Le Royaume-Uni est le premier pays européen à enregistrer 150.000 décès officiels dus à la COVID

Appelant à la réduction à cinq jours de la période d’auto-isolement pour les personnes infectées par la COVID, le secrétaire d’État britannique à l’Éducation, Nadhim Zahawi, a déclaré dimanche: «J’espère que nous serons l’une des premières grandes économies à montrer au monde comment passer d’une pandémie à une endémie, puis à gérer cette situation aussi longtemps qu’elle durera, que ce soit cinq, six, sept ou dix ans».

Les commentaires de Zahawi sont intervenus un jour après que le Royaume-Uni soit devenu le premier pays d’Europe et le septième au monde à atteindre l’horrible cap des 150.000 décès dus à la COVID-19. Seuls les États-Unis, le Brésil, l’Inde, la Russie, le Mexique et le Pérou ont enregistré plus de décès. Le Royaume-Uni a une population de seulement 68,4 millions d’habitants. À l’exception du Pérou, les autres pays qui ont enregistré plus de décès que la Grande-Bretagne ont tous une population nettement plus importante.

Ces décès sont la responsabilité du gouvernement conservateur et le résultat d’un programme meurtrier d’immunité collective, qui vise depuis le début de la pandémie à infecter massivement la population.

La volonté de réduire la période d’auto-isolement, déjà réduite de 10 à 7 jours, est criminelle, étant donné que l’Agence britannique de sécurité sanitaire, qui est toujours en faveur de la réduction, a admis qu’entre 10 et 30 pour cent des personnes sont encore infectieuses au sixième jour.

Zahawi s’est exprimé tout en démentant les informations selon lesquelles le gouvernement envisageait de mettre fin à la fourniture gratuite de tests de flux latéral, ce qui entraînerait la fin de toute surveillance de la propagation de la COVID. Il est déjà de plus en plus difficile de se procurer des tests.

Une partie du mur commémoratif national de la COVID, long de 500 mètres, sur lequel sont inscrits 150.000 cœurs représentant le nombre de personnes qui ont perdu la vie à cause de la COVID. Le mur se trouve en face des Chambres du Parlement à Londres. (WSWS Media)

Le gouvernement a ouvertement déclaré que l’immunité collective était «souhaitable» au début de la pandémie, n’imposant un confinement national que fin mars 2020, sous la pression des masses, des semaines après que le virus ait circulé dans la population.

Après la réouverture de l’économie à la fin du printemps et au début de l’été 2020, les décès se sont accumulés lors de la deuxième vague de la pandémie. Le premier ministre Boris Johnson a fait sa déclaration tristement célèbre à la fin du mois d’octobre 2020: «Fini les putains de confinements, laissons les corps s’empiler par milliers». La fin prématurée du premier confinement et le caractère tardif et encore plus limité du second ont entraîné beaucoup plus de décès en janvier et février 2021 qu’à tout autre stade de la pandémie.

À la fin du mois de juillet de l’année dernière, Johnson a déclaré la «Journée de la liberté», avec l’ouverture de l’économie et des écoles. On a laissé le variant Delta, alors dominant, poursuivre sa propagation sans entrave, le gouvernement déclarant que le Royaume-Uni avait pour objectif d’être le premier pays au monde où la COVID était endémique dans la population.

La grande majorité des 150.000 décès officiels sont attribuables aux variants précédents de la maladie. On ne sait pas exactement combien de décès peuvent être attribués au nouveau variant Omicron depuis qu’il est devenu dominant en Grande-Bretagne le mois dernier. Cependant, depuis que le variant Omicron a été détecté pour la première fois en Grande-Bretagne le 27 novembre, 5.230 autres personnes sont mortes de la COVID.

Le décompte des décès dus à la COVID établi par le gouvernement Johnson est fortement manipulé, les décès n’étant enregistrés que s’ils ont lieu dans les 28 jours suivant l’enregistrement d’un test positif par la personne concernée. Selon l’Office for National Statistics, le nombre de certificats de décès au Royaume-Uni qui mentionnent la COVID-19 dépasse désormais 174.000.

Depuis la détection d’Omicron, les populations du monde entier ont été matraquées par une propagande incessante des gouvernements selon laquelle cette maladie est bénigne et passera bientôt. Mais les hospitalisations et les décès augmentent chaque jour. Le total de 150.000 a été atteint avec les 313 décès annoncés samedi, soit la troisième fois au cours des dix derniers jours que plus de 300 personnes sont décédées en 24 heures, ce qui porte le total à 1.271 sur sept jours.

Le 6 janvier, date la plus récente pour laquelle des chiffres sont disponibles, 18.456 personnes étaient hospitalisées pour cette maladie. Le NHS est débordé. Vendredi, le Financial Times a rapporté que dans le Grand Manchester, qui compte environ 3 millions d’habitants, les cas de COVID hospitalisés ont déjà dépassé le pic de la vague de l’hiver dernier: 1.229 contre 1.000 en janvier dernier. «Dans le même temps, des données distinctes ont montré qu’un membre du personnel sur sept des établissements de soins de maladies sévères de la région était absent le 2 janvier, et plus de 3.000 membres du personnel étaient en arrêt maladie ou en auto-isolement à cause de la COVID».

Permettre aux écoles d’être inondées d’un variant qui est plus transmissible que jamais auparavant produit un désastre.

Le personnel éducatif continue de souffrir et de mourir de la COVID. Le 2 janvier, Nick Stone, âgé d’à peine 55 ans, qui a enseigné les langues vivantes pendant 30 ans à la City of Norwich School dans le Norfolk, est mort de la COVID.

Dans une seule autorité locale, le Suffolk, le conseil du comté a signalé 1.842 cas de coronavirus chez les 5-19 ans avant même qu’ils ne retournent à l’école le 5 janvier. Le conseil n’a pas révélé le nombre d’écoles touchées.

À East Lothian, en Écosse, des centaines d’élèves du secondaire ont dû passer à l’apprentissage à domicile deux jours seulement après avoir regagné leurs salles de classe. L’East Lothian Courier a rapporté que «cinq des six lycées du comté ont pris la décision de demander à certains groupes d’élèves de travailler à domicile en raison des niveaux paralysants d’absence du personnel liés à la Covid-19».

L’indifférence de l’élite dirigeante à l’égard de la vie s’est reflétée dans les gros titres qui ont annoncé le franchissement du cap des 150.000 décès avec un haussement d’épaules collectif. Le Daily Mail a titré son article en ligne: «Boris Johnson reconnaît le “terrible bilan” de la pandémie alors que les chiffres atteignent un triste palier… mais les données montrent que le nombre de décès se stabilise alors que l’on espère qu’Omicron est MOINS mortel que la grippe». Le Telegraph n’a même pas fait état du sinistre bilan de la COVID dans son édition dominicale, consacrant sa première page et une pleine page intérieure à des photos de nouvelles robes portées par la duchesse de Cambridge.

Le Daily Mirror, qui soutient le Parti travailliste, a écrit: «La COVID a maintenant tué 150.000 personnes au Royaume-Uni, mais les nouveaux cas sont tombés à leur plus bas niveau depuis 10 jours».

De nombreux articles notent que l’on ne sait pas exactement combien de personnes sont mortes de la COVID ou d’une autre maladie associée à la COVID.

Ils écrivent comme s’il n’était pas bien établi que parmi les personnes décédées se trouvent des personnes, notamment parmi les générations les plus âgées, souffrant déjà d’autres maladies potentiellement mortelles. Tout le monde sait que les comorbidités sont un facteur important dans de nombreux décès dus à la COVID et que les personnes âgées et celles atteintes de maladies graves sont particulièrement exposées. Le véritable problème est que rien n’a jamais été fait pour empêcher les personnes les plus vulnérables d’attraper la COVID, comme cela a été démontré de manière horrible l’année dernière lorsqu’on a laissé la maladie envahir les maisons de soins, entraînant la perte de 20.000 vies.

Cette tentative de minimiser le danger de la COVID a lieu dans des conditions où personne ne connaît l’impact à long terme d’Omicron. Il semble que ce variant n’attaque pas les poumons avec la même gravité que Delta, ce qui pourrait expliquer le taux de mortalité plus faible. Mais comme tous les variants de la COVID, il s’attaque aux organes de tout le corps et provoque des dommages à long terme. Cette situation est d’autant plus préoccupante que les dernières statistiques de l’Office for National Statistics sur la COVID longue montrent que le nombre de personnes atteintes a augmenté d’au moins 100.000, passant de 1,2 million à 1,3 million.

Le Sunday Times a résumé l’attitude de ceux qui sont au pouvoir et qui considèrent que sauver des vies est un fardeau intolérable pour les sociétés et les milliardaires dans un article intitulé «La fin des tests gratuits de flux latéral: le pays doit vivre avec la Covid».

Rédigé avant que les démentis officiels ne soient publiés, l’article se plaint que «plus de 6 milliards de livres sterling de fonds publics ont été dépensées pour des tests de masse utilisant les dispositifs [LFT]».

Il incluait un graphique montrant «Le coût de la Covid: comment sont réparties les 370 milliards de livres de dépenses supplémentaires pour les mesures Covid».

Parmi les coûts déplorés figuraient «84 milliards de livres sterling pour les soins de santé et les services sociaux», 69,5 milliards de livres sterling pour un programme de chômage, «67 milliards de livres sterling pour les services publics et d’urgence» et «60 milliards de livres sterling pour les particuliers», dont 10,3 milliards de livres sterling pour la majoration hebdomadaire de 20 livres sterling du crédit universel pour les personnes sans emploi et les travailleurs les plus mal payés.

(Article paru en anglais le 10 janvier 2022)

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