Biden minimise le rapport désastreux sur l’emploi de septembre et vante le «succès» de sa gestion de la pandémie

En réponse à un autre rapport désastreux sur l’emploi, le président Joe Biden a cherché à présenter les chiffres sur la masse salariale, qui étaient même inférieurs aux totaux anémiques du mois d’août, comme des indicateurs de progrès constants vers la reprise économique.

Le président Joe Biden s’exprime depuis la Maison-Blanche, le jeudi 9 septembre 2021, à Washington [Photo: AP Photo/Andrew Harnik]

La masse salariale non agricole aux États-Unis a augmenté de 194.000, avec correction des variations saisonnières, contre 235.000 en août et bien en deçà des 500.000 emplois largement prévus par les économistes. Le ralentissement des embauches survient malgré les tentatives désespérées de la classe dirigeante de «normaliser» la pandémie en mettant fin à l’aide fédérale aux chômeurs, y compris les travailleurs indépendants, et en rouvrant les écoles pour permettre aux parents de reprendre le travail.

Biden a attribué les embauches plus lentes que prévu à l’impact du variant Delta, comme si l’horrible propagation de la maladie, qui tue près de 2000 personnes chaque jour aux États-Unis, était un événement entièrement extérieur, sans lien avec la politique meurtrière de réouverture et l’abandon des mesures d’atténuation menées par son administration depuis son entrée en fonction.

Il a ensuite tenté de s’attribuer le mérite de la récente et modeste baisse du nombre de cas de COVID-19 et des récentes hausses de salaire, sans mentionner le nombre croissant de morts ni la forte augmentation du coût de la vie.

Alors que le taux de chômage officiel est tombé à 4,8 % en septembre, contre 5,2 % en août, une mesure plus significative, le taux de participation de la population active, a enregistré une légère baisse par rapport à août. Il est important de noter que ce taux inclut les travailleurs dans la force de l’âge, c’est-à-dire ceux âgés de 25 à 54 ans.

Le secteur des loisirs et de l’hôtellerie, qui avait été l’un des principaux moteurs de la croissance de l’emploi depuis février, n’a créé que 74.000 emplois en septembre, après une augmentation de seulement 38.000 en août. Et ce, malgré le fait que le salaire horaire moyen des employés de la restauration dépasse désormais 15 dollars pour la première fois, selon le US Bureau of Labor and Statistics. Le salaire horaire moyen des travailleurs du secteur des loisirs et de l’hôtellerie a atteint 18,95 dollars en septembre, soit une hausse de 10 cents par rapport à août.

Le nombre d’emplois dans le secteur manufacturier n’a augmenté que de 26.000, contre 31.000 en août. Dans l’ensemble, le nombre d’emplois manufacturiers a diminué de 353.000 depuis février 2020, ce qui reflète à la fois la pénurie de travailleurs et les perturbations dans la chaîne d’approvisionnement mondiale.

Le rapport d’août sur l’emploi a été reçu comme un choc par les marchés financiers, qui avaient compté sur une reprise de l’embauche pour stimuler les profits et soutenir la bulle d’endettement massive. Le faible nombre d’embauches n’a fait qu’intensifier la volonté de la classe dirigeante de mettre fin à toute mesure d’atténuation de la pandémie et de renvoyer les travailleurs dans les écoles et les usines.

À la grande horreur de l’oligarchie financière et patronale, non seulement les travailleurs refusent toujours d’accepter des emplois mal payés dans des conditions dangereuses, mais une vague de luttes ouvrières a éclaté à travers les États-Unis, les travailleurs rejetant les conditions contractuelles misérables que les employeurs et les syndicats tentent de leur imposer. Des milliers de travailleurs sont déjà en grève, dont 1400 travailleurs de Kellogg’s, des mineurs de Warrior Met en Alabama et des infirmières dans le Massachusetts et à Buffalo, New York. Des dizaines de milliers d’autres ont voté ou votent pour une grève, dont 60.000 travailleurs de la production cinématographique et télévisuelle et 24.000 infirmières de Kaiser Permanente en Californie du Nord.

Contrairement au discours optimiste du président, la presse financière a réagi avec inquiétude aux chiffres de l’emploi de septembre. Le New York Times a écrit: «La combinaison d’une participation stagnante de la population active et d’une augmentation des salaires crée une image alarmante pour les économistes et les investisseurs, une image dans laquelle les coûts augmentent alors que les perspectives de croissance sont de plus en plus sombres. Si moins de personnes travaillent et perçoivent un salaire, l’économie peut produire moins au fil du temps. Et comme les employeurs doivent payer davantage pour attirer les travailleurs, ils peuvent être amenés à augmenter les prix pour couvrir leurs coûts croissants, ce qui alimente une forte inflation.»

La politique d’immunité collective de l’administration Biden et de toutes les sections de la classe dirigeante américaine a eu pour conséquence inévitable de faire grimper le taux d’infection et de décès, y compris parmi la couche la plus vulnérable de la population: les enfants. Selon un rapport, plus de 2000 fermetures d’écoles dues à la COVID-19 ont été enregistrées dans 470 districts scolaires de 39 États à la mi-septembre, un chiffre qui n’a fait qu’augmenter depuis. Les responsables de la santé de l’État du Michigan signalent que la semaine dernière, 375 enfants de moins de 12 ans en moyenne ont contracté le virus chaque jour.

Malgré tous les efforts des propagandistes des médias bourgeois pour présenter la pandémie comme pratiquement terminée, la réalité des infections et des morts en masse génère une hostilité et une résistance continues à un retour sur des lieux de travail dangereux. Les difficultés rencontrées par la classe dirigeante dans la réouverture des usines sont aggravées par les perturbations de grande ampleur dans la chaîne d’approvisionnement mondiale liées à la pandémie, depuis le manque de puces électroniques jusqu’aux dizaines de navires immobilisés devant le port de Los Angeles, incapables de décharger.

Les rapports indiquent que la pandémie est la principale raison pour laquelle les employeurs ont du mal à recruter des travailleurs, à la fois parce que les travailleurs ont peur de contracter la COVID-19 et parce qu’il est difficile de trouver des services de garde pour les enfants. Selon les chiffres du ministère du Travail américain, il y avait près de 11 millions d’emplois non pourvus à la fin du mois de juillet, soit le chiffre le plus élevé jamais enregistré et plus que le nombre de chômeurs à la recherche d’un emploi. L’emploi total aux États-Unis est toujours en baisse d’environ cinq millions de postes par rapport à février 2020. Quelque 2,7 millions de travailleurs sont sans emploi depuis six mois ou plus.

Les marchés boursiers ont réagi de manière mitigée au rapport sur l’emploi, mettant fin à une semaine très volatile marquée par de fortes variations. La crainte est que la hausse de l’inflation oblige la Réserve fédérale américaine à relever ses taux d’intérêt malgré la stagnation de la croissance de l’emploi, ce qui pourrait déstabiliser le château de cartes financier créé par l’injection sans fin de liquidités publiques sur les marchés.

Les signes de dislocation économique causés par la pandémie démentent les discours creux de l’administration Biden sur la reprise économique. Ils réfutent également la justification de la fin des programmes d’aide liés à la pandémie et du moratoire sur les expulsions. Aussi inadéquates que soient ces mesures, y compris la bonification et la prolongation des allocations de chômage et un supplément hebdomadaire de 300 dollars, elles étaient tout ce qui permettait à de nombreuses familles de garder la tête hors de l’eau.

Essayant de changer de sujet par rapport au document sur l’emploi, Biden s’est vanté des «progrès» réalisés sur ses projets de loi sur la protection sociale et le climat. Il a noté l’état lamentable des infrastructures aux États-Unis ainsi que les indices de détresse sociale, comme le manque d’accès à l’éducation de la petite enfance. Toutefois, il a omis de mentionner que son administration avait capitulé devant les forces de droite en réduisant massivement la mesure déjà inadéquate de 3500 milliards de dollars visant ostensiblement à remédier à ces maux.

Biden a présenté son budget et ses projets de loi sur l’infrastructure en des termes résolument nationalistes, dirigés en grande partie contre la Chine. «Ces projets de loi ne concernent pas la gauche contre la droite, ou les modernes [modérés] contre les progressistes, ou quoi que ce soit d’autre qui oppose les Américains les uns aux autres», a-t-il déclaré. «Ces projets de loi portent sur la compétitivité contre la complaisance».

Comme les travailleurs l’ont appris avec l’expérience, la «compétitivité» est un mot d’ordre pour presser des niveaux de production toujours plus élevés sur les travailleurs et pour éviscérer les avantages sociaux.

Chaque recul contractuel imposé par les syndicats a été défendu en invoquant la nécessité d’une plus grande «compétitivité».

Le rapport sur l’emploi est un signe supplémentaire de l’aggravation de la crise du capitalisme américain et mondial. L’administration Biden et la classe dirigeante américaine n’ont d’autre réponse que d’intensifier leurs attaques contre la classe ouvrière tout en intensifiant leurs plans de confrontation avec leurs concurrents étrangers, en premier lieu la Chine.

(Article paru en anglais le 9 octobre 2021)

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