En pleine vague de COVID-19, Révolution Permanente s’attaque aux mesures de santé publique

La vague actuelle de COVID-19 démasque le site français Révolution Permanente (RP), affilié au Parti socialiste ouvrier (PTS) moréniste d’Argentine. S’ils critiquent l’insuffisance largement décriée des dépenses de santé françaises, ils s’alignent sur le refus du président Emmanuel Macron de mettre en œuvre les mesures scientifiques de santé publique nécessaires pour mettre fin aux décès massifs.

Une école à Strasbourg, dans l’est de la France, le 2 septembre 2021 (AP Photo/Jean-François Badias)

Chaque semaine voit plus de 2 millions de nouveaux cas de COVID-19 et près de 30.000 décès à travers l’Europe. La moyenne des infections sur sept jours en France est de 48.775. Au cours des deux dernières semaines, le nombre de patients critiques a augmenté de 56 pour cent pour atteindre 2.539, tandis que les décès ont augmenté de 38 pour cent pour atteindre 877. Si cette recrudescence est due au variant Delta, le variant Omicron, hautement infectieux et plus résistant aux vaccins, se propage rapidement, menaçant une vague encore plus meurtrière. En réponse, RP écrit:

«Alors que le gouvernement continue de fermer les yeux et de mener la politique du MEDEF [fédération des entreprises], refusant de revenir sur la non-gratuité des tests, il est plus que jamais essentiel de se mobiliser pour imposer un plan sanitaire à la hauteur de la situation. Un plan qui réponde à la nécessité impérieuse de briser les chaines de contamination, et ce en imposant la gratuité des tests, mesure essentielle pour endiguer l’envolée des cas, mais qui passe plus largement par l’injection de moyens dans l’hôpital public, des embauches massives et l’augmentation des salaires des soignants, en première ligne depuis le début de la crise.»

RP prétend à plusieurs reprises que les tests de dépistage de la COVID-19 vont arrêter la contagion, mais c’est scientifiquement faux. Les tests permettent de suivre la propagation du virus mais ne l’arrêtent pas. Retracer les contacts des personnes infectées, les tester et isoler les cas positifs de la population peut effectivement éliminer la transmission du virus et mettre fin à la pandémie. Toutefois, comme l’a montré l’endiguement par la Chine des multiples épidémies de COVID-19, les campagnes de recherche des contacts nécessitent qu’un nombre relativement faible de personnes soient infectées.

À ce stade, la réduction du nombre de nouveaux cas à un nombre qui permet de procéder au dépistage des contacts nécessite un confinement à grande échelle afin de réduire de manière drastique les infections quotidiennes. Un confinement strict au début de la pandémie, de mars à mai 2020, a effectivement permis de réduire les infections à quelques centaines par jour en France. Cependant, RP s’oppose fermement aux confinements stricts.

Après que l’Autriche ait mis en place un confinement partiel le mois dernier, RP l’a dénoncé. Bien qu’il s’agisse d’un confinement partiel, et donc inefficace, qui n’exigeait pas l’enseignement à distance dans les écoles et l’arrêt de la production non essentielle, RP l’a attaqué comme une atteinte dictatoriale aux libertés individuelles. Il écrit: «Après les Pays-Bas, qui ont mis en place un couvre-feu, et l’Allemagne, qui a instauré un passeport santé, l’Autriche devient donc le nouveau pays à imposer des mesures autoritaires à sa population, en l’absence de stratégie sanitaire».

Cette dénonciation téméraire et mensongère des mesures de santé publique nécessaires pour sauver des millions de vies comme «autoritaires» sous-tend tous les articles de RP. Ils évoquent la recrudescence des cas en France dans un article intitulé «Un patient toutes les dix minutes en réa», il écrit:

«À nouveau face à l’urgence, une situation qui pourrait s’avérer critique et dont le gouvernement est premier responsable, il sera nécessaire d’opposer un plan, qui va à rebours de l’autoritarisme sanitaire macronien. Briser les chaines de contamination pour éviter que la dynamique épidémique exponentielle ne s’accélère est indispensable. Nous devons revendiquer la gratuité des tests. Ceux-ci n’auraient jamais dû être déremboursés. Alors que l’épidémie s’envole, le dépistage massif est un enjeu fondamental. Une revendication qui doit aller de pair avec un programme de prévention plus large, par l’investissement dans des dispositifs de purification d’air et d’aération à l’école et dans les lieux publics, mais également un investissement massif dans la santé, durement touchée par la crise et affaiblie par la “pénurie” de soignants que les conditions de travail dégradées alimente [sic].»

L’indifférence à la vie humaine qui sous-tend la politique de RP en matière de pandémie se reflète dans son affirmation selon laquelle, après 1,5 million de décès en Europe, la situation «pourrait s’avérer critique».

Comme l’a expliqué le WSWS, trois approches fondamentales existent à la pandémie de COVID-19: l’immunité collective, l’atténuation et l’élimination du virus. La première est l’affirmation erronée selon laquelle la propagation du virus confère à la population une immunité contre le virus, et doit donc être encouragée. La seconde est la conception selon laquelle la vaccination, associée à la demande aux gouvernements de mettre en place un ensemble de mesures comme des purificateurs d’air dans les écoles, permettra de maîtriser la pandémie.

L’atténuation, préconisée à la fois par RP et le gouvernement Macron, a entraîné 120.000 décès en France. Son problème n’est pas seulement que les gouvernements en France et en Europe refusent de dépenser l’argent nécessaire pour financer les diverses demi-mesures qu’ils préconisent. Même si quelques purificateurs d’air supplémentaires étaient mis à disposition dans les écoles et les usines, cela ne suffirait pas à stopper la transmission du virus – qui, transporté par l’air, peut parcourir de grandes distances – et à éviter les décès en masse.

La troisième approche, l’élimination du virus, implique de réorienter la société et toutes ses ressources via la mobilisation collective de la classe ouvrière pour détruire le virus et mettre fin à la pandémie une fois pour toutes, à l’échelle mondiale.

La politique d’atténuation de RP et ses dénonciations de confinement conduisent déjà à un hiver désastreux dû à la circulation massive du variant Delta, contre laquelle les vaccins existants ne donnent qu’une protection partielle. Mais l’arrivée du nouveau variant Omicron, résistant aux vaccins, a fait voler en éclats cette stratégie. La politique actuelle conduit non seulement à un cycle sans fin de nouveaux variants plus dangereux, mais aussi à une augmentation des décès, car les nouveaux variants échappent aux anciens vaccins.

Comme le gouvernement Macron, RP ignore ces réalités épidémiologiques. Plus tôt ce mois-ci, le ministre français de la Santé Olivier Véran a déclaré à Sud Ouest: «Malgré le variant Omicron, notre stratégie actuelle reste inchangée… la vaccination, initiale et de rappel, la distanciation sociale et le port de masques».

De même, à propos du variant Omicron, RP écrit: «Pour prévenir la naissance de variants et leur propagation ainsi que pour limiter le rebond épidémique et soutenir les mesures vaccinales qui protègent la population contre les formes graves, c’est indispensable d’exiger la gratuité des tests». Or, une politique de gratuité des tests et de vaccination a déjà été employée et a conduit à des dizaines de millions de cas et des millions de décès, avant même l’apparition du variant Omicron.

Lorsque RP a des divergences avec la politique de Macron, celles-ci proviennent de la droite. Plus tôt cette année, RP a appelé les syndicats à se joindre aux manifestations d’extrême droite contre le «passeport santé» de Macron et a demandé la réouverture anticipée des universités. Il utilise des arguments libertaires anti-vaccination, impliquant que les individus ont le droit de refuser les vaccins même s’ils mettent ainsi les autres en danger. Cela signifie que sur les questions essentielles, RP est uni avec la classe dirigeante française: pas de confinement et pas d’éradication du virus.

Cette position reflète l’orientation des morénistes vers les couches de la classe moyenne et les bureaucrates syndicaux. Cette couche sociale se trouve bien plus préoccupée par les dommages que les mesures de santé publique pourraient causer à leurs portefeuilles boursiers et aux profits des entreprises qui paient les budgets des bureaucraties syndicales que par la sauvegarde de vies humaines.

Alors que RP qualifie les confinements d’«autoritaires», le véritable autoritarisme est celui des entreprises et des gouvernements qui forcent la présence des travailleurs dans les usines et leurs enfants dans les écoles pendant qu’un virus mortel et hautement infectieux se propage librement.

En opposition à cela, le Parti de l’égalité socialiste (PES), la section française du Comité international de la Quatrième Internationale (CIQI) en France, se bat pour une politique de la classe ouvrière qui vise à éliminer le virus. La voie à suivre est une lutte pour mettre fin à la mort de masse. Cela nécessite une rupture consciente avec la politique réactionnaire de la pseudogauche, et la construction de comités de base dans chaque lieu de travail et école pour combattre le gouvernement Macron et ses satellites politiques pour une politique scientifique de santé.

(Article paru en anglais le 14 décembre 2021)

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