L’Espagne procède à la réouverture des écoles malgré des taux d’infection élevés

Écoliers espagnols (AP Photo/Emilio Morenatti)

Bien que plus de 10.000 cas de coronavirus soient enregistrés en Espagne chaque jour, le gouvernement du Parti socialiste (PSOE)-Podemos prévoit de renvoyer tous les enfants à l’école en présentiel début septembre.

La décision de rouvrir complètement les écoles, même si le virus se propage toujours largement, pose d’immenses dangers pour les enfants, les enseignants et les parents à travers l’Espagne et à l’étranger. La rentrée scolaire de l’automne dernier a précipité une énorme recrudescence des infections et des décès. Avant même la réouverture des écoles, cependant, le nombre moyen de cas quotidiens cette année est maintenant plus du double de ce qu’il était il y a un an.

La flambée des taux d’infection touche particulièrement durement les groupes d’âge plus jeunes. Chez les enfants d’âge scolaire de 12 à 19 ans, le taux d’incidence sur 14 jours dépasse 600 pour 100.000 personnes. Dans cinq des 17 régions espagnoles, cette mesure dépasse 1000 pour 100.000, ce qui signifie que plus de 1 pour cent des jeunes de ces régions souffrent de COVID-19. Ces chiffres sont nettement plus élevés que le taux pour la population dans son ensemble, qui se situe toujours à un niveau dangereusement élevé de 292 pour 100.000.

Bien que le nombre officiel de cas ait diminué au cours des dernières semaines, environ 10.000 personnes en moyenne sont toujours infectées chaque jour. Le nombre de décès continue d’augmenter. Vendredi dernier s’est terminé avec le nombre de décès hebdomadaire de 660, le plus important de la cinquième vague espagnole.

Selon l’Instituto de Salud Carlos III, au cours des trois semaines du 26 juillet au 15 août, 82.587 enfants et adolescents âgés de 5 à 19 ans ont été infectés par le virus. À l’aide d’une étude récente publiée dans The Lancet Child & Adolescent Health montrant qu’environ 4,4 pour cent des enfants âgés de 5 à 17 ans infectés par le coronavirus contractent le COVID long, soit 3600 d’entre eux.

Dans ces conditions, la réouverture imprudente des écoles par le gouvernement PSOE-Podemos en seulement deux semaines met en danger la vie de dizaines de milliers d’enfants. Ceci n’est pas le résultat d’une politique erronée, mais fait partie d’une campagne internationale basée sur la politique de la classe capitaliste pour contraindre les parents à retourner au travail dans des conditions dangereuses pour extraire davantage de profits de la classe ouvrière et financer la montée en flèche des plans de sauvetage de la grande entreprise et des banques.

Le renvoi des élèves à l’école l’année dernière a entraîné trois nouvelles vagues d’infection. En juin de l’année dernière, le premier ministre Sánchez a fait la déclaration désormais tristement célèbre: «Nous avons vaincu le virus.» À cette époque, la surmortalité due à la pandémie s’élevait à 48.000 personnes. Au cours de l’année suivante, alors que le gouvernement PSOE-Podemos rouvrait les écoles en septembre, plus de 52.000 décès évitables étaient à déplorer. La recrudescence colossale a conduit à un quart de million d’infections chaque jour en janvier dernier.

L’indifférence stupéfiante du gouvernement PSOE-Podemos à l’égard de la vie humaine confirme ce que le British Medical Journal a qualifié de «meurtre social» engendré par la politique pandémique des élites dirigeantes. La responsabilité incombe avant tout au parti populiste «de gauche» Podemos. Après avoir promis un changement radical et la fin de l’austérité, Podemos est devenu le principal conjuré du PSOE dans la politique pandémique de l’élite dirigeante.

La réouverture des écoles a lieu alors que même les mesures dites d’atténuation (couvre-feux nocturnes, port du masque, interdiction des rassemblements de plus de 10 personnes) sont levées. Le mois dernier, lors de l’appel du parti d’extrême droite Vox, la Cour constitutionnelle espagnole a jugé que les mesures de confinement du COVID-19 imposées de mars à juin 2020 étaient inconstitutionnelles.

Peu de temps après, plusieurs tribunaux régionaux ont statué contre les couvre-feux nocturnes, le plus récemment la semaine dernière en Catalogne. Là, les tribunaux ont mis fin au couvre-feu COVID, interdisant la tentative manifestement inadéquate du gouvernement catalan de réduire le taux d’incidence par des couvre-feux nocturnes dans 148 villes et villages de la région.

Le gouvernement PSOE-Podemos oblige non seulement les parents à renvoyer les enfants dans des écoles dangereuses, mais réduit même, voire supprime carrément, les mesures minimales de distanciation sociale qui existaient l’année dernière. Alors que les masques resteront obligatoires pour tous les enfants de plus de 6 ans, la distanciation sociale, nominalement toujours maintenue, a été réduite à seulement 1,2 mètre.

Cette réduction de la distanciation sociale requise permettra aux écoles de retrouver leur pleine capacité d’avant la pandémie, supprimant les limites sur la taille des classes déjà inadéquates imposées aux trimestres précédents. Les écoles maternelles accueilleront jusqu’à 25 élèves par classe (contre 20 au dernier trimestre) et les écoles primaires jusqu’à 30 (contre 25 auparavant). Les écoles secondaires et les lycées reviendront à des tailles de classes de 30 et 35 élèves, respectivement.

Cela se met en place alors que seulement 9 pour cent des adolescents âgés de 12 à 19 ans ont eu au moins une dose de vaccin contre le COVID-19, et la grande majorité des enfants n’est pas vaccinée. Aucun vaccin n’a encore été approuvé pour les enfants de moins de 12 ans. Cela laissera les plus vulnérables exposés aux infections, aux maladies graves et même à la mort.

De plus, des milliers d’enfants et d’adolescents infectés au cours de l’été commenceront l’année scolaire traînant des symptômes de COVID-19 durables: fatigue extrême, douleurs thoraciques, maux de tête, maux de ventre, problèmes de concentration, vertiges et palpitations cardiaques. Des dizaines de milliers d’autres contracteront le virus à mesure que les écoles ouvriront et que les enfants seront regroupés dans des salles de classe surpeuplées.

Si le gouvernement PSOE-Podemos peut poursuivre cette politique criminelle, l’équivalent politique de l’appel à envoyer des enfants dans des bâtiments en feu, c’est surtout grâce au rôle des syndicats et des partis de pseudo-gauche qui agissent comme pions pour Podemos.

Les deux plus grands syndicats espagnols, les Commissions des travailleurs (CC.OO) et l’Union générale du travail (UGT), n’ont rien dit. Leur rôle principal au cours des derniers mois a été de superviser la distribution des milliards d’euros de renflouement à la grande entreprise et aux banques espagnoles provenant de Bruxelles, tout en négociant des fermetures d’usines et des dizaines de milliers de licenciements.

De même, le Courant révolutionnaire ouvrier (CRT) de pseudo-gauche a gardé un silence complice sur la soi-disant «cinquième vague» de la pandémie, qui a infecté plus de 900.000 personnes et fait plus de 2000 morts. Au cours du mois dernier, il n’a publié aucun article sur son site Internet Izquierda Diario au sujet du risque que représente le COVID et le danger posé aux enfants lors de la réouverture des écoles.

Leur seule couverture récente de la pandémie a été deux articles se solidarisant avec les manifestations anti-«passe-sanitaire» en France appelées avec le soutien de l’extrême droite. Alors que la politique du président français Emmanuel Macron est antiscientifique et insuffisante pour arrêter la propagation de la pandémie, l’opposition du CRT à celle-ci n’est pas animée par un appel principiel à une lutte scientifiquement fondée pour éradiquer le virus. En réalité, il s’aligne sur la politique d’«immunité collective» de la classe dirigeante dans tous ses points fondamentaux, qualifiant la distanciation sociale d’«autoritaire» et de «répressive».

Tout au long de la pandémie, les morénistes du CRT ont qualifié les mesures de distanciation sociale telles que les confinements d’«autoritaires et palliatifs». En septembre dernier, le CRT a défendu la politique de réouverture des écoles, appelant à un retour «sûr» dans les lieux d’enseignement, tout en reconnaissant que la sécurité des enseignants et des élèves «ne peut être garantie». Au cours de la «cinquième vague», ils ont lancé une campagne politiquement criminelle encourageant les jeunes à retourner dans les boîtes de nuit et les bars.

Le Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) a lancé une campagne internationale pour éradiquer le virus, basée sur les politiques avancées par les épidémiologistes et autres scientifiques. L’éradication implique le déploiement de toutes les armes de l’arsenal de mesures de lutte contre le COVID-19, par le port de masques, la distanciation sociale, les tests de masse, la vaccination et la fermeture des écoles et de la production non essentielle, coordonnés à l’échelle mondiale, pour éradiquer le virus une fois pour toutes.

Le CIQI, pour appuyer cette politique, appelle les éducateurs et autres travailleurs à former des comités de sécurité de la base dans chaque école et lieu de travail, indépendamment des syndicats et du gouvernement PSOE-Podemos, pour coordonner la lutte visant à arrêter la réouverture des écoles et mettre fin à la pandémie.

(Article paru en anglais le 26 août 2021)

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