Les travailleurs de Dana rejettent le contrat d’atelier de misère proposé par l’UAW et l’USW

Les travailleurs de l’industrie automobile de Dana inc. ont rejeté mercredi le contrat d’atelier de misère proposé par l’UAW et l’USW, les principales usines ayant rejeté le contrat à 97 pour cent. Bien que le contrat ait été officiellement rejeté, l’UAW et l’USW demandent toujours aux travailleurs de se présenter au travail sous des prolongations sans fin «au jour le jour».

Les travailleurs se rebellent contre un contrat d’atelier de misère qui prévoit des augmentations de salaire inférieures au taux d’inflation, des augmentations de la quote-part des frais médicaux, de nouveaux «partenariats» entre le syndicat et la direction, y compris un nouveau comité pour l’externalisation des emplois, et la réduction potentielle du paiement des heures supplémentaires par l’introduction d’un nouvel horaire de travail alternatif. Mais surtout, les travailleurs sont indignés par leurs horaires de travail inhumains. Ils sont souvent contraints de travailler pendant des semaines sans un seul jour de repos, jusqu’à 12 heures par quart de travail, des conditions qui remontent aux premiers jours de la révolution industrielle dans les années 1820.

Plusieurs grandes usines ont voté «non» au cours des 48 dernières heures, notamment Louisville et Dry Ridge, au Kentucky, et Saint Clair, au Michigan.

Les travailleurs de Louisville ont voté «non» à 75 pour cent lors du scrutin de mardi soir et tôt mercredi matin. Plus tard dans l’après-midi, les travailleurs de Saint Clair, au Michigan, ont rejeté l’accord global par un nombre stupéfiant de 145 «non» contre 4 «oui». Ce résultat pulvérise le précédent record, en proportion, de 9 voix contre 1 établi par les travailleurs de Fort Wayne, en Indiana, un record que les travailleurs de Saint Clair avaient déclaré vouloir battre. Mercredi dernier, les résultats de Dry Ridge ont montré un vote négatif de 71 pour cent.

Résultats affichés à l’usine de Saint Clair, Michigan

C’est le vote à Dry Ridge qui a formellement confirmé le rejet juridique du contrat. Il est approprié que le contrat ait été rejeté à Dry Ridge, puisque c’est là que Danny Walters est décédé le 2 juin après avoir été victime d’une crise d’épilepsie au travail.

Alors qu’il ne reste plus que Toledo (Ohio) et Columbia (Missouri) à voter demain [vendredi], la rébellion des travailleurs de Dana atteint un nouveau stade. Les travailleurs de la base ont de plus en plus confiance en leur propre pouvoir et soutiennent massivement la grève pour mettre fin une fois pour toutes à leurs conditions d’esclavage.

Mais l’UAW et l’USW, ainsi que la direction, se retranchent sur leurs positions et cherchent désespérément à stopper l’offensive des travailleurs avant qu’elle ne débouche sur une grève nationale. Ils intensifient leur campagne d’intimidation à l’encontre des travailleurs.

L’incident le plus notoire a eu lieu mercredi à l’usine de Lima, en Ohio. Le président de la section 1765 de l’UAW, P.J. Meyer, a agressé verbalement une travailleuse pour une question innocente qu’elle avait posée au syndicat sur les médias sociaux. La confrontation a eu lieu alors que la femme était au travail sur la chaîne de production, à la vue de plusieurs collègues.

Le président de la section 1765 de l’UAW, P.J. Meyer

Un homme qui a été témoin de l’incident a déclaré au World Socialist Web Site que Meyer criait si fort que toute la chaîne pouvait l’entendre la menacer de lui «botter le cul» pour avoir exercé ses droits du premier amendement.

Selon le travailleur, il s’agit du deuxième incident de ce type à l’usine de Lima ces derniers jours. Le vice-président de la section locale aurait également engueulé des travailleurs pour leur activité de libre expression sur les médias sociaux.

L’incident de Lima a été suivi d’une réunion d’information explosive mercredi après-midi à Toledo. Les travailleurs, exaspérés par cette expérience, affirment que les responsables syndicaux les ont injuriés au cours de leurs réponses évasives, puis ont brusquement mis fin à la réunion.

Alors que le scrutin devait commencer avant 7 h jeudi matin, les travailleurs n’avaient toujours pas reçu d’exemplaire du contrat. On leur a dit lors de la réunion qu’ils recevraient des copies électroniques «plus tard dans la journée», mais seulement s’ils laissaient leur adresse électronique lors de l’inscription – ce qui signifie que les travailleurs qui n’ont pas pu assister à la réunion ne recevront même pas d’exemplaire.

Les travailleurs qui étaient présents à la réunion ont raconté un échange tendu. Un travailleur s’est levé pour demander à savoir précisément quand le contrat serait envoyé et comment il pourrait l’étudier avant le début du vote le lendemain matin. Un responsable syndical a alors lâché en guise de réponse: «Vous allez l’avoir aujourd’hui, pu**ain».

«Leur ton était vraiment combatif», a déclaré un travailleur. «Il y a quelque chose qui ne va pas. Ils ont dit, en gros, “si vous voulez voter non, alors allez-y et faites-le”. Ils savent que quelque chose va bientôt se passer».

Pendant ce temps, Dana inc. semble accepter les assurances de l’UAW et de l’USW que la production se poursuivra la semaine prochaine comme prévu. On a vu l’entreprise accueillir de nouveaux travailleurs mercredi après-midi dans son usine de Warren, au Michigan, où elle procède à des embauches agressives depuis l’été.

Dans un geste particulièrement provocateur destiné à punir les travailleurs qui ont voté contre la convention, l’entreprise a annoncé des heures supplémentaires obligatoires pendant le prochain week-end de la fête du Travail à l’usine de Fort Wayne, y compris la fête du Travail (6 septembre aux États-Unis) elle-même.

L’entreprise n’aurait pas agi de la sorte si elle n’avait pas reçu l’assurance des syndicats qu’ils faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour empêcher une grève, quelle que soit l’issue du vote. Les travailleurs doivent être avertis: une conspiration est en cours entre l’UAW et l’USW et la direction pour vaincre l’opposition des travailleurs. Avec ce «non», l’UAW et l’USW ne vont pas «retourner à la table des négociations». Ils s’empresseront de revenir pour dire à Dana inc. ce qui s’est passé et lui demander comment résoudre cette rébellion malheureuse.

Les travailleurs ont fait preuve d’un courage et d’une détermination extraordinaires au cours de la semaine écoulée. Mais on ne peut pas faire pression sur les syndicats pour qu’ils négocient mieux ou appellent à la grève par un vote négatif, aussi nécessaire que soit le rejet du contrat comme première étape. Les travailleurs doivent exiger des syndicats qu’ils fixent un délai de grève immédiat dès que le vote confirme le rejet du contrat par les travailleurs. Chaque jour où l’UAW et l’USW renvoient des travailleurs au travail, ils ordonnent en fait aux travailleurs de se saborder eux-mêmes en aidant l’entreprise à stocker des produits.

Les travailleurs comprennent que toute grève s’exposera à des dangers tant qu’elle reste sous le contrôle des syndicats, qui feront tout pour isoler et affamer les travailleurs afin d’imposer pratiquement le même accord qu’ils ont rejeté. C’est pourquoi le Comité des travailleurs de base de Dana (DWRFC) a demandé à ses collègues de Dana de commencer dès maintenant à organiser un réseau de comités de grève dans chaque usine, composés de travailleurs de l’automobile sans liens avec les syndicats, afin de renforcer leur propre contrôle sur la lutte.

L’une des principales revendications des travailleurs doit être l’octroi d’une indemnité de grève égale à 100 pour cent de leur salaire normal. Les syndicats ne peuvent pas plaider la pauvreté. Pris ensemble, l’UAW et l’USW possèdent 2,7 milliards de dollars d’actifs, soit plus d’un tiers des actifs de Dana inc. elle-même, une entreprise du Fortune 500 et une multinationale qui emploie 33.000 personnes dans le monde. C’est de l’argent qui revient aux travailleurs, qui provient de leurs propres cotisations. Cet argent doit être réquisitionné afin de permettre aux travailleurs de poursuivre leur lutte.

Il n’y a pas de temps à perdre. Pour contacter le DWRFC au sujet de l’organisation d’une nouvelle direction pour la lutte chez Dana, envoyez-leur un courriel à danawrfc@gmail.com ou un SMS au (248) 602-0936.

(Article paru en anglais le 2 septembre 2021)

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