Rejetez le «contrat de réduction de salaire» Dana-UAW-USW!

Les détails du contrat de Dana révèlent des réductions de salaire, mais pas de changement de la semaine de travail de 70 à 84 heures

Selon les détails de l’accord de principe proposé par Dana et obtenu par le Bulletin d’information des travailleurs de l’automobile, l’entreprise et deux syndicats «représentant» les travailleurs de Dana, les Travailleurs unis de l’automobile (UAW) et les Métallurgistes unis (USW), proposent un contrat hautement abusif bien pire que celui qui est actuellement en vigueur. La proposition elle-même est une insulte et une provocation qui montre que les travailleurs de Dana doivent s’unir et élaborer des stratégies pour une véritable lutte.

Une échelle salariale qui a fait l’objet d’une fuite et qui comprend des chiffres pour les usines de Fort Wayne, en Indiana, et de Pottstown, en Pennsylvanie, montre que le salaire du niveau 2 n’augmentera que de 0,40 à 1,00 dollar par an jusqu’en 2026. Avec une inflation de 4 pour cent par an, il s’agirait en fait d’une baisse de salaire, et d’une baisse massive si l’inflation et le coût de la vie augmentent. Les travailleurs de niveau 2 ne toucheront plus que 22 dollars de l’heure. Les employés actuels qui gagnent 15,50 dollars ne gagneront que 19,25 dollars la sixième année.

Exemplaire de la grille salariale proposée à Fort Wayne et Pottstown.

La rémunération du premier niveau n’augmentera que de 0,35 $ au cours des années 1 et 3 du contrat et de 0,30 dollar au cours de l’année 5, avec un paiement forfaitaire imposable de 1.750 dollars au cours des années intermédiaires.

Les travailleurs devraient appeler cet accord provisoire insultant le «contrat de réduction de salaire».

Cet accord provisoire est une attaque en règle contre les travailleurs de Dana dans toutes les usines, quels que soient la couleur de leur peau, leur nationalité ou leur niveau d’expérience. Ce n’est pas étonnant que l’UAW ait caché cette information aux travailleurs et ne leur ait pas laissé le temps d’y réfléchir avant de voter. C’est une confirmation supplémentaire, comme l’a déclaré le Bulletin d’information des travailleurs de l’auto, que ce que l’UAW et l’USW faisaient avec l’entreprise n’était pas une «négociation» mais une conspiration contre les travailleurs.

Comme l’a dit un travailleur du Kentucky: «L’UAW ne nous représente pas. Les personnes qui représentent notre usine ne sont rien. Ils ne négocient pas, ils sont dans les toilettes à genoux devant les patrons. Ces gens qui “nous représentent” ont les week-ends et 4 semaines de vacances.»

Le caractère provocateur du contrat confirme que l’entreprise se prépare à une épreuve de force majeure. Le moment est venu pour que les travailleurs prennent en main la conduite de cette lutte pour se coordonner entre les usines, partager les informations et élaborer une véritable stratégie. Cela implique la création d’un comité des travailleurs de la base.

L’UAW et l’USW conspirent pour saboter toute lutte des travailleurs. Malgré la possibilité imminente d’une grève, les travailleurs travaillent jusqu’à 84 heures par semaine dans des conditions qui ressemblent à celles des années 1800. L’UAW et l’USW aident l’entreprise à stocker des pièces et tentent d’épuiser les travailleurs et de les pousser à la limite physique et mentale. Pendant ce temps, les travailleurs signalent que l’entreprise fait appel à des briseurs de grève pour se préparer à gérer l’usine de Dry Ridge, au Kentucky, en cas de grève.

Dana peut se permettre d’offrir aux travailleurs une augmentation de salaire significative et une semaine de travail de 40 heures, avec des week-ends de congé garantis, des usines climatisées et des machines sûres, propres et neuves. Au premier trimestre 2021, après avoir forcé les travailleurs à travailler pendant la pandémie de COVID, elle a enregistré un chiffre d’affaires de 2,2 milliards de dollars et effectue une nouvelle série de versements de dividendes aux actionnaires. Le PDG de Dana, un partisan enthousiaste de Trump, a gagné plus de 10 millions de dollars en 2020 tandis que les travailleurs mouraient du COVID et se tuaient à la tâche.

C’est une insulte à l’ensemble de la classe ouvrière internationale que les travailleurs soient contraints d’endurer des conditions comme celles auxquelles les travailleurs de Dana font face chaque jour.

À Dry Ridge, au Kentucky, une travailleuse de Dana est morte en juillet après s’être endormie au volant après avoir travaillé 84 heures durant sa semaine. Elle a laissé derrière elle six petits-enfants. Un autre travailleur est mort dans la même usine après avoir eu une crise d’épilepsie dans l’atelier. Les collègues ont reçu l’ordre de ne pas aider l’homme qui se débattait sur le sol. L’entreprise a continué à faire fonctionner la chaîne de production et a même envoyé à la travailleuse décédée un avis qui l’informait qu’elle devait travailler le week-end suivant.

Un vent de rébellion se lève contre ces conditions, qui sont maintenues avec la complicité des syndicats, les supposés représentants des travailleurs. Les travailleurs sont en colère et cherchent un moyen de lutter. Des milliers de travailleurs ont lu la déclaration du 20 août du Comité de base des travailleurs de Dana, intitulée «Publiez le contrat complet! Les travailleurs ont le droit de savoir ce que contient l’accord provisoire!»

Les travailleurs d’autres usines signalent qu’ils travaillent également 12 heures par jour, 7 jours par semaine, avec un travail obligatoire tous les week-ends:

Paris, Tennessee: «Nous ne savons rien de notre contrat. Tout ce que nous savons, c’est qu’il y a un accord de principe. Ils ne nous ont rien dit. Ils nous ont dit “détails à venir”, et nous n’avons même pas d’heure pour notre réunion du week-end prochain. Nos représentants syndicaux nous ont dit que nous ne pouvions pas faire grève pour de l’argent. Ils nous disait qu’on pourrait seulement faire grève sur des questions de santé et de sécurité».

Ft. Wayne, Indiana: «J’ai vu la situation se dégrader complètement. Notre syndicat ne fait rien et, à en juger par ce contrat sur lequel ils essaient de nous faire voter, ils se foutent de notre gueule. Nous avons un système à deux vitesses et ce n’est pas ce qu’il est censé être. C’est censé être égal pour tous. Nous sommes tous furieux ici».

Lima, Ohio: «Je travaille à l’usine Dana de Lima. Notre situation est similaire à la vôtre: nous ne savons rien du contrat et nous sommes laissés dans le noir. Cela serait bien de savoir ce qui se passe. Quelques-uns de nos travailleurs viennent de revenir après avoir été déclarés positifs au COVID-19 et pas une seule fois ils ne sont venus nettoyer la machine où ils travaillaient ou nous faire savoir qu’ils avaient le COVID. Ils font venir toutes ces nouvelles recrues avec des primes à l’embauche et quand nous avons demandé ce qu’il en était de nous, on nous a répondu “c’est comme ça”».

St. Clair, Michigan: «Nous sommes tout aussi outrés que vous par le manque total de communication. Notre président de syndicat n’a pas communiqué avec les représentants de nos équipes. Certains d’entre nous pensent que la seule raison pour laquelle ils ont annoncé un “accord de principe” est votre reportage. Nous sommes actuellement obligés de travailler 12 heures par jour, 5-6 jours par semaine, et 8-12 heures le dimanche. Nous n’avons pas à nous préoccuper des problèmes de santé comme vous le faites, à l’exception de la très mauvaise gestion du Covid. J’aimerais que nos deux usines se réunissent par solidarité et se défendent contre l’UAW et Dana.»

Dry Ridge, Kentucky: «On ne peut pas demander ou signaler quoi que ce soit aux représentants syndicaux et si l’on est convoqué à la «Trump Tower» pour être critiqué, même si l’on sait qu’on a raison, le syndicat ne nous appuie pas. Dana leur dit de se taire et de laisser faire! Le syndicat est faible à nos yeux!»

Des militants du WSWS font campagne pour la grève de Volvo à l’usine d’assemblage de Sterling Heights, en banlieue de Detroit, le 7 juin 2021 (WSWS Photo)

Un travailleur de Volvo en Virginie qui a mis en place un comité des travailleurs de la base pendant leur lutte plus tôt cette année avait un message pour les travailleurs de Dana: «Vous devez mettre en place un comité de la base. L’UAW va se fâcher, mais vous devez obtenir des informations. Beaucoup de gens n’ont jamais pensé ou entendu parler d’autre chose que ce que le syndicat nous a dit. Mais avec un comité de la base, nous avons obtenu des informations et incité les gens à sortir des sentiers battus. Nous nous sommes organisés. Vous devriez le faire aussi».

Pour vous unir à nous dans un combat commun, nous invitons nos frères et sœurs à rejoindre le comité de base des travailleurs de Dana. Envoyez-nous un courriel (en anglais, espagnol ou anglais) à danawrfc@gmail.com et un SMS au (248) 602-0936.

(Article paru en anglais le 23 août 2021)

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