Macron rejette les appels des scientifiques pour stopper la transmission virale

Samedi, le ministre de la Santé Olivier Véran a rejeté les appels de ses propres scientifiques à stopper une vague du variant Omicron de Covid-19 par des restrictions sociales. Alors que la France bat des records d’infections avec 1 million de cas actifs de Covid-19 et 50.000 à 65.000 d’infections quotidiennes, plus de 3.000 classes étaient fermées à la fin de la semaine dernière pour cause de Covid-19.

Néanmoins, Véran a refusé tout confinement ou autre limitation des interactions sociales permettant de casser la transmission virale, prétendant que «l’efficacité de telles mesures» était trop faible. Il a poursuivi: «Je considère qu’avec la vitesse de circulation du variant Omicron, les jauges ou les fermetures anticipées de bâtiment n’auraient pas un impact aussi important que celui qu’on aurait pu avoir avec des variants moins contagieux.»

Ceci allait à l’encontre des mesures préconisées par le Conseil scientifique sur le Covid-19, qui estimait que des restrictions importantes sont les seuls moyens d’empêcher une contamination massive. Peu auparavant, ce Conseil avait publié un article qui entérinait l’échec de la stratégie gouvernementale du tout-vaccinal contre le variant Omicron, très transmissible et résistant aux vaccins. Il appelait les Français à «passer cette fête de Noël 2021 en nombre plus limité, de se faire tester avant, de s'assurer que les plus anciens ont bien reçu leur dose de rappel.»

Il préconisait surtout, toutefois, des mesures comme des confinements pour casser la transmission du virus et empêcher une envolée des cas d’Omicron: «Au regard de l'accélération de l'épidémie, et des risques liés aux activités festives de fin d'année, des mesures de restriction significatives doivent pouvoir être prises par les autorités à l'occasion du réveillon (y compris le cas échéant sous la forme de limitation d'activités collectives ou de couvre-feux), avec la possibilité d'une déclinaison territoriale».

Le Conseil scientifique soulignait sa crainte que «se constitue une série de mini-clusters à Omicron, qui pourraient diffuser rapidement dans les jours qui suivent sur l'ensemble du pays, compte tenu des mouvements de populations» pendant la période des fêtes.

Contre le Conseil scientifique, Véran a avancé l’argument absurde selon lequel la transmission du variant Omicron serait très rapide mais aurait un impact limité. «Le Omicron, s'il commence à circuler, il est amené à circuler très vite, très fort, avec une vague extrêmement violente, mais extrêmement fugace», a-t-il prétendu.

Vu que cette prévision sera rapidement démentie par les faits, Véran a voulu se couvrir en arguant: «On est toujours dans l'anticipation et en même temps dans l'adaptation de notre réponse en fonction du degré de menace. La vérité d'aujourd'hui n'est peut-être pas celle de demain.»

En réalité, ce que Véran prétend être la vérité ne l’est pas, ni aujourd’hui ni hier, et encore moins à l’avenir. Son affirmation selon laquelle les vagues actuelles n’auraient qu’un effet «fugace» est directement contredite par l’afflux massif de cas graves qui débordent dans les hôpitaux, et les déclarations d’autres membres du gouvernement.

Dans une entrevue télévisée diffusée mercredi soir voulant rassurer l’aristocratie financière de sa capacité à mener une politique d’austérité en vue des présidentielles, Macron a reconnu: «il faut toujours être prudent en la matière. Nous l’avons vu depuis le début, parce que celui qui rythme les règles, c’est le virus. Très vraisemblablement, entre Noël et le Nouvel An, nous aurons une très forte pression sur notre hôpital».

Ceci avait été annoncé le matin même par le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal. Ce dernier avait indiqué qu’il «y a eu près de 1700 personnes admises à l’hôpital et près de 400 en réanimation, la pression va continuer à s’accentuer durant les prochaines semaines.» Le nombre de personnes contaminées par le virus hospitalisées en réanimation, a-t-il ajouté, pourrait «atteindre les 4.000 autour des fêtes».

Contre le virus, le gouvernement mise tout sur la campagne de rappel vaccinal: «820.000 injections de rappel ont eu lieu hier et l’objectif de 20 millions de Français vaccinés d’une dose de rappel d’ici Noël sera tenu», a dit Attal. Le ministre de l’Education, Jean Michel Blanquer a indiqué qu’il était pour la vaccination des enfants de 5 à 11 ans d’ici la fin de l’année. Les plus vulnérables sont éligibles au vaccins depuis mercredi.

Toutefois, cette stratégie ne fera rien pour stopper le variant Omicron, déjà responsable de plusieurs centaines de cas confirmés de Covid-19 en France. L’augmentation du nombre de cas de contamination au Covid-19 malgré une couverture vaccinale importante souligne la faillite d’une stratégie du tout-vaccinal de Macron. Alors que le variant Omicron est plus résistant au vaccin et qu’une troisième dose de rappel ne sera pas suffisant pour assurer une protection efficace à plus de 70 pour cent contre ce nouveau variant, la situation sanitaire va continuer à se détériorer.

Le Royaume-Uni rencontre une forte progression du virus avec 93.045 nouveaux cas en un jour la semaine dernière, du jamais vu depuis le début de la pandémie. La propagation du variant Omicron pourrait entraîner selon les modélisations 8 millions de cas en quelques semaines. Le gouvernement Macron a annoncé qu’il durcirait les contrôles à la frontière, demandant un test PCR de moins de 24h dès samedi à tous les voyageurs venant du Royaume-Uni et un isolement obligatoire de 7 jours, réduit à 48h en cas de test négatif.

La réaction du gouvernement Macron à la pandémie est politiquement criminelle. Pendant presque toute l’année, il a voulu s’appuyer uniquement sur les vaccins, afin d’éviter une mobilisation sociale plus large pour stopper la pandémie et forcer les jeunes et les travailleurs à aller encore à l’école et au travail, garantissant ainsi un flux continu de profits aux banques. Dans la mesure où le virus circulerait, laissait-on entendre, les vaccins protégeraient les Français.

L’inquiétude grandit au sein du gouvernement Macron alors que l’Europe est dans la cinquième vague épidémique et que l’arrivée du variant Omicron prépare une sixième vague. Plus que tout le gouvernement redoute la colère des travailleurs contre sa politique d’infection de masse.

Dans un article intitulé «Covid-19: pourquoi l’exécutif redoute l’arrivée du variant Omicron», Europe1 révèle qu’ «au sein du gouvernement, c’est un peu la panique à tous les étages, ou presque.» Et poursuit: «Hors micro, un ministre ne cache pas son inquiétude auprès d’Europe 1. ‘On a vraiment peur que ce variant résiste aux vaccins. Si c’est le cas, ça peut être terrible dans l’opinion publique.’, explique un poids lourd du gouvernement (...) A cinq mois de l’élection présidentielle, la perspective de voir cette stratégie tomber à l’eau donne des sueurs froide dans la macronie.»

Avant la pandémie, Macron faisait face au mouvement des «gilets jaunes» dans un contexte de montée de la lutte des classes à l’échelle internationale contre les inégalités sociales. La décision de mener des confinements stricts au mois de mars 2020 en France et ailleurs au début de la pandémie a été prise par les gouvernements capitalistes à contre cœur. C’était pour eux le seul moyen de faire face à des grèves sauvages de travailleurs luttant pour se mettre à l’abri dans l’automobile, la sidérurgie, et la logistique aux États-Unis, en Italie et à travers l’Europe.

A présent, il est essentiel de lutter pour la mobilisation européenne et internationale des travailleurs pour imposer une lutte scientifique pour éliminer la transmission du coronavirus.

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