Les scientifiques mettent en garde contre une catastrophe imminente alors qu’Omicron se propage dans le monde entier

L’immense menace mondiale que représente le variant Omicron du SRAS-CoV-2 se précise chaque jour davantage, à mesure que les cas et les hospitalisations augmentent au niveau international. Dans le monde entier, le nombre officiel moyen de nouveaux cas quotidiens s’élève désormais à 620.106, soit une augmentation de plus de 50 pour cent au cours du seul mois dernier. L’Institut de métrologie sanitaire et d’évaluation (Institute for Health Metrics and Evaluation) estime qu’en réalité, près de 3,3 millions de personnes sont probablement infectées chaque jour, la plupart des infections n’étant pas détectées en raison de l’insuffisance des tests dans le monde. La grande majorité de ces cas sont dus au variant Delta, mais le variant Omicron menace de devenir dominant au niveau mondial ou de se propager en tandem dans les semaines à venir.

Le Dr Rafik Abdou et l’inhalothérapeute Babu Paramban examinent un patient atteint du COVID-19 au Providence Holy Cross Medical Center, à Los Angeles, le 19 novembre 2020 [Crédit: AP Photo/Jae C. Hong, File].

Dans toute l’Europe, qui est l’épicentre mondial de la pandémie depuis octobre, on comptait mercredi 430.968 nouveaux cas officiels de COVID-19. Le Royaume-Uni (78.339 nouveaux cas, un record), la France (65.713), l’Allemagne (55.650), la Russie (28.363), l’Espagne (27.140) et l’Italie (23.190) comptaient ensemble environ 250.000 nouveaux cas. Les hôpitaux de toute l’Europe, et même du monde entier, sont mis à rude épreuve après presque deux ans d’infections et de décès massifs continus.

La situation la plus grave se trouve actuellement au Royaume-Uni, où les cas d’Omicron doublent tous les deux jours et où les prévisions annoncent qu’un million de personnes pourraient être infectées chaque jour d’ici Noël. Le semestre d’automne a décimé les écoles de tout le pays, car l’absence totale de mesures d’atténuation a permis au COVID-19 de se répandre et d’infecter des masses d’étudiants et d’éducateurs. En réponse, le gouvernement Johnson recrute activement des éducateurs âgés et retraités comme remplaçants dans les écoles en sous-effectif, préparant le terrain pour un pic d’infections pernicieuses et de décès dans cette catégorie de retraités.

Au Danemark, qui possède l’un des programmes les plus solides de surveillance de variants, Omicron a provoqué un pic important de réinfections chez les personnes qui avaient déjà été infectées. Globalement, le nombre de réinfections a décuplé au cours du seul mois dernier. Dans la Norvège voisine, les prévisions indiquent que plus de 100.000 personnes se trouveront infectées par Omicron chaque jour dans les semaines à venir si aucun changement de comportement n’est opéré.

Aux États-Unis, la poussée du variant Delta s’intensifie dans une grande partie du pays, les régions du Nord-Est et du Midwest étant particulièrement touchées. Une moyenne de 121.585 personnes se trouve officiellement infectée chaque jour, et une moyenne de 1.170 personnes meurt quotidiennement dans le pays.

ÀNew York et au New Jersey, le variant Omicron représente désormais au moins 13 pour cent de tous les nouveaux cas de COVID-19, qui connaissent une augmentation spectaculaire dans l’ensemble. L’État de New York a signalé 18.276 nouveaux cas officiels mercredi, soit une augmentation de plus de 40 pour cent en un jour et le total quotidien le plus élevé depuis le 14 janvier. Dans la ville de New York, le taux de positivité des tests a doublé en seulement trois jours récemment, passant de 3,9 pour cent à 7,8 pour cent entre le 9 et le 12 décembre.

La Floride, l’un des États les plus durement touchés des États-Unis, qui a connu trois poussées importantes depuis le début de la pandémie, entame sa quatrième poussée en raison de la propagation rapide du variant Omicron. Une étude sur les eaux usées du comté d’Orange, en Floride, où se trouve Walt Disney World, a révélé que le variant Omicron représente près de 100 pour cent de toutes les souches de COVID-19 trouvées dans les échantillons.

Les scientifiques les plus sérieux et les plus rigoureux lancent des avertissements de plus en plus sévères sur le raz-de-marée d’infections, d’hospitalisations et de décès qui s’annonce à l’approche de l’hiver dans l’hémisphère nord.

Dans son podcast hebdomadaire sur la pandémie, le directeur du Centre de recherche et de politique des maladies infectieuses» (Center for Infectious Disease Research and Policy) de l'université du Minnesota, le Dr Michael Osterholm, a averti: «Je pense que nous allons voir un blizzard viral s'abattre littéralement sur le monde avec Omicron». Il a noté qu'Omicron menace de se combiner à la vague actuelle du variant Delta pour faire des ravages, en particulier chez les personnes non vaccinées.

Jeudi, le Dr Anthony Leonardi, immunologiste spécialiste des cellules T, a évoqué sur Twitter les dommages potentiels à long terme que pourrait causer la vague d’Omicron. Il a écrit: «La vague à venir d’Omicron infectera probablement au moins la moitié de la population mondiale. Si 10 pour cent d’entre eux contractent le virus du COVID long, nous aurons affaire à un #MassDisablingEvent [événement incapacitant de masse]». Le Dr Leonardi avait à plusieurs reprises tiré la sonnette d’alarme sur l’impact du COVID long, qui peut entraîner une neurodégénérescence, des maladies auto-immunes et des dommages à d’autres organes.

Dans une récente interview accordée au World Socialist Web Site, le Dr Leonardi a souligné les immenses dangers du variant Omicron, en particulier pour les enfants de moins de cinq ans non vaccinés qui ont connu l’un des taux d’hospitalisation les plus élevés de tous les groupes d’âge avec Omicron. Il a également averti que l’extraordinaire transmissibilité d’Omicron crée les conditions qui permettraient à un nouveau variant, potentiellement plus dangereux, d’évoluer plus rapidement que les variants précédents.

Mercredi, la médecin Denise Dewald, qui a critiqué ouvertement les politiques de lutte contre la pandémie mise en œuvre par les gouvernements Trump et Biden, a tweeté: «Je m'attends à ce que nos hôpitaux ressemblent à Wuhan 2020 dans 1 à 3 semaines», ajoutant: «Mais nos travailleurs de la santé ne porteront pas de bons ÉPI [équipements de protection individuelle]».

Le Dr Malgorzata Gasperowicz, qui n’a cessé de plaider pour l’élimination du SRAS-CoV-2 depuis le début de la pandémie, a retweeté un message qui indique que la Corée du Sud avait mis fin à sa politique qui consistait à «vivre avec le COVID-19». Elle a ajouté un commentaire acerbe selon lequel la Corée du Sud a agi ainsi «parce que “vivre avec le COVID-19” ne fonctionne pas. La seule politique qui a fonctionné et qui continue de fonctionner est la stratégie d’élimination. Il est grand temps que chaque région de la planète commence à viser à arrêter la propagation. #EndThePandemic».

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a fait écho à ces avertissements. Dans une interview accordée à Sky News, l’envoyé spécial de l’OMS pour le COVID-19, le Dr David Nabarro, a déclaré: «J’observe et je travaille sur cette pandémie depuis janvier 2020, et je n’ai jamais été aussi inquiet que ce soir, pas seulement pour le Royaume-Uni, mais pour le monde entier».

Lorsqu’on lui a demandé s’il fallait limiter les rassemblements sociaux, il a répondu sans détour: «Les cas doublent tous les deux jours. Savez-vous ce que cela signifie? Cela signifie que ce sera huit fois plus grave dans une semaine, 40 fois plus grave dans deux semaines, 300-400 fois plus grave dans trois semaines. Plus de 1.000 fois plus grave dans quatre semaines.»

En réponse à cette catastrophe imminente, les gouvernements capitalistes du monde entier refusent catégoriquement de mettre en œuvre les mesures de santé publique nécessaires pour arrêter la propagation du COVID-19. Par-dessus tout, ils rejettent le recours à des fermetures d’urgence qui impliquent le passage à l’enseignement à distance dans toutes les écoles et la fermeture des lieux de travail non essentiels avec une protection des revenus pour les travailleurs et les petits entrepreneurs touchés.

Lors d’un point de presse mercredi, un journaliste a demandé à la Dre Rochelle Walensky, directrice des Centres de contrôle et de prévention des maladies (CDC), et à Jeffrey Zients, coordinateur de la Maison-Blanche pour la lutte contre le coronavirus: «Pensez-vous, d’une manière générale, que nous devrions, en substance, procéder à un nouveau confinement? Les écoles, les employeurs devraient-ils prendre les précautions que nous constatons, ou réagissent-ils de manière excessive?»

La Dre Walensky a éludé la question en faisant la promotion des vaccins et des mesures d’atténuation limitées, sans se prononcer sur le confinement. Zients, un multimillionnaire sans expérience en matière de santé publique, s’est catégoriquement opposé aux confinements. Il a avancé l’approche uniquement vaccinale, en déclarant: «Nous sommes dans une situation très différente et plus forte qu’il y a un an. Et il n’y a pas besoin de confiner». Il a ajouté: «Nous savons comment garder nos enfants à l’école et nos entreprises ouvertes, et nous n’allons pas arrêter notre économie de quelque manière que ce soit. Nous allons garder nos écoles et nos entreprises ouvertes. Question suivante».

De même, le directeur de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses (National Institute of Allergy and Infectious Diseases – NIAID), le Dr Anthony Fauci, a reconnu jeudi qu’Omicron sera probablement dominant dans «quelques semaines». Il a dit qu’il ne tardera pas à submerger les hôpitaux. Comme Walensky, il a défendu l’approche qui consiste à ne se fier qu’aux vaccins et s’est félicité des mesures d’atténuation. Il a déclaré: «Si nous faisons cela, je ne pense pas que nous devrons procéder à une quelconque fermeture des entreprises dans votre communauté». Le Dr Fauci a également approuvé les réunions de famille pendant les vacances, à condition que les gens soient vaccinés, et ce, malgré les immenses dangers des voyages en avion et les risques bien connus d’infections pernicieuses qui peuvent entraîner le Covid long, une hospitalisation et même la mort.

Les grands médias ont consciencieusement joué leur rôle en endormant le public et en empêchant la prise de conscience des dangers auxquels la société est confrontée. Jeudi soir, sur ABC News, après un segment qui détaillait la propagation rapide d’Omicron et les conditions de plus en plus désastreuses dans les hôpitaux, le Dr Ashish Jha, doyen de l’école de santé publique de l’université Brown, a donné son aval aux projets de voyage pour les vacances de fin d’année.

Jha a déclaré: «Je pense que la veille et le jour de Noël, il est possible de se réunir en famille en toute sécurité. L’essentiel, à mon avis, est de s’assurer que tous ceux qui peuvent être vaccinés le soient, y compris avec la dose de rappel. Et s’il y a des personnes à haut risque, des personnes âgées ou autres, il faut faire passer un test rapide à tout le monde peut rendre les choses encore plus sécuritaires».

Jha est un proche collaborateur de l’économiste Emily Oster, de l’Université Brown, qui est l’un des principaux défenseurs de la réouverture non sécurisée des écoles depuis l’automne 2020, avant même que les vaccins ne soient approuvés. Jeudi, Oster a tweeté avec cynisme: «La plupart des gens vont attraper Omicron, quel que soit leur statut vaccinal. La contagion est si forte».

Chaque jour le contraste devient plus frappant entre les avertissements des scientifiques de principe comme les Drs Leonardi, Dewald, Gasperowicz et d’autres, et les déclarations des scientifiques et des responsables de la santé publique liés au gouvernement Biden et aux grands médias.

Les principes de la science et de la santé publique sont incompatibles avec les intérêts de l’oligarchie financière, qui refuse de mettre en œuvre les mesures de base nécessaires pour éliminer le COVID-19 et mettre fin aux infections, aux souffrances et aux décès inutiles de millions de personnes dans le monde. La seule force sociale capable de mettre en œuvre ces mesures scientifiques et de mettre fin à la pandémie est la classe ouvrière internationale.

(Article paru en anglais le 17 décembre 2021)

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