Jorja Halliday, une écolière britannique de 15 ans, meurt de la COVID-19 le jour où elle devait se faire vacciner

Jorja Halliday, une jeune fille de 15 ans originaire de Portsmouth, dans le sud de l’Angleterre, est décédée tragiquement des suites de la COVID le 28 septembre à l’hôpital Queen Alexandra. Jorja avait été déclarée positive au virus quatre jours auparavant. Le jour de sa mort, Jorja devait recevoir son vaccin contre la COVID.

Jorja Halliday (Photo fournie par la famille)

Tracey Halliday, la mère de Jorja, a déclaré à la presse que sa fille ne souffrait d’aucun problème de santé sous-jacent et qu’elle avait développé des symptômes grippaux avant de passer le test PCR qui a donné un résultat positif, ce qui l’a forcée à s’isoler chez elle. Quelques heures plus tard, le dimanche 26 septembre, Jorja avait du mal à manger et le lundi 27 septembre, elle était incapable de manger du tout à cause de douleurs à la gorge.

Après avoir reçu des antibiotiques pour son état de santé qui s’aggravait, Jorja a été admise à l’hôpital, car son rythme cardiaque était deux fois plus élevé que ce qu’il aurait dû être.

Tracey a déclaré au Portsmouth News: «Ils ont réalisé à quel point c’était sérieux et on m’a autorisé à la toucher quand même, à lui tenir la main, à l’embrasser et tout le reste. Ils me l’ont permis. Je suis à un point où je ne peux pas comprendre ce qui s’est passé. J’étais avec elle tout le temps. Ils ont essayé de la mettre sous respirateur pour donner à son corps une chance de se rétablir. Son rythme cardiaque ne s’est pas stabilisé. Son cœur ne pouvait pas supporter la pression. Ils ont fait tout ce qu’ils pouvaient sur le plan médical, mais ils n’ont pas pu la sauver.»

Les résultats préliminaires ont révélé que Jorja souffrait d’une myocardite, qui se traduit par une inflammation du muscle cardiaque. Les symptômes associés à ce diagnostic comprennent des douleurs thoraciques, un essoufflement et la sensation d’un rythme cardiaque rapide ou de battements dans la poitrine.

Tracey explique: «Elle devait recevoir le vaccin mardi [28 septembre]. Mais comme elle a eu un test positif le samedi, elle devait s’isoler. À la fin de sa période d’isolement, elle devait recevoir le vaccin. Le jour de sa mort est le jour où elle aurait dû se faire vacciner».

La mort de Jorja laisse une mère et un père sans fille et quatre jeunes enfants, Daisie, Kallum, Julie et Oscar, sans sœur. Tracey a déclaré que Jorja était «aimée de tous, c’était une fille affectueuse et elle avait beaucoup d’amis. Elle était très active, elle aimait sortir et passer du temps avec ses amis et adorait passer du temps avec ses frères et sœurs. En grandissant, elle est devenue une belle jeune femme, toujours prête à aider les autres, toujours là pour les autres quand ils en avaient besoin. C’est déchirant parce que vos enfants sont toujours destinés à nous survivre, et c’est la seule chose que je n’arrive pas à surmonter».

Jorja était une kickboxeuse talentueuse et une musicienne en herbe. Il s’agit du dixième décès d’enfant connu en septembre au Royaume-Uni, dans des conditions où les cas chez les 12-17 ans sont les plus élevés en Angleterre depuis le début de la pandémie. Au moins un enfant sur 20 est infecté, ce qui équivaut à au moins un enfant dans chaque classe du pays. Malgré les décès survenus au cours des quelques semaines qui ont suivi la réouverture des écoles à partir de la mi-août en Écosse et du début septembre en Angleterre et au Pays de Galles, les écoles restent ouvertes sans mesures d’atténuation et la mise en œuvre du vaccin est lente.

La Portsmouth Academy School que fréquentait Jorja a enregistré 102 cas positifs en septembre. Selon le groupe militant SafeEdForAll, 86 élèves, 10 enseignants et six membres du personnel non enseignant ont confirmé avoir obtenu un test positif à la COVID. Au cours de la dernière année scolaire, de septembre 2020 à mai 2021, 30 étudiants, quatre enseignants et cinq membres du personnel non enseignant ont été déclarés positifs.

Comme pratiquement aucune mesure d’atténuation n’est en place dans toutes les écoles, le fait qu’autant de cas aient déchiré l’école Portsmouth Academy en quelques semaines seulement n’est aucunement surprenant. En novembre 2020, après que la direction de l’école a informé les parents qu’elle allait s’assurer de la sécurité des enfants, elle a été obligée, en raison de la propagation de la COVID parmi les enfants et le personnel, de renvoyer chez eux l’ensemble des élèves de 10e année les 19 et 20 novembre, puis de renvoyer également les élèves de 8e année à partir du 23 novembre pour la semaine.

L’augmentation massive des cas est entièrement imputable au gouvernement conservateur du premier ministre Boris Johnson et sa politique d’immunité collective mise en œuvre dès le premier jour de la pandémie qui a entraîné l’infection massive de plus de 7,6 millions de personnes et le décès de plus de 160.000 d’entre elles.

À la fin du mois de septembre, le nombre d’enfants britanniques tués par le virus COVID s’élevait à 88. Pour le gouvernement Johnson, ils ne sont que des dommages collatéraux, car ils exigent que les écoles restent ouvertes pour que leurs parents puissent aller travailler et créer des profits pour les sociétés.

Dans une lettre de recommandations sur la COVID datée du 22 septembre et publiée sur le site web de Portsmouth Academy, on peut lire: «Soyez rassurés, pour la plupart des enfants, le coronavirus (COVID-19) sera une maladie bénigne. L’établissement reste ouvert et votre enfant doit continuer à s’y rendre normalement s’il se porte bien».

De nombreux enfants et jeunes sont asymptomatiques et le temps que les symptômes se développent, ils auront infecté des dizaines d’autres personnes.

Le directeur de l’école a envoyé une lettre déclarant: «Notre communauté scolaire est unie dans notre chagrin et sous le choc.»

Avec la mort évitable d’un autre enfant, ce qui est vraiment choquant est qu’avec des cas si élevés à tous les niveaux, l’école reste ouverte.

La perte d’un élève populaire dans une école secondaire où vont aussi le frère ou la sœur sera ressentie par beaucoup. Mais alors que les représentants du gouvernement bombardent le public de préoccupations feintes sur la santé mentale des jeunes, on ne tient pas compte, ou très peu, de l’impact de la COVID sur des familles comme celle de Jorja et leurs communautés. L’école est située dans l’un des quartiers les plus défavorisés de Portsmouth.

La mort de Jorja a eu un impact sur des centaines de parents, de médecins et d’éducateurs qui ont fait part de leur inquiétude sur Twitter. L’usager Twitter «Hadenuff» a déclaré: «Jorja Halliday avait 15 ans et était en bonne santé. L’infection massive n’est jamais la voie à suivre. Quel enfant sera le prochain dans la roulette russe COVID?»

Beaucoup ont félicité la maman de Jorja pour avoir pris la parole et encouragé les enfants à se faire vacciner. Des médecins d’expérience ont exprimé leur inquiétude quant à la lenteur du déploiement de la vaccination. Le Guardian rapporte que la Dre Helen Salisbury, médecin généraliste à Oxford et membre du comité indépendant Sage, qui a critiqué certains aspects de la politique COVID du gouvernement, a déclaré que, bien qu’il soit logique d’administrer les vaccins COVID par le biais des écoles, le programme a démarré tardivement par rapport à d’autres pays et de nombreuses écoles pourraient avoir des difficultés étant donné les récentes coupes dans les services infirmiers et médicaux des écoles.

Salisbury a déclaré que la combinaison d’une «approbation tiède» du vaccin dans ce groupe d’âge et de «services surchargés» risquait de retarder davantage les vaccinations chez les adolescents. Renvoyer les enfants à l’école sans masques, sans ventilation supplémentaire, sans bulles et sans politiques d’isolement est «une recette totale pour s’assurer que tout le monde soit exposé», a-t-elle ajouté. Quant au programme de vaccinations, «je ne comprends pas pourquoi nous ne nous y mettons pas. Cela semble urgent. Urgent de protéger ces enfants, et de protéger leurs familles, et de protéger leur éducation. Nous aurions dû commencer dès l’été.»

Le programme de vaccination est mené par les équipes communautaires du NHS qui sont déjà débordées par la demande actuelle de COVID et les vaccinations contre la grippe. En août, une infirmière scolaire a écrit au Nursing Times pour tirer la sonnette d’alarme sur les coupes prévues dans les services infirmiers du Hampshire, d’un montant de 2,09 millions de livres par an, ce qui signifie une réduction de 47 infirmières ou 12,5 pour cent des effectifs.

Selena Brash, chef d’équipe clinique au sein de l’équipe d’infirmières scolaires de l’East Hampshire, a lancé une pétition au début de l’été exigeant une augmentation du financement «afin de protéger la prestation des infirmières scolaires». Elle a prévenu que l’impact de la pandémie de coronavirus avait «intensifié» le besoin de soutien, la pétition soulignant que les services avaient besoin d’un financement accru, et non de réductions.

Les travailleurs de la santé et les éducateurs qui sont en première ligne de la pandémie, y compris les parents et les grands-parents, sont précipités dans des circonstances intolérables.

La mort de Jorja et l’élan de sympathie suscité par son cas sont la preuve d’une opposition généralisée aux écoles non sécurisées. Pour s’assurer qu’il n’y ait plus de décès parmi les enfants, les éducateurs et dans la population en général, une lutte doit être menée pour mettre fin à la pandémie par l’éradication de la COVID.

(Article paru en anglais le 5 octobre 2021)

Loading