Le nombre de cas du variant Omicron au Royaume-Uni pourraient atteindre 8 millions en quelques semaines

Dimanche, les quatre médecins-chefs britanniques ont relevé le niveau d'alerte COVID de trois à quatre, le deuxième plus élevé, en raison de la propagation du variant Omicron.

Le niveau quatre signifie que « la transmission est élevée ou augmente de manière exponentielle », mais selon les médecins-chefs, il suffit que « la distanciation sociale se poursuive ».

Dimanche, le Premier ministre Boris Johnson a prononcé une allocution télévisée depuis Downing Street mais n'a annoncé aucune nouvelle mesure pour lutter contre le virus.

Cela, malgré qu’il fît cette mise en Garde : « Je crains que nous soyons maintenant confrontés à une urgence dans notre bataille avec le nouveau variant Omicron […] Personne ne devrait en douter, il y a un raz-de-marée d'Omicron à venir… », et de dire « à ce stade nos scientifiques ne peuvent pas dire qu'Omicron est moins sévère ».

« Il est tellement plus transmissible, qu'une vague d'Omicron dans une population qui n'a pas reçu un rappel risquerait un taux d'hospitalisation qui pourrait submerger notre NHS [Service national de santé] et entraîner malheureusement de très nombreux décès. »

Le Premier ministre Boris Johnson prononce une allocution à la télévision nationale concernant le variant Omicron et le programme de rappel de vaccination du gouvernement. 10 Downing Street, 12/12/2021. (Photo de Tim Hammond / No 10 Downing Street/FlickR)

Mais il n'a rien proposé, tout en répétant le mantra : « obtenez votre rappel vaccinal maintenant ». La seule chose nouvelle fut d’avancer d’un mois l’objectif précédent de vacciner tous les adultes d'ici fin janvier. L'économie, y compris toutes les entreprises non essentielles, restera entièrement ouverte.

1 239 autres cas du variant Omicron ont été confirmés dimanche, la plus forte augmentation quotidienne à ce jour. Ce chiffre est 65 pour cent plus élevé que celui, déjà record, annoncé samedi. Le nombre total de cas enregistrés du nouveau variant hautement transmissible s'élève désormais officiellement à 3 137. L'Angleterre compte 2 953 cas au total, l'Écosse 159, le Pays de Galles 15 et l'Irlande du Nord 10. Ces chiffres sont sans aucun doute bien inférieurs à la réalité.

La gravité de la situation a été révélée dimanche par le secrétaire d'État à l'Éducation Nadhim Zahawi dans une interview avec Trevor Phillips de Sky News. Zahawi a déclaré sans confirmer le nombre: « Je peux vous confirmer ce matin qu'il y a des cas à l'hôpital avec Omicron. »

Le gouvernement a été briefé par les scientifiques puisque Omicron avait été détecté dû à sa virulence. Zahawi a de nouveau confirmé que le nouveau variant était « si contagieux qu'il dominera et se développera de manière exponentielle ».

Il a clairement énoncé combien la situation pouvait s’aggraver en quelques jours: « Faisons un exercice de mathématique pendant un instant. Vous atteignez un million d'infections d'ici la fin décembre, 1 pour cent correspond à 10 000 infections graves qui pourraient être hospitalisées.

« Trois jours plus tard, c'est deux millions, trois jours plus tard, c'est quatre millions. Encore trois jours, et c'est huit millions. C'est le risque, que même s'il est moins mortel, disons 50 pour cent moins mortel que Delta, alors les chiffres sont énormes – c'est un petit pourcentage d'une très grande population.

La population du Royaume-Uni n'est que de 68 millions d'habitants.

La London School of Hygiene and Tropical Medicine (LSHTM) a averti que la Grande-Bretagne serait confrontée à une telle augmentation des infections à Omicron si le gouvernement ne faisait rien au-delà des «mesures du plan B», limitées et inadéqua,tes qu'il avait annoncées la semaine dernière.

La propagation massive d'Omicron en l'espace de deux semaines seulement après sa détection en Grande-Bretagne est confirmée par le fait qu'il représente désormais près d'un tiers des nouveaux cas de COVID à Londres, qui compte environ 10 millions d'habitants. Le taux d'infection à la COVID a augmenté de 25,3 pour cent à Londres au cours de la semaine se terminant le 4 décembre, le pic le plus rapide dans les neuf régions d'Angleterre. Au moins une infection à Omicron a été détectée dans les 32 arrondissements de la capitale. Il y a un mois, les cas à Londres augmentaient dans seulement 10 arrondissements, mais augmentent maintenant dans les 32.

Depuis le 2 décembre, date à laquelle 53 000 cas quotidiens ont été enregistrés dans le pays, la barre des 50 000 a été franchie six fois. Les cas devraient déjà dépasser les 60 000, 58 527 infections ayant été signalées vendredi. Dimanche, les cas sont généralement inférieurs en raison d'un retard dans la notification des établissements de santé, mais 48 854 autres ont été signalés, portant le nombre total de cas au Royaume-Uni à plus de 10,8 millions. Alors que le gouvernement prédit jusqu'à 8 millions de cas du variant Omicron en quelques jours, il n'est pas inconcevable que près de la moitié de la population puisse bientôt être infectée par une maladie létale qui avait déjà fait 169 020 morts au 19 novembre, selon l'Office national de statistiques (ONS).

Le gouvernement a autorisé l'infection massive d'enfants et travaille avec les autorités locales et les écoles pour persécuter les parents s'ils empêchent leurs enfants de fréquenter des écoles dangereuses.

Samedi, certains des détails des terribles décès dus au COVID de deux adolescents, Mohammed Habib et Harry Towers, ont été annoncés. Tous deux fréquentaient le St John Fisher Catholic College de Newcastle-under-Lyme et sont décédés à moins d'une semaine d'intervalle pendant les vacances d’automne.

Mohammed, 14 ans, était en 3ème année lorsqu'il a été terrassé. Un post-mortem a trouvé qu’il avait subi un accident vasculaire cérébral causé par la COVID-19, entraînant la mort par hémorragie cérébrale, le 24 octobre.

Le Métro arapporté que Harry, âgé de 15 ans, avait attrapé la COVID et « devait retourner à l'école après avoir été testé négatif le 28 octobre mais est décédé deux jours plus tard ».

Les deux garçons n'auraient pas été vaccinés. Le gouvernement a tardé pendant des mois avant d'autoriser enfin les écoles secondaires à vacciner leurs élèves au trimestre dernier. Ce retard a coûté des vies. Métro rapporte: «Les élèves du St John Fisher Catholic College devaient se faire vacciner contre la Covid des semaines avant la double tragédie, qui s'est produite pendant les vacances de mi-trimestre. Mais seuls les vaccins contre la grippe furent administrés à l'école car les vaccins contre la Covid avaient été reprogrammés pour la mi-novembre. »

La politique meurtrière du gouvernement, soutenue par le Parti travailliste et les syndicats, a consisté à garantir que les écoles restent ouvertes coûte que coûte.

Zahawi a déclaré aux médias dimanche qu'il n'était pas prévu de vacciner les enfants des écoles primaires, qui sont plus de 4,7 millions rien qu'en Angleterre. Ceci malgré les preuves provenant d'Afrique du Sud que parmi les hospitalisés figurent les groupes d'âge les plus jeunes. En Grande-Bretagne, selon les données de l'ONS publiées le 3 décembre, la plus forte augmentation du taux d'infection (4,3%) parmi tous les groupes d'âge en Angleterre a été observée chez les enfants âgés de 2 à 11 ans.

Dans le cadre de la réouverture complète de l'économie, les stades de football furent ouverts sans restrictions à partir du mois d'août pour la nouvelle saison. Le principal sport-spectacle du Royaume-Uni voit plus d'un million de personnes assister à des matchs chaque semaine.

La propagation de la COVID a déjà vu le club londonien de Tottenham Hotspur annuler plusieurs matchs au cours des sept derniers jours, dont un match avec Mura de Slovénie en Ligue Europa Conférence, alors que huit joueurs de la première équipe et le personnel se sont déclarés malades avec la COVID. Ce week-end, Manchester United, qui a la plus grande assistance moyenne aux matchs à domicile, a connu une série de résultats positifs de tests antigéniques parmi ses joueurs et personnels, donnant lieu à des spéculations concernant l'annulation d'un match cette semaine.

Malgré la propagation d'Omicron, on permet toujours aux stades d’être remplis au maximum. Dans le cadre du plan B du gouvernement, la seule précaution imposée aux clubs – et uniquement dans les stades dépassant une capacité de 10 000 – est de demander aux spectateurs de présenter une preuve de vaccination.

Les restrictions du plan B ne devraient être pleinement mises en œuvre que mercredi, après un vote au parlement. Elles comprennent simplement des conseils pour le télétravail «dans la mesure du possible», selon le bon vouloir des employeurs, et le port de masques à l’intérieur de la plupart des bâtiments. Les boîtes de nuit et autres lieux de loisirs où de grand rassemblent devront exiger une preuve de vaccination.

Il est question d'un plan C, étendant éventuellement l'utilisation des passeports vaccinaux aux pubs et restaurants, où les masques seraient à nouveau requis, et d'un plan D, nécessitant éventuellement la fermeture des pubs et des restaurants.

***photo***

https://www.wsws.org/asset/21ba4ced-c248-4435-8004-968676a280db?rendition=image1280

Passagers du métro londonien, dans l'Est de Londres, le 8 décembre 2021 (WSWS Media)

De telles mesures sont bien en deçà du confinement nécessaire. Mais en tant que défenseurs les plus véhéments de la grande entreprise, une partie importante des conservateurs autour du Covid Recovery Group s'oppose même à la mise en œuvre du plan B de Johnson.

Mardi, « au moins » 60 députés conservateurs, selon le Daily Mail, devraient voter contre le gouvernement sur les restrictions du plan B. Johnson a une majorité parlementaire de 79 mais peut compter sur le soutien des travaillistes pour faire adopter les mesures. À l'approche du vote, le Financial Times a écrit qu'une atmosphère « sulfureuse » s’était emparée « des rangs des conservateurs quant au leadership du Premier ministre britannique ».

Le Daily Telegraph avaitrapporté jeudi dernier: « On estime que le nombre d’adhérents au Covid Recovery Group a augmenté au cours des dernières 24 heures, des conservateurs demandant leurs rajout à son groupe WhatsApp. »

Le journal a écrit que « les candidats au remplacement [de Johnson]… étaient à la manœuvre. Les députés ont affirmé que les partisans de Rishi Sunak, le ministre des Finances, et de Liz Truss, la ministre des Affaires étrangères, cherchaient à renforcer le soutien aux futures candidatures potentielles ».

(Article paru en anglais le 13 décembre 2021)

Loading