Royaume-Uni: Le gouvernement conservateur se sert de Noël pour s’attaquer aux restrictions COVID

La Grande-Bretagne a enregistré plus de 100.000 cas de COVID en une seule journée mercredi, alors que le variant Omicron, hautement contagieux, s’impose dans tout le pays. Les 106.122 cas ont augmenté d’un tiers par rapport au même jour de la semaine dernière.

140 autres décès ont été signalés, portant le total officiel du Royaume-Uni à 147.573. Si l’on s’en tient aux données du «Bureau des statistiques nationales» (Office for National Statistics) concernant le nombre de décès pour lesquels la COVID est mentionnée sur un certificat de décès, 173.000 personnes ont été tuées.

La capitale, Londres, est l’épicentre d’Omicron au Royaume-Uni. Hier, Londres a enregistré un nombre stupéfiant de 27.799 cas, soit une augmentation de près de 50 pour cent par rapport à la semaine précédente. Le 20 décembre, jour le plus récent pour les données d’hospitalisation, Londres a enregistré 302 admissions, soit une hausse de près de 80 pour cent par rapport à la semaine précédente.

Mercredi, le gouvernement Johnson a réduit de 10 à 7 jours la période d’auto-isolement après un test COVID positif pour les personnes doublement vaccinées en Angleterre, affirmant que cela permettrait à davantage de personnes de passer Noël en famille.

Le Financial Timesa expliqué plus honnêtement qu’il s’agissait d’une «tentative d’alléger les pressions sur le personnel des entreprises et des services publics touchés par une vague d’absences liées au coronavirus». Ce que cela signifie, c’est qu’environ 280.000 personnes vont se fréquenter alors qu’elles sont probablement encore infectées.

Ce n’est que le dernier exemple en date où les conservateurs se servent de Noël pour justifier leur refus de mettre en œuvre des mesures anti-COVID. L’annonce a été faite un jour après que le premier ministre, Boris Johnson, a confirmé qu’aucune autre mesure de santé publique ne serait mise en place avant Noël. De surcroit, aucune autre restriction n’est prévue après les vacances.

Le gouvernement ignore malicieusement les nombreux avertissements des scientifiques sur l’ampleur de la menace de la COVID, alors que les variants Delta et Omicron sont tous deux en circulation. Selon l’Agence britannique pour la santé et la sécurité (UKHSA), Omicron est déjà dominant en Angleterre, les infections doublant tous les deux jours. Le 16 décembre, le groupe de scientifiques SPI-M-O, qui alimente le principal groupe consultatif scientifique pour les urgences (SAGE) du gouvernement, a averti que le Royaume-Uni pourrait être frappé par 2 millions de cas quotidiens d’Omicron, jusqu’à 10.000 hospitalisations par jour et entre 600 et 6.000 décès par jour. Ces chiffres dépassent de loin le nombre de décès et de souffrances enregistrés lors du précédent pic de la pandémie, en janvier et février de cette année, et pourraient rapidement submerger le National Health Service (NHS).

La détermination brutale du gouvernement à maintenir les profits à tout prix rencontre une opposition généralisée. Les travailleurs défient les meurtriers de masse de Westminster qui leur recommandent de continuer à faire du shopping et à fréquenter les pubs, les clubs et les restaurants. Des millions de personnes ont cessé d’utiliser les transports publics, travaillent à domicile et limitent déjà leurs contacts avec d’autres personnes.

Mardi, le Daily Maila publié un reportage photo montrant des scènes de rues désertes dans tout Londres, où la fréquentation des magasins s’est effondrée et où le secteur de l’hôtellerie est en crise. L’article était intitulé «Les foules ABANDONNENT le West End alors que les Britanniques qui se protègent EUX-MÊMES se confinent chez eux et évitent les pubs et les restaurants». Les rues désertes comprenaient Regent’s Street et Oxford Street, qui sont normalement inondées de clients et de fêtards.

Capture d’écran d’un article du Daily Mailmontrant des rues vides, normalement bondées de clients avant Noël

Dans un autre article, «Britons self-policing on Covid rules to avoid Christmas in isolation», l’Independentrapporte les résultats d’un sondage Ipsos Mori:

  • 89 pour cent des personnes interrogées prévoient de porter davantage leur masque et de se désinfecter les mains plus régulièrement.
  • 81 pour cent gardent ou prévoient de garder leurs distances lors des rencontres sociales.
  • 80 pour cent ont suivi les recommandations du gouvernement en effectuant ou en prévoyant d’effectuer leur vaccination de rappel.
  • 67 pour cent prévoient d’utiliser plus régulièrement les tests de flux latéral et de faire des achats en ligne.
  • Une majorité d’entre eux «prennent également les choses en main»: 58 pour cent prévoient d’éviter les transports publics, «de ne pas assister à des réunions sociales chez des amis ou des membres de la famille et de ne pas aller dans des pubs ou des restaurants (57 pour cent dans les deux cas)».
  • 45 pour cent vont travailler à la maison plutôt qu’au bureau, tandis que 47 pour cent n’ont pas l’intention de participer à la fête de Noël de leur entreprise.
  • Près de la moitié d’entre eux (44 pour cent) ont déclaré que les restrictions Plan B du gouvernement concernant la COVID ne sont pas assez strictes.

Les résultats du sondage et les actions de millions de personnes réfutent entièrement le récit du gouvernement et des médias serviles, qui ont longtemps prétendu qu’une probable réaction hostile du public était l’une des principales raisons pour lesquelles aucune mesure sérieuse de confinement n’était possible.

Le 27 novembre, le jour où Omicron a été détecté pour la première fois en Grande-Bretagne, le médecin en chef de Johnson, Chris Whitty, a déclaré lors d’un débat organisé par l’Association des gouvernements municipaux: «Ma plus grande inquiétude à l’heure actuelle est que les gens… si nous devons faire quelque chose de plus musclé à un moment donné, que ce soit pour le nouveau variant actuel ou à un stade ultérieur, les gens vont-ils nous suivre?»

Pour essayer de détourner l’attention du fait que la population ne se «réjouit» pas – comme le déclarait mardi la une du Daily Mail– du fait que la Grande-Bretagne n’a pratiquement pas de restrictions en place, les médias continuent de focaliser l’attention sur les manifestations anti- confinement/anti-vax qui rassemblent tout au plus environ 30.000 personnes au niveau national et dont le nombre n’a jamais vraiment augmenté tout au long de la pandémie. Dominés par les forces d’extrême droite et les adeptes de la théorie du complot et constitués en grande partie de petits-bourgeois désorientés, ces éléments sont généralement considérés par la population comme des excentriques dirigés par des criminels. Mais les conservateurs et les médias les utilisent quotidiennement pour justifier leur propre programme d’immunité collective.

Les journaux de tout l’éventail politique officiel chantent désormais la même rengaine, se plaignant que le pays souffre d’un «confinement furtif».

Allison Pearson a écrit une diatribe anti-scientifique dans le Telegraphproconservateur sous le titre «Mon message de Noël réjouissant? Il est temps que l’humanité l’emporte sur les scientifiques».

«Nous ne pouvons pas être plus vaccinés que ça en tant que nation, mais beaucoup d’entre nous limitent malheureusement leurs projets de fête à cause des pauvres bougres du SAGE», se plaint-elle. «Dans la bataille pour le bonheur futur de la nation, notre premier ministre devra bientôt choisir son camp entre les Scientifiques et les Humains».

Quant à Rachel Cooke, du Guardian, elle insiste: «Jusqu’à ce que j’obtienne une deuxième ligne rose sur le flux latéral, je vais profiter de la vie au max». Reflétant les couches autosatisfaites pour lesquelles elle parle, Cooke a ajouté: «Aussi ridicule que cela puisse paraître, je me sens obligée de sortir; de dépenser le peu d’argent que j’ai pour acheter un billet pour quelque chose et un bol de pâtes ensuite».

Ce même programme est la politique des deux ailes du Parti travailliste. Le chef du parti, sir Keir Starmer, a déclaré à Times Radio qu’il n’était même pas en faveur d’un confinement coupe-circuit après Noël, affirmant que «les chiffres sont une source d’inquiétude. [Mais] les hospitalisations sont différentes de ce qu’elles étaient… l’automne précédent, lorsque nous avons appelé à un confinement coupe-circuit».

Jeremy Corbyn, leader de ce qui reste de la gauche travailliste, qui siège désormais en tant qu’indépendant, s’est opposé la semaine dernière à la vaccination obligatoire du personnel du NHS et même à l’obligation de présenter une preuve de non-infection avant d’entrer dans une boîte de nuit. Depuis, il n’a pas exigé la moindre mesure d’atténuation.

Jeremy Corbyn (à gauche), qui était alors leader du Parti travailliste, et sir Keir Starmer lors d’un événement pendant les élections générales de 2019 [Photo: AP Photo/Matt Dunham, dossier]

Quant aux syndicats, le Trades Union Congress n’a demandé qu’une meilleure indemnité de maladie légale. Les syndicats d’enseignants sont occupés à veiller à ce que le gouvernement évite toute nouvelle «perturbation de l’éducation» afin que les écoles puissent pleinement reprendre l’enseignement en personne en janvier.

Le puissant sentiment des travailleurs qui s’opposent à la volonté irréfléchie du gouvernement et de ses laquais d’infecter tout le monde avec la COVID doit trouver une expression politique.

Il faut se battre pour une politique d’élimination et toutes les mesures nécessaires pour mettre fin à la pandémie, y compris la vaccination de masse et la fermeture temporaire des entreprises non essentielles et des écoles.

Cela ne sera possible qu’en opposition au Parti travailliste et à la bureaucratie syndicale, par la mobilisation de la classe ouvrière au sein de ses propres comités de sécurité indépendants dans tous les secteurs.

(Article paru en anglais le 23décembre 2021)

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