Alors qu’Omicron déferle sur l’Europe, les gouvernements préparent une catastrophe avec les fêtes de fin d’année

Après l’émergence d’Omicron comme souche dominante au Royaume-Uni, en Scandinavie et au Portugal, ce variant résistant aux vaccins envahit rapidement l’Europe occidentale et centrale. Dans de nombreux pays, les infections officiellement enregistrées ont doublé en quelques jours, Omicron étant en passe de devenir la souche dominante en Europe avant la nouvelle année.

Des clients font leurs derniers achats de Noël à Covent Garden à Londres, mercredi 22 décembre 2021. (AP Photo/Frank Augstein)

Malgré une explosion des cas de ce variant résistant au vaccin, les gouvernements européens refusent de prendre des mesures significatives pour réduire la transmission.

En fait, de nombreux politiciens encouragent activement la population européenne à se réunir en famille et entre amis. Hier, le Premier ministre britannique Boris Johnson a déclaré à la population «les gens peuvent aller de l’avant avec leurs plans de Noël». Le président français Emmanuel Macron a dit à ceux «qui auront la joie d’être avec leur famille pour Noël» de ne faire qu’un test rapide de réassurance et de suivre ensuite les «gestes barrières» de distanciation sociale avec la famille et les amis. Hier, le Premier ministre espagnol Pedro Sànchez a déclaré: «Nous nous ne trouvons ni en mars 2020 ni à Noël de l’année dernière.»

En revanche, le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour l’Europe, Hans Kluge, a mis en garde mardi contre «une autre tempête à venir», ajoutant: «le volume même des nouvelles infections par le COVID-19 pourrait entraîner davantage d’hospitalisations et une perturbation généralisée des systèmes de santé et d’autres services essentiels.»

Dans les conditions actuelles, les célébrations de Noël de cette année seront un événement super- propagateur de masse. Sous un barrage de désinformation des gouvernements et des médias capitalistes, on berce d’illusions des millions de familles européennes et leur laisse organiser des rencontres qui entraîneront la mort de dizaines de milliers d’êtres chers. En réalité, les taux d’infection atteignent des sommets et les hôpitaux seront bientôt débordés sur tout le continent en raison d’une charge de travail astronomique.

En Europe occidentale, Omicron devient rapidement dominant. Le Royaume-Uni assiste à une explosion sans précédent du virus, avec 119.789 cas signalés le 24 décembre, après 105.330 cas le jour précédent.

Londres est le centre de la vague actuelle et a connu un pic d’hospitalisations depuis la mi-décembre. Le 20 décembre, on y a hospitalisé 301 personnes dû à la COVID-19, une hausse de 80 pour cent par rapport à la semaine précédente.

En France, on a enregistré 91.608 cas jeudi, après 84.272 cas mercredi, les deux totaux journaliers les plus élevés de toute la pandémie. En raison du manque de personnel dû à l’infection, les Chemins de fer nationaux ont commencé à réduire les services de trains régionaux. Jeudi, le Conseil scientifique a mis en garde contre des centaines de milliers de cas quotidiens en janvier et «une possible désorganisation de la société dès le début du mois de janvier», un nombre énorme de personnes étant infectées ou en quarantaine.

En Espagne, les cas ont doublé, passant de 26.568 le 20 décembre à 60.041 le 22 décembre. Le variant Omicron est apparemment responsable de la majeure partie de cette augmentation, passant de 3 à 47 pour cent des cas en l’espace d’une semaine. La seule mesure prise par le gouvernement PSOE-Podemos a été de rendre obligatoire le port du masque à l’extérieur.

L’épidémiologiste espagnol Quique Bassat a déclaré, «nous avons besoin de mesures plus strictes et plus restrictives, capables de contenir cette transmission incontrôlée».

Le Portugal, où Omicron est déjà dominant, a enregistré 8.937 cas le 22 décembre, le plus haut depuis janvier, et presque le double de la moyenne des sept derniers jours. En Italie, les décès sont au plus haut depuis mai, avec une moyenne de 128 au cours des sept derniers jours. La moyenne de 27.199 nouveaux cas sur sept jours est la plus élevée depuis novembre 2020.

En Allemagne, après une vague prolongée entraînée par le variant Delta, les cas et décès ont légèrement diminué au cours de la dernière semaine. Au cours des trois derniers mois, un nombre stupéfiant de 16.000 personnes sont mortes. Cependant, la chute des cas et des décès du variant Delta a été rapidement remplacée par une hausse rapide du variant Omicron, qui représenterait désormais 30 pour cent des cas. Le 23 décembre, l’Institut Robert Koch a confirmé le premier décès dû à ce variant dans le pays.

Omicron est déjà dominant dans les pays scandinaves. Au Danemark, la moyenne des cas sur sept jours dépasse désormais les 10.000, avec un record de 13.057 cas enregistrés le 21 décembre. Cela montre, dans un pays où le taux de double vaccination des adultes est de 96,2 pour cent et le taux de triple vaccination des adultes de 46,2 pour cent, à quel point Omicron sera dévastateur dans toute l’Europe dans les prochaines semaines. La moyenne des décès sur sept jours est maintenant à son niveau le plus élevé depuis février.

Aux Pays-Bas, la presse bourgeoise a annoncé des mesures de confinement qualifiées de «strictes» jusqu’au 14 janvier au moins. Toutefois, chaque foyer a le droit d’inviter jusqu’à quatre personnes pour les fêtes de Noël et du Nouvel An, la production non essentielle se poursuit et le gouvernement a l’intention de rouvrir les écoles le 10 janvier. Ces mesures ne protégeront pas la population de la poussée d’Omicron et n’élimineront pas la circulation du virus.

Alors que l’impact d’Omicron se fait déjà sentir en Europe occidentale et centrale, le virus se déplace rapidement vers l’Est. Alors que les taux de mortalité et d’infection diminuent dans ces pays après une vague Delta dévastatrice, ils seront probablement frappés encore plus durement par Omicron.

Depuis le 1er octobre, 90.000 Russes, 37.000 Ukrainiens, 21.000 Roumains, 17.000 Polonais, 10.000 Bulgares, 8.000 Hongrois, 5.500 Tchèques, sont morts de la COVID-19. Neuf des dix premiers pays pour le nombre de décès dus au COVID-19 par million d’habitants sont des États d’Europe de l’Est ou des Balkans. Le virus y a prospéré grâce aux faibles taux de vaccination, aux politiques officielles d’«immunité collective» et aux systèmes de soins de santé ravagés par la restauration du capitalisme dans l’ex-URSS et en Europe de l’Est.

La vague Delta fait d’ailleurs encore plus de 10.000 morts par semaine dans ces pays. Cependant, on a déjà identifié le variant Omicron en Russie, en Ukraine, en Pologne, en Roumanie, en République tchèque, en Hongrie et dans tous les pays baltes. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’il ne commence à y dominer.

Bien que les pays d’Europe occidentale et centrale aient des taux de vaccination plus élevés et aient lancé des campagnes de rappel, des millions de personnes sont toujours sans aucune protection. En Europe de l’Est, plus de 100 millions de personnes ne sont toujours pas vaccinées. Il est important de noter que la plupart des enfants en Europe n’ont reçu qu’une seule dose de vaccin ou ne sont pas vaccinés du tout.

Avec l’ouverture complète des écoles pendant le trimestre d’automne, le nombre d’hospitalisations d’enfants a bondi en Europe. En France, 153 enfants sont actuellement hospitalisés pour la COVID-19, dont 35 en soins intensifs. Mercredi, on a signalé qu’un autre enfant au Royaume-Uni est décédé de la COVID-19, portant le total à 121 décès de moins de 19 ans depuis le début de la pandémie. Entre le 1er et le 16 décembre, on a hospitalisé 148 enfants en Allemagne, dont plus de la moitié avaient moins de 3 ans.

Contrairement à l'inaction criminelle des gouvernements européens, les autorités sanitaires chinoises montrent une fois de plus que des mesures sanitaires strictes peuvent éliminer la circulation du virus et protéger les vies. Dans la ville de Xi'an, 13 millions de personnes ont été confinées après la détection de 127 infections lors d'une série de tests de masse. De telles mesures ont à plusieurs reprises permis de stopper des épidémies en Chine.

Alors que les cas d’Omicron explosent de manière exponentielle en Europe, il faut tirer la sonnette d’alarme. Le continent est sur la voie d’une crise sanitaire et sociétale qui fera des centaines de milliers de morts dû au virus, et bien plus encore dû à l’incapacité des systèmes de santé dévastés à fournir des soins.

La classe capitaliste base sa politique de santé non pas sur les infections, les décès ou même la saturation des hôpitaux, mais sur sa capacité à maintenir ouverte une production non essentielle afin que son flux de profits ne soit pas interrompu. Ainsi, même face à un variant hautement infectieux et résistant aux vaccins, elle refuse de mettre en place les mesures nécessaires à la défense de la vie humaine.

En mars 2020, des grèves sauvages entamées par des travailleurs italiens se sont propagées à travers l’Europe et ont conduit aux seuls véritables confinements à ce jour. Maintenant, seul un mouvement de masse conscient de la classe ouvrière européenne, dirigé contre la bourgeoisie et ses politiques d’infection de masse, peut entraîner une lutte scientifique contre le virus.

(Article paru d’abord en anglais le 24décembre 2021)

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