Les scientifiques dénoncent l’inaction officielle en Europe contre Omicron

Dess autorités scientifiques européennes avertissent que le refus officiel de stopper la propagation de la variante Omicron du Covid-19 mène au désastre. Alors que les Etats à travers l'Europe refusent de mettre en place des confinements, le virus se propage, menaçant des niveaux d'infection et de mort sans précédent, le débordement total des systèmes de santé, et l'effondrement d’infrastructures alimentaires et énergétiques critiques.

Ceal souligne la nécessité de mobiliser la classe ouvrière pour imposer une politique d’élimination du virus pour éviter une catastrophe. Avant l'apparition du variant Omicron, les dirigeants européens ont ignoré les avertissements officiels selon lesquels 400.000 à 700.000 personnes pourraient mourir du Covid-19 cet hiver en Europe, en plus des 1,5 million de morts qu’il a déjà faits. Aujourd'hui, les scientifiques préviennent qu’Omicron, très transmissible et plus résistant aux vaccins, menace de provoquer des décès et une dévastation sociale bien plus importants.

Un patient atteint du coronavirus respire avec un masque à oxygène dans un hôpital sous tente pour les patients atteints du COVID-19 à Kakhovka, en Ukraine, dimanche 31 octobre 2021. (AP Photo/Evgeniy Maloletka)

Le professeur Mahmoud Zureik de l'université de Versailles a averti que la proposition de rendre éventuellement la vaccination obligatoire, annoncée vendredi par le ministre de la santé Olivier Véran, est insuffisante. «Les mesures annoncées vendredi sont très timides, pas de nature à pouvoir infléchir la courbe», a-t-il dit au JDD.

Interrogé si on peut «imaginer une société paralysée où une grande part de la population, infectée ou cas contact, reste chez elle», il a réagi: «C'est le souci principal actuellement. Nous allons probablement connaître des niveaux de contamination jamais atteints. En Grande-Bretagne, le nombre de cas dus à Omicron double en moins de deux jours. Le système de soins risque donc d'être sous tension extrême, et au-delà de l'hôpital, la demande en tests et en consultations de ville sera très importante.»

Il a souligné le danger de mort mais aussi d’effondrement d’infrastructures critiques lié à une telle infection de masse: «L'impact se fera d'abord sentir sur les professionnels de santé, avec un dilemme : s'ils sont contaminés et s'isolent, il n'y aura plus assez de soignants, mais s'ils restent, ils pourraient contaminer leurs collègues et leurs patients non-Covid. Ensuite, le pays pourrait être paralysé si les métiers en première ligne, comme les caissiers, ne peuvent pas être assurés.»

Il a ajouté: «Actuellement, l'école est le moteur principal de la circulation virale dans les pays d'Europe de l'Ouest.» Il a cité le chiffre jamais vu d’hospitalisations pédiatriques en France, plus de 210 pour les moins de 9 ans. Il a proposé à la France d’adopter «une stratégie proactive, opérationnelle et claire, basée sur le télétravail, la ventilation et le contrôle de la qualité de l'air et une communication grand public sur ces défis.»

Le Conseil d'experts Covid-19 de l’État allemand a lancé un avertissement similaire hier. «Si la propagation de la variante Omicron en Allemagne se poursuit comme elle l'a fait, une partie importante de la population tombera malade et/ou sera mise en quarantaine. Cela signifierait que le système de santé et toutes les infrastructures critiques seraient extrêmement touchés», indique son rapport, évoquant d’éventuelles perturbations des hôpitaux et des infrastructures énergétiques.

Il ajoute, «Il faut des mesures efficaces à l'échelle nationale pour lutter contre les infections, notamment des mesures bien planifiées et clairement expliquées pour limiter les contacts sociaux.»

Il préconise aussi une «préparation complète et immédiate» pour protéger les infrastructures essentielles et assurer la continuité des chaînes d’approvisionnement.

L’expérience a démontré que les États européens poursuivent des politiques d’infection de masse, quel qu’en soit l’impact sur les hôpitaux et sur les pertes en vie humaine.

Avant même qu’Omicron ne frappe pleinement l’Europe, les hôpitaux sont en crise après deux ans de surcharge de travail lié à la pandémie. Le Dr Arnaud Chiche a déclaré: «La situation est tellement dramatique que dans les services de cardiologie, de neurologie il manque des lits. On a des difficultés à prendre en charge les personnes qui font des AVC, des infarctus du myocarde.»

Déjà, a-t-il dit, il «y a en moyenne 80 pour cent des lits occupés par des patients Covid, beaucoup de services d'urgence sont fermés par manque de personnel, il y a des lignes de SMUR fermées par manque de personnels, il manque de lits partout et les médecins ont des difficultés pour hospitaliser les malades. … Il y a une petite ambiance de février 2020, on n'est pas tranquille. On a l'impression qu'il y a quelque chose de grave qui va se passer.»

«On a tous un peu peur d'être dépassés par quelque chose de très important au niveau de l'afflux des malades. Les soignants feront le maximum comme toujours, c'est notre métier, et en cela les Français doivent être rassurés. Mais l'exécutif est en tort», a-t-il poursuivi, exigeant un «grand Plan Marshall» pour aider l’hôpital.

Pour éviter la catastrophe, il faut permettre aux jeunes et aux travailleurs non essentiels de s'abriter chez eux pendant nombre de semaines pour réduire les niveaux d'infection. Quand la transmission virale sera bien plus faible, comme lors des premiers confinements en Chine et en Europe en mars 2020, le traçage des contacts et l'isolement des malades pourront, avec les vaccins et d'autres techniques scientifiques, éliminer la transmission du virus. Cependant, une telle politique ne peut être imposée que par une mobilisation consciente et internationale de la classe ouvrière.

Elle nécessite un soutien financier massif aux travailleurs, aux indépendants et aux PME, afin que le confinement ne les appauvrisse pas. En outre, il faut une lutte politique pour chasser du pouvoir une aristocratie financière qui a montré à plusieurs reprises son mépris pour la vie et sa détermination à maintenir les usines et les écoles ouvertes à tout prix, afin de continuer à engranger des bénéfices massifs sur les marchés financiers.

Les arguments de l’aristocratie financière qui sous-tendent la politique de Londres, Berlin et Paris émergent dans un article fascisant du Daily Telegraphbritannique intitulé «Qu’ils le sachent ou non, les sceptiques des confinements ont gagné la guerre d’Omicron.»

Face aux plus de 80.000 voire 90.000 infections quotidiennes au Royaume-Uni, il a écrit: «si l’État avait voulu casser la dynamique virale, il aurait du faire un confinement il y a une semaine. Mais il a opté pour des demi-mesures pour nous préparer psychologiquement à être confinés quand les ministres l’auraient décidé. Cette approche est toutefois dépassée par les événements. La vitesse de l’épidémie Omicron est telle que nous serons sans doute confinés par le virus avant que l’État n’impose sa propre version.»

Le journal a préconisé de laisser grimper les contaminations pour faire sauter l’hôpital, pour forcer les travailleurs à rester chez eux par la terreur: «Une fois qu’une certaine portion du pays – disons le tiers – aura contracté le virus, nous serons confinés dans les faits, sinon légalement.» Il ajouta, «si les hôpitaux commencent à refuser les malades, un confinement spontané s’installera, car les gens craignent que le système de santé ne soit plus disponible.»

Il a souligné que le nombre de morts dans une pareille expérimentation génocidaire lui importait peu. «Nous sommes sur le point de voir comment une vague de Covid traverse un population sans autre obstacle que notre immunité et nos décisions personnelles. Cela pourrait ne pas être beau», a avoué le Telegraph. Mais il applaudit les résultats en tant qu’occasion d’«apprendre les bonnes leçons sur comment gérer une vague sans assignations à résidence.»

Briser l’opposition misanthrope de l’aristocratie financière à tout effort collectif pour sauver les vies nécessite la mobilisation d’un mouvement ouvrier international pour une politique sanitaire scientifique et pour le socialisme.

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