L’OMS met en garde: les politiques gouvernementales feront que la moitié des Européens attraperont la COVID-19

Hier, l’Organisation mondiale de la santé-Europe a carrément mis en garde contre les conséquences catastrophiques de la politique des gouvernements européens qui consiste à assouplir les protocoles sanitaires et les directives d’auto-isolement, alors que l’on assiste à une poussée massive de COVID-19 due au variant Omicron.

Le Dr Hans Kluge, directeur de l’OMS-Europe, a déclaré que le variant Omicron «représente un nouveau raz-de-marée d’ouest en est» qui se répand en Europe. La première semaine de 2022, a-t-il noté, on a enregistré 7 millions de cas dans les 53 pays de la région européenne de l’OMS: les îles britanniques, la Scandinavie, l’Union européenne (UE) et les pays de l’ancienne Union soviétique. Il a ajouté: «Au 10 janvier, 26 pays signalent que plus de 1 pour cent de leur population attrape la COVID-19 chaque semaine… [Omicron] devient rapidement le virus dominant en Europe occidentale et se propage maintenant dans les Balkans».

«À ce rythme, l’“Institut de métrologie sanitaire et d’évaluation” (Institute for Health Metrics and Evaluation – IHME) prévoit que plus de 50 pour cent de la population de la région sera infectée dans les 6 à 8 semaines à venir», a averti Kluge. La région Europe de l’OMS comptant plus de 800 millions d’habitants, cela signifie qu’il y aura 400 millions de cas de COVID-19 rien qu’en Europe.

Une foule de gens sur Oxford Street, la rue commerçante la plus fréquentée d’Europe, à Londres, le 23 décembre 2021. (AP Photo/Frank Augstein, dossier)

La classe ouvrière est confrontée à une urgence sanitaire cataclysmique, poussée par une classe dirigeante irresponsable qui s’oppose à toute tentative de contrôle de la pandémie, qu’elle considère comme une restriction intolérable des profits. Déjà, plus de 1,6 million de personnes sont mortes de la COVID-19, et des millions de personnes souffrent de la COVID longue dans la région OMS-Europe. Pourtant, les gouvernements européens se préparent à une catastrophe, une nouvelle vague de décès massifs et de maladies débilitantes qui résultent d’une augmentation sans précédent de l’infection.

À ce jour, l’Europe a connu environ 100 millions de cas confirmés de COVID-19. Aujourd’hui, l’OMS prévient que dans les deux prochains mois seulement, il y aura quatre fois plus de cas que pendant toute la pandémie jusqu’à présent.

Ces chiffres sont si vastes qu’ils défient presque l’entendement. Comme il y aura entre 10 et 50 pour cent des patients atteints de COVID-19, selon la définition utilisée, cela signifie que des dizaines ou des centaines de millions de personnes en Europe souffriront d’une maladie débilitante de longue durée qui nécessite des soins intensifs. Cela déstabiliserait la société, car un grand nombre de personnes ne pourraient pas travailler en raison de leur maladie, et entraînerait des maladies graves et des décès généralisés.

Les gouvernements européens prétendent à tort que les vaccinations ont «brisé la corrélation», selon les termes du ministre français de la Santé, Olivier Véran, entre les infections et les maladies graves et les décès.

En fait, une vague Omicron aussi importante submergerait les hôpitaux qui sont déjà surchargés jusqu’au point de rupture. Aujourd’hui, avant même que les cas les plus récemment infectés n’arrivent dans les hôpitaux, 23.371 des 3,4 millions de cas actifs sont hospitalisés, et 3.969 sont sous assistance respiratoire en France, pays dont le taux de vaccination est relativement élevé (74,9 pour cent). Si des proportions similaires étaient appliquées aux projections de l’OMS, cela signifierait que près de 3 millions de patients devraient être hospitalisés et 500.000 seraient sous assistance respiratoire au cours des deux prochains mois en Europe.

Ces chiffres à eux seuls dépasseraient probablement la capacité des hôpitaux européens, ce qui entraînerait une recrudescence des décès, car les patients atteints de COVID-19 ou d’autres ne pourraient pas obtenir de soins dans des établissements surchargés. Cependant, tout indique que la crise serait en fait encore plus grave.

Le conseiller médical polonais Andrzej Horban a mis en garde dans le journal Rzeczpospolita contre un «tsunami de personnes infectées». Les 12 millions de Polonais non vaccinés «se trouveront tous infectés par le nouveau variant», a-t-il déclaré, et comme 5 à 10 pour cent d’entre eux auront besoin de soins hospitaliers, la Pologne devra «traiter environ un million de personnes.» Même si elles n’arrivaient pas toutes en même temps, mais «sur quelques mois», a-t-il ajouté, cela surchargerait désespérément les hôpitaux. «Nous aurions probablement besoin de 50 à 60.000 lits COVID. Et je ne parle même pas du manque de médecins et d’autres membres du personnel médical.»

De même, Kluge, de l’OMS, a mis en garde: «Je suis également très préoccupé par le fait qu’à mesure que le variant se déplace vers l’est, nous n’avons pas encore vu tout son impact dans les pays où les niveaux de participation à la vaccination sont plus faibles, et où nous verrons une maladie plus grave chez les personnes non vaccinées». Il a également exprimé son inquiétude quant à l’impact sur le personnel de santé, appelant «à un soutien accru pour leur santé mentale et leur bien-être».

La Dre Catherine Smallwood, responsable principale des urgences à l’OMS-Europe, a mis en garde contre un relâchement des mesures sanitaires en cours. Elle a déclaré: «Nous devons encore voir comment Omicron se comportera dans une situation où davantage de personnes ne sont pas vaccinées contre le SRAS-CoV-2. Et c’est là que nous devons rester sur nos gardes, être très prudents et ne pas tirer de conclusions hâtives quant à un changement de stratégie et au fait de laisser la COVID se répandre».

Les horribles projections de l’OMS ne sont pas inévitables. Un confinement strict pour stopper la transmission, suivi de vaccinations et d’une recherche des contacts pour isoler les malades et empêcher la propagation du virus, peut éliminer la transmission du virus. Cependant, l’imposition d’une telle politique nécessite la mobilisation politique indépendante de la classe ouvrière contre les politiques totalement irresponsables des gouvernements capitalistes d’Europe.

La classe dirigeante répond à la propagation explosive d’Omicron en intensifiant sa politique de contagion qui place ouvertement les intérêts du profit capitaliste avant la santé et la vie de millions de personnes.

Les gouvernements européens raccourcissent les périodes de quarantaine pour les personnes infectées ou exposées au virus. Il y a une semaine dimanche, le gouvernement français a annoncé que les patients atteints de la COVID-19 seraient isolés pendant sept jours au maximum et pourraient retourner au travail après cinq jours si leur charge virale n’était pas détectée par des tests antigéniques peu fiables. Le Royaume-Uni et l’Espagne ont déjà lancé des réglementations similaires.

Le Danemark n’impose même plus un nombre minimum de jours de quarantaine après l’infection. Après 48 heures sans symptômes, les personnes peuvent retourner au travail. Cette politique anti-scientifique a pour conséquence qu’un grand nombre de personnes malades et infectieuses retournent infecter leurs collègues.

Vendredi, le gouvernement allemand a annoncé qu’il réduisait la période de quarantaine en Allemagne à seulement 5-7 jours (contre 14 auparavant). La maire par intérim de Berlin, Franziska Giffey (SPD), a déclaré: «Nous nous sommes engagés à garder les écoles ouvertes. ... Les gens ont besoin de bons services de garde d’enfants pour pouvoir vaquer à leurs occupations, et c’est pourquoi c’est important que nous gardions les écoles ouvertes».

Les gouvernements européens réagissent à Omicron en abandonnant même la dernière prétention de vouloir empêcher la propagation du virus. Lundi, le premier ministre français Jean Castex a annoncé une simplification des protocoles de santé scolaire: si un cas positif est signalé dans une classe, les parents ne devront plus venir chercher les enfants au milieu de la journée, mais seulement à la fin. Castex a déclaré sans ambages que son gouvernement maintiendra ouvertes les écoles et les productions non essentielles, quel qu’en soit le coût en vies humaines. Il a déclaré: «Nous ne fermons ni les écoles ni le pays».

Le gouvernement espagnol a appelé à un changement des protocoles de signalement et d’auto-isolement afin de traiter la COVID-19 comme la grippe. «C’est un débat nécessaire. La science nous a donné la réponse pour nous protéger», a déclaré le premier ministre Pedro Sanchez à la radio Cadena Ser mardi. «Nous devons évaluer l’évolution de la COVID-19, de pandémie à maladie endémique».

De telles déclarations témoignent de l’atmosphère politique toxique qui règne au sein d’une classe dirigeante qui se montre impitoyablement indifférente à la mort de millions de personnes. Il est urgent de mobiliser l’opposition croissante de la classe ouvrière à l’échelle internationale dans un mouvement visant à imposer une politique scientifique pour éliminer la propagation du virus et retirer le contrôle des ressources de l’économie mondiale des mains d’une aristocratie financière irresponsable.

(Article paru en anglais le 12 janvier 2022)

Loading