De nouvelles informations apparaissent sur la façon dont les gouvernements au Canada ont dissimulé la transmission par aérosol de la COVID-19

Dans un tweet du 12 novembre, l’administratrice en chef de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, a reconnu publiquement pour la première fois que les aérosols – d’infiniment petites particules en suspension dans l’air – jouent un rôle majeur dans la propagation de la COVID-19. Au cours des trois semaines qui ont suivi cet aveu, le World Socialist Web Site a reçu d’autres informations démontrant comment le gouvernement fédéral a dissimulé la menace de la transmission par aérosol en continuant d’insister, même lorsque ses propres documents d’information disaient le contraire, que la principale source d’infection était les gouttelettes respiratoires qui tombent rapidement au sol.

«Depuis le début de la pandémie, nous avons beaucoup appris sur le virus SRAS2 qui cause la COVID-19», peut-on lire dans le tweet de Tam du 12 novembre. «Nous avons notamment appris comment le virus peut persister dans de fines particules en aérosol et rester en suspension dans l’air que nous respirons. De la même manière que la fumée expulsée persiste dans les espaces mal ventilés, le virus du SRAS2 peut rester en suspension dans l’air, les personnes proches de la personne infectée inhalant davantage d’aérosols, en particulier dans les espaces intérieurs et mal ventilés.»

Malgré les vastes implications de cette reconnaissance, l’Agence de la santé publique du Canada (ASPC) n’a pas modifié ses recommandations. Les gouvernements fédéral et provinciaux continuent de conseiller au public de simplement porter des masques «bien ajustés», sans préciser leur qualité – une mesure qui n’est efficace que contre les plus grosses gouttelettes respiratoires qui tombent rapidement au sol. Pourtant, les scientifiques ont compris depuis longtemps que pour se protéger contre un agent pathogène aéroporté, il faut au minimum des masques portant la désignation N95. Seuls ces masques de haute qualité peuvent protéger contre les aérosols qui, contrairement aux gouttelettes, sont de minuscules particules virales qui peuvent flotter dans l’air pendant de longues périodes.

Les enseignants de l’école secondaire Westmount de Montréal ont manifesté le 18 janvier dernier contre la réouverture téméraire des écoles par le gouvernement du Québec durant la deuxième vague de la pandémie au Canada. (Photo: Robert Green)

Le refus de tous les gouvernements de fournir des recommandations de santé publique fondées sur des données scientifiques est indissociable de leur soutien à la politique pandémique des «profits avant les vies», qui donne la priorité à la protection de la richesse des entreprises et des investisseurs sur la santé et le bien-être de la population. À commencer par le gouvernement Trudeau, les autorités canadiennes à tous les niveaux se sont attardées ces derniers mois à éliminer presque toutes les restrictions en matière de santé publique qui avaient pour but d’atténuer la propagation du virus. L’aide financière aux travailleurs a été pratiquement éliminée afin de forcer tout le monde à retourner sur des lieux de travail dangereux, alors même qu’une vague hivernale commence à s’installer. Le caractère criminel de ces politiques est rendu encore plus clair avec l’émergence du nouveau variant Omicron, qui semble être plus transmissible et pourrait échapper partiellement à l’immunité fournie par les vaccins.

Dans ces conditions, la révélation par le WSWS de la dissimulation par le gouvernement canadien, pendant près de deux ans, de la menace que représente la transmission par voie aérienne a provoqué une colère généralisée. Notre article initial a été lu par des milliers de personnes à travers le Canada, et de nombreux éducateurs ainsi qu’un scientifique nous ont fait part de leurs préoccupations.

Une lectrice du WSWS a fourni d’autres informations accablantes basées sur ses propres recherches qui démontrent à quel point le gouvernement était conscient qu’il dissimulait des conseils de santé publique essentiels à la population. Selon le site Internet Archive, qui documente l’historique des pages Web et les changements apportés à leur contenu, la page Web de l’ASPC sur les «modes de transmission» de la COVID-19 indiquait le 23 juin 2021: «Les rapports d’éclosions dans des milieux mal ventilés permettent de penser que des aérosols infectieux étaient en suspension dans l’air et que des personnes ont inhalé le virus. Une salle de répétition de chorale, des cours de conditionnement physique et des restaurants sont des exemples de tels milieux. Certaines conditions environnementales, telles que la recirculation de l’air, ont pu faciliter la transmission dans ces milieux. Nous n’avons pour l’instant aucune preuve que le virus soit capable de se transmettre sur de longues distances dans l’air.»

La version de la même page sur l’Internet Archive datée du 1er juillet 2021 contenait le passage altéré suivant: «Les rapports d’éclosions dans des milieux mal ventilés permettent de penser que des aérosols infectieux étaient en suspension dans l’air et que des personnes ont inhalé le virus même en se tenant à une distance supérieure à deux mètres. Une salle de répétition de chorale, des cours de conditionnement physique et des restaurants, entre autres, sont des exemples de tels milieux. Certaines conditions environnementales, telles que la recirculation de l’air, ont pu faciliter la transmission dans ces milieux. Les activités qui augmentent la production de gouttelettes respiratoires et d’aérosols peuvent accroître le risque dans ces contextes (comme chanter, crier ou faire de l’exercice).»

Si l’on visite la version actuelle de la page Web, il est indiqué que la dernière mise à jour a été effectuée le 29 juin 2021.

La chronologie des événements est d’une grande importance, car c’est précisément au cours de cette période que la classe dirigeante a surenchéri avec sa stratégie d’«apprendre à vivre avec le virus». Le 1er juillet 2021, Jason Kenney, chef du Parti conservateur uni (PCU) et premier ministre de l’Alberta, a déclaré que la pandémie était terminée et que sa province était «ouverte pour l’été». Toutes les mesures de santé publique ont été éliminées et les résultats ont été catastrophiques. L’Alberta a ensuite subi une quatrième vague dévastatrice qui a mené au débordement de son système hospitalier. Le triage, processus consistant à rationner les soins aux personnes les plus susceptibles de survivre tandis que les autres sont laissées pour mortes, a été adopté dans plusieurs régions. Des politiques criminelles similaires ont été mises en œuvre dans d’autres provinces, dont la Saskatchewan, le Nouveau-Brunswick et la Colombie-Britannique gouvernée par le NPD.

Le gouvernement fédéral de Trudeau a d’abord réagi à la décision dangereuse du gouvernement du PCU en restant silencieux. Le premier ministre a finalement trouvé le temps, plus de deux mois plus tard, de critiquer Kenney, mais uniquement parce qu’il était impliqué dans une campagne électorale fédérale très serrée dans laquelle son principal rival, le chef conservateur Erin O’Toole, était un proche allié de Kenney. Les critiques de Trudeau à l’égard de Kenney en septembre, alors que les unités de soins intensifs de l’Alberta débordaient, n’ont été accompagnées d’aucune mesure concrète pour combattre la pandémie.

De même, l’annonce du 12 novembre de Tam n’a entraîné aucune conséquence. À peine trois semaines plus tôt, le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, avait annoncé un plan visant à mettre fin à toutes les mesures de santé publique, y compris le port du masque, d’ici mars 2022. Deux semaines après l’annonce de Tam, alors que la nouvelle du variant Omicron émergeait, le gouvernement Trudeau a souligné son soutien ferme à la politique meurtrière de Ford en refusant d’adopter toute mesure concrète pour freiner la propagation d’Omicron.

L’indifférence impitoyable dont fait preuve l’ensemble de l’élite dirigeante canadienne à l’égard de la santé et même de la vie de la population suscite une colère et une indignation généralisées. La lectrice du WSWS qui a découvert la modification sournoise de la page Web de l’ASPC nous a dit: «Pourquoi ont-ils attendu jusqu’au 12 novembre, perdant ainsi tant de mois avant de mettre l’accent sur cette question? Pourquoi avons-nous eu des élections fédérales où l’on nous a dit que des mesures de sécurité telles que des barrières en plexiglas étaient en place? ...C’est extrêmement frustrant pour moi. De plus, pourquoi recommandent-ils les masques en tissu et les masques médicaux alors que nous savons très bien, et ils l’admettent aussi, qu’ils ne sont conçus que pour les gouttelettes?»

Elle conclut: «Je vais être honnête, ils ont perdu ma confiance. Ces deux années ont été très révélatrices.»

Ces dernières révélations soulignent l’importance cruciale de l’Enquête ouvrière mondiale sur la pandémie de COVID-19 lancée par le World Socialist Web Site. L’objectif de l’Enquête est de découvrir les forces politiques, sociales et économiques qui ont permis au virus mortel de se répandre dans le monde, entraînant des infections et des décès en masse. L’enquête documente le refus criminel des gouvernements capitalistes du monde entier d’adopter les mesures de protections de santé publique les plus élémentaires contre la COVID-19, et recueille les récits des travailleurs, des étudiants et des professionnels de la santé sur leurs expériences pendant la pandémie. Ce travail est essentiel pour éduquer les travailleurs sur la nature de la pandémie, ce qui est une condition préalable au développement d’un mouvement de masse dirigé par la classe ouvrière pour lutter pour l’élimination globale de la COVID-19.

Nous encourageons vivement tous les professionnels de la santé, les scientifiques, les travailleurs et les jeunes qui souhaitent contribuer aux travaux de l’Enquête à nous contacter. Le Comité de sécurité pancanadien du personnel scolaire de la base (CSPPSB), une organisation mise sur pied par les travailleurs de l’éducation et leurs supporters pour lutter pour l’arrêt de l’enseignement en présentiel et de la production non essentielle, avec paiement intégral des salaires à tous les travailleurs touchés, afin de maîtriser la pandémie, a discuté du travail de l’Enquête lors de sa dernière réunion tenue le dimanche 5 décembre. Toute personne qui souhaite joindre le CSPPSB peut envoyer un courriel au cersc.csppb@gmail.com.

(Article paru en anglais le 4 décembre 2021)

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