Les syndicats de l’éducation s’opposent farouchement à une manifestation des enseignants de l’Ontario en faveur de meilleurs EPIs

Une manifestation organisée par des enseignants en Ontario pour réclamer le droit de porter des masques de meilleure qualité dans les salles de classe a obtenu un large soutien des éducateurs, des parents et des travailleurs de tout le Canada. Organisée de manière indépendante par des enseignants de la base, la manifestation du 14 octobre a été farouchement dénoncée par les syndicats de l’éducation, qui soutiennent les politiques propatronales de réouverture des écoles du gouvernement progressiste-conservateur de la province.

La manifestation a lancé un appel au personnel scolaire de l’Ontario de porter des masques de qualité supérieure pour travailler, tels que des masques N95, plutôt que les masques chirurgicaux imposés par le gouvernement provincial et les conseils scolaires. Comme le soulignent les supporters de la manifestation, les preuves scientifiques ont établi que les masques chirurgicaux ne suffisent pas à protéger celui qui le porte d’un virus qui se transmet dans l’air comme le SRAS-CoV-2, surtout dans les classes bondées où les enfants de moins de 12 ans ne sont pas vaccinés.

Depuis la reprise des cours en présentiel au début du mois de septembre, des milliers d’enfants et des centaines d’éducateurs ont été infectés par le virus. Sur les 417 nouvelles infections à la COVID-19 signalées jeudi en Ontario, 126 étaient liées aux écoles. Au total, 696 écoles ont signalé au moins un cas, et quatre sont actuellement fermées en raison d’éclosions.

La manifestation de jeudi a été lancée au début du mois par Ryan Imgrund, un biostatisticien et enseignant au secondaire. Imgrund a acquis une grande popularité sur Twitter en raison de ses mises à jour quotidiennes détaillées de l’évolution de la pandémie en Ontario, ainsi que pour son opposition franche à la façon désastreuse dont le gouvernement gère la réouverture des écoles.

La réponse des syndicats d’enseignants à l’appel d’Imgrund a été rapide et agressive, démontrant leur hostilité à toute action indépendante entreprise par les éducateurs pour combattre la pandémie.

Peu de temps après avoir lancé l’appel au personnel scolaire pour qu’il porte de meilleurs masques, Imgrund a reçu une lettre de mise en demeure de son syndicat, l’Association des enseignants catholiques anglophones de l’Ontario (OECTA). Le syndicat a blâmé Imgrund pour avoir organisé la manifestation et a exigé qu’il l’annule immédiatement.

Cela a suscité une réaction furieuse de la part des enseignants de la base et de leurs supporters. Un utilisateur de Twitter portant le pseudonyme tru’dat a écrit: «L’OECTA prend des milliers de dollars aux enseignants au cours de leur carrière, mais pendant la plus grave crise sanitaire du siècle, ils MENACENT LES ENSEIGNANTS CONTRE L’UTILISATION D’EPIs DE MEILLEURE QUALITÉ!»

La Fédération des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario (FEEO) n’a pas tardé à intervenir, publiant un avis à ses membres leur demandant de ne pas participer à la manifestation du 14 octobre. Dans une déclaration qui ressemblait davantage à une menace contre les enseignants qu’à un avis, la FEEO a fait valoir que la participation à la manifestation et le port de meilleurs masques pourraient être considérés par les conseils scolaires comme de l’insubordination et même une grève illégale, justifiant une suspension ou pire. LA FEEO n’a même pas offert une sympathie symbolique pour les préoccupations qui ont motivé la manifestation. Elle n’a pas non plus indiqué qu’elle lèverait ne serait-ce qu’un petit doigt pour défendre les enseignants victimes des autorités scolaires pour avoir cherché à protéger leur santé, leur vie et celle de leurs proches.

Un «avis» de la FEEO dénonçant la manifestation de jeudi pour des masques de meilleure qualité.(Twitter)

Au lieu de cela, l’avis demandait aux membres du syndicat de faire part de leurs préoccupations au directeur de leur école ou à la section locale de la FEEO. En d’autres termes, de faire appel et de faire confiance aux représentants des conseils scolaires qui soutiennent sans réserve la réouverture des écoles et à un syndicat opposé à toute action des enseignants pour lutter pour des salles de classe plus sécuritaires.

L’avis de la FEEO demandait également au personnel scolaire de consulter la Loi sur la santé et la sécurité au travail de la province pour répondre à leurs préoccupations. Pourtant, tous les enseignants savent que le ministère du Travail de l’Ontario a rejeté toutes les requêtes en refus de travailler déposées par les enseignants tout au long de la pandémie, révélant ainsi le caractère frauduleux des affirmations des syndicats et de leurs supporters selon lesquelles les refus de travailler sont un moyen efficace de garantir des conditions de travail sécuritaires.

Un échange particulièrement intense a éclaté sur Twitter autour d’une circulaire envoyée aux membres du district 24 de la Fédération des enseignantes et enseignants des écoles secondaires de l’Ontario (FEESO) par son président, Robert Grascho. Dans cette lettre, Grascho a accusé sans fondement Imgrund et les organisateurs de la manifestation de profiter de la vente des masques et a déclaré qu’il n’était pas «pratique» de demander aux administrateurs de vérifier l’authenticité des masques non chirurgicaux.

L’utilisateur de Twitter Mamabear123, répondant à la citation de Imgrund de la lettre de Grascho, a écrit: «Travaillez-VOUS réellement dans une école Rob? Est-ce que vous écoutez vos membres? Ça n’en a pas l’air.» Une autre utilisatrice, Joanna Dent, a répondu succinctement: «Je suis membre de son syndicat local et il ne nous a pas demandé ce que nous voulions.»

Comme les supporters de la manifestation l’ont souligné dans leurs commentaires, les syndicats réagissent à la plus grande crise sanitaire et sociale du siècle non pas en luttant pour la vie et la santé de leurs membres et de leurs étudiants, mais en soutenant fermement la campagne des gouvernements de la grande entreprise pour la réouverture, tant au niveau provincial que fédéral.

Cette campagne, fondée sur un cadre d’atténuation et des mesures de santé publique extrêmement limitées qui maintiennent une activité économique non essentielle et la poursuite de l’enseignement en classe, peut au mieux ralentir la propagation du virus, tout en perpétuant la maladie et la mort en masse. Cette situation a été illustrée de la façon la plus frappante dans les provinces de l’Ouest du Canada, la Colombie-Britannique, l’Alberta et la Saskatchewan, où les cas quotidiens se comptent par milliers et les décès quotidiens par douzaines, en raison de la réduction des mesures de santé publique tant par les gouvernements néo-démocrates soutenus par les syndicats, que conservateurs.

Les syndicats d’enseignants rejettent tout programme de mobilisation de leurs membres pour s’opposer à ces politiques meurtrières. Lorsque, par conséquent, le personnel scolaire de la base prend les choses en main, la bureaucratie syndicale répond par une hostilité et des menaces sans retenue. Leur hostilité reflète la crainte des responsables syndicaux, qui gagnent des salaires à six chiffres, que toute manifestation indépendante, aussi limitée soit-elle, puisse échapper à leur contrôle et déclencher un mouvement de masse dirigé par la classe ouvrière et visant à donner la priorité aux besoins de la société plutôt qu’aux profits de l’élite patronale et de la grande entreprise.

La bureaucratie syndicale représente une section de la classe moyenne aisée qui est aliénée des membres de la base qui leur est hostile. Leurs intérêts matériels sont étroitement liés aux sociétés et aux gouvernements qui les représentent. Les écoles ont été forcées d’ouvrir afin que les parents puissent continuer à travailler et à engendrer des profits pour les entreprises.

En contraste, d’éminents scientifiques, comme la Dre Malgorzata Gasperowicz, biologiste à l’Université de Calgary, ont démontré de manière convaincante qu’une stratégie d’éradication, comprenant un arrêt de l’activité économique non essentielle et la fermeture des écoles pendant quelques semaines seulement, combinés à une indemnisation complète et adéquate des travailleurs et de leurs familles, peut éliminer le virus.

C’est cette perspective qui a guidé la grève mondiale des écoles de vendredi par Lisa Diaz, une mère britannique. Diaz, ainsi que la Dre Gasperowicz et un certain nombre d’autres scientifiques et travailleurs, seront des intervenants lors d’un webinaire international prévu le dimanche 24 octobre, intitulé Comment mettre fin à la pandémie: les arguments en faveur de l’éradication.

Organisé par le World Socialist Web Site et l’Alliance ouvrière internationale des comités de base, le webinaire expliquera pourquoi une stratégie d’éradication mondiale est nécessaire pour combattre la COVID-19 et l’urgence de développer un mouvement international de la classe ouvrière pour imposer une réponse à la pandémie basée sur la science. Nous encourageons tous les éducateurs et leurs supporters au Canada à planifier leur participation à cet événement important et à contacter le Comité de sécurité pancanadien du personnel scolaire de la base (CSPPB) afin de mener une véritable lutte pour éradiquer le virus et garantir des conditions de travail sécuritaires pour tous. Le CSPPB peut être joint à l’adresse suivante: cersc.csppb@gmail.com.

(Article paru en anglais le 15 octobre 2021)

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