Trump annonce un événement pour célébrer le premier anniversaire de l’attaque violente du 6 janvier au Capitole

L’ancien président Donald Trump a annoncé mardi qu’il tiendrait une «conférence de presse le 6 janvier» depuis sa station balnéaire de Mar-a-Lago en Floride, un an après sa tentative de coup d’État ratée, où des milliers de partisans fascistes ont attaqué le Capitole américain.

Trump a réitéré ses affirmations bidon selon lesquelles l’élection présidentielle de 2020 était «truquée.» Il a dit à ses partisans et à d’autres politiciens républicains: «Souvenez-vous, l’insurrection a eu lieu le 3 novembre, c’était la protestation sans armes de l’élection truquée qui a eu lieu le 6 janvier».

En fait, Trump a perdu l’élection de façon retentissante par plus de 7 millions de voix et 306-232 au Collège électoral.

Sur cette photo du 6 janvier 2021, des insurgés fidèles au président Donald Trump se rassemblent au Capitole américain à Washington [Photo: AP Photo/Jose Luis Magana, dossier]

Ce n’est pas la première fois que Trump qualifie l’élection de véritable «insurrection», une déclaration qui place 81 millions d’Américains, qui ont voté pour son adversaire démocrate Joe Biden, dans la position de hors-la-loi se rebellant contre le souverain du pays. Si l’élection était effectivement une insurrection, on peut supposer que Trump aurait été justifié de mobiliser l’armée pour l’écraser – et il a effectivement tenté de le faire.

En outre, la foule n’était pas «sans armes» le 6 janvier. Si les miliciens et les partisans de Trump ne se sont pas présentés avec des armes à feu – ils ont dû passer par des détecteurs de métaux pour entrer dans l’Ellipse, près de la Maison-Blanche –, la foule qui a pris d’assaut le Capitole était tout de même armée d’une pléthore d’armes mortelles, notamment des couteaux, des haches, des matraques, des tasers, des bâtons et des équipements de police volés comme des boucliers et des porte-vélos en métal. Plus de 140 policiers ont été blessés lors de l’attaque, et en août, le service de police du Capitole a annoncé que quatre policiers qui étaient intervenus lors de l’attaque étaient morts par suicide.

En outre, le mois dernier, les procureurs fédéraux ont inculpé Mark Mazza, 56 ans, de l’Indiana, de cinq crimes fédéraux, dont celui d’avoir apporté une arme à feu chargée dans l’enceinte du Capitole et celui d’avoir agressé des policiers avec une matraque lors de l’attaque du 6 janvier. Selon les documents judiciaires, Mazza a perdu son arme, un revolver Taurus chargé de deux cartouches de fusil de chasse et de trois balles à pointe creuse, au moment où il affrontait la police sur la Terrace Ouest du Capitole.

Mazza n’aurait peut-être pas été identifié s’il n’avait pas déposé un faux rapport de police deux jours après la tentative de coup d’État, prétendant que son arme avait été volée dans sa voiture alors qu’il voyageait en Ohio le 5 janvier. En mars, lors d’un entretien avec deux enquêteurs de la police du Capitole, Mazza a admis avoir assisté au rassemblement «Stop the Steal» devant la Maison-Blanche avant de se rendre au Capitole.

Dans la même interview, Mazza s’est apparemment plaint de ne pas avoir eu l’occasion d’assassiner la présidente de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi. «Je pensais que Nan et moi pourrions nous rencontrer», a déclaré Mazza aux enquêteurs. «Je n’ai jamais eu l’occasion de parler à Pelosi».

«J’étais content de ne pas l’avoir fait, parce que vous seriez ici pour une autre raison et j’ai dit à mes enfants que s’ils se montrent, je me rends, ou peut-être pas, parce que je pourrais tomber en héros», aurait dit Mazza aux enquêteurs.

En plus de Mazza, au moins cinq autres personnes ont été accusées d’avoir des armes à feu dans l’enceinte du Capitole le 6 janvier, dont un ancien employé de la Drug Enforcement Agency. En novembre, Lonnie Coffman, 71 ans, originaire d’Alabama, a plaidé coupable d’avoir apporté cinq armes à feu chargées et 11 cocktails Molotov dans son camion au Capitole. Coffman a apporté une carabine, un fusil de chasse, deux pistolets de 9 mm et un pistolet de calibre 22, tous chargés, à Washington DC le 6 janvier.

Au cours de sa déclaration, Trump a visé les quelques “faibles républicains RINO (Republicans In Name Only [républicains de nom seulement]) qui ont refusé de poursuivre les faux «audits criminalistiques». Citant Detroit, dans le Michigan, où Biden a en fait reçu moins de voix qu’Hillary Clinton lors de l’élection de 2016, Trump a affirmé que les «résultats des votes sont horriblement corrompus à Detroit» mais que les «républicains RINO de la Chambre et du Sénat du Michigan ne veulent pas aborder le sujet».

À l'extérieur du Capitole de Lansing mardi, quelques dizaines de partisans de Trump, dont un autoproclamé «3 % du Michigan» portant un fusil, se sont rassemblés en faveur d'un soi-disant «audit criminalistique».

Trump a également attaqué la Commission spéciale de la Chambre des représentants du 6 janvier chargée d’enquêter sur l’attaque du Capitole, se plaignant du fait que la «commission non sélectionnée composée de valets politiques hautement partisans» refusait d’enquêter sur la «CAUSE des manifestations du 6 janvier, à savoir l’élection présidentielle truquée de 2020.»

Ce n’est pas la première fois que Trump fait référence à la Commission spéciale en tant que «Commission insignifiante» et affirme que la «véritable insurrection» a eu lieu le jour de l’élection de 2020. Dans une déclaration similaire en octobre, après la décision de la Commission spéciale de citer le conseiller fasciste de Trump, Steve Bannon, pour outrage criminel au Congrès, Trump a affirmé: «La Commission insignifiante composée de démocrates partisans et de deux RINO très faibles et pathétiques, devrait arriver à la conclusion, après avoir dépensé plusieurs millions de dollars, que la véritable insurrection a eu lieu le 3 novembre, lors de l’élection présidentielle, et pas le 6 janvier – qui était un jour de protestation contre les faux résultats de l’élection».

De même, dans une interview accordée en décembre à Laura Ingraham de Fox News, Trump a déclaré que le 6 janvier «était une protestation. L’insurrection a eu lieu le 3 novembre, qui était le jour de l’élection. C’était une protestation et beaucoup d’innocents ont été blessés. Beaucoup d’innocents ont été blessés».

Dans la même interview, Trump a affirmé qu’il n’avait «rien à cacher» à la Commission spéciale et qu’il «n’était pas impliqué» dans l’attaque du Capitole, ajoutant: «si vous regardez mes mots et ce que j’ai dit dans le discours, ils étaient extrêmement apaisants, en fait».

Dans le discours «extrêmement apaisant» que Trump a prononcé le 6 janvier devant la foule à l’extérieur de la Maison-Blanche, il a déclaré à ses partisans: «Vous ne reprendrez jamais notre pays avec de la faiblesse. Vous devez faire preuve de force et vous devez être forts.»

Les incitant ouvertement à la violence, il a ajouté: «On se bat férocement. Et si on ne se bat pas férocement, on n’aura plus de pays».

Le représentant républicain Scott Perry de Pennsylvanie s’est joint à Trump mardi pour rejeter la légitimité de la commission spéciale. Membre du House Freedom Caucus, un groupe ultraconservateur, Perry a annoncé sur Twitter qu’il ne se présenterait pas devant la commission pour un entretien volontaire.

«J’exprime mon immense respect pour notre Constitution, la règle de droit, et les Américains que je représente qui savent que cette entité est illégitime et n’est pas dûment constituée selon les règles de la Chambre des représentants des États-Unis», a écrit Perry sur Twitter.

«Je décline la demande de cette entité et je continuerai à lutter contre les échecs de la gauche radicale qui cherche désespérément à se distraire de ses échecs abjects que sont une inflation écrasante, une reddition humiliante en Afghanistan et l’horrible crise qu’elle a créée à notre frontière».

En réponse, un porte-parole de la Commission spéciale a déclaré: «Le représentant Perry possède des informations directement pertinentes pour notre enquête. Bien qu’il affirme respecter la Constitution et l’État de droit, il omet de noter que de multiples tribunaux fédéraux, agissant en vertu de l’article 3 de notre Constitution, ont déjà rejeté les affirmations de l’ancien président selon lesquelles la Commission n’a pas d’objectif législatif approprié».

Perry a été le législateur à l’origine des efforts qui visaient à nommer Jeffrey Clark, ancien avocat du ministère de la Justice, au poste de procureur général par intérim, à la place de Jeffery Rosen, qui a refusé d’armer le ministère de la Justice en appui aux revendications électorales frauduleuses de Trump. La Commission spéciale dispose de messages texte, fournis par l’ancien chef de cabinet de la Maison-Blanche, Mark Meadows, prouvant que Clark a communiqué directement avec Meadows, déjà cité à comparaître.

Alors que Trump fulmine, les démocrates du Congrès et le président Biden poursuivent leur politique qui consiste à ignorer ou à minimiser les appels de plus en plus ouverts à la violence fasciste qui émanent du Parti républicain.

La présidente de la Chambre des représentants, Pelosi, a annoncé lundi que son bureau allait organiser une «veillée de prière» et une discussion entre historiens en prévision du premier anniversaire du coup d’État.

Dans un courriel rapporté par The Hill, Pelosi a déclaré: «Bien que la Chambre ne soit pas en session cette semaine-là, un certain nombre de députés ont exprimé le souhait de participer aux activités de commémoration».

Ces «activités» seront «l’occasion pour les députés de partager leurs expériences et leurs réflexions sur cette journée, et une veillée de prière dans la soirée». Pelosi a précisé que cette «commémoration solennelle» sera diffusée en direct, contrairement à plusieurs des audiences de la commission spéciale qui se sont tenues à huis clos.

Le fait que Trump puisse continuer à encourager et à cultiver un mouvement fasciste basé sur la prémisse que l’élection présidentielle de 2020 était illégitime et que Biden est un usurpateur est entièrement la faute du Parti démocrate, qui n’a encore tenu responsable aucun des dirigeants, à commencer par Trump, pour la tentative de coup d’État.

(Article paru en anglais le 22décembre 2021)

Loading