Mobilisez la classe ouvrière pour arrêter la catastrophe de la COVID-19 en Alberta! Pour une fermeture immédiate de toutes les écoles et entreprises non essentielles!

La catastrophe de la COVID-19 qui ravage actuellement l’Alberta est un crime social. La quatrième province la plus peuplée du Canada est soumise à une expérience cruelle et inhumaine par Jason Kenney et son gouvernement du Parti conservateur uni (PCU). Le 1er juillet, Kenney a déclaré l’Alberta «ouverte pour l’été», faisant de la province la première au Canada à supprimer toutes les mesures de protection de la COVID-19. Les résultats tout à fait prévisibles de cette politique meurtrière sont maintenant évidents pour tous: une montée en flèche des infections, un système de soins de santé qui est submergé et une vague imminente de décès inutiles et évitables.

Les Albertains meurent déjà de la COVID-19 à un rythme plus de trois fois supérieur au taux national, selon les chiffres recueillis sur une période de sept jours à partir du 20 septembre. Dans la province voisine de la Saskatchewan, le taux de mortalité est presque quatre fois supérieur à la moyenne nationale. Les deux provinces sont dirigées par des gouvernements conservateurs qui ont mené le démantèlement de toutes les mesures de santé publique qui pourraient freiner la pandémie.

Les hôpitaux de la zone nord de l’Alberta ont dépassé mercredi la capacité de pointe de 100 % des unités de soins intensifs, quatre jours après l’apparition des premiers reportages indiquant que des médecins ont eu recours aux protocoles de triage en raison d’une pénurie de lits, de respirateurs ou de personnel qualifié. Dans le cadre du triage, les patients dont on estime ayant le moins de chances de survie se voient refuser le traitement qui pourrait leur sauver la vie.

Les hôpitaux de la zone nord, qui comprend Grand Prairie et Fort McMurray, ont transféré 33 patients à Edmonton entre le 15 et le 22 septembre pour y recevoir des soins. Mais même ce répit ne pourra pas durer bien longtemps. Les derniers chiffres montrent qu’il y a 313 patients en soins intensifs dans toute la province, qui ne compte que 373 lits de soins intensifs, y compris tous ceux qui ont été ajoutés ces dernières semaines en guise de capacité d’appoint.

Les infections ont été multipliées par plus de sept depuis le 1er août pour atteindre plus de 1 500 par jour, même si les tests ont été réduits, et sont maintenant proches des pics atteints au plus fort des deuxième et troisième vagues de la province. La modélisation du gouvernement montre que les infections quotidiennes continueront d’augmenter pendant les semaines à venir, ce qui indique que la pression sur le système de soins de santé ne diminuera pas de sitôt. Lundi, l’Alberta comptait 21.307 cas actifs de COVID-19, soit près de la moitié du total canadien, alors que la province représente à peine plus de 10 % de la population du pays.

Cette situation catastrophique a été exposée dans une déclaration de l’Association médicale canadienne (AMC) mercredi, qui a appelé à un confinement «coupe-circuit». La présidente de l’AMC, la Dre Catherine Smart, a déclaré: «Nous assistons actuellement à une crise sans précédent dans le domaine des soins de santé en Alberta et en Saskatchewan, et les patients et les travailleurs de la santé sont confrontés à des choix et à des conséquences insondables… Ce qui se passe est tellement déchirant, sachant qu’il était possible de l’éviter.»

Ce n’est que le dernier d’une série d’avertissements désespérés de la part des médecins et des organisations médicales, que Kenney a allègrement ignorés. Le premier ministre, qui a passé les six premiers mois de la pandémie à comparer la COVID-19 à la grippe, et qui a modelé sa politique en la matière sur celles de Trump et de Boris Johnson, a cyniquement décrit le confinement proposé par l’AMC comme «injuste» pour les vaccinés.

L’un des principaux moteurs de la quatrième vague de pandémie en Alberta et au Canada est la scolarisation en personne. Le gouvernement Kenney a rouvert les écoles au début du mois de septembre après avoir éliminé toutes les protections COVID-19. Même la recherche des contacts a été supprimée.

Les conditions à Edmonton sont emblématiques du désastre qui se déroule dans les écoles de la province. Mardi, les écoles publiques d’Edmonton ont publié un rapport alarmant faisant état de la présence de 573 infections auto-identifiées dans l’ensemble de son système scolaire, soit près de 10 fois plus que les 68 enregistrées à la même époque l’année dernière. Les infections ont été localisées dans 165 écoles de la ville. «Cela représente 78 % de nos écoles qui ont des cas de COVID», a fait remarquer Trisha Estabrooks, présidente du conseil scolaire. «Soixante-dix pour cent de ce nombre total de cas de COVID se trouvent dans notre population de la maternelle à la sixième année, parmi les élèves qui ne peuvent pas être vaccinés. Nous avons 57.000 élèves du primaire qui ne sont pas éligibles pour recevoir un vaccin COVID.»

Estabrooks a critiqué l’arrêt de la déclaration des cas et de la recherche des contacts par le gouvernement, qui a laissé le conseil scolaire documenter les cas signalés de manière indépendante. Elle a ajouté: «Nous savons que ce chiffre (573) n’est pas exact. Nous savons qu’il y en a plus».

Les taux d’infection sont également en forte hausse chez les enfants des zones rurales, où les taux de vaccination de la population adulte sont plus faibles.

La seule façon de mettre un terme à cette catastrophe qui s’accélère est que les travailleurs de toute la province et du Canada prennent en main la lutte pour un confinement strict, y compris l’arrêt immédiat et complet de toute production non essentielle. Cela doit être combiné avec la fermeture de toutes les écoles pour l’apprentissage en personne et le paiement des salaires complets à tous les travailleurs touchés, financé par la confiscation de la richesse accumulée par les profiteurs de la pandémie au cours des 18 derniers mois. Afin de lutter pour ces mesures nécessaires et urgentes, les travailleurs doivent former des comités de sécurité de base dans chaque lieu de travail, école et quartier de la province afin de coordonner une mobilisation de masse en opposition à l’établissement politique, qui porte l’entière responsabilité du nombre croissant d’infections et de décès.

Cette lutte ne doit pas s’arrêter aux frontières de l’Alberta. Les travailleurs de tout le Canada et du monde entier ont un intérêt urgent à se mobiliser pour éliminer et éradiquer le virus, qui ne respecte pas les frontières. Les cas parmi les enfants d’âge scolaire connaissent déjà une hausse spectaculaire dans la province voisine de la Colombie-Britannique, tandis que l’Ontario a enregistré plus de 1500 infections parmi les enfants d’âge scolaire depuis le retour de l’apprentissage en personne il y a trois semaines. Sans l’intervention décisive de la classe ouvrière, les conditions cauchemardesques qui frappent l’Alberta seront tôt ou tard la réalité de tout le pays.

Kenney a mis en œuvre sa stratégie de réouverture meurtrière avec le soutien de l’ensemble de l’élite dirigeante canadienne. Justin Trudeau ne s’est résolu à le critiquer que près de trois mois plus tard, dans les derniers jours de la campagne électorale fédérale, afin de marquer quelques points politiques contre le chef conservateur Erin O’Toole, un proche allié de Kenney. De manière significative, le premier ministre albertain, lors de sa dernière conférence de presse mardi, a cité de manière approbatrice la politique de réouverture du gouvernement du Nouveau Parti démocratique de John Horgan en Colombie-Britannique, qui a rejeté d’emblée les fermetures d’écoles.

La politique d’infection et de mort massive du gouvernement PCU est le fer de lance de la réponse meurtrière à la pandémie soutenue par l’ensemble de l’élite dirigeante, qui a déjà coûté la vie à plus de 27.700 Canadiens. L’automne dernier, le gouvernement Trudeau a exhorté les gouvernements provinciaux à n’imposer que des mesures de confinement à «court terme», limitées au niveau «local» en cas de pic d’infection. Trudeau a également applaudi la réouverture des écoles dans toutes les provinces. Ces politiques ont entraîné une deuxième vague au cours de l’hiver, avec plus de 10.000 décès. Lors de la récente élection fédérale, que Trudeau a déclenchée de manière irresponsable alors qu’une quatrième vague était en train d’éclater, aucun des partis n’a proposé de stratégie pour supprimer le virus. Leur soutien à la campagne de retour au travail et à l’école et leur affirmation selon laquelle il est possible de se sortir de la pandémie par la vaccination sans prendre d’autres mesures de santé publique ont conduit directement à une quatrième vague qui pourrait s’avérer la plus dévastatrice à ce jour.

L’absence de soutien populaire à cette stratégie du «profit avant la vie», qui a facilité une vaste explosion de la richesse que possèdent les grandes banques et les super-riches du Canada, est soulignée par l’aggravation de la crise du gouvernement Kenney. Il est attaqué de toutes parts, avec des efforts continus pour l’évincer de la direction du PCU. Une faction du parti, craignant que le PCU ne soit balayé aux prochaines élections, exige que Kenney impose des mesures de santé publique plus strictes. Une faction d’extrême droite beaucoup plus bruyante dénonce Kenney pour avoir réimposé les mesures de distanciation sociale les plus limitées.

Le gouvernement en crise de Kenney est confronté à une menace encore plus grande de la part de la classe ouvrière, qui entre en lutte contre sa politique homicide de pandémie et ses mesures d’austérité sauvages. Dans un geste visant ostensiblement à combattre les protestations des extrémistes de droite et des groupes anti-vaccins devant les établissements de santé au cours des dernières semaines, Kenney a annoncé mardi que les hôpitaux seraient ajoutés à la liste des sites protégés en vertu de la Loi sur la défense des infrastructures essentielles (CIDA). Cette loi criminalise désormais toutes les protestations sur les sites concernés, y compris celles des travailleurs de la santé contre le gouvernement. La CIDA a été introduite pour la première fois en 2020 à la suite de blocages de voies ferrées par des manifestants anti-pipeline.

Il ne fait aucun doute que la véritable cible de cette mesure est la classe ouvrière. Les infirmières réclament la grève depuis des mois après que le gouvernement a cherché à imposer une réduction des salaires et des avantages sociaux de 5 %. Les travailleurs du secteur public ont manifesté à diverses occasions au cours de l’année écoulée en raison des bas salaires, des réductions de salaire et des réductions des dépenses sociales. Cette semaine encore, plus de 10.000 employés de supermarchés ont voté massivement en faveur de la grève, citant les risques posés par la COVID-19 comme une préoccupation majeure.

La seule raison pour laquelle cette colère de classe qui couve ne s’est pas encore transformée en un affrontement politique ouvert avec le gouvernement Kenney est que les syndicats font tout ce qui est en leur pouvoir pour étouffer et saboter l’opposition sociale. Même aujourd’hui, alors que les hôpitaux sont au bord d’être submergés et que les patients se voient refuser des soins, tout ce que la Fédération du travail de l’Alberta (AFL) a pu présenter mercredi, c’est un appel poli aux «gouvernements provincial et fédéral», c’est-à-dire aux personnes mêmes qui sont responsables de la catastrophe actuelle, pour qu’ils mettent en place un «confinement coupe-feu». La fédération syndicale, qui prétend représenter 175.000 travailleurs, a également demandé un soutien financier aux travailleurs et aux entreprises «similaire à ce que nous avons vu lors de la première vague de la pandémie à l’échelle nationale», c’est-à-dire des prestations de fortune au niveau de la pauvreté pour les travailleurs et des fonds illimités pour les grandes entreprises.

Ces appels pathétiques proviennent d’une organisation qui n’a absolument rien fait pour mobiliser les travailleurs contre la quatrième vague entièrement prévisible. Ce n’est que grâce aux actions courageuses des médecins et autres professionnels de la santé, agissant indépendamment des syndicats, que des protestations contre le programme meurtrier de réouverture du gouvernement Kenney ont eu lieu. Ces protestations, qui ont obtenu le soutien de dizaines de milliers d’Albertains au cours de plusieurs semaines à la fin de juillet et en août, ont donné un aperçu de la profondeur de l’hostilité populaire à l’égard de la gestion désastreuse de la pandémie par la classe dirigeante. C’est précisément pour cette raison, par crainte de déclencher une explosion sociale qui perturberait les liens confortables des syndicats avec les grandes entreprises et les gouvernements à tous les niveaux, que la déclaration de mercredi de l’AFL n’a pas proposé une seule manifestation ou action que les travailleurs devraient entreprendre pour imposer un changement de cap.

Seule la mobilisation politique indépendante de la classe ouvrière en Alberta et dans tout le Canada peut imposer un confinement et d’autres mesures de santé publique dont le besoin est si urgent. La recherche des contacts, les vaccinations, l’isolement des cas et les tests de masse doivent être déployés dans le cadre d’une stratégie globale visant à éliminer et éradiquer la COVID-19.

Pour éviter que ne se répètent les scènes horribles de pertes massives observées à New York et en Italie au début de la pandémie, et en Inde plus tôt cette année, les travailleurs doivent organiser des comités de base et commencer immédiatement à organiser des grèves et d’autres formes de protestation, comme la grève internationale des écoles lancée aujourd’hui, le 1er octobre, par des parents britanniques. Leur objectif sera d’imposer l’arrêt de toute production non essentielle avec une compensation complète pour tous les travailleurs touchés. Cette action doit être couplée à une lutte politique dirigée contre l’austérité capitaliste et pour que les besoins sanitaires et sociaux de la société dans son ensemble soient placés avant les profits d’une poignée de super riches.

(Article paru en anglais le 1er octobre 2021)

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