticuleusement suivi et que chaque personne infectée reçoive un endroit sûr et confortable pour une quarantaine – avec compensation financière totale – jusqu’à ce qu’elle ne soit plus infectieuse.

C’est un fait fondamental que, malgré le consensus unanime des scientifiques sur les mesures nécessaires pour contenir le COVID-19, un seul parti politique aux États-Unis appelle à l’arrêt de la production non essentielle: le Parti de l’égalité socialiste, affilié au Comité international de la Quatrième Internationale qui publie le «World Socialist Web Site». Cela, parce que le Parti de l’égalité socialiste n’accepte pas les prérogatives économiques de la classe capitaliste.

Si le COVID-19 doit être contenu, ce ne sera que par une mobilisation de masse de la classe ouvrière pour exiger des mesures urgentes afin d’arrêter la pandémie, quel qu’en soit le coût pour la richesse de l’oligarchie financière. Les gains mal acquis par les milliardaires américains pendant que des centaines de milliers de personnes mouraient, doivent être saisis et utilisés pour financer les mesures nécessaires pour arrêter la pandémie.

Alors que la maladie sévit sur les lieux de travail, les travailleurs formeront des comités de la base pour exiger la fermeture de la production non essentielle et l’application de directives de sécurité cruciales. Les enseignants doivent résister, et ils résisteront, aux efforts de réouverture des écoles à l’enseignement en présentiel dans des conditions où la pandémie continue de se propager.

L'incapacité du système capitaliste à arrêter la propagation de la COVID-19 a mis en évidence l'incompatibilité du capitalisme avec les besoins sociaux de l’humanité. La lutte pour sauver les vies humaines durant la pandémie est inséparable de la lutte pour le socialisme.

(Article paru d’abord en anglais le 19 juillet 2021)

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