Les travailleurs de Deere publient une déclaration: «Votez NON au contrat poubelle UAW-Deere! Les travailleurs de la base doivent avoir droit de regard sur le scrutin!»

Le 1er octobre, le syndicat United Auto Workers (UAW) et le géant des équipements agricoles Deere et Cie ont annoncé un accord de principe pour un nouveau contrat de six ans. L’UAW a commencé à distribuer les détails de l’accord vendredi, deux jours seulement avant le vote sur l’accord. Les travailleurs ont réagi avec colère aux termes du contrat, qui maintient les augmentations en dessous de l’inflation et crée un nouveau palier pour les prestations de retraite des travailleurs.

Le Comité des travailleurs de base de John Deere, récemment formé, a publié vendredi la déclaration suivante, appelant les travailleurs à s’opposer aux efforts de l’UAW pour faire passer un autre accord favorable à l’employeur. Pour en savoir plus sur la façon de rejoindre le comité, les travailleurs peuvent envoyer un courriel à deerewrfc@gmail.com ou un message texte SMS au (484) 514-9797.

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Votez NON au contrat poubelle UAW-Deere!

Les travailleurs de la base doivent avoir droit de regard sur le scrutin!

Frères et sœurs:

L’UAW tente de faire passer en force un nouveau contrat de six ans qui ne répond pas aux besoins des travailleurs et donne à l’entreprise ce qu’elle veut.

Le président de l’UAW, Ray Curry, et le vice-président, Chuck Browning, ont déclaré que leur accord avec Deere contient des «gains substantiels» pour les travailleurs. Ils doivent nous prendre pour des imbéciles.

Tout d’abord, le contrat prévoit des augmentations salariales bien inférieures au taux d’inflation actuel de 5 pour cent, ce qui équivaut à une réduction des salaires réels et sape notre pouvoir d’achat. Il n’y aurait que trois augmentations générales des salaires sur six ans, ainsi qu’une prime à la signature et trois paiements forfaitaires qui n’augmentent pas le salaire de base et qui sont lourdement imposés. Après de multiples contrats où nos salaires ont été maintenus à la baisse, alors que Deere réalise des bénéfices records, ce n’est rien d’autre qu’une gifle au visage.

Deuxièmement, le contrat éliminerait toute pension pour les travailleurs nouvellement embauchés, créant encore un autre niveau et sapant davantage le principe «à travail égal, salaire égal».

Troisièmement, le contrat maintiendrait le ticket modérateur pour les visites chez le médecin et dans les salles d’urgence ainsi que les coûts des ordonnances mis en place dans le dernier contrat.

Où sont exactement les «gains substantiels» dans nos salaires, nos soins de santé, nos plans de retraite et nos heures de travail? Où sont les gains pour les travailleurs nouvellement embauchés, maintenus pendant des mois en période d’essai? Ou pour les retraités et leurs conjoints?

Dans le passé, vous pouviez être fier de dire que vous travailliez pour Deere, et nous avons placé la barre très haut pour les travailleurs agricoles. Aujourd’hui, les autres travailleurs n’arrivent pas à croire à quel point la situation s’est dégradée ici. Si nous ne pouvons pas obtenir de véritables gains maintenant, alors que Deere gagne des milliards et n’est pas en mesure d’embaucher assez rapidement pour répondre aux commandes, quand le pourrons-nous? Nous devons gagner un meilleur avenir pour nous-mêmes, nos familles et la prochaine génération.

Le Comité des travailleurs de base de Deere appelle tous les travailleurs à se mobiliser dimanche pour rejeter ce contrat poubelle et le jeter aux rebuts comme il se doit!

On ne doit absolument pas faire confiance à l’UAW pour mener à bien un vote honnête. De nombreux travailleurs soupçonnent déjà que tout est arrangé d’avance et que le contrat sera en quelque sorte «miraculeusement» adopté par une faible avance, comme l’UAW l’a prétendu en 2015. Mais parmi les travailleurs, il est évident que nous sommes très majoritairement opposés à cet accord.

Pour éviter toute possibilité de bourrage des urnes ou de truquage du vote par les responsables de l’UAW, qui ont clairement fait savoir qu’ils voulaient que ce contrat soit adopté, il doit y avoir une surveillance du vote par la base. Les travailleurs doivent organiser des délégations de chaque usine et établissement pour surveiller le décompte des voix.

C’est clair que l’UAW n’a rien «négocié» avec Deere cette année. C’est pourquoi ils ont maintenu un black-out sur l’information concernant les négociations. Leur stratégie consiste maintenant à essayer de nous convaincre qu’on ne peut rien faire. Ils vont nous mentir et ils vont prétendre que c’est «le mieux que Deere puisse faire», tout en censurant nos commentaires sur Facebook et en disant qu’ils ne veulent entendre aucune critique. Ce faisant, ils travaillent en tant que représentants de Deere, pas les nôtres.

Deere et ses dirigeants millionnaires, ainsi que leurs «partenaires» au sein de l’UAW, n’admettront jamais que l’entreprise a les moyens de nous donner ce dont nous avons besoin, à moins que nous nous levions et nous battions pour cela. Le Comité des travailleurs de base de Deere présente les demandes minimales suivantes pour ce dont les travailleurs et les retraités ont besoin pour vivre dignement:

• La fin immédiate du système d’échelons en rétablissant le paiement intégral des soins de santé et des pensions pour tous les travailleurs

• Une augmentation générale des salaires de 30 pour cent pour compenser les années de gel et de stagnation des salaires

• Une clause d’indexation annuelle sur le coût de la vie pour suivre l’inflation

• Des prestations de soins de santé entièrement payées pour les retraités et leurs veuves, sans ticket modérateur et sans primes.

• L’abolition du régime d’amélioration de la productivité (CIPP), sans perte de salaire

• Pas d’heures supplémentaires obligatoires, afin que nous ayons du temps à consacrer à nos familles, et une rémunération à taux et demi pour les heures supplémentaires volontaires au-delà de huit heures et pendant les week-ends

• Le contrôle par les travailleurs des protocoles de sécurité pour arrêter la propagation de la COVID-19. Le droit d’arrêter la production et de fermer l’usine pour un nettoyage complet, avec une compensation garantie aux travailleurs pour tout le temps perdu, en cas d’éclosion de COVID.

Ces revendications sont à la fois réalistes et réalisables, mais pour les obtenir, nous devons reconnaître que nous sommes confrontés à une lutte contre Deere et l’UAW. Nous appelons les travailleurs à rejoindre notre comité et à mettre en place des comités locaux de la base dans chaque usine Deere afin de partager les informations, de coordonner nos efforts et de commencer à préparer la grève.

Chez Volvo Trucks, en Virginie, au début de cette année, un comité de la base a fourni aux travailleurs des informations et des conseils cruciaux tout au long d’une grève de plusieurs semaines. Il a contribué ainsi à briser le black-out de l’UAW en matière d’information. Ce comité a joué un rôle de premier plan dans l’organisation de trois rejets massifs du contrat pro-employeur de l’UAW. Il a obtenu un soutien important de la part de travailleurs d’autres pays, notamment de la Belgique, où les travailleurs de Volvo ont mené une grève sauvage après avoir pris connaissance de la lutte de leurs frères et sœurs aux États-Unis.

Avec une puissante multinationale comme Deere, nous devons également nous efforcer de mobiliser le soutien le plus large possible parmi les travailleurs aux États-Unis et dans d’autres pays, qui cherchent également à mettre fin aux bas salaires et aux longues heures de travail. Cela inclut les travailleurs du fabricant de pièces automobiles Dana Cie qui fournit Deere, où les travailleurs sont actuellement contraints de travailler dans le cadre d’une prolongation de contrat au jour le jour par l’UAW et le syndicat des Métallos. Cela inclut également les dizaines de milliers de travailleurs de Deere au Mexique, en Inde, au Brésil, en Allemagne et ailleurs.

Frères et sœurs, cette lutte peut et doit être gagnée, mais elle dépend des travailleurs de la base qui doivent prendre l’initiative et développer les organisations qui se battront pour satisfaire les besoins de tous les travailleurs!

(Article paru en anglais le 9 octobre 2021)

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