La Commission du 6 janvier publie des documents qui détaillent le complot de Trump pour renverser l’élection en déclarant une fausse «crise nationale»

En début de semaine, la Commission parlementaire dite ‘du 6 janvier’, chargée d’enquêter sur la tentative de coup d’État de l’ancien président Donald Trump, a publié un diaporama explosif remis par l’ancien chef de cabinet de la Maison-Blanche, Mark Meadows. Ce diaporama a révélé le plan systématique de Trump et de ses complices dans le complot pour renverser les formes démocratiques de gouvernement aux États-Unis.

Le chef de cabinet de la Maison-Blanche, Mark Meadows, parle avec des journalistes à l’extérieur de la Maison-Blanche, le 26 octobre 2020, à Washington [Crédit: AP Photo/Patrick Semansky, Dossier].

La présentation, datée du 5 janvier et intitulée «Fraude électorale, ingérence étrangère et options pour le 6 janvier», commence par citer de fausses allégations d’«ingérence étrangère» de la part de la Chine, par le biais du Venezuela et du logiciel Dominion Voting Systems.

En réponse à une prétendue «INFLUENCE et contrôle» de «l’infrastructure électorale américaine dans au moins 28 États dans le cadre d’une opération mondialiste/socialiste en cours visant à subvertir la volonté des électeurs américains et à installer un allié chinois», les diapositives décrivent en détail le complot à multiples facettes de Trump et de ses alliés visant à déclarer une fausse «Crise de sécurité nationale» afin d’utiliser les US Marshals et la Garde nationale pour saisir l’infrastructure électorale dans tout le pays et «déclarer le vote électronique non valide dans tous les États».

Après avoir déclaré les résultats non valides, les diapositives appellent à une Garde nationale «fédéralisée», sous le commandement d’un soi-disant «Guichet principal de confiance» nommé «avec l’autorité» de Trump pour «diriger les actions de certaines unités de la Garde nationale fédéralisée et le soutien du [ministère de la Justice], du [ministère de la Sécurité intérieure] et d’autres agences gouvernementales américaines.» Ces entités «disqualifieraient tous les bulletins de vote contrefaits» (souligné dans l’original) et «compteraient ensuite tous les bulletins de vote papier légaux restants».

Dans une diapositive intitulée «Adjudication des bulletins de vote», le document décrit la procédure de suspension de la Constitution afin de faciliter le comptage des «bulletins de vote papier légaux.» Une fois que la Garde nationale aura fini de compter tous les bulletins dits «légaux» dans un délai de «5 à 10 jours», les législateurs de l’État approuveraient les bulletins. Les exceptions de vote, indique le document, «nécessiteront un vote affirmatif de la [Cour suprême des États-Unis] déclarant que l’Article II, Section 1, Clause 2 était suspendu. Sinon, tous les fonctionnaires suivront la Constitution».

Ce diaporama de mauvaise qualité offre une fenêtre sur la pensée d’une classe dirigeante de plus en plus fasciste et désespérée, qui s’éloigne chaque jour davantage de la réalité. Son existence est une confirmation supplémentaire du vaste complot orchestré par Trump et soutenu par des sections importantes du Parti républicain, dont le but était d’annuler l’élection de Biden et en même temps le peu qui reste de la démocratie bourgeoise aux États-Unis. C’est une preuve supplémentaire que la prise d’assaut du Capitole le 6 janvier n’était pas une émeute spontanée, mais le point culminant du plan dictatorial orchestré dans les plus hauts niveaux du gouvernement américain. Seul le World Socialist Web Site avait mis en garde la classe ouvrière dans les mois suivant la défaite électorale de Trump.

La présentation faisait partie d’une tranche de documents remis par Meadows avant qu’il ne déclare en début de semaine qu’il ne se plierait plus à la demande de la Commission. Dans une lettre adressée mercredi à l’avocat de Meadows et citant la présentation, le président de la Commission d’enquête, Bennie Thompson (Mississippi-Démocrate), a écrit que ces documents étaient destiné à être distribué aux personnes «sur la colline», (le Capitole où se trouve le Sénat et la Chambre des députés) c’est-à-dire devait être présenté aux membres du Congrès.

Dans la même lettre adressée à l’avocat de Meadows, Thompson a noté que dans les documents déjà remis par Meadows à la commission, on voit l’ancien chef de cabinet envoyer des courriels dès le 7 novembre 2020, suggérant que les États contrôlés par les républicains envoient des listes «alternatives» d’électeurs présidentiels au Congrès le 6 janvier.

Meadows avait également remis à la Commission «un échange de textes du 6 novembre 2020 avec un membre du Congrès, concernant apparemment la nomination d’électeurs de remplacement dans certains États, partie d’un plan que le membre du Congrès a reconnu être “très controversé”, à quoi Meadows a apparemment répondu “J’adore ça”», a déclaré Thompson.

Thompson a noté qu’en plus des textes et du diaporama, Meadows avait remis «un courriel daté du 5 janvier 2021 sur le fait que la Garde nationale devait être tenue prête.» Cette révélation est significative étant donné la dissimulation en cours au Pentagone concernant le retard délibéré de l’envoi de soldats de la Garde nationale vers le Capitole assiégé.

Le plan qui visait à rejeter des électeurs de Biden et à nommer de nouveaux électeurs pro-Trump fut décrit plus en détail dans la présentation comme faisant partie de trois «options» différentes pour le vice-président Mike Pence le «6 janvier».

Ces options comprenaient la nomination unilatérale et illégale par Pence «d’électeurs républicains malgré les objections des démocrates dans les États où des fraudes ont eu lieu.» Mimant les arguments exposés précédemment dans les mémorandums des avocats du coup d’État John Eastman et Jenna Ellis, le document suggère également que Pence «rejette les électeurs des États où la fraude s’est produite, ce qui fait que l’élection est décidée par les votes électoraux restants.»

La diapositive demandait à Pence de retarder «les décisions afin de permettre un contrôle et un comptage ultérieur de tous les bulletins de vote papier légaux».

Le diaporama sur le coup d’État aurait été rédigé par le colonel de l’armée à la retraite Phil Waldron, du groupe Allied Security Operations, selon la professeure et experte nationale Karen Piper.

Waldron et le copropriétaire d’Allied Security Operations Group, Russell Ramsland Jr, étaient des visiteurs fréquents du «war room» ou centre de commandement de Trump à l’hôtel Willard. Le Washington Post a précédemment noté que Waldron, spécialisé en «opérations psychologiques» avec l’armée, dirigeait une équipe de personnes qui rendaient compte au copain politique de Rudy Giuliani, Bernard Kerik. Cette équipe aurait fourni à Kerik des analyses de données électorales étayant les affirmations frauduleuses de Trump.

Dans un autre article du Post, on peut lire que «dans une mesure peu reconnue, Ramsland et d’autres personnes associées à ASOG ont joué un rôle clé dans la diffusion des allégations de fraude… Elles ont été diffusées par le député Louie Gohmert (Republicain-Texas), un fidèle allié de Trump qui avait été tenu au courant par ASOG. Et les assertions de Ramsland ont été incorporées aux procès “kraken” intentés par l’avocat conservateur Sidney Powell, dont le Post a appris qu’il avait également été briefé deux ans plus tôt par ASOG…»

Le fondateur du groupe paramilitaire fasciste «Prétorien du 1er Amendement», Robert Patrick Lewis récemment cité à comparaître, a confirmé l’authenticité du diaporama dans une interview publiée en juin dernier. Dans une interview accordée à l’émission «The Right Side » de Doug Billing, Lewis qui se vante d’avoir assuré la sécurité de Flynn a décrit les «objectifs nationaux» et les «renseignements» qu’il prétendait «fournir à la Maison-Blanche, directement au Président».

«C’était des trucs basés sur l’influence de la Chine aux États-Unis et une propagande spécifique que nous exposions…»

Un mois auparavant, Lewis a donné une autre interview dans laquelle il a cité le recompte du comté de Maricopa, mené en Arizona plus tôt cette année par des partisans de Trump, comme exemple de ce que «nous» suggérions «à Trump» dans sa dernière semaine au pouvoir.

«Il est intéressant de voir comment le recompte de Maricopa… est extrêmement similaire à ce que Patrick Byrne, le général [Michael] Flynn et Sidney Powell ont suggéré au président Trump dans la dernière semaine à la Maison-Blanche», a déclaré Lewis.

Nous avons dit: «Faites venir la Garde nationale, faites un recompte et diffusez le tout en direct dans tout le pays pour que tout le monde puisse voir que tout est régulier».

«Moins la Garde nationale», a ajouté Lewis. «Tout ce qu’ils (Byrne, Powell, Flynn) ont suggéré se passe à Maricopa».

Il ne fait aucun doute qu’il reste une montagne de preuves à découvrir qui impliqueront davantage Trump, le Parti républicain et des éléments de l’appareil policier, militaire et du renseignement dans le coup d’État.

Membre principal du Congrès et l’un de deux républicains à la Commission, la députée du Wyoming Liz Cheney a promis en début de semaine que la Commission tiendrait une série d’audiences «l’année prochaine» pour exposer ce qu’on avait découvert, après quoi, la Commission se retirerait probablement en vue des élections de mi-mandat.

À l’instar de la Commission «bipartite» sur le 11 septembre dont s’inspire la Commission spéciale, les informations révélant le soutien généralisé au coup d’État de Trump dans le Parti républicain et dans l’État capitaliste en général, continueront d’être exclues et omises. Bien qu’elle prétende avoir interrogé près de 300 témoins, la Commission restreinte a continué à tenir audiences et dépositions à huis clos.

Le chloroformage de la classe ouvrière par les démocrates, la pseudo-gauche et leurs supporters des médias continue face au véritable danger du fascisme. Les députés et les sources médiatiques connaissaient ce mémo sur le coup d’État avant que Meadows ne le remette à la commission.

En fait, le document tout entier avait été publiquement tweeté par l’actuelle animatrice d’extrême droite de Fox News et ancienne correspondante de CBS Lara Logan, le matin du 5 janvier.

Le fait que son contenu ne soit diffusé publiquement que maintenant par la Commission et certains organes de presse, près d’un an après le coup d’État et 10 mois après que le deuxième procès de destitution tronqué de Trump se soit terminé par son acquittement, témoigne de l’ampleur de la dissimulation bipartite en train de se produire du coup d’État du 6 janvier.

(Article paru d’abord en anglais le 11 décembre 2021)

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