La réouverture des écoles françaises menace la vie des enfants

Au milieu de la montée en flèche du variant Delta en France, le gouvernement Macron prévoit, de faire revenir, la semaine prochaine, des millions d’enfants à l’école. A partir du 2 septembre, des millions d’étudiants français retourneront dans les amphis et les cantines étudiantes, quel que soit leur statut vaccinal.

Comme lors de la réouverture des écoles en septembre 2020 en France (lorsque les cas quotidiens n’étaient que de 5.407 en moyenne), cela entraînera une nouvelle vague de cas de COVID-19 et la propagation de nouveaux variants dans une population où le 26 août, 63 % sont complètement vaccinés, mais beaucoup moins chez les plus jeunes. Les cas quotidiens en France ont été en moyenne de 19.993 au cours des sept derniers jours avec 112 décès en moyenne sur la même période, le total le plus élevé depuis mai.

Malgré les affirmations antiscientifiques généralisées des médias capitalistes selon lesquelles le virus n’est pas dangereux pour les jeunes, en juillet 2021, au moins 16 enfants d’âge scolaire étaient morts du COVID-19 dans les hôpitaux français. Les étudiants d’âge universitaire ont également gravement souffert tout au long de la pandémie. Dans le groupe d’âge des 20-29 ans, 81 décès dus au COVID-19 ont été enregistrés dans les hôpitaux. Ces décès sont survenus avant la propagation du variant Delta, qui représente désormais plus de 90 % des cas en France et est beaucoup plus meurtrier et dommageable pour les enfants et les jeunes.

Le variant Delta est plus contagieux, mortel et extrêmement dangereux pour les enfants. Sa propagation a été associée à des hospitalisations et des décès d’enfants record en Inde, aux États-Unis et en Indonésie. Depuis début juillet, plus de 100 décès d’enfants ont été enregistrés chaque semaine par la Société indonésienne de pédiatrie. En août, au moins quatre enfants sont morts aux États-Unis du COVID-19 à la suite d’une infection à l’école.

Comme aux États-Unis, la réouverture des écoles françaises, alors même que des dizaines de milliers de contaminations sont enregistrées quotidiennement, va accélérer la propagation du virus et entraîner des décès plus tragiques et évitables.

Fin juillet, le ministre français de l’Éducation, Jean-Michel Blanquer, a dévoilé un plan à quatre niveaux qui équivalait à un engagement à éviter de suspendre l’enseignement en personne, quel que soit le coût humain. Les niveaux vert, jaune, orange et rouge sont un méli-mélo de mesures partielles, dont le port du masque, le mélange de groupes et l’annulation de certains sports. Dans le contexte de la transmission communautaire de masse, ces règles ne suffiront pas à protéger les enfants, les enseignants ou les familles.

Ce n’est qu’au niveau orange et rouge qu’il y a un retour à l’éducation en ligne. Dans un niveau d’alerte «rouge», les 15-16 ans auront des classes hybrides à 50 % de leur capacité et les lycéens auront également des classes hybrides. Bien que les personnes vaccinées puissent infecter d’autres personnes avec le virus, si un membre de la classe du secondaire est positif, seuls les élèves non vaccinés seront renvoyés chez eux. Les classes de l’école primaire se poursuivront avec un enseignement en personne, quels que soient les niveaux d’alerte.

Une partie des plans du gouvernement pour assurer la poursuite de l’éducation en personne est la vaccination des 12 à 18 ans, si l’autorisation parentale est accordée. Fin septembre, le passeport sanitaire pour les événements sociaux et culturels sera également étendu à tous les adolescents de plus de 12 ans, bien qu’il ne s’appliquera pas aux écoles. Blanquer a également déclaré que 600.000 tests seront effectués par semaine. Cependant, étant donné que plus de 12,4 millions d’enfants et 821.000 enseignants fréquentent les écoles en France, ce sera loin d’être suffisant pour empêcher des épidémies majeures.

De plus, le niveau d’alerte est fixé arbitrairement par le gouvernement, ce qui signifie que la mise en œuvre de ces règles limitées se fera en fonction du niveau de décès que le gouvernement pense pouvoir être supportable et non sur des critères scientifiques objectifs. 

Le jeudi 26 août 2021, lors de la conférence de presse pour la rentrée scolaire, Blanquer a indiqué que pour la France métropolitaine, le niveau 2 jaune, prévoyant des mesures minimales serait uniformément retenu. Aucune distinction n’est faite à se stade entre les régions ou départements malgré des niveaux de contamination localement très différents. Lorsqu’il a évoqué des mesures différenciées possibles, Blanquer a déclaré de façon provocatrice qu’à l’avenir, « On peut aussi imaginer un niveau 1», dans lequel le masque ne serait pas obligatoire dans les classes pour les écoliers.

Les conséquences mortelles de cette situation sont déjà visibles sur l’île française de la Réunion dans l’océan Indien. Malgré un record de 3.590 cas la semaine dernière, soit l’équivalent de près de 275.000 cas hebdomadaires dans la population métropolitaine, 220.000 écoliers sont retournés en classe le 16 août. Selon Le Quotidien de la Réunion, après la première semaine de classe, le 24 août, « le rectorat n’est pas en mesure d’indiquer combien d’élèves et de membres du personnel étaient concernés mais certains professeurs de l’ouest ont relaté une situation concernant vingt cas positifs dans une seule classe ». 42 classes de primaire étaient fermées et les élèves de 68 classes de secondaire étaient isolés. 

En Polynésie française, à cause de la flambée épidémique causée par le variant Delta, le taux d’incidence est 10 fois plus élevé qu’en métropole et s’élève à 2.523 cas pour 100.000 habitants. Les autorités ont décidé très tardivement de fermer les écoles, pour au moins 15 jours. Edouard Fritch, le président de la Polynésie, a indiqué que depuis la rentrée qui avait eu lieu les 10 et 11 août, le taux d’absentéisme à l’école était proche de 40 % en primaire et de 30 % dans le secondaire, en raison de la propagation du variant Delta, et des nombreuses fermetures de classes.

Le plan du gouvernement Macron n’a rien à voir avec la défense de la santé ou de l’éducation des enfants, mais cherche à réduire autant que possible les perturbations de l’extraction du profit des familles de travailleurs. Seuls les enfants en âge de rester à la maison pendant que leurs parents vont travailler doivent recevoir une éducation en ligne. Quel que soit le nombre de décès, les enfants trop jeunes pour rester à la maison sans surveillance parentale et qui ne sont absolument pas protégés contre le virus doivent être contraints de rester à l’école.

Les cercles dirigeants sont bien conscients du danger que représentent les variants pour les enfants et du potentiel d’une vague de décès d’enfants et de maladies graves provoquant une indignation explosive parmi les travailleurs. Le mois dernier, le Haut-Commissaire au Plan, François Bayrou a déclaré : « Je vis avec une hantise en face de ce virus, c’est qu’un jour une mutation fasse que le virus devienne extrêmement nocif pour les enfants. … Si ça touchait les enfants, et les enfants en bas âge, alors je crois qu’on se trouverait devant des vagues qui mettraient en cause la stabilité même de la société. »

Or, c’est précisément le scénario que la propre politique du gouvernement met en branle. Le coronavirus, et en particulier son variant Delta, est un virus mortel capable de provoquer des maladies graves et la mort dans toutes les couches de la population. Lorsqu’il infecte le corps, même dans des cas non mortels, il provoque une grave inflammation des organes vitaux, y compris le cerveau et le cœur.

Autoriser l’infection massive des enfants pourrait non seulement causer des décès et une vague d’infections dans les semaines et les mois à venir, mais affecter des générations entières avec des conséquences à vie. Même les variants encore moins agressifs ont laissé beaucoup dans ces groupes d’âge en proie aux effets du COVID long, y compris l’impact dévastateur de l’infection COVID-19 sur le développement cognitif.

Le gouvernement Macron le sait très bien, mais il prépare un massacre et des dommages à long terme pour les jeunes, acceptant encore une fois l’infection et la mort de masse pour protéger les profits des entreprises.

La politique d’«immunité collective» de Macron a été soutenue par les bureaucraties syndicales et les partis de pseudo-gauche pendant la pandémie. Nulle part cela n’a été plus explicite qu’avec leur soutien à la politique meurtrière du gouvernement consistant à maintenir les écoles ouvertes quel qu’en soit le coût. La Confédération générale du travail stalinienne (CGT) et la Fédération syndicale unitaire (FSU) ont explicitement soutenu la réouverture des écoles depuis l’été 2020, isolant les enseignants et les étudiants en grève contre un retour à l’apprentissage en personne l’année dernière, alors même que les policiers de Macron les attaquaient violemment.

De plus, des groupes de pseudo-gauche comme les morénistes de Révolution Permanente ont insisté de manière antiscientifique sur le fait que les écoles peuvent être rouvertes en toute sécurité en modifiant légèrement les protocoles de sécurité, tout en dénonçant les mesures sanitaires nécessaires pour contenir le virus mortel comme «autoritaires».

Cette trahison a même permis à Blanquer de se vanter que la France a gardé ses enfants à l’école plus longtemps que toute autre nation européenne. Il est impossible de négocier avec les représentants meurtriers de la classe dirigeante ou de leur faire entendre raison. Il faut construire un mouvement pour s’opposer à eux.

Dans les conditions de la propagation rapide du variant Delta à l’international, il faut s’opposer à l’ouverture meurtrière du système scolaire de Macron. Les enseignants et les parents doivent préparer des actions de grève de masse indépendamment des syndicats corrompus, en coordination avec les enseignants et les travailleurs de toute l’Europe et au-delà. Ils doivent exiger la suspension de la scolarisation en personne, de toute production non essentielle et d’une politique d’isolement social avec pleine compensation jusqu’à ce que le virus soit maîtrisé et que la population soit complètement vaccinée.

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