Mobilisez la classe ouvrière derrière les enseignants de Chicago! Arrêtez la pandémie!

Mardi soir, 73 pour cent des enseignants de Chicago ont voté en faveur de l’arrêt de l’enseignement présentiel dans les Chicago Public Schools (CPS), le troisième plus grand district scolaire des États-Unis. Ce vote massif défie ouvertement le Parti démocrate aux niveaux local, étatique et fédéral qui a mis en œuvre une campagne de rentrée scolaire meurtrière dans le contexte de la flambée des infections à la COVID-19 et des hospitalisations dues au variant Omicron.

L’initiative audacieuse prise par les enseignants de Chicago – qui ont forcé le syndicat Chicago Teachers Union (CTU) à organiser un vote après qu’il ait autorisé la réouverture des écoles lundi – marque un tournant majeur dans la lutte des classes aux États-Unis et dans le monde. Elle a attiré, à juste titre, le soutien des travailleurs du monde entier, qui se battent de plus en plus pour arrêter la transmission virale et sauver des vies alors que débute la troisième année de la pandémie.

Des enseignants grévistes de Chicago défilent dans le célèbre Loop de la ville au cinquième jour des cours annulés, le mercredi 23 octobre 2019, à Chicago. La manifestation a été programmée pour coïncider avec le premier discours sur le budget de la maire démocrate, Lori Lightfoot. (AP Photo/Teresa Crawford)

A éclaté également cette semaine un débrayage des travailleurs de Starbucks à Buffalo, dans l’État de New York, en raison de conditions dangereuses. Plus de 1.000 étudiants diplômés de l’université du Michigan ont commencé le semestre à distance, défiant ainsi le président de l’université, Mark Schlissel. Dans la ville de New York, le nouveau maire démocrate, Eric Adams, a déclaré de manière absurde que les écoles étaient «l’endroit le plus sûr pour les enfants». En réponse, plus de 300.000 parents ont empêché leurs enfants d’aller à l’école lundi en prétextant un arrêt maladie. Certaines écoles signalent un taux de fréquentation aussi bas que 15 pour cent.

Selon le site de suivi de l’éducation Burbio.com, 4.783 écoles aux États-Unis ont été contraintes de commencer le semestre à distance, notamment à Detroit, Atlanta, Cleveland, Newark et Milwaukee. Les enseignants d’Oakland, en Californie, préparent un débrayage sauvage ce vendredi pour obliger le district à passer à l’enseignement à distance. En Ontario, au Canada, ainsi que dans d’autres villes du monde, les écoles ont été contraintes de commencer le semestre à distance en raison de la vague d’Omicron.

En réponse au vote de Chicago, le Parti démocrate et les médias bourgeois sont passés à l’offensive, cherchant à dresser les parents de la classe ouvrière contre les enseignants. La maire démocrate de Chicago, Lori Lightfoot, et le PDG de Chicago Publish Schools, Pedro Martinez, qui colportent des politiques identitaires pour paraître «de gauche», ont mis les enseignants de Chicago en lock-out au lieu de passer à l’apprentissage à distance.

Comme cela s’est produit au début de l’année 2021, l’ensemble de la presse écrite et audiovisuelle dénonce les enseignants de Chicago. De nombreux commentateurs ont appelé à des licenciements massifs semblables à la répression par l’administration Reagan, en 1981, devant la grève des 13.000 membres de la Professional Air Traffic Controllers Organization (PATCO), tandis que les médias hurlent à l’unisson que les enseignants de Chicago sont «égoïstes» et «paresseux».

Dans un article d’opinion paru dans le Washington Post (propriété du fondateur d’Amazon, Jeff Bezos, dont la valeur nette s’élève à 190 milliards de dollars), le stratège républicain, Henry Olsen, a qualifié avec cynisme le vote en faveur de l’apprentissage à distance d’«agression contre le bien-être des enfants». Il a appelé les démocrates locaux, étatiques et nationaux à «agir pour ramener les enseignants vaccinés au travail et empêcher de futurs arrêts de travail injustifiés». Il a ajouté que «Lightfoot et le district scolaire pourraient aller devant les tribunaux pour obliger le syndicat à revenir ou à payer des pénalités substantielles pour son acte.»

La classe dirigeante et tous ses représentants ont déclaré la guerre à la classe ouvrière, qui est de plus en plus radicalisée après deux ans d’infections massives, de souffrance et de mort. Tandis que plus de 850.000 Américains ont été tués par la COVID-19 et que le variant Omicron a poussé la moyenne officielle des infections quotidiennes au-dessus de 580.000 et les hospitalisations à nouveau au-dessus de 115.000, l’ensemble de l’establishment politique laisse le virus se déchaîner librement. Les conséquences seront catastrophiques.

En violation flagrante de tous les principes de santé publique, ils cherchent maintenant consciemment à infecter des masses d’enfants, leurs familles et leurs communautés. Les politiques mises en œuvre acquièrent un caractère de plus en plus fasciste. Des pans entiers de la classe dirigeante considèrent les personnes âgées et immunodéprimées comme une charge pour les dépenses sociales, leur mort étant vue comme un bienfait.

Toute affirmation selon laquelle les écoles sont sûres est un mensonge éhonté. Étant donné que la COVID-19 se propage par des aérosols qui peuvent rester dans l’air pendant des heures, les salles de classe surpeuplées et mal ventilées sont des foyers d’infection. Partout où les données sur les épidémies de COVID-19 sont suivies, les écoles primaires et secondaires sont systématiquement la principale source de transmission.

L’«immunité collective» et les politiques axées sur la seule vaccination que mènent les gouvernements capitalistes du monde entier ont permis à la COVID-19 de se répandre et de muter, produisant de nouveaux variants de plus en plus dangereux. La poursuite de cette politique avec Omicron, dont on pense qu’il est aussi infectieux que la rougeole, crée les conditions pour que le prochain variant évolue rapidement avec des caractéristiques potentiellement encore plus dangereuses.

Les affirmations selon lesquelles Omicron est «bénin» et sera le dernier variant, utilisées pour justifier la politique criminelle consistant à le laisser se propager sans contrôle, se sont rapidement avérées n’être que des mensonges. Les hospitalisations aux États-Unis ont désormais dépassé les 115.000, le chiffre le plus élevé depuis janvier 2021, tandis que les pays d’Europe approchent ou ont battu des records de cas et d’hospitalisations.

Parmi les tendances les plus alarmantes figure la croissance rapide des hospitalisations d’enfants à travers les États-Unis, le Royaume-Uni et d’autres pays dans le monde. Le nombre quotidien de nouvelles hospitalisations d’enfants aux États-Unis a plus que doublé par rapport au pic atteint lors de la récente vague du Delta, au cours de laquelle plus de 500 enfants sont morts de la COVID-19. Sans un changement rapide de politique, il est de plus en plus probable que plus de 1.000 enfants mourront aux États-Unis pendant la vague Omicron.

La réponse appropriée de la classe ouvrière internationale à la stratégie globale des élites dirigeantes d’infections et de décès de masse sans fin est de préparer un débrayage général et de refuser de travailler dans des conditions dangereuses. La position prise par les enseignants de Chicago contre la réouverture dangereuse des écoles doit devenir le point de ralliement des travailleurs politiquement conscients dans le monde entier.

La classe ouvrière industrielle, qui fait face aux mêmes dangers d’infection et de mort, doit apporter un soutien total aux éducateurs et coordonner une lutte unifiée pour fermer toutes les écoles et les lieux de travail non essentiels. La nécessité la plus urgente à laquelle les travailleurs font face aujourd’hui est la nécessité de construire un mouvement indépendant luttant consciemment pour une stratégie «Zéro COVID» visant à mettre fin à la pandémie une fois pour toutes.

La classe dirigeante refuse catégoriquement de mettre en œuvre des mesures de confinement ou toute autre mesure de santé publique nécessaire parce qu’elles empiètent sur sa capacité à accumuler des profits. Alors que les milliardaires américains ont amassé plus de 2100 milliards de dollars depuis le début de la pandémie, le principal mensonge qu’ils colportent est qu’il n’y a pas d’argent pour combattre la pandémie.

Cette guerre des classes à l’état pur doit être combattue par une action collective de grande envergure menée par les travailleurs de toutes les industries et de tous les pays. Les vastes richesses des profiteurs de la pandémie doivent être saisies et distribuées aux travailleurs qui ont produit ces richesses, en tant que provisions nécessaires pendant les fermetures temporaires.

Les mesures de santé publique les plus larges, apprises par l’humanité au cours de siècles de lutte pour le progrès social, doivent être entièrement financées dans chaque pays. En plus des confinements temporaires, cela inclut des tests de masse, la recherche des contacts, l’isolement des patients infectés, la mise en quarantaine des personnes exposées, un programme coordonné au niveau mondial pour vacciner rapidement la population mondiale, des restrictions de voyage, etc.

Depuis le début de la vague d’Omicron, un changement de conscience s’effectue dans la classe ouvrière et de larges sections de la classe moyenne, y compris les couches les plus progressistes parmi les scientifiques, qui comprennent de plus en plus que les politiques de la Maison-Blanche et de l’ensemble de l’establishment politique sont uniquement guidées par les intérêts économiques des sociétés et de l’élite financière.

On doit tirer les conclusions qui s’imposent de cette expérience. Les intérêts financiers ne peuvent être les arbitres de la vie et de la mort. Seul un mouvement de masse de la classe ouvrière, soutenu par des scientifiques de principe et des experts en santé publique, est capable de mettre en œuvre la stratégie d’élimination globale.

Le mécanisme par lequel la politique de Zéro COVID sera mise en œuvre est la construction d’un réseau mondial de comités de base, indépendants des syndicats et des partis politiques procapitalistes, et luttant pour unifier les travailleurs dans toutes les industries et au niveau international.

L’Alliance ouvrière internationale des comités de base (IWA-RFC), lancée par le Comité international de la Quatrième Internationale le 1er mai 2021, est le point de contact central de ces comités. Aux États-Unis et dans le monde ces comités sont formés et se développent parmi les éducateurs, les travailleurs de l’automobile, les travailleurs de la logistique, les travailleurs de la santé et d’autres industries. Tous les travailleurs déterminés à mettre fin à la pandémie et à sauver des vies doivent remplir le formulaire ci-dessous pour rejoindre ou créer un comité sur leur lieu de travail et se préparer à la prochaine vague de luttes de masse pour sauver des vies.

(Article paru en anglais le 6 janvier 2022)

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