Le soutien à Lisa Diaz, militante britannique pour la sécurité dans les écoles, s’accroît au milieu d’infections généralisées chez les enfants

Lisa Diaz, militante de «SafeEdForAll» (Éducation sûre pour tous), est menacée par l’école primaire de Woodfield et le conseil municipal travailliste de Wigan pour sa position de principe contre les dangers que représente la COVID-19 pour les enfants. Dans un acte d’intimidation flagrant, on l’a menacé de poursuites judiciaires, d’une amende qui peut aller jusqu’à 2.500 livres (3.112 euros) et du tribunal des affaires familiales pour avoir gardé sa fille à la maison.

Lisa a répondu par une lettre qui explique clairement sa position. Elle écrit: «Je ne suis pas d’accord avec l’expression: “absente de l’école sans raison satisfaisante”. Il y a une très longue trace écrite de la raison pour laquelle Helena n’a pas été présente à l’école. L’évaluation des risques de l’école n’atténue pas l’extension de la transmission de la Covid au niveau le plus bas possible. J’ai proposé d’aider l’école à améliorer la sécurité de l’école à de nombreuses reprises».

Signe du large soutien dont bénéficie sa position, Lisa a été interviewée cette semaine par le journal Metro, dont le tirage est supérieur à un million d’exemplaires. Elle a déclaré au journal: «Les écoles sont comme des boîtes de Petri Covid et c’est complètement et totalement inacceptable».

Beaucoup ont republié l’article sur les réseaux sociaux avec des messages de soutien. Dee a qualifié Lisa de «mère courageuse et tenace qui a toujours fait preuve d’intégrité, de compréhension scientifique et de responsabilité parentale. C’est une pionnière et beaucoup d’entre nous lui sont très reconnaissants».

Lisa Diaz et sa fille (Crédit: Lisa Diaz @Sandyboots2020)

Chrissie a commenté: «Vous et d’autres parents attentionnés et aimants avez été traités si injustement par un gouvernement insensible et dangereux.»

Rebecca a ajouté: «Il n’y a pas non plus de soutien de la part du gouvernement ou du @UKLabour [Parti travailliste] pour les familles dont un membre est CV [cliniquement vulnérable] ou CEV [cliniquement extrêmement vulnérable] qui scolarisent leurs enfants à la maison pour protéger les autres membres de la famille. Jusqu’à présent, plus de 7.000 enfants ont perdu un parent à cause de Covid-19».

Francis a écrit: «Les parents britanniques doivent aller au tribunal pour protéger leurs enfants d’une pandémie parce que leur gouvernement ne veut pas le faire. C’est obscène».

Les travailleurs répondent au combat de Lisa en reconnaissance de la crise en cours dans les écoles, alors que le variant Delta continue de se répandre comme une traînée de poudre dans la jeune population et que le variant Omicron menace d’une épidémie encore plus grave.

Selon les chiffres du gouvernement, 208.000 enfants étaient absents de l’école le 25 novembre. Parmi eux, 111.000 étaient absents en raison d’un cas confirmé de COVID-19, 81.000 en raison d’une infection suspectée et environ 5.500 en raison de la fermeture partielle ou totale des écoles.

Bien que le gouvernement ait fixé un seuil d’infection extrêmement élevé pour toute fermeture d’école, plusieurs écoles ont récemment été contraintes de renvoyer une partie ou la totalité de leurs élèves chez eux. Il y a deux semaines, l’école primaire de Sainte-Mary dans le Herefordshire, l’Aldridge Enterprise Studio dans le Lancashire et l’école de Beeston Hall dans le Norfolk ont toutes du être entièrement fermées en raison de la COVID.

L’école primaire Llangynidr au Pays de Galles et l’école primaire de Down Ampney dans le Gloucestershire ont fermé la semaine dernière, et on a dû faire rentrer plusieurs classes chez elles à l’école primaire Ann Edwards et à l’école primaire Winchcombe Abbey, également dans le Gloucestershire, et à l’école primaire Brackla au Pays de Galles.

Cette semaine, l’école Ysgol Dyffryn Cledlyn au Pays de Galles a complètement fermé ses portes.

Des dizaines de milliers d’enfants sont infectés par le virus chaque semaine. Santé publique Angleterre (Public Health England – PHE) rapporte qu’au cours des deux semaines précédant le 28 novembre, on a détecté 183.447 infections COVID dans la tranche d’âge de 0 à 19 ans. La majorité de ces jeunes, renvoyés dans des classes dangereuses en septembre, n’ont pas eu l’occasion de recevoir une vaccination COVID-19.

Parmi les infections signalées par PHE, 79.368 concernent des enfants âgés de 9 ans ou moins, qui n’ont pas accès aux vaccins. Les 104.079 restantes concernent des jeunes de 10 à 19 ans. Toute personne infectée dans ce groupe de moins de 12 ans n’aura, là encore, pas eu l’occasion d’être vaccinée.

Le gouvernement n’a pas réussi à faire vacciner les enfants, ce qui signifie que moins de la moitié des personnes âgées de 12 à 15 ans qui peuvent prétendre au vaccin l’ont reçu. Le rapport de surveillance du vaccin COVID-19 de PHE révèle qu’au 28 novembre, à peine plus de 40 pour cent des enfants âgés de 12 à 15 ans avaient reçu leur unique dose initialement autorisée. Dans certains quartiers de Londres, selon le NHS [National Health Service] anglais, ce chiffre est d’environ 20 pour cent. Au niveau national, le pourcentage de premières doses pour les 16-17 ans est inférieur à 60 pour cent et moins de 20 pour cent ont reçu leur deuxième dose.

Les chiffres d’infection de PHE ne tiennent compte que des cas enregistrés. La réalité est bien pire. Selon la dernière enquête du Bureau des statistiques nationales (Office for National Statistics – ONS) sur les infections à coronavirus, on estime que 4,2 pour cent de tous les enfants âgés de 2 à 6 ans auraient été testés positifs entre le 17 octobre et le 27 novembre, soit un sur 24. Au cours de la même période, 3,5 pour cent des enfants de la 7e à la 11e année scolaire auraient été testés positifs, soit un sur 29.

Ces infections entraînent un nombre constant de maladies de longue durée, d’hospitalisations pédiatriques et de décès. La dernière enquête de l’ONS sur la COVID longue, qui porte sur la période de quatre semaines allant jusqu’au 31 octobre, indique que 77.000 enfants âgés de 2 à 16 ans sont atteints de la COVID longue durée, soit une augmentation de 68 pour cent au cours des huit semaines qui ont suivi la réouverture des écoles. Parmi eux, 36.000 présentent des symptômes depuis plus de trois mois et 14.000 depuis plus d’un an.

En Angleterre, au cours des deux semaines qui ont précédé le 27 novembre, 513 enfants ont été hospitalisés pour la COVID-19, ce qui porte à 12 077 le nombre total d'hospitalisations pour l'ensemble de la pandémie. Vingt-neuf pour cent de ces hospitalisations ont eu lieu au cours des trois mois qui ont suivi la réouverture des écoles en septembre.

Jusqu'à présent, 115 enfants ont été tués par le virus.

La quasi-totalité de cet impact est actuellement le résultat du variant Delta du SRAS-CoV-2, mais cela devrait changer rapidement. Les conseillers du gouvernement estiment que les nouveaux cas quotidiens du variant Omicron doublent tous les trois jours au Royaume-Uni, avec déjà plus de 1.000 personnes infectées par jour. Les premières indications en provenance d’Afrique du Sud, où presque tous les cas sont maintenant du variant Omicron, sont très préoccupantes. Les hospitalisations de jeunes gens sont beaucoup plus nombreuses que lors de la précédente vague Delta.

Alors qu’Omicron commence à circuler au Royaume-Uni, les écoles s’avèrent être des vecteurs clés de la transmission virale. Certains des premiers cas détectés au Royaume-Uni du nouveau variant étaient liés à l’école primaire Larchwood dans l’Essex et à l’école primaire Heymann à Nottingham.

Lundi, on avait associé l’école primaire «Hatch Warren» dans le Hampshire avec un cas Omicron et on a commencé à tester son personnel et ses élèves. L’école primaire Todholm en Écosse et les écoles primaires Sainte-Marguerite, Saint-Nicholas et Sainte-Mary Chœur et Orchestre de Londres ont toutes fermé le même jour en raison du nouveau variant.

La propagation rapide du virus parmi les enfants présente un risque pour les familles et les travailleurs de l’éducation. L’agence de santé publique d’Irlande du Nord a signalé 1.250 infections à la COVID parmi le personnel scolaire au cours des quatre semaines précédant le 28 novembre. Si l’on en croit le ministère de l’Éducation, 2 pour cent du personnel enseignant et 1,9 pour cent des assistants pédagogiques étaient absents pour des raisons liées à la COVID le 25 novembre, environ 23.000 travailleurs scolaires au niveau national sont infectés ou ont dû s’isoler en raison d’un contact étroit potentiel.

Dans ces conditions, ceux qui revendiquent la responsabilité de défendre la classe ouvrière devraient faire tout ce qui est en leur pouvoir pour mettre un terme à cette criminalité de proportions industrielles. Mais les syndicats refusent de le faire, facilitant ainsi le programme d’infection massive du gouvernement.

Leur inaction n’est que soulignée par la manifestation «Protéger les élèves, protéger l’éducation» organisée par les syndicats «Unison», «NASWUT», «GMB» et «Unite» pour aujourd’hui.

Une semaine seulement avant la fermeture des écoles pour les vacances, les syndicats organisent une «journée d’action». Celle-ci consiste à encourager les gens à poster des photos sur les réseaux sociaux et à tweeter leur député.

Quant à leurs revendications, elles se limitent à la mise en place d’un système de filtration de l’air, à l’obligation de se couvrir le visage dans toutes les zones des écoles secondaires, à des paiements de soutien pour les personnes proches qui doivent s’isoler et à une meilleure recherche des contacts.

Ces organisations sont censées représenter collectivement quelque 2,5 millions de travailleurs, dont des centaines de milliers dans l’éducation.

Le principal syndicat de l’éducation, le Syndicat de l’éducation nationale (National Education Union – NEU), ainsi que l’Assocation des dirigeants d’écoles et de collèges (Association of School and College Leaders – ASCL) et l’Association nationale des chefs d’établissement (National Association of Headteachers – NAHT) sont même notablement absents de cet événement symbolique, profondément cynique. Ils ont fait encore moins semblant de s’opposer, conseillant au gouvernement d’adopter les mesures les plus mineures et sans conséquence, non pas pour vaincre la pandémie et sauver des vies, mais pour minimiser les «perturbations éducatives».

(Article paru d’abord en anglais le 8 décembre 2021)

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