À l’expiration de la convention collective John Deere-UAW: les travailleurs déterminés à lutter

Pour entrer en contact avec le World Socialist Web Site afin de discuter de la formation d'un comité de la base, les travailleurs de John Deere peuvent envoyer un courriel à deerewrfc@gmail.com ou un SMS au (484) 514-9797.

Le précédent contrat de six ans entre le syndicat UAW (United Auto Workers) et le géant de l’équipement agricole et de construction Deere & Company a expiré à minuit le 1er octobre, pouvant entrainer grève de 10.100 travailleurs de l’Iowa, de l’Illinois et du Kansas. Toutefois, tôt vendredi matin, l’UAW a annoncé une prolongation de la convention collective, «donnant pour instruction à ses membres de reprendre le travail normalement.»

Un ouvrier à l'intérieur d'une usine Deere (John Deere)

Jusqu’au dernier moment, l’UAW a tenu les travailleurs dans l’ignorance du contenu de ses discussions avec Deere et de l’éventualité d’une grève. «Ils ont fait la même chose il y a six ans», a déclaré au WSWS un travailleur de l’une des installations de Deere dans les Quad Cities. «En 2015, nous n’avons pas été prévenus avant presque 2 h du matin».

Jeudi, les travailleurs ont exprimé leur détermination à se battre pour un contrat qui répond à leurs demandes. Un autre travailleur a déclaré au WSWS: «Nous en avons assez d’être trahis. C’est temps de prendre position et de se défendre.» Un troisième a déclaré: «Cela fait des semaines que je parle à des travailleurs qui me disent qu’ils sont prêts à faire la grève».

Les travailleurs qui ont commenté la page Facebook de la section 838 de l’UAW de Waterloo, en Iowa, jeudi soir, ont insisté sur la nécessité de faire grève, certains appelant à un débrayage même si l’UAW n’en organise pas.

«Faites-nous débrayer! Ils ne présenteront pas un contrat auquel nous sommes prêts à adhérer. Une prime à la signature de dix mille dollars n'est pas ce que nous recherchons. ORGANISEZ LA GRÈVE!!!!!», a déclaré un travailleur.

Un autre a écrit: «Vous feriez mieux de faire grève ce soir ou de mettre vos pancartes “à vendre” sur ce bâtiment et de dire à tous vos comités de retourner au travail et de ne plus vivre grassement dans vos bureaux».

«Faites grève quoiqu’il arrive ce soir. Envoyez un message clair à John Deere pour un excellent contrat et pour les contrats futurs», a commenté un autre. Un quatrième a écrit: «Que se passera-t-il s’ils n’appellent pas à la grève et que décidons nous-mêmes de ne pas travailler ou de débrayer?»

Les travailleurs de Deere ne doivent pas laisser le contrôle de la situation à l’UAW, qui a trahi une lutte après l’autre pendant des décennies chez Deere, Caterpillar et dans toute l’industrie automobile. Début septembre, l’UAW a annoncé qu’elle organiserait un vote de ratification du contrat le 10 octobre, plus d’une semaine après l’expiration du contrat précédent, même si les négociations étaient censées être toujours en cours.

Cela montre que les discussions qui ont lieu entre les responsables syndicaux et les dirigeants de Deere ne sont pas des «négociations» entre deux adversaires, mais des séances de planification sur la manière de faire passer en force un contrat qui a été élaboré il y a longtemps. Une semaine plus tard, le syndicat a rendu publique une «offre» initiale de l’entreprise contenant des reculs majeurs en matière de soins de santé et d’heures supplémentaires, dans une tentative évidente de réduire au maximum les attentes des travailleurs.

Le Bulletin des travailleurs de l’auto du WSWS invite les travailleurs à prendre les choses en main et à former des comités de la base. Ces comités formuleront des revendications basées sur les besoins des travailleurs, y compris la fin immédiate du système d’échelons, des augmentations de salaire substantielles pour tous les travailleurs, le rétablissement de soins de santé et de pensions entièrement financés, etc. Des plans et un appel à l’action commune devraient être lancés pour établir des liens avec les travailleurs de Dana Corporation, fabricant de pièces automobiles et fournisseur de Deere, où une entente au rabais soutenue par l’UAW a été récemment rejetée à 90 pour cent.

Il y a une immense colère refoulée après l’expérience des travailleurs avec le contrat UAW-Deere de 2015, sans parler de près de 25 ans d’un système de salaires et d’avantages sociaux qui sème la division, d’une sécurité d’emploi de plus en plus précaire et de demandes d’accélération de la cadence toujours plus nombreuses.

En 2015, l’UAW n’a publié aucune information sur l’accord de principe avant les votes sur le contrat lui-même, diffusant que des «points saillants» de l’accord de six ans. Malgré une opposition généralisée au contrat, l’UAW a prétendu qu’il avait été adopté avec une avance de moins de 200 voix. De nombreux travailleurs on exigé un recomptage, ce que l’UAW a ignoré, comme on pouvait s’y attendre.

Le responsable des négociations pour l’UAW à l’époque, l’ancien vice-président Norwood Jewell, a par la suite plaidé coupable pour son rôle dans une conspiration de corruption avec le constructeur automobile Fiat Chrysler. Jewell a été libéré prématurément de sa prison de sécurité minimale «Club Fed» l’année dernière, autorisé à purger le reste de sa peine à domicile en raison de la pandémie de coronavirus.

Le 12 septembre, les travailleurs de Deere ont voté à 99 % pour la grève, un signal clair de leur détermination à se battre. Cette décision contrastait fortement avec la publication par l'UAW de maigres détails sur l’«offre» initiale provocatrice de la société, qui comprenait la fin d'un moratoire sur la fermeture d'usines, une augmentation de 0 à 20 pour cent de la part des travailleurs dans les primes de soins de santé et la fin du paiement des heures supplémentaires au-delà de huit heures.

Une telle «proposition» est d'autant plus provocatrice que Deere gagne énormément d'argent.

Les derniers résultats financiers montrent que Deere a réalisé des bénéfices de plus de 1,6 milliard de dollars pour le seul troisième trimestre de son année fiscale. En août, Deere prévoyait que son bénéfice net pour l’exercice 2021 se situerait entre 5,7 et 5,9 milliards de dollars. Avec une rémunération de 15,58 millions de dollars l’année dernière, le PDG de Deere, John C. May, a gagné 220 fois le salaire médian des employés de 70.743 dollars.

Le conseil d’administration de Deere est composé des grands noms de l’élite patronale et politique, dont Alan Heuberger, gestionnaire d’investissement senior chez BMGI (Bill and Melinda Gates Investments, le fonds d’investissement familial privé du couple milliardaire); Dmitri L. Stockton, ancien cadre supérieur de General Electric et GE Asset Management Inc.; Michael O. Johanns, sénateur américain du Nebraska à la retraite et ancien secrétaire américain à l’agriculture; Charles O. (Chad) Holliday, Jr, ancien PDG de DuPont; l’ancien PDG du géant de l’agroalimentaire Cargill, Inc. et Sherry M. Smith, directrice financière de Supervalu Inc., une chaîne de supermarchés de 35 milliards de dollars basée au Minnesota.

L’UAW fait pression pour obtenir un contrat qui réponde aux exigences de ces dirigeants d’entreprise et des bailleurs de fonds de Deere à Wall Street, et non à celles des travailleurs.

Or, les travailleurs de Deere occupent une place puissante et stratégique dans l’économie américaine et mondiale. Un reportage récent du Wall Street Journal (WSJ), intitulé «U.S. Farm Belt Revival Prompts Mad Dash for “Dirt and Iron”», indique qu’«une reprise de plusieurs mois des prix des principales matières premières agricoles telles que le maïs et le soja fait grimper les revenus des agriculteurs américains et fait grimper les dépenses et les investissements qui avaient été limités pendant des années».

Le WSJ poursuit: «Les prix des équipements agricoles neufs et d’occasion ont grimpé en flèche, car la hausse des ventes et les perturbations des composants clés, tels que les puces à semi-conducteurs, provoquent des pénuries et des retards de livraison pour les nouvelles machines».

Les travailleurs ont de puissants alliés parmi la classe ouvrière aux États-Unis et à l’international. Deere possède des usines et des installations dans plus de 70 pays et embauche près de 69.000 employés.

Ce qui est nécessaire, c’est la formation d’un comité des travailleurs de la base de John Deere, qui fournira les moyens d’établir des liens et de communiquer entre les usines Deere de l’Iowa, de l’Illinois et du Kansas et au niveau international, ainsi qu’avec les travailleurs de Caterpillar, de Volvo, de Mack Trucks, d’Amazon, des usines automobiles et d’ailleurs. Dans le monde entier, les travailleurs sont de plus en plus nombreux à vouloir mener une lutte commune contre les bas salaires, les conditions de travail intolérables et la fin des politiques propatronales qui ont entrainé la mort inutile de millions de personnes durant la pandémie de COVID-19.

Travailleurs de Deere: contactez le World Socialist Web Site dès aujourd’hui pour discuter de l’organisation d’un comité de la base sur votre lieu de travail.

(Article paru en anglais le 1er octobre 2021)

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