L’élection pandémique du Canada, la résurgence des luttes de la classe ouvrière et la lutte pour le socialisme

L’élection fédérale du 20 septembre au Canada se déroule en pleine pandémie mondiale qui a démontré le conflit irréconciliable entre l’oligarchie capitaliste au pouvoir, ses représentants politiques et ses intérêts de classe égoïstes, et les besoins les plus fondamentaux des travailleurs. Tout au long de la pandémie, la classe dirigeante canadienne, comme ses homologues aux États-Unis et en Europe, a systématiquement donné la priorité à l’augmentation de ses profits et de sa richesse plutôt qu’à sauver des vies, ce qui a entraîné des vagues récurrentes d’infection et de décès en masse.

La quatrième vague de COVID-19 qui ravage actuellement le Canada pourrait bien s’avérer la plus cruelle et la plus meurtrière à ce jour, les enfants – qui représentent près de la moitié des personnes non vaccinées – étant particulièrement exposés au variant Delta, plus virulent. Depuis le 1er août, le nombre de nouvelles infections quotidiennes a presque été multiplié par six pour atteindre plus de 4300 par jour. La réouverture des écoles à l’enseignement en classe dans tout le pays va encore accélérer la propagation du virus. Les hôpitaux de l’Alberta comptent déjà le plus grand nombre de patients atteints du COVID dans les unités de soins intensifs.

Dans leurs efforts incessants pour «rouvrir» l’économie et laisser le virus se répandre, le gouvernement fédéral libéral du Canada et ses homologues provinciaux de tout le spectre politique officiel sacrifient les travailleurs sur l’autel du profit capitaliste. Ils agissent sur l’ordre des grandes entreprises qui affirment catégoriquement que la classe ouvrière doit payer pour les plus de 650 milliards de dollars que le gouvernement libéral Trudeau et la Banque du Canada ont injectés dans les marchés financiers et les coffres des sociétés canadiennes au début de la pandémie pour renflouer les super riches.

Agissant comme un événement déclencheur, la pandémie a exacerbé la crise systémique du capitalisme mondial et toutes les maladies qui en découlent: l’inégalité sociale, l’agression impérialiste et les conflits entre grandes puissances, ainsi que les attaques toujours plus nombreuses contre les droits démocratiques et sociaux des travailleurs. Elle a intensifié les contradictions fondamentales du capitalisme mondial qui ont conduit à deux guerres mondiales au siècle dernier. Comme dans les années 1930, la démocratie bourgeoise s’effondre alors que les cliques capitalistes nationales rivales, dont celle du Canada, cherchent à s’en sortir en intensifiant l’exploitation capitaliste chez elles et en augmentant leur pouvoir et leur accès aux marchés et aux ressources par des guerres commerciales, des intimidations et des agressions militaires.

Cette crise systémique donne également l’impulsion objective à une recrudescence de la lutte des classes dans le monde entier. Les travailleurs sont propulsés dans d’âpres batailles pour récupérer les salaires, les avantages sociaux et les emplois qui leur ont été enlevés au cours de quatre décennies d’attaques, et pour protéger leur santé et leur vie même dans les conditions d’une pandémie qui fait rage. Du Brésil à la Grande-Bretagne, les enseignants résistent à la réouverture imprudente des écoles alors que le virus se propage de plus en plus, tandis que des manifestations de masse contre les inégalités sociales et la pauvreté ont secoué la Colombie, l’Inde et la Pologne ces derniers mois. En Amérique du Nord, les travailleurs de l’automobile chez Volvo Trucks et Dana aux États-Unis, les mineurs de Vale à Sudbury, en Ontario, et les travailleurs du conditionnement de la viande d’Olymel à Vallée-Jonction, au Québec, ont mené des luttes courageuses pour s’opposer aux reculs imposés par les sociétés.

La mobilisation de la classe ouvrière internationale en tant que force politique indépendante dans la lutte pour le pouvoir et la réorganisation socialiste de la société est la seule façon progressiste de sortir de l’escalade de la catastrophe sociale, économique, géopolitique et environnementale. La tâche du Parti de l’égalité socialiste et de ses partis frères au sein du Comité international de la Quatrième Internationale est d’insuffler à la montée croissante de la classe ouvrière une perspective socialiste et internationaliste, et de lui fournir une stratégie et une direction révolutionnaires.

La pandémie de COVID-19 et l’échec du capitalisme

Selon le décompte officiel, la COVID-19 a tué plus de 27.300 Canadiens. Mais une récente étude de la Société royale du Canada sur les décès excédentaires liés à la COVID-19 révèle que le véritable décompte est plus proche de 50.000. Ce bilan est supérieur à celui de toutes les pertes massives de l’histoire du Canada, à l’exception de la pandémie de grippe de 1918 et des deux guerres mondiales.

Un membre des Forces armées canadiennes travaillant dans une maison de retraite du Québec (Ministère canadien de la Défense)

Pourtant, aucun des partis en lice pour les élections de lundi prochain n’est prêt à soulever les questions les plus fondamentales, et encore moins à y répondre: pourquoi le Canada a-t-il été si mal préparé à une pandémie qui était à la fois prévisible et prévue? Pourquoi les gouvernements fédéral et provinciaux n’ont-ils pris aucune mesure significative jusqu’à la deuxième semaine de mars 2020, et ce dans des conditions où l’on savait que le système de santé publique était vétuste à la suite de décennies d’austérité sauvage? Pourquoi se sont-ils systématiquement opposés à une stratégie fondée sur la science pour éliminer le virus mortel et ont-ils saboté les confinements et autres mesures de santé publique vitales?

Au lieu de cela, les chefs de parti organisent un débat bidon sur la pandémie. Les partis d’opposition dénoncent Trudeau pour sa décision irréfléchie de plonger le pays dans une élection pandémique, tandis qu’il dénonce le chef conservateur Erin O’Toole pour ses appels à l’extrême droite anti-vaccination et anti-masque. Ils occultent ainsi l’accord essentiel entre les cinq partis: tous sont favorables à l’entassement des enfants dans des salles de classe exiguës et au démantèlement des quelques mesures de distanciation sociale qui subsistent à mesure que la quatrième vague déferle.

L’objectif primordial du simulacre de combat politique des partis sur la COVID-19 est d’empêcher de faire un véritable examen de la pandémie et de révéler ce qu’elle est réellement: un crime social perpétré par les élites capitalistes du monde entier, surtout celles des puissances impérialistes d’Amérique du Nord et d’Europe.

Parce qu’elles sont considérées comme un obstacle à l’accumulation de profits, les gouvernements capitalistes ont refusé de prendre les mesures nécessaires pour contenir et éliminer le virus: tests de masse, recherche des contacts, injection massive de ressources dans le système de santé, fermeture de toutes les entreprises non essentielles et écoles et versement de salaires complets pour que les travailleurs puissent s’abriter chez eux et s’occuper de leur famille jusqu’à ce que le virus soit supprimé. Ils ont plutôt prescrit l’infection et la mort en masse, en recherchant l’immunité collective ou des mesures d’atténuation qui ne visent qu’à ralentir quelque peu la transmission du virus, selon la devise macabre «le remède ne doit pas être pire que la maladie».

La vaccination est indispensable. Mais si les ressources mondiales ne sont pas mobilisées dans le cadre d’une collaboration scientifique visant à éradiquer la COVID-19, le virus continuera à se propager, à faire des ravages, notamment dans les pays les moins développés, et à créer de nouveaux variants plus mortels et résistants aux vaccins.

Les 20 derniers mois ont montré de manière concluante que la lutte contre le virus est une lutte politique qui doit être menée, et qui sera menée, par la classe ouvrière internationale.

S’opposer à l’impérialisme canadien et à l’alliance militaro-stratégique Canada-États-Unis

Tout comme les partis de l’établissement sont unis pour donner la priorité aux profits sur les vies humaines, ils sont unis pour soutenir les intérêts prédateurs de l’impérialisme canadien et renforcer l’alliance militaro-stratégique réactionnaire Canada-États-Unis qui a été la pierre angulaire de sa stratégie mondiale au cours des huit dernières décennies.

Tous appuient les plans des libéraux visant à acheter de nouvelles flottes de navires de guerre et d’avions de chasse et à augmenter les dépenses militaires annuelles de 70 % sur dix ans pour atteindre près de 33 milliards de dollars par an d’ici 2026. La seule plainte du NPD, telle qu’énoncée dans son programme électoral, est que «les coupures et la mauvaise gestion des libéraux et des conservateurs» ont laissé «notre armée [...] avec du matériel désuet, un soutien inadéquat et un mandat stratégique peu clair».

D’O’Toole à Jagmeet Singh du NPD, les chefs de parti se sont tous empressés de déplorer le renversement du régime fantoche des États-Unis en Afghanistan après 20 ans d’occupation par les États-Unis et l’OTAN, une guerre anti-insurrectionnelle brutale qui a tué des dizaines de milliers de civils et coûté plus de 2000 milliards de dollars. Leurs lamentations pour les femmes et les filles d’Afghanistan résonnent de cynisme et d’hypocrisie. Ils n’ont pas versé de telles larmes pour les centaines de milliers de personnes tuées, les millions de personnes déplacées et les sociétés entières rasées par les guerres impérialistes que Washington mène, avec le soutien et la participation du Canada, dans le Grand Moyen-Orient depuis trois décennies.

Si la débâcle afghane de l’impérialisme américain a secoué et mis en colère l’établissement politique canadien, c’est parce qu’elle témoigne de l’énorme affaiblissement de son allié américain. De plus, c’est un double coup dur, puisque l’impérialisme canadien a massivement investi dans la guerre en Afghanistan, son engagement militaire le plus important et le plus long depuis la Seconde Guerre mondiale, qu’il a célébré comme la preuve que le Canada est une «nation guerrière».

En retirant les troupes américaines d’Afghanistan, le président américain Biden a l’intention, comme il l’a publiquement promis, de se concentrer sur la «concurrence stratégique» avec les rivaux les plus puissants de Washington, surtout la Chine et la Russie. Les stratèges de l’impérialisme canadien soutiennent également qu’Ottawa doit donner au Canada un plus grand poids militaire pour poursuivre ses ambitions sur la scène mondiale et aider Washington dans sa quête inconsidérée d’hégémonie mondiale, notamment par la «modernisation» de NORAD et une militarisation accrue de l’Arctique.

Dans le sillage de Harper, le gouvernement libéral de Trudeau intègre le Canada de manière toujours plus complète dans les offensives diplomatiques, économiques et militaro-stratégiques des États-Unis contre la Chine et la Russie dotées de l’arme nucléaire. Pourtant, les partis d’opposition, y compris le NPD et les Verts, se sont joints aux dirigeants du Congrès américain, républicains et démocrates, pour reprocher au gouvernement Trudeau d’être trop «conciliant» avec Pékin.

Les travailleurs doivent prendre garde, car dans le dos de la population, l’élite capitaliste entraîne le Canada dans des conflits explosifs entre grandes puissances dont la logique est une conflagration militaire mondiale.

Un chœur de cinq partis redevables à la grande entreprise

Quel que soit le parti ou l’alliance de partis qui formera le gouvernement après le 20 septembre, ses politiques seront déterminées non pas par la rhétorique et les promesses bidon de la campagne électorale, mais par les exigences des grandes entreprises et la crise du capitalisme mondial.

Trudeau a eu du mal à expliquer sa décision de déclencher une élection pandémique. En effet, cela l’obligerait à admettre qu’il veut renforcer son pouvoir parlementaire en prévision d’une opposition populaire croissante, alors que son gouvernement libéral s’oriente vers l’austérité post-pandémique, intensifie ses efforts pour améliorer la position «concurrentielle mondiale» du capitalisme canadien et doit tenir ses promesses de soutien accru à Washington dans ses intrigues et ses guerres impérialistes.

Les conservateurs ont bénéficié de l’amplification par les médias bourgeois de leurs affirmations frauduleuses selon lesquelles ils se seraient «rapprochés du centre». Peu importe qu’O’Toole, un ancien ministre du cabinet Harper, ait gagné la direction du parti en ralliant les conservateurs sociaux et d’autres forces d’extrême droite, qu’il fustige le gouvernement Trudeau pour ses dépenses sociales excessives et qu’il préconise la privatisation en bloc des soins de santé. O’Toole vante un prétendu programme «protravailleurs», emprunté à Donald Trump et au premier ministre conservateur britannique Boris Johnson, qui combine un protectionnisme économique de type «le Canada d’abord» et le bellicisme anti-Chine.

Le Bloc Québécois et l’ensemble du mouvement souverainiste et nationaliste québécois se sont déplacés davantage vers la droite. Le Bloc proclame ouvertement son affinité avec le gouvernement provincial populiste de droite de la CAQ, ouvertement favorable aux grandes entreprises, et ses lois chauvines (projets de loi 9 et 21) visant les immigrants et les minorités religieuses.

Les Verts servent depuis longtemps de cinquième roue au carrosse des libéraux et, comme eux, ils font la promotion de la lutte contre le changement climatique comme une opportunité commerciale massive pour le capitalisme canadien.

À bien des égards, la campagne du NPD est la plus trompeuse de toutes. Jagmeet Singh a passé les cinq dernières semaines à accuser Trudeau d’être le représentant des «riches» et des sociétés qui a permis aux riches de survivre à la pandémie dans des «yachts de luxe» et de laisser tous les autres dans des «canots de sauvetage qui prennent l’eau». Pourtant, au cours des 20 mois précédents, le NPD, avec l’appui inconditionnel des syndicats, s’est chargé de maintenir les libéraux au pouvoir alors qu’ils versaient des sommes gargantuesques aux riches, qu’ils mettaient les travailleurs au seuil de la pauvreté et qu’ils étaient le fer de lance de la campagne homicide de retour au travail et à l’école.

À l’instar des partis sociaux-démocrates du monde entier, le NPD est un parti impérialiste qui, lorsqu’il est au pouvoir, a imposé l’austérité capitaliste et a joué un rôle essentiel dans le démantèlement des mesures limitées de protection sociale et des services publics qu’il avait autrefois présentés comme la preuve que le capitalisme pouvait être «humanisé». La rhétorique de Singh, qui consiste à «faire payer aux riches leur juste part», est tout à fait conforme au rôle particulier du NPD en tant qu’instrument de la bureaucratie syndicale et porte-parole de la petite-bourgeoisie de «gauche», qui consiste à contenir et à désamorcer l’opposition de la classe ouvrière et à l’enfermer dans des politiques parlementaires et protestataires.

Les syndicats propatronaux et la répression de la lutte des classes

Les syndicats ont réagi à la plus grande crise capitaliste depuis la Grande Dépression des années 30 en portant leur alliance avec les grandes entreprises et l’État à un niveau qualitativement nouveau. Cette alliance est en gestation depuis longtemps et s’inscrit dans le prolongement des évolutions observées dans le monde entier. Incapables de répondre de manière progressiste au développement de la production mondialisée, les syndicats nationaux, procapitalistes, ont renié toute association avec la lutte des classes et sont devenus de plus en plus directement une force de police industrielle.

Les grévistes de l’usine de transformation du porc d’Olymel à Vallée-Jonction (Québec) rejoignent leurs frères et sœurs de classe de l’usine de volaille Exceldor sur leur ligne de piquetage le 2 juin (page Facebook du STOVJ)

Au nom de la défense des «emplois canadiens» ou «québécois», les syndicats ont imposé pendant des décennies des réductions radicales des salaires et des avantages sociaux et des accords de restructuration qui ont décimé les emplois. Chaque fois que des luttes de masse ont éclaté contre le programme d’austérité de la classe dirigeante, de l’opération Solidarité en Colombie-Britannique au début des années 1980 au mouvement de masse anti-Harris en Ontario à la fin des années 1990 et à la grève étudiante québécoise de 2012, les syndicats les ont réprimées.

En réponse à la pandémie, les syndicats ont développé ce que l’ancien président du Congrès du travail du Canada, Hassan Yussuff, a appelé un «front de collaboration» avec le patronat canadien contre la classe ouvrière. Donnant toute sa place à sa vision nationaliste et propatronale, le CTC proclame dans un slogan placardé en haut de son site Web: «Au Canada, nous avons résisté à la pandémie en nous serrant les coudes et en nous appuyant les uns les autres».

Les syndicats se sont «serré les coudes» avec les dirigeants d’entreprise et les oligarques financiers depuis le début de la pandémie, les aidant à appliquer la campagne meurtrière de retour au travail et à l’école afin que les grandes entreprises puissent continuer à engranger des bénéfices. Ils ont réprimé toute opposition des travailleurs au fonctionnement dangereux des lieux de travail et à la réouverture dangereuse des écoles, qualifiant d’«illégal» tout plan de grève ou d’action militante des travailleurs. Des bureaucrates syndicaux aux salaires à six chiffres ont sermonné les travailleurs sur leur devoir de respecter les régimes provinciaux de relations de travail, qui sont conçus pour étouffer la lutte des classes et permettre aux grandes entreprises d’imposer leurs diktats derrière un vernis de légitimité «démocratique» et de «négociation collective».

Soulignant à quel point l’élite dirigeante apprécie les services rendus par les syndicats dans la répression de la résistance des travailleurs, même O’Toole a répudié le discours antisyndical pratiqué par les politiciens conservateurs de la nouvelle droite du dernier quart de siècle comme Harper, Harris et Hudak, se déclare «prosyndical» et a avancé des propositions visant à promouvoir davantage la collaboration entre patrons et syndicats.

Les travailleurs à travers le Canada, aux États-Unis et dans le monde entier ont commencé à se rebeller ouvertement contre le contrôle étouffant des syndicats d’entreprise qui se font appeler «syndicats». La tâche principale est de transformer cet élan militant en une stratégie politique consciente pour rompre politiquement et de manière organisationnelle avec les appareils syndicaux et construire de nouvelles organisations de lutte orientées vers la mobilisation systématique du pouvoir social de la classe ouvrière, et forger son unité internationale contre les sociétés transnationales et l’impérialisme.

L’extrême droite enhardie et l’effondrement de la démocratie bourgeoise

Alors que la classe dirigeante peut compter sur la loyauté indéfectible des syndicats et des néo-démocrates pour réprimer la lutte des classes, une partie croissante de l’élite cultive et promeut les forces d’extrême droite pour faire face à la menace d’une opposition de masse de la classe ouvrière de manière plus agressive.

La campagne électorale fédérale a été marquée par une série de manifestations agressives et menaçantes lancées par des extrémistes de droite, des anti-vaxx et des fascistes purs et simples. Ils ont ciblé des rassemblements organisés par Trudeau ainsi que des travailleurs et des établissements de soins de santé. Ces événements médiatisés, qui ont rarement impliqué plus de quelques centaines de voyous et d’éléments rétrogrades, ont été utilisés sans vergogne pour donner l’impression que l’extrême droite bénéficie d’un soutien populaire important.

En réalité, son soutien vient d’en haut, des élites politiques et financières et des éléments de l’appareil d’État, comme le réserviste de l’armée qui a tenté d’assassiner Trudeau en juillet 2020. En outre, l’extrême droite a été enhardie par la promotion de longue date de la réaction de la classe dirigeante, notamment le militarisme, le chauvinisme, l’islamophobie et, pendant la pandémie, l’indifférence aveugle à la mort en masse, en particulier chez les plus vulnérables.

Des sections de la classe dirigeante ont maintenant commencé à préparer le Parti populaire du Canada (PPC), le parti d’extrême droite fondé par l’ancien ministre conservateur Maxime Bernier, à jouer un rôle plus important. Le magnat des médias Conrad Black a salué Bernier comme «le chef de parti le plus impressionnant», et un chroniqueur chevronné du Globe and Mail a appelé cette semaine à l’élection des candidats du PPC lundi prochain parce que «les partis populistes de droite sont bien représentés» dans les assemblées législatives d’autres pays.

La tentative de présenter l’extrême droite comme une partie légitime de l’établissement politique exprime le déclin avancé de la démocratie bourgeoise. Les gouvernements du Canada criminalisent régulièrement les grèves et utilisent de plus en plus la clause dérogatoire antidémocratique pour attaquer les droits démocratiques. Trudeau se pose en défenseur de la Charte des droits et libertés et présente ses libéraux comme un rempart «démocratique» contre le populisme de droite et l’extrême droite. Mais son gouvernement a passé les six dernières années à déchiqueter les droits démocratiques et sociaux, à collaborer avec le fasciste Trump et à poursuivre impitoyablement les intérêts impérialistes canadiens dans le monde. De plus, ses alliés internationaux soi-disant «démocratiques», comme Merkel en Allemagne et Macron en France, rompent avec les normes démocratiques fondamentales. La Grande Coalition de Merkel a facilité l’émergence de l’Alternative pour l’Allemagne fasciste en tant qu’opposition officielle au parlement, et a adopté ses politiques clés sur les réfugiés et la pandémie de coronavirus.

Le point culminant à ce jour du virage de la bourgeoisie du monde entier vers des formes de pouvoir d’extrême droite a été la tentative de coup d’État du 6 janvier aux États-Unis. L’assaut du Capitole par des voyous fascistes cherchant à empêcher la certification de Biden en tant que président était dirigé par Trump et soutenu par une grande partie de la direction du Parti républicain et des sections de l’appareil de sécurité nationale. Les démocrates ont répondu en couvrant le rôle des républicains et en appelant à l’«unité» avec les putschistes. Au Canada, l’élite dirigeante a répondu par le silence aux préparatifs de coup d’État ouverts de Trump dans les mois précédant le 6 janvier, une indication claire qu’Ottawa n’aurait aucun scrupule à coopérer avec un régime dictatorial à Washington.

La défense des droits démocratiques dépend avant tout de la mobilisation politique de masse de la classe ouvrière dans la lutte pour le socialisme. C’est la répression de la lutte de la classe ouvrière par les syndicats et le NPD et leur connivence dans l’assaut de la guerre de classe des grandes entreprises qui ouvre la porte à l’extrême droite pour qu’elle gagne en force.

Les travailleurs ont besoin de leur propre parti

Pour s’opposer à la réponse meurtrière de l’élite dirigeante à la pandémie, à ses préparatifs de guerre impérialiste, à son recours à des formes de pouvoir autoritaires et aux forces d’extrême droite, et à l’utilisation des syndicats pour étouffer la lutte des classes, les travailleurs ont besoin de leur propre parti. Ce parti doit lutter pour unifier politiquement les travailleurs au-delà de toutes les divisions raciales, régionales, linguistiques et autres divisions artificielles promues par l’élite dirigeante, en mettant en avant un programme socialiste et internationaliste. Il doit rejeter implacablement toutes les formes de politique identitaire, qui expriment les intérêts d’une petite couche privilégiée de la classe moyenne, et le nationalisme canadien et québécois, les idéologies jumelles de l’élite dirigeante du Canada. Ce parti est le Parti de l’égalité socialiste (SEP), la section canadienne du Comité international de la Quatrième Internationale.

Le PES appelle les travailleurs à former des comités de la base dans chaque lieu de travail et chaque quartier afin de créer les formes d’organisation et de fournir une direction politique aux luttes à venir. Puisque ces luttes ne peuvent être couronnées de succès que dans la mesure où elles sont unifiées au-delà des frontières nationales et en opposition directe aux syndicats nationalistes et procapitalistes, le PES exhorte tous les travailleurs à soutenir la construction de l’Alliance ouvrière internationale des comités de base.

Soutenir ce réseau de comités et armer les travailleurs d’une perspective politique pour la victoire n’est possible que par la construction d’une direction socialiste au sein de la classe ouvrière. C’est la tâche principale à laquelle se consacre le PES. Le PES se bat pour gagner les travailleurs du Canada au programme de la révolution socialiste mondiale: le programme qui a animé la révolution russe de 1917 et la lutte menée par Léon Trotsky et l’Opposition de gauche contre sa dégénérescence stalinienne, et que la Quatrième Internationale défend et développe depuis sa fondation en 1938. La mise en œuvre de ce programme exige l’unification des luttes des travailleurs canadiens avec celles de leurs frères et sœurs de classe aux États-Unis, au Mexique et à l’échelle internationale dans une lutte commune pour établir des gouvernements ouvriers engagés dans des politiques socialistes et les États socialistes unis d’Amérique du Nord.

(Article paru en anglais le 17 septembre 2021)

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