États-Unis : le directeur sortant des NIH prévient que le variant Omicron signifie «un million de cas par jour» d’ici février

Dans une interview accordée dimanche à la radio publique NPR, le Dr Francis Collins, directeur nouvellement retraité des Instituts nationaux de la santé, a mis en garde contre le risque de voir apparaître «un million de cas de coronavirus par jour» aux États-Unis, le variant Omicron continuant de se propager dans le pays.

«Nous ne pouvons pas nous permettre de baisser la garde», a déclaré Collins à NPR. «Le virus n’en a pas assez de nous. Il s’amuse beaucoup à changer de forme tous les deux mois, à créer de nouveaux variants et à trouver les moyens d’être encore plus contagieux.» Il a ajouté, à propos des 57 mutations différentes d’Omicron, que l’émergence d’un nouveau variant était «presque comme si nous recommencions avec un virus différent du virus d’origine».

Des personnes font la queue pour des tests PCR et des tests rapides d’antigènes du coronavirus COVID-19 sur Wall Street, dans le district financier de New York, le jeudi 16 décembre 2021. (AP Photo/Ted Shaffrey)

Trois jours auparavant, une étude publiée par des chercheurs du consortium de modélisation COVID-19 de l’Université du Texas faisait écho à l’avertissement de Collins. Elle indique que, dans l’hypothèse d’une forte augmentation des cas similaire à celle observée en Afrique du Sud et au Royaume-Uni, il pourrait bientôt y avoir jusqu’à 600.000 cas par jour aux États-Unis.

L’estimation de Collins et la modélisation de l’Université du Texas sont toutes deux stupéfiantes. Elles suggèrent une poussée hivernale environ trois fois plus importante, en termes de cas quotidiens, que l’an dernier. La recherche de l’Université du Texas estime également que le nombre d’hospitalisations atteindra un peu moins de 40.000 par jour et que le nombre de décès dépassera 4.500 par jour. Ces deux chiffres sont bien supérieurs aux taux d’hospitalisation et de décès de janvier dernier, le pire mois de la pandémie à ce jour.

La tempête du variant Omicron qui s’annonce aux États-Unis a déjà commencé. Les données des CDC (Centres de contrôle et prévention des maladies) montrent qu’au 11 décembre, 3 pour cent des cas aux États-Unis étaient dus à Omicron. Elles impliquent qu’il y a une semaine, au moins 3.500 des 118.000 cas de coronavirus recensés aux États-Unis étaient dus à ce variant, contre 580 sur 116.000 la semaine précédente. Les cas se sont multipliés par six en seulement une semaine.

Sur cette période, le variant Omicron s’est répandu dans 45 États, à Washington D.C. et à Porto Rico et il sera probablement détecté dans les autres États au cours de la semaine à venir. Et comme le montrent clairement les données des CDC, la propagation d’Omicron aux États-Unis imite celle observée en Afrique du Sud, au Royaume-Uni et dans d’autres pays. Le nombre de nouveaux cas causés par Omicron double tous les 1,5 à 3 jours.

De plus, l’émergence du nouveau variant n’a pas ralenti de manière significative la propagation de l’ancien variant. La grande majorité des 122.000 cas quotidiens et la totalité des près de 1.200 décès survenus aux États-Unis sont causés par le variant Delta qui continue de sévir dans le Nord-Est et le Midwest à l’approche de l’hiver.

À New York, qui est frappé par une double vague Delta et Omicron, le nombre de cas quotidiens a augmenté de 50 pour cent, passant d’une moyenne de 10.000 il y a une semaine à 15.000 aujourd’hui, juste en-dessous du record de l’hiver dernier. Dans l’Ohio, les cas quotidiens ont atteint plus de 8.700. Dans le New Jersey, ils ont grimpé à 5.300. D’autres États, dont le Maine, Rhode Island, la Pennsylvanie, le New Hampshire, le Connecticut et le Michigan, font état d’un nombre de cas quotidiens égal ou supérieur à leurs précédents records.

À ce jour, il y a eu plus de 51 millions de cas confirmés de COVID aux États-Unis et plus de 827.000 décès. Dans le monde, il y a eu 275 millions de cas et un peu moins de 5,37 millions de morts, selon les chiffres officiels.

Malgré cette forte augmentation, le président Joe Biden continue de minimiser les dangers représentés par Omicron, et se concentre uniquement sur la nécessité d’être vacciné Lors d’un point de presse jeudi, il a déclaré: «Pour ceux qui ne sont pas vaccinés, nous nous attendons à un hiver de maladies graves et de décès… pour eux-mêmes, leurs familles et les hôpitaux qu’ils vont bientôt submerger. Mais il y a une bonne nouvelle: si vous êtes vacciné et avez votre rappel, vous serez protégé contre la maladie grave et la mort».

En réalité, les données recueillies en Afrique du Sud montrent qu’Omicron est capable d’infecter les personnes ayant reçu une dose d’un vaccin traditionnel et deux doses de vaccin à ARNm. Omicron a également montré sa capacité à réinfecter ceux déjà été infectés par un variant précédent. Et après plus d’un mois de propagation dans la province sud-africaine de Gauteng, on y compte environ deux fois plus d’hospitalisations dues à Omicron, de patients en soins intensifs et sous respirateur, et 25 pour cent de décès supplémentaires. Voilà pour ceux qui disent qu’Omicron est «bénin».

Il est prévu que Biden prononce aujourd’hui un discours plus complet sur la propagation du variant Omicron. Mais il est peu probable que ce discours préconise autre chose que l’utilisation accrue de masques, une nouvelle campagne de vaccination et peut-être un appel limité à une augmentation des tests et de la recherche des contacts.

En revanche, la fermeture des écoles et des entreprises non essentielles est de plus en plus explicitement exclue. Les gouverneurs du Maryland, du Colorado et du New Jersey ont rejeté toute mesure de fermeture d’urgence pour contrôler la propagation de la maladie. Larry Hogan, du Maryland, a déclaré à l’émission Fox News Sunday: «Nous ne prévoyons pas de mesures de confinement… Nous ne les envisageons pas». Et tant la gouverneure de l’État de New York Kathy Hochul que le maire de la ville de New York Bill de Blasio ont rejeté tout projet de nouveaux confinements.

«Non, non, non», a déclaré de Blasio à la station de radio WYNC, lorsqu’on lui a demandé s’il envisageait de fermer des écoles ou des commerces.

De telles mesures sont pourtant absolument nécessaires pour arrêter le tsunami d’infections Omicron qui s’annonce. Le document de l’Université du Texas précise que ses projections ne sont valables que si «les États-Unis n’adoptent pas de politiques… pour ralentir la transmission» (souligné dans l’original).

Ce que les travailleurs et les jeunes doivent retenir de ces avertissements, c’est qu’il faut adopter une politique visant à ralentir la transmission. Cela comprend des tests de masse, la recherche des contacts, l’isolement, le port de masques, les vaccinations et, surtout, la fermeture des écoles et des lieux de travail non essentiels avec compensation financière entière pour les travailleurs. Il y a eu plus de 100.000 décès en janvier dernier; il ne faut pas qu’un deuxième hiver de la mort se produise.

(Article paru d’abord en anglais le 20décembre 2021)

Loading