La «cinquième vague» de COVID-19 est en cours en France

Après une baisse continue des cas depuis la mi-août, la dernière période de sept jours a vu une augmentation de 11,5 pour cent des nouveaux cas de COVID-19 en France. Après que la moyenne des cas sur sept jours ait atteint un minimum de 4.172 le 9 octobre, elle est remontée à 4.647. Mardi, le nombre total de personnes hospitalisées pour la COVID-19 a augmenté pour la première fois en deux mois de 15, pour atteindre 6.483. Au 17 octobre, le taux de reproduction R0 estimé en France était de 1,05.

Une secouriste sort d’une tente installée devant le service des urgences de l’hôpital de Crémone, dans le nord de l’Italie [Photo: Claudio Furlan/Lapresse via AP, dossier]

Au cours de la semaine dernière, plus de 200 personnes sont mortes du virus, ce qui porte à plus de 118.000 le nombre total de décès dus à la COVID-19 depuis le début de la pandémie. En Europe, le nombre de décès dépasse désormais 1,27 million, selon le site worldometers.info.

Début septembre, l’Institut Pasteur a averti que les conditions hivernales entraîneront une nouvelle vague du virus en France et un pic d’hospitalisations qui dépassera celui observé en 2020. Ce calcul reposait sur l’hypothèse que l’efficacité des vaccins ne diminuerait pas avec le temps et ne prend pas en compte l’impact de nouveaux variants.

Avant même l’arrivée du froid en France, qui favorise généralement la propagation des virus respiratoires, la résurgence de la COVID-19 est bien engagée. Sans mesures immédiates pour enrayer la propagation du virus, d’ici quelques semaines, les cas quotidiens se compteront à nouveau par dizaines de milliers.

L’augmentation des cas, malgré l’augmentation des niveaux de vaccination dans la population, met à nu le mensonge du gouvernement selon lequel les vaccins seuls peuvent contenir et mettre fin à la pandémie. En date du 17 octobre, 67,4 pour cent de la population étaient entièrement protégés et 75,5 pour cent avaient reçu une dose. Si la vaccination est une mesure nécessaire pour protéger la population d’une infection grave et réduire la transmission, elle n’est pas suffisante à elle seule pour arrêter le virus.

Il est fort probable que les conditions en France ressembleront à celles du Royaume-Uni d’ici quelques semaines. Les deux pays ont entièrement vacciné environ 67 pour cent de leur population. Au Royaume-Uni, au cours de la semaine dernière, le nombre moyen de cas quotidiens était de 44.251 et près de 1.000 personnes sont décédées.

La récente décision du gouvernement Macron de retirer les masques dans les écoles ne fera qu’accentuer l’accélération des infections. La semaine dernière, 1180 classes d’école ont été fermées en raison de tests positifs à la COVID.

La décision du gouvernement de mettre fin aux tests gratuits le 15 octobre devrait faire baisser artificiellement le niveau réel d’infection en France dans les semaines à venir. En encourageant les gens à éviter le dépistage, même lorsqu’ils sont symptomatiques, les personnes infectées par le virus continueront à se rendre au travail, à faire la navette et à fréquenter les lieux de rencontre, mettant ainsi en danger tous ceux qu’elles côtoient.

La décision de mettre fin aux tests COVID-19 accessibles, principale méthode de dépistage du virus dans la population, révèle la détermination de la classe dirigeante à abandonner toutes les mesures de lutte contre le virus.

La décision de rouvrir les écoles alors que la transmission est généralisée fait courir à des millions d’enfants le risque d’attraper un virus dangereux, voire mortel dans certains cas. Cela signifie également que, en particulier dans les écoles primaires où les enfants ne se trouvent absolument pas vaccinés, le virus a pu circuler rapidement avant d’être ramené chez les parents et les familles.

Même si l’augmentation des cas après des semaines de baisse constante prouve que la pandémie est loin d’être terminée, la presse bourgeoise n’en a guère parlé. Lorsque l’augmentation du taux d’infection est reconnue, la seule réponse a été de minimiser les inquiétudes liées à cette augmentation.

France Info a reconnu l’augmentation des cas mais a cité la couverture vaccinale élevée de la France et la légère baisse des décès au cours de la semaine dernière pour conclure: «Pas de cinquième vague épidémique, comme à l’automne dernier, pour le moment». 20 Minutes s’est demandé «est-ce le début de la cinquième vague?» avant d’invoquer des arguments similaires pour conclure: «il est bien sûr trop tôt pour le dire».

De manière cruciale, ces publications ignorent le délai entre l’augmentation des infections et des décès qui a été observé à chaque autre étape de la pandémie en France, ainsi que dans d’autres pays hautement vaccinés comme Singapour, qui a connu un pic massif d’infections et d’hospitalisations malgré le fait que 82,4 pour cent de sa population soient entièrement vaccinés.

S’exprimant dans Le Monde la semaine dernière, Jean-François Delfraissy, le président du conseil scientifique du gouvernement, a mis en garde: «L’autre possibilité est l’émergence d’un variant encore plus transmissible ou qui échappe à l’immunité conférée par le vaccin». Il a ajouté que malgré la baisse des cas observée jusqu’en septembre et début octobre, «à long terme, bien sûr, la crise n’est pas terminée».

La capacité du vaccin à réduire les risques de décès et de transmission se trouve constamment menacée par le développement de nouveaux variants. Alors que les rappels sont essentiels pour une protection accrue, et devraient être déployés aussi largement que possible, ils risquent d’être inefficaces avec le développement de nouveaux variants. De plus, une grande partie de la population n’est pas vaccinée, notamment tous les enfants de moins de 12 ans, 735.000 personnes âgées de 65 à 74 ans et 638.000 personnes de plus de 75 ans.

Ces faits soulignent la nécessité d’une politique scientifique pour éliminer le virus et mettre fin à la pandémie une fois pour toutes.

Si les gouvernements capitalistes du continent avaient fait tout ce qu’ils voulaient, ils auraient laissé le virus circuler librement tout au long de la pandémie. En mars 2020, c’est seulement un mouvement de grève sauvage qui a commencé avec des travailleurs en Italie et qui s’est répandu comme une traînée de poudre à travers l’Europe et aux États-Unis qui a conduit aux premières, et jusqu’à présent, seules mesures scientifiques pour combattre le virus.

Avec la complicité des syndicats propatronat, les restrictions ont été levées prématurément en France et les progrès accomplis vers l’élimination du virus ont été perdus. Depuis lors, divers confinements limités en France n’ont été mis en œuvre par le gouvernement que lorsqu’il a été menacé par des troubles sociaux et un nouveau mouvement de la classe ouvrière.

Alors que la France entre dans une cinquième vague, elle se trouve à nouveau à un moment crucial. La classe ouvrière doit se battre contre la politique d’immunité collective appliquée par Macron et les syndicats. Des centaines de milliers de vies à travers l’Europe et en France sont une fois de plus en jeu. Cette lutte nécessite la formation de comités de base sur chaque lieu de travail, dans chaque école et dans chaque quartier de France.

Ces comités doivent être guidés par une perspective scientifique pour éliminer le virus. Cela doit inclure des mesures de distanciation rigoureuses, la production et la distribution en masse du vaccin dans le monde entier, un revenu complet pour tous pendant la période d’isolement nécessaire, et un système de traçabilité adéquat.

Le WSWS organise un événement intitulé «Comment mettre fin à la pandémie» le 24 octobre (en anglais) afin d’armer la classe ouvrière avec les connaissances scientifiques nécessaires pour lutter pour cette perspective politique. Les travailleurs et les jeunes sont chaleureusement encouragés à y participer. Inscrivez-vous ici.

(Article paru en anglais le 22 octobre 2021)

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