Une lettre ouverte à tous les travailleurs d’Asie du Sud: Il faut mettre fin à la pandémie et sauver des vies en 2022!

Protestation du personnel de santé à Kandy en juin dernier [WSWS Media]

Chers frères et sœurs,

En ce début d’année, les travailleurs d’Asie du Sud et du monde entier doivent agir collectivement et mettre enfin un terme à la pandémie de COVID-19. 2022 ne doit pas être une autre année cauchemardesque d’infections, de maladies et de décès massifs!

La catastrophe sociale de ces deux dernières années est le résultat de la subordination criminelle de la santé publique à l’accumulation incessante des profits des entreprises et de la richesse privée des méga-millionnaires et des milliardaires.

En termes de coût en vies humaines, la pandémie se classe parmi les plus grandes tragédies de l’histoire de l’Asie du Sud et de l’Inde en particulier. Au début de l’année 2021, plus de 148.994 personnes avaient succombé au virus en Inde. Aujourd’hui, ce chiffre s’élève à plus de 482.000, soit plus du triple en un an, malgré le déploiement de vaccins salvateurs.

Selon une étude publiée en juillet dernier par le Center for Global Development, basé aux États-Unis, le bilan réel de la pandémie de COVID-19 en Inde se situe entre trois et cinq millions, soit dix fois le chiffre officiel.

Au 4 janvier, l’Inde et les autres pays d’Asie du Sud – Sri Lanka, Pakistan, Bangladesh, Népal, Afghanistan, Bhoutan, Maldives – avaient officiellement enregistré un total combiné de plus de 573.300 décès dus à la COVID et 39,51 millions de cas.

L’espérance de vie – l’indicateur le plus critique de la santé publique – a chuté de façon spectaculaire. Selon l’Institut international d’études démographiques (IIPS), l’espérance de vie à la naissance des hommes et des femmes en Inde «est passée de 69,5 ans et 72 ans en 2019 à 67,5 ans et 69,8 ans respectivement en 2020».

Le professeur adjoint de l’IIPS, Surayakant Yadav, a déclaré que l’impact de la COVID-19 sur l’Inde au cours des deux dernières années a «effacé les progrès que nous avons réalisés au cours de la dernière décennie pour augmenter l’espérance de vie».

Officiellement, 10,26 millions d’Indiens ont été infectés par le virus au cours de la première année au 31 décembre 2020. Avec la fin des confinements et le refus du gouvernement Modi de faire quoi que ce soit pour arrêter la propagation des variants Delta et Omicron, le nombre de cas a atteint le chiffre stupéfiant de 34,83 millions fin 2021 – soit une augmentation de plus de 24 millions.

Des personnes font la queue pour obtenir le vaccin COVID-19 à Mumbai, en Inde, le jeudi 8 avril 2021. (AP Photo/Rafiq Maqbool)

Au Sri Lanka, le gouvernement du président Gotabhaya Rajapakse assouplit encore ses restrictions limitées concernant le coronavirus, malgré la propagation du virus, notamment de son nouveau variant Omicron, dans le pays. À partir du 3 janvier, le gouvernement a ordonné à tous les employés du secteur public de reprendre le travail sur place, annulant les congés liés à la COVID pour les femmes enceintes et les mères d’enfants de moins d’un an. Presque toutes les restrictions concernant les cérémonies de mariage, les spectacles en plein air et les festivals sportifs ont été abandonnées. L’industrie touristique, les entreprises non essentielles, les écoles et les centres commerciaux sont désormais pleinement ouverts.

Le gouvernement fait porter toute la responsabilité du «respect des directives sanitaires» aux personnes elles-mêmes et se lave les mains de toute responsabilité quant à la mise en place d’une quelconque mesure pour contrôler la pandémie.

Malgré les fanfaronnades de Rajapakse sur son «succès dans le contrôle de la pandémie», les infections au Sri Lanka atteignent 600.000 et plus de 15.000 décès, même selon les chiffres officiels qui sont une vaste sous-estimation. Le gouvernement Rajapakse, comme ses homologues d’Asie du Sud, promeut la vaccination comme l’unique solution à la pandémie en déclarant qu’il faut «vivre avec le virus» – une politique criminelle qui donne la priorité au profit sur les vies humaines.

Selon les chiffres du 31 octobre, on estime que 49 pour cent des survivants de la COVID-19 en Asie – soit des dizaines de millions de personnes – souffrent de la COVID longue. Cette maladie peut toucher tous les organes du corps, persister pendant des années et laisser les personnes infectées avec de graves problèmes physiques et des lésions cérébrales plus graves que celles associées au saturnisme.

Pratiquement tout le monde a un ami ou un membre de sa famille qui est mort de cet horrible virus. Beaucoup d’entre vous qui lisez ces lignes êtes vous-mêmes infectés et souffrez peut-être de la COVID longue durée.

La propagation rapide d’Omicron porte en elle le danger que 2022 soit encore pire que 2020 et 2021. Le 4 janvier, l’Inde a signalé plus de 37.379 nouveaux cas de COVID, un record de 116 jours, et 124 décès. Les experts médicaux ont averti que les infections à la COVID en Inde pourraient atteindre 1,4 million par jour si aucune mesure supplémentaire n’était prise.

Le gouvernement du premier ministre Narendra Modi, ainsi que ses homologues de toute l’Asie du Sud, répète qu’Omicron est «moins grave que Delta». Mais les experts médicaux préviennent qu’une troisième vague de COVID mortelle, provoquée par Omicron, va submerger l’Inde. Comme pour Delta, des centaines de milliers, voire des millions de personnes, devront se faire hospitaliser.

L’infrastructure médicale indienne, sous-financée et délabrée, s’est révélée incapable de faire face au nombre massif de patients auxquels elle a été confrontée au cours des deux dernières années. D’autres facteurs choquants, notamment un nombre important de personnes non vaccinées, des niveaux élevés de maladies chroniques telles que le diabète, et une grande proportion de personnes âgées dans la population, contribueront à une augmentation exponentielle du nombre de décès dus à la COVID-19 cette année.

Au milieu de cette crise sans précédent, la bourse continue de s’envoler parce que le gouvernement Modi, avec le soutien total de l’opposition, le Congrès national indien et d’autres partis de l’establishment, refuse de mettre en œuvre la moindre mesure de santé publique qui limiterait les profits des entreprises.

La désinformation et les mensonges du gouvernement alimentent un sentiment de découragement qui est ensuite utilisé pour promouvoir un défaitisme total face à la pandémie. Les médias bourgeois affirment maintenant que les masses doivent «vivre avec la COVID», qui, selon eux, deviendra endémique. Mais qu’est-ce que cela signifie? Quel est l’objectif final de cette politique, et quand la souffrance et la mort inutiles de millions de personnes cesseront-elles?

En fait, avec des mesures appropriées, le virus peut encore être éliminé en l’espace de quelques mois. En Chine, la stratégie «zéro COVID» a conduit à l’élimination du virus en avril 2020, avec seulement deux décès enregistrés depuis mai 2020. Les méthodes utilisées en Chine sont bien connues et sont le fruit de plus d’un siècle d’expérience dans la lutte contre les maladies infectieuses.

Les principes de la science et de la santé publique sont constamment ignorés et falsifiés pour imposer un récit qui valide la réouverture totale des entreprises et de l’économie.

Bien qu’il n’ait encore apporté aucun changement à ses directives de quarantaine et d’isolement, le gouvernement indien mène depuis le début une politique criminelle d’«immunité collective». Des rassemblements politiques massifs organisés par le gouvernement et les partis d’opposition dans cinq États où des élections législatives doivent avoir lieu au début de l’année se déroulent au mépris d’une demande judiciaire de ne pas les organiser.

L’indifférence irréfléchie de l’ensemble de l’élite dirigeante à l’égard de la vie de millions de personnes et son insistance pour que les usines et autres lieux de travail restent ouverts et que les enfants aillent à l’école, vont à l’encontre de tout ce on a appris dans la lutte contre les maladies infectieuses. Des siècles d’études scientifiques ont donné à l’humanité un arsenal de connaissances pour combattre les maladies. On a utilisé ces connaissances du XXe siècle pour éliminer des virus qui étaient autrefois des causes majeures de décès, notamment la polio, la variole, la rougeole, le paludisme et la fièvre jaune.

La science moderne a montré que la fermeture de tous les lieux de travail non essentiels et le passage à l’enseignement à distance pour toutes les écoles pendant une période de deux mois pouvaient rapidement maîtriser la transmission virale et jeter les bases de l’élimination totale de la COVID-19. Ces fermetures nécessaires doivent s’accompagnent d’un soutien financier et social complet pour tous les travailleurs et les petits entrepreneurs touchés.

Les confinements de deux mois doivent être combinés à la production et à la distribution coordonnées au niveau mondial de vaccins et de masques de haute qualité à tous les pays, des tests de masse, la recherche des contacts, la quarantaine et le traitement sûrs des patients infectés, et une expansion spectaculaire des infrastructures de soins de santé. Sur tous les lieux de travail et dans tous les hôpitaux essentiels, les travailleurs doivent avoir accès à des masques de qualité FFP3 voire supérieure, ainsi qu’à des systèmes de filtration et de ventilation modernes. Tous les voyages nationaux et internationaux non essentiels doivent cesser immédiatement pour permettre l’élimination du virus dans chaque pays.

La classe ouvrière doit prendre les choses en main. La lutte pour mettre fin à la pandémie doit être basée sur les principes suivants:

1. La politique actuelle d’«immunité collective», qui consiste à laisser la COVID-19 se répandre dans la population, doit être rejetée. Une nouvelle stratégie, orientée vers l’élimination et l’éradication du SRAS-CoV-2, doit être adoptée.

2. Les politiques mises en œuvre pour arrêter la transmission virale doivent être déterminées par les besoins de la santé publique. La protection de la vie et de la sécurité humaines doit avoir la priorité absolue et inconditionnelle sur tous les intérêts financiers des sociétés. Les coûts de la lutte contre la pandémie – y compris le paiement des salaires, l’indemnisation des propriétaires de petites entreprises, la couverture médicale complète des malades et les indemnités versées aux familles endeuillées – doivent être supportés par les sociétés et une taxe de 100 pour cent sur les bénéfices exceptionnels de la pandémie obtenus par les grands investisseurs grâce à la hausse de la bourse.

3. La lutte contre la pandémie doit être menée à l’échelle mondiale. La pandémie ne peut être arrêtée que si le SRAS-CoV-2 est éliminé dans tous les pays.

Les partis bourgeois au pouvoir, les grandes entreprises et leurs médias déclareront que ces politiques sont 1) impossible à mettre en œuvre et 2) incompatibles avec le système capitaliste existant.

La réponse à la première objection est qu’il est impossible d’accepter l’infection de millions de personnes et la perte massive de vies humaines.

Quant à la deuxième objection, la réponse est simplement la suivante: si le capitalisme ne peut offrir aucune solution à une crise qui menace la vie et le bien-être de la grande majorité de la population, alors il faut s’en débarrasser et le remplacer par un système socialiste qui donne la priorité à la vie sur les profits.

La lutte contre la COVID est, par essence, une lutte contre le capitalisme. La tragédie de ces deux dernières années démontre qu’il est nécessaire de réorganiser l’économie mondiale dans l’intérêt de la classe ouvrière.

Nous demandons instamment à tous les travailleurs de faire circuler cette déclaration, de lancer une discussion sur leur lieu de travail, de former des comités de la base et de gagner le soutien pour une action collective visant à arrêter la propagation de la pandémie.

Contactez le Parti de l’égalité socialiste et l’Alliance ouvrière internationale des comités de base. Nous sommes impatients de discuter avec vous de la situation sur votre lieu de travail et de vous aider à organiser la lutte pour mettre fin à la pandémie.

Fraternellement,

Le Parti de l'égalité socialiste (Sri Lanka)

(Article paru en anglais le 8 janvier 2022)

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